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#05- le Groom vert-de-gris
#05- LE GROOM VERT-DE-GRIS
Scénariste(s) : Yann Le Pennetier dit YANN
Dessinateur(s) : Olivier SCHWARTZ
Éditions : Dupuis
Collection : Une Aventure de Spirou et Fantasio par...
Série : Spirou et Fantasio par...
Année : 2009     Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Drame de guerre, Humour, Hommage
Appréciation : 5 / 6
Spirou fait de la Résistance
Écrit le mardi 14 décembre 2010 par PG Luneau

Ma centième critique portait sur un classique : Astérix. Il est tout naturel que ma cent cinquantième porte aussi sur un autre des grands incontournables du neuvième art! J’ai donc opté pour Spirou!

 

Ma relation avec le petit groom de Marcinelle (célébrissime quartier de Charleroi où siègent les non moins célébrissimes éditions Dupuis) a débuté beaucoup plus tardivement que bien d’autres. En effet, mon cousin m’a donné toute sa collection de Tintin alors que je n’avais que huit ou neuf ans, et j’ai reçu la plupart des Astérix dans les deux ou trois années qui ont suivi. Autant dire que j’ai lu et relu ces deux séries jusqu'à les connaître presque par cœur. Ce sont surtout elles, donc, (avec mes 4 as adorés), qui ont partagé mon enfance.

 

J’ai attendu ma deuxième année de secondaire (note pour mes lecteurs européens : c’est l’équivalent de votre 4e, vers 13 ans, donc) avant de lire mes premiers Spirou. J’avais entrepris le beau défi de tous les lire, dans l’ordre de leur parution, à raison d’un ou deux par semaine, pendant les pauses du midi (j’étais déjà un peu capoté, à l’époque!!). Je dois avoir tenu la cadence pendant quelques semaines… puis je me suis trouvé des amis et une vie sociale!! J’avais quand même eu le temps de lire quelque chose comme les vingt-cinq premiers tomes et de m’enchanter, comme tout le monde, des trouvailles fabuleuses que Franquin a apporté à cet univers : Aaaah! Le Marsupilami! Ooooh! Ce cher Zorglub!

 

Je ne peux donc pas me prétendre grand connaisseur de l’Épopée Spirou. C’est de loin que j’ai suivi les parutions des tomes qui ont suivi, et toutes les critiques que chaque changement d’auteurs ne manquait jamais de susciter. Je ne suis pas vraiment au fait des nombreux reproches faits au tant décrié Fournier, qui a repris la série, ni de la petite phase d’errance, où Nic et Cauvin ont tenté de reprendre le flambeau… auquel ils se sont brûlé les ailes. Je sais qu’ensuite Tome et Janry ont été jugés plus positivement par la critique, ce qui a fait en sorte qu’ils ont pu pondre plus d’une douzaine d’albums. Ce sont eux, je crois, qui ont fait entrer Spirou dans l’ère moderne (Dommage qu’ils aient aussi cru bon d’imaginer la série «spin-off» du Petit Spirou, qui n’a tellement rien à voir avec la série originale!! Mais j’y reviendrai dans une chronique ultérieure!!). Après les quatre tomes au graphisme ultra-dynamique de Morvan et Manuera (ils ont l’air particulièrement intéressants, ceux-là!), voilà que Yoann et Vehlmann ont pris le relais pour le tome #51. Est-ce que les critiques sont aussi acerbes? Sûrement : chaque changement entraîne son lot de contestations!

 

Mais ce n’est pas de tout ça dont je voulais vous parler («Encore heureux!!», me direz-vous, étant donné que je vous en parle depuis maintenant plus de douze lignes!!). Car si le nombre d’albums de Spirou augmente de plus en plus, au fil des ans, dans ma bibliothèque, je ne les ai pas encore lus (ou relus). Ma pile de BD à lire est déjà assez hippopotamesque sans eux, et je cajole le secret désir de poursuivre ma lecture de cette série de la même façon que je l’avais commencée, soit en respectant leur ordre d’apparition. Un projet que je mettrai inévitablement en branle un de ces étés…

 

Toutefois, j’ai été fortement intéressé par la création de la nouvelle collection : les Aventures de Spirou et Fantasio par… . Le concept en est fort simple : on donne carte blanche à un créateur (ou à un duo), qui n’a plus qu’à pondre «son» album idéal de Spirou! Évidemment, personne n’a le droit d’utiliser la Marsupilami (Franquin en aurait apparemment fait sa chasse gardée exclusive, et seul Batem, avec qui il a lancé la spin-off éponyme, a maintenant le droit d’exploiter cette charmante bestiole!), mais tout le reste de l’univers «spirouïen» leur est accessible, tant que le récit soit un one-shot.

 

Cette formule a donné, jusqu’à présent, de fort longs et bons albums. J’ai lu un article dans le Net qui en expliquait les deux raisons majeures : primo, tous les scénaristes intéressés par le petit groom peuvent laisser libre cours à leur imagination et donner leur maximum, le temps d’un album, sans subir l’intenable pression d’avoir à performer encore et encore dans les tomes suivants puisqu’il s’agit d’un one-shot! De même, et secundo, les dessinateurs peuvent rendre un hommage graphique au héros et à ses acolytes tout en se permettant de garder leur propre style, sans avoir à se conformer obligatoirement à une bible graphique imposée. Ça assure une variété de styles et d’énergies fort intéressante.

 

J’ai beaucoup aimé les trois premiers tomes de cette nouvelle collection (car il s’agit effectivement plus d’une collection que d’une série à proprement parler), mais j’ai eu un coup de cœur pour le tome quatre, entièrement conçu par un de mes dessinateurs favoris, Émile Bravo. Ce dernier a décidé de nous ramener à l’origine de la création de notre héros rouquin et de ses inséparables amis, Spip et Fantasio. Il a donc ancré son récit au majestueux hôtel Moustic, lieu mythique où Rob-Vel, réel créateur du personnage, l’avait instauré à l’origine, en 1938. On y voit donc les débuts professionnels (et sentimentaux!) d’un Spirou, alors peut-être âgé de quatorze ou quinze ans, qui travaille comme serveur et porteur de bagages dans l’imposant hôtel de luxe. Il y vit évidemment sa première aventure et y fait la rencontre d’un grand dadais blond, Fantasio, qui va devenir son bras droit (plutôt gauche!) au cours de toutes les aventures qui suivront.

 

Mais je viens maintenant de lire le tome #5, de Yann et Olivier Schwartz (à qui on doit notamment les Eternels et Tiffany pour le premier, et l’Inspecteur Bayard pour le second). Ces deux hommes poursuivent tout à fait dans la même lancée que Bravo.  Situant leur récit en 1942, on se retrouve à Bruxelles, en pleine Occupation allemande. Le jeune Spirou est toujours groom au Moustic hotel, mais celui-ci a été réquisitionné et sert de Q.G. aux autorités allemandes!! Non seulement le jeune homme a dû troquer son costume rouge pour un autre aux couleurs de l’ennemi (d’où le «vert-de-gris» du titre), mais en plus, il sert bassement ces Boches et leur polit les bottes!! Peut-on se surprendre de ce que ça le fasse passer, aux yeux de tous mais surtout à ceux de Fantasio, pour un «kollaborateur»?  Son complice de toujours ne le lui pardonne pas, et tout l’album durant, les deux amis seront en froid! C’est d’autant plus injuste que le Soir, journal pour lequel travaille Fantasio, est, lui-aussi, sous la férule des Nazis!! Pourtant, si Fantasio savait, il comprendrait sûrement… mais Spirou ne peut évidemment pas avouer à son plus que bavard et gaffeur de copain qu’il est… membre de la Résistance!!

 

Et oui! Il ne travaille auprès des Nazis que pour entendre tous leurs secrets et les communiquer au commandant Doisy, chef de la Résistance belge! Malheureusement, les Allemands se doutent de quelque chose et l’étau se ressert de plus en plus autour du jeune aventurier. De son côté, Fantasio se voit contraint d’héberger un (puis deux… puis trois!) pilote américain, abattu au-dessus de la ville. Les Alliés se rapprochent, il y a encore de l’espoir pour les Bruxellois. D’autant plus que des attaques mystérieuses et inexplicables déciment toutes les escadrilles allemandes qui passent près de Dikkeneus. Quelle est l’origine de ces écrasements massifs? Il y a là un mystère à élucider, et c’est Spirou qui s’y collera.

 

Quoi que Schwartz y exploite avec brio son graphisme gentillet, qui donne à l’album des airs doucereux, il ne faut pas s’imaginer que ce récit s’adresse principalement aux enfants. Même si les principaux rouages de l’aventure que Yann nous a concoctée respectent les classiques du genre (trois tonnes d’aventure à la Indiana Jones, quatre généreuses pelletées d’humour, quelques méchants détestables, deux ou trois surprises de taille…), quelques uns des thèmes abordés ainsi que certains événements marquants seraient plutôt réservés aux ados-adultes, de douze ans et plus. En effet, ce tome transgresse parfois les normes qui encadraient les récits pour la jeunesse, dans le bon vieux temps où Spirou fut inventé. Ainsi, son héros s’y montre faillible : à cause de lui, ses acolytes tombent dans un guet-apens et meurent par dizaines. De plus, c’est la première fois que je vois un héros jeunesse immoler (rien de moins!) ses ennemis! À la guerre comme à la guerre, je veux bien, mais peut-être qu’on peut laisser encore quelques années aux huit-douze ans avant de les y exposer!! Sans compter les quelques scènes grivoises avec la torride Ursula Chickengrüber! Les auteurs se sont permis, manifestement, un album pour public plus averti.

 

Ils se sont aussi bien amusés d’une autre manière. En effet, cet album est le plus grand recueil de clins d’œil qu’il ne m’ait jamais été permis de voir! Chaque planche regorge d’une tonne de références à soit des auteurs BD, des personnages d’autres séries ou des objets fétiches qui ont marqué nos lectures de jeunesse! Si vous désirez avoir un petit aperçu de l’ampleur de l’exercice, je me suis amusé à en dresser une liste (loin d’être exhaustive!) ici bas. Vous verrez par vous-même que Yann et Schwartz ont une culture bédéesque plus qu’impressionnante, et qu’ils ont un talent fou pour la parsemer habilement (et relativement discrètement) tout au long de ce petit chef d’œuvre du genre.

 

Un scénario solide, des dessins chargés mais fort agréables, des tonnes de clins d’œil qu’on prend plaisir à identifier, des couleurs sobres mais franches, toutes en à-plat… Bref, une excellente cuvée que cette autre Aventure de Spirou et Fantasio par… Il me tarde maintenant de lire le #6, préparé avec amour par Trondheim et Parme, qui nous ont déjà donné les excellents Venezia et le Roi Catastrophe !

 

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • le graphisme particulier d’Olivier Schwartz. Cet autodidacte a un style très particulier, très ligne claire, qui rappelle beaucoup celui de Chaland. Comme lui, on dirait qu’il parvient à donner des airs d’Art Déco à tout ce qu’il illustre, de par ses habiles agencements d’angles et de courbes. J’appréciais déjà ce style dans sa série policière jeunesse Inspecteur Bayard ; j’ai bien aimé le retrouver ici.

 

  • la belle reconstitution d’époque, qui remonte aux origines de Spirou. Comme je le disais récemment, dans ma critique du Vol du Corbeau, je me suis relativement peu intéressé à la période des Grandes Guerres. Le peu de connaissances que j’en ai me provient de quelques excellents films : Un long dimanche de fiançailles, la Liste de Schindler, la Vie est belle, les Uns et les autres… J’en ai donc beaucoup à découvrir. Ici, je trouve que les auteurs ont fait un beau travail documentaire pour s’assurer de nous offrir un portrait culturel fort juste de l’époque. On peut le constater à une foule de petits détails : le swing est omniprésent, on parle de Trenet, de Sacha Guitry, de Tino Rossi (alias Rino Tossi). Entre une pub de la Vache qui rit et un débat fort intéressant sur Hergé (doit-on le considérer comme un collabo ou non?), on nous présente deux copains de Fantasio qui s’appellent Vercoquin et Le Plancton : quelle belle allusion au roman du même nom, de Boris Vian!! Quand les Amerloques arrivent enfin en sauveurs, on les voit lire Superman et afficher Poison Ivy sur leur avion… Un petit anachronisme sympathique, cependant: un des chars d’assaut qui parcourent la ville pour célébrer la Libération s’appelle… Obama!! Quelle belle façon d’honorer l’élection de ce grand démocrate!

 

  • les innombrables clins d’œil et caméos. C’est absolument fou!! Tant dans le texte (les noms des personnages, par exemple, ou les noms des rues ou des boutiques), que dans les illustrations (figurants, affiches, dispositions des personnages…), tout, absolument TOUT est matière à clins d’œil!! Un figurant qui a la tronche d’un créateur de BD ou d’un personnage secondaire célèbre, une plaque d’immatriculation qui reprend une date marquante de l’histoire de la BD… Tout est cligné, de manière évidente ou très subtile. Je vais vous faire la liste de ceux que j’ai pu déceler et qui correspondaient à des personnages ou des gens que je connaissais. Attention, je vous préviens : la liste est un peu longue. Mais sachez qu’il doit y en avoir au moins autant qui ont dû passer sous le nez de mon ignorance!

 

D’abord, hommage aux bédéistes. Tous ces noms ont été attribués à des personnages, à des rues, à des commerces, ou sont apparus sur des affiches : Schultz (p.6), Bravo (p.9), Schwartz (p.12 et suivantes), Joseph Gillain (p.24), J.C. Fournier (p.33), Munuera (p.35), Yohann & Vehlmann (p.38), Van Hamme (p.39), Morvan (p.42), Le Gall (p.50), Rosy et Gos  (p.57), Morris (p.57), Haussmann (p.60), Tarrin, Roba, Cauvin et encore Gos (p.62), Greg & encore Fournier (p.64)… sans compter la statue de Franquin et du Marsupilami, à la p.63. Vous constaterez qu’il s’agit presque tous, à part Schultz, de scénaristes et de dessinateurs ayant travaillé pour l’écurie Dupuis et que la grande majorité a contribué, d’une façon ou d’une autre, à au moins un album de Spirou. Plusieurs personnages secondaires ou figurants sont en fait des portraits d’autres bédéistes, mais j’avoue ne pas connaître suffisamment leurs tronches pour pouvoir les identifier adéquatement.

 

Dans la gamme des célébrités apparaissant sur des affiches, signalons la présence de Blondin et de son cirage (p.3 et 24), et de Tif et Tondu, sur une affiche de produit capillaire (p.63).

 

Pour ce qui est des passants aux minois «déjà-vus», soulignons Tintin et Milou parmi les reporters (p.14); Quick et Flupke qui courent dans leur quartier des Marolles, poursuivis par leur agent de police habituel (p.16 & 29); encore Milou, qui trouve des boîtes de conserve vides… avec une étiquette de crabe! (p.22); un pilote américain appelé Buck (p.23); puis Hergé, dessiné en journaliste, qui se fait faire les poches par le pickpocket de Tintin et le Secret de la Licorne, au même marché aux puces (on y retrouve la Licorne elle-même et son vendeur, une case plus bas) (p.29). Puis vient le tour de Monsieur Lambic, de tante Sidonie et du toujours aussi herculéen Jérôme, tous trois issus de l’incontournable série belge Bob et Bobette (p.29 & 62); le général Müller, vieil ennemi récurrent de Tintin, officie déjà des tortures pour le compte des Allemands (p.32 & 42); un de mes préférés : la présence, dans un vélo-taxi, de Jeanne, la jeune communiste au béret rouge qui fait de la résistance à Paris dans l’album le Vol du Corbeau, que je viens tout juste de lire! (p.32). On retrouve aussi Jo et Zette (p.34), l’écossais William Ballantine, le célèbre acolyte de Bob Morane (sous les traits de son avatar parodié par Yann lui-même, Bill Gallantine, dans Bob Marone) (p.39) et le pilote anglais Blake (mais sans Mortimer) (p.49 & 50). Le récit aborde par deux fois la parution en feuilleton des récits de Tintin et le Trésor de Rackham le Rouge dans le journal local (p.7 et 45).

 

Pour les braves qui me suivent toujours et que ces jeux de cache-cache intéressent, allons-y donc avec certains cas plus subtils :  (p.8) le restaurant «Aux chiens rapides» est un bel antonyme de Chats lents, c'est-à-dire Chaland, dont Schwartz a calqué le style de dessin. Ensuite (p.16, 21 et suivantes), Fantasio a à faire avec le bien peu sympathique propriétaire de la boucherie A. Vécot, un autre bel antonyme de son homologue universellement connu, le boucher tintinesque Sanzot, dont on parle plus loin (p.23) : «avec côtes» vs «sans os»! Il y a (p.36) le roman «Et mille bravos» pour Émile Bravo, ou (p.49) les aviateurs alliés qui parlent de Q.R.N. (tiré du titre d’une aventure de Spirou), ou encore (p.55) le clin d’œil à Astérix quand «l’aigle nazie est terrassé… sauf une petite base qui résiste encore et toujours…». Je pourrais encore mentionner la présence (p.55) du jeune ingénieur Zorglub, qui vient de construire la maquette de ce qui deviendra la Zorglumobile, ou (p.48) la plaque d’immatriculation de la voiture du savant qui se lit AF 1947, pour André Franquin-1947, année où il a débuté à dessiner les aventures de Spirou!!

 

Il y en a plein d’autres, encore plus longs à expliquer : la présence du petit Morris, tel que Franquin l’avait caricaturé il y a longtemps (p.34); la machine à brosse, qui repique celle dans laquelle les Dupondt ont déjà tombé (p.40); Radar, le robot tiré d’une des premières aventures de Spirou (p.46); la colonne Maurice calquée sur Tintin (p.52); etc. etc. etc. Pour les mordus qui veulent en savoir plus et avoir plus de détails (oui, oui, ça pourrait être encore plus complet!!), je vous incite à explorer le site Clins d’œil et petites sirènes, tenu par Elouarn Blade, un maniaque du caméo, du clin d’œil et du pastiche inter-bédéistes. C’est grâce à lui si j’ai pu débusquer certains d’entre eux ou faire des liens entre des noms et des visages! Son site, très complet, vous permettra de découvrir des milliers d’autres clins d’œil, tirés de différentes séries.

 

 

 

Ce qui m’a le plus agacé :

 

  • le caractère facétieux et insouciant de Fantasio. Yann a fait de Fantasio un inventeur aux inventions aussi farfelues qu’inefficaces. Je ne lui connaissais pas du tout ce trait de caractère (mais, je le répète, je ne suis pas un spécialiste de Spirou). À mon sens, on dirait presque que Lagaffe s’est emparé du corps du grand blond! Un lance-peinture, un carburant pour voiture à l’huile de friteuse, un télescope-porte-voix… et même un ordinateur (et le premier bogue!!)! C’est pousser un peu loin (et inutilement) le gag. Il en fait aussi un collectionneur excentrique de peintures dadaïstes. Pourquoi?!?

 

  • le vieux jargon bruxellois. Déjà que les personnages germaniques ont des titres et des noms imprononçables, et qu’ils utilisent plein d’expressions compliquées en allemands (donnerwetter, dummköpfe…), on aurait pu nous éviter le brusseleer, ce patois typique du quartier défavorisé de Bruxelles appelé les Marolles. Voyez plutôt : «Ramène de quoi knabbeler!», «Y fait aussi noir que dans le swarte zak d’un pei du Congo!», «C’est pas des zwanzes!», «Je suis un schaait! Une platte beuze!»… Heureusement, en contexte, on finit par s’y retrouver… en se concentrant un peu.

 

  • le côté pas mal «adulte» du récit. La violence du carnage de Poussigny, quand la Résistance belge tombe dans un traquenard orchestré par les Allemands, est assez impressionnante. De plus, je ne me souviens pas avoir déjà vu Spirou tuer quelqu’un de sang-froid, alors qu’ici, il enflamme sans hésitation les quatre soldats ennemis qui sont à ses trousses. Et Fantasio qui passe la nuit avec la pulpeuse et très chaude Ursula, déesse allemande du Troisième Reich, après avoir descendu trois bouteilles de champagne : pfiouf!! Elle est assez affriolante quand elle rattache ses bas à ses porte-jarretelles, au petit matin!!! Et que dire du sort réservé aux femmes accusées de «kollaboration horizontale». Non seulement on nous explique qu’elles ont «frayé» avec les Boches, mais on nous montre qu’on leur rasait le crâne et qu’on leur peignait carrément une immense croix gammée sur le front! Je veux bien croire que ce sont là des réalités historiques, mais était-ce indispensable de le montrer aussi crûment dans une BD pour la jeunesse?

 

  • l’ambiguïté sexuelle du personnage de Violette Morris. Ce n’est qu’à la page 57, à sa troisième et dernière apparition, qu’il s’agissait d’une femme!! Le prénom me semblait bien féminin mais je croyais que c’était une autre excentricité langagière belge : le personnage ressemble tellement à un homme, que c’en est troublant. Qui aurait cru que Spirou aborderait un jour la notion de travestisme!!? Toutefois, je mettrais ma main au feu que les jeunes ne s’en formaliseront pas… car ils ne le réaliseront probablement même pas!!

 


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@ Marsi: Merci du compliment. Venant d'un ami aussi important que vous, maître, c'est d'autant plus apprécié! J'ose espérer que le père Noël vous aura entendu, lui qui s'apprête à faire sa tournée si mondialement attendue!!
Rédigé par PG Luneau le samedi 18 décembre 2010 à 22:57


Eh bien Pierre-Greg, encore une fois, tu as le tour de nous mettre le phylactère à la bouche et dans lequel il est écrit que tu as le tour de nous mettre l'eau à la bouche. Je l'avais feuilleté ce Spirou et l'avais trouvé très bien à la première approche. Je crois qu'il va figurer dans mes acquisitions à venir. Merci de ton dévouement et de la toujours immense qualité de tes critiques.
Rédigé par Marsi le samedi 18 décembre 2010 à 19:03




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