#09- LE GUIDE DE LA RETRAITE
Scénariste(s) : Jacky GOUPIL
Dessinateur(s) : Patrick Prugne dit TYBO, Fabio LAI
Éditions : Vents d'Ouest
Collection : X
Série : Guide
Année : 1997 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en une ou quelques planches
Genre(s) : Humour, Humour grivois
Appréciation : 1.5 / 6
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« Humour » passé date
Écrit le mardi 04 juin 2024 par PG Luneau
Tome lu : #09- Guide de la retraite
Il y avait longtemps que j'avais envie de lire un album de la (très longue!) série le Guide..., aux éditions Vents d'Ouest. En effet, vous avez probablement tous déjà entrevu au moins un album de cette collection aux couvertures blanches qui se targue de nous aider à traverser certaines étapes de notre vie. Elles y passent toutes : de la 20aine à la 60aine, en passant par la paternité, la maternité, le mariage, ... Mais on y a ajouté d'autres types de guides prétendument pratiques, comme le Guide du jeune couple, le Guide du petit coin, le Guide de la drague, le Guide des amis, le Guide des beaux-parents... Celui des vacances, du célibat, des voisins, de la sexualité, des fonctionnaires, des chats, du chocolat, des pompiers, du vin, de la bière...
Bref, vous voyez le genre : il y a un guide pour tout! Moi, on m'a offert celui de la Retraite (Eh oui! Ça y est! J'y suis... et bien heureux d'y être !!). Je vous parlerai donc de celui-ci... mais mon petit doigt me dit que les autres ne doivent pas valoir bien mieux! Soyez-en prévenus!
C'est quoi?
Le Guide de la Retraite, c'est donc un recueil de « gags » en une ou deux pages, chacun de ces « gags » traitant d'une question qui pourrait nous venir en tête lorsqu'on pense à la retraite. Des exemples? : Qu'est-ce que la retraite, pourquoi la prendre, quel cadeau offrir, comment fêter ça et, surtout, comment occuper son temps. Les réponses sont donc présentées sous forme de « gags » illustrés (avez-vous noté l'utilisation des guillemets?)...
C'est comment?
Sincèrement? C'est pas mal «jokes de mononc'» des années '70...
Je me suis ennuyé comme jamais, au point que j'ai failli lâcher l'album à mi-parcours. En fait, je devais me remotiver à tous les soirs pour en lire quelques pages! Mais, par souci d'intégrité, afin de ne pas parler à travers mon chapeau (et par respect pour mon pauvre élève qui me l'a offert en toute innocence, avec toute sa bonne foi!), je l'ai (de peine et de misère!) terminé... Non sans me dire que ça allait devenir la pire note de toutes les 627 critiques présentes actuellement sur ce blogue!
En effet, non seulement les blagues «pré-me too» font très élimées et ne m'ont décroché que trois minces sourires (en 48 pages), mais en plus les dessins semblent sortir d'une autre époque! D'accord, la première édition de l'album date de 1997, mais à mon avis, ils devaient DÉJÀ, à l'époque, paraître vieillots... principalement à cause de la coloration la plus fade que j'ai vue de ma vie! Et la question demeure : pourquoi le rééditer en 2011 (mon édition) et même en 2013 (où il a ENCORE été édité!) s'il est si poche? Réponse : parce que la formule du faux guide humoristique est un merveilleux passe-partout pour les non-connaisseurs qui ne savent pas quoi offrir en cadeau! On ne trouve rien à donner à grand-papa? Mais le Guide du Grand-père sera parfait, voyons! Je connais peu la secrétaire du service aux clients et c'est elle que j'ai pigée pour l'échange de cadeaux du bureau? Hop! Le Guide de la Secrétaire devrait faire l'affaire! Ça fait donc des albums vains, conçus pour la vente, sans substance et sans message autre que la perpétuation de vieux clichés éculés. Mais j'arrête ici, car cet album ne vaut malheureusement pas tout le temps que j'y accorde! :^P
En somme, cette collection est à la BD ce que les assortiments MERCI sont au chocolat : de bien belles offrandes, qui semblent en apparence parfaites mais qui ont un goût infecte (qui se rapproche plus de la pâte de caroube que du chocolat, si vous voulez mon avis! Beuark!).
Mes bémols
- la dichotomie entre le dessin de la couverture, bon enfant, et ceux de l'intérieur, beaucoup plus caricaturaux et mordants. Si, en voyant la couverture, vous croyez acheter un album avec des dessins de type « gros nez », comme Gaston ou Astérix, vous serez surpris car il n'en est rien! En effet, lors de la réédition de 2011, on a demandé à Fabio Lai (celui qui vient de sortir la mignonne petite série jeunesse le Métier le plus dangereux du monde, chez Dupuis!) de refaire la couverture, ce qu'il a fait, mais dans un style à cent lieues de celui de Tybo, le dessinateur original. En effet, celui-ci dessine un peu comme les caricaturistes du Vieux Québec, en exagérant vraiment intensément certains traits du visage de ses personnages.
- la colorisation. C'est, comme je l'ai dit, l'album aux couleurs les plus fades et délavées que j'ai vu de ma vie! C'est d'un déprimant! Comment une coloriste, une équipe éditoriale et un imprimeur peuvent avoir laissé passer un tel travail pour le soumettre à la vente? Il y a, clairement, un maillon faible dans cette chaîne, et il aurait fallu y remédier!
- un humour dépassé, cliché, misogyne et rétrograde. C'est grivois, salace et pas drôle! Saviez-vous que retraite = jardinage, tricot et mots croisés? Eh ben vous le ré-apprendrez dans ce « désopilant » guide. Curieusement, si les gars sont tous vieux et moches, les femmes, pour leur part, sont une fois sur deux beaucoup plus jeunes et encore très sexy et aguichantes, question d'alimenter la libido de ces messieurs (et des lecteurs)! Qu'on y retrouve des moines lubriques, c'est une chose, mais que les agressions sexuelles soient présentées comme des blagues, et à plusieurs reprises (notamment sur l'illustration de la p.28), c'est carrément intenable! Car quoi de plus dégradant que ce « gag »de la p.36 : «J'viole ta femme et ton chien!», «Pas mon chien! Pas mon chien!» !!??!!?? 8^O) Vivement que les éditeurs atterrissent au 21e siècle! >:^(
- les référents culturels TRÈS franco-français. Outre certaines expressions (cossard? sonotone?) ou la mention de certaines personnalités dont on n'a jamais entendu parler de notre côté de l'Atlantique (Pascal Sevran?), l'album fait référence à plusieurs reprises à des organismes ou à des formulaires administratifs qui n'ont aucune résonance ici. Ça reste très francocentriste.
- l'absence de personnages récurrents. J'ai l'impression que le fait que chaque page nous expose le cas d'un ou plusieurs retraités, toujours différents, n'aide pas à nous fidéliser. Ça ne vaut pas la peine de s'attacher à l'un ou l'une d'entre-eux puisqu'on n'en reverra aucun! Alors, on reste en surface...
- une coquille... en caractère gras... dans un titre! En effet, chaque «gag » est titré. À la p.32, l'un des plus édifiants s'intitule: MAISON DE RETRIATE OU MAISON CLOSE? (sic) On imagine que le typographe devait être trop émoustillé par les prémices de cette page pour faire correctement son travail...Misère... :^P
Les plus grandes forces de cette BD
- l'utilisation active des pages de garde. Celles du devant nous montrent une série de cartes-privilèges qu'on pourrait donner aux retraités, celles du dos renferment un jeu de l'oie à thématique adaptée: le jeu de l'oi...siveté. L'humour qui y est dispensé n'est ni meilleur, ni pire que celui des pages internes, mais je trouve toujours généreux de la part des auteurs de nous offrir ce genre de petit bonus.
- la grande variété des faciès caricaturaux. Tybo, le dessinateur, ne sombre pas dans la facilité quand vient le temps de concevoir ses personnages: tous sont différents (et âgés!) et leurs tronches sont vraiment très expressives. Un bon point pour lui!
- les très rares sourires suscités. À trois occasions, bien comptées. Le premier pour un jeu de mots avec voisin-voisine, cousin-cousine et magasin-magazine, le second pour une allusion aux toiles de Maître (Maître étant un artiste qui lance du yogourt sur des toiles), et la dernière, plus sentie (parce que je m'y reconnaissais, pour la première fois, à la p.42 - sur 48!) lors des allusions aux aînés vs la technologie. Pas de quoi fouetter un chat, avouez! Pas de quoi classer ça parmi les « grandes forces » non plus, ma foi...:^S
Le petit plus
What !!!!!! Ce Tybo, l'illustrateur de ce Guide de la Retraite (et, accessoirement, l'illustrateur de plus d'une dizaine d'autres Guides de cette série) est nul autre que... Patrick Prugne, celui-là même qui pond de sublimes one shot sur les Premières Nations américaines, tels que Canoe Bay, Frenchman, Pawnee, Pocahontas ou Iroquois (que j'ai critiqué, juste ici!) !? Qui aurait cru qu'un si bon dessinateur aurait commis tant d'albums alimentaires aussi futiles ?! Pas étonnant qu'il utilise un pseudo!
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