#20 - LE DIABLE DES BOIS
Scénariste(s) : André Jobin dit JOB
Dessinateur(s) : Claude De Ribaupierre dit DERIB
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Yakari
Année : 1994 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Western / Amérindiens / Nlle-France, Fantastique humoristique
Appréciation : 3.5 / 6
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Sympa... pour les petits papooses!
Écrit le lundi 18 janvier 2010 par PG Luneau
Les aventures de Yakari sont toujours aussi sympathiques. Ce petit Amérindien qui reçoit, dès le tome #1, le don de parler aux animaux, est dessiné avec un tel charme par Derib que nous ne pouvons que le trouver mignon. Les aventures qu’il vit avec son cheval, Petit-Tonnerre, sont simples, habituellement bien racontées, et lui permettent presque toujours de sympathiser avec un nouvel animal de la forêt. En véhiculant des valeurs de tolérance, d’ouverture, de respect et de pardon, c’est probablement LA série idéale pour initier les lecteurs débutants aux charmes du neuvième art. En contrepartie, c’est tellement soigné, léché et pédagogiquement pensé en fonction des six-huit ans que ça peut assez rapidement devenir cucul praline pour les plus âgés!
J’ai toujours été contre le vocable «BD jeunesse». En effet, je trouve cette épithète limitative : pourquoi un adulte ne prendrait-il pas plaisir à lire une aventure de Benoit Brisefer, de Spirou, ou même des Schtroumpfs, par exemple? Je préfère donc parler de «BD tout public», indiquant ainsi qu’elle s’adresse autant aux plus jeunes qu’à leurs parents ou leurs grands frères et sœurs… Mais dans certains cas – la légendaire série Petzi par exemple (un petit ourson qui fait du bateau avec ses ti-n-amis le pélican et le pingouin) – on n’y échappe pas : les scénarii enfantins sont si basiques que le seul plaisir que peuvent y prendre les adultes qui les lisent, c’est de voir l’éclat brillant dans les yeux des enfants à qui ils font la lecture. Très peu de satisfaction intrinsèque à la lecture comme telle dans ces cas-là!
Avec Yakari, c’est un peu ça. J’adore cette série pour ce qu’elle est : un excellent produit pour les tout-petits. Pour ce qui est de mon plaisir d’adulte, il est généralement un peu déçu de la simplicité des trames assez fades offertes par Job, le scénariste. Pourtant, il me semble que les personnages instaurés sont intéressants et pourraient faire place à des aventures un cran plus «punchées». C’est d’ailleurs le cas dans les adaptations télé qui ont été faites de cette série : les quelques unes sur lesquelles je suis tombées m’ont semblé destinées à un plus large auditoire, avec des interactions un peu plus senties.
Heureusement, le traitement visuel de Derib (Claude de Ribaupierre, de son véritable nom!) me satisfait complètement, comme toujours. C’est pourquoi je donnerai quand même 3,5 / 6 à ce tome, même si je suis conscient que les jeunes à qui ça s’adresse pourraient facilement lui donner 4 ou 4,5.
Un mot sur l’histoire, avant de conclure. Dans cet épisode hivernal, ce qui est quand même assez rare, la tribu de Yakari est aux prises avec un mystérieux voleur de pemmican. La grosseur des pattes fait croire à un ours, mais tous les ours du coin hivernent! Yakari devra prendre le risque d’aller les réveiller pour éclaircir la situation. Quelle est donc l’identité de ce trop sournois malfaiteur, qui en vient même à massacrer sauvagement les chiens de la tribu? Pour une fois, Yakari serait-il en présence d’un ennemi trop féroce pour trouver grâce à ses yeux?!
Une lecture sympathique, qui ravira sans contredit les lecteurs débutants.
Plus grandes forces de cette BD :
- un dessin simple, pur et efficace. C’est lui qui donne tout son charme aux divers personnages, tant humains qu’animaux.
- la personnalité du héros, qui est toujours positif et valeureux. On aimerait tous avait Yakari comme ami!
- la faculté particulière de Yakari. Qui n’a pas rêvé, un jour ou l’autre, d’avoir, comme le docteur Dolittle, la fabuleuse habileté de comprendre les dires des animaux?!! Moi, c’était un de mes rêves les plus fous, quand j’étais jeune!
- le peu de texte, qui en fait un outil d’initiation à la lecture hors pair. D’ailleurs, la simplicité des scénarii et la façon dont les valeurs fondamentales y sont présentées contribuent aussi en ce sens.
- les couleurs, franches et exquises. Évidemment, la prédominance pour ce tome va au bleu ciel et au blanc, hiver oblige, mais on y retrouve aussi divers tons de brun car plusieurs ours sont au programme, en plus des castors!
- le fait de revoir des personnages rencontrés au cours des aventures précédentes. Ça nous permet de constater que les ours ont une belle part dans les aventures de Yakari! En effet, on retrouve le grizzly et le maigrichon du tome #5, la famille du tome #10 et l’ourse nouvellement maman du tome #15. Il semblerait que la norme, c’est «des ours à chaque cinq albums»! ;-) De plus, c’est toujours sympathique de retrouver de vieux amis car ça donne de la crédibilité à l’univers créé par les auteurs. Et puis, si on n’a pas lu les albums en question, ça nous donne souvent l’envie de remédier à la situation!
- la joyeuse bande de castors. Leur présence est toujours appréciée, car plusieurs d’entre eux sont savoureux, comme Double-Dent, l’ingénieux inventeur du groupe, ou le jeune Tilleul.
Ce qui m’a le plus agacé :
- une certaine complexité dans le scénario. Les nombreux va-et-vient des différents ours, tous un peu semblables, font en sorte qu’on peut aisément perdre le fil de «lequel faisait quoi, quand et où». Évidemment, dans le cas d’une enquête, ça sert à brouiller les pistes, mais un bon scénario devrait pouvoir brouiller les pistes sans brouiller le cadre narratif. Personnellement, j’ai dû revenir à deux ou trois reprises sur ma lecture pour tenter d’éclaircir certaines situations.
- le peu de texte, qui fait que tous les tomes de Yakari se lisent à peu près en dix minutes… quand on prend son temps pour bien observer les images!
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