#01- LE PROCÈS
Scénariste(s) : Richard MALKA
Dessinateur(s) : Paul GILLON, Jean-Michel PONZIO
Éditions : Glénat
Collection : X
Série : Ordre de Cicéron
Année : 2004 Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1 à 4 / 4)
Genre(s) : Aventure policière, Drame familial, Drame de guerre, Historique, Érotique
Appréciation : 5 / 6
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Amitiés d'enfance, rivalités professionnelles et Deuxième Guerre mondiale ne peuvent faire bon ménage...
Écrit le samedi 26 juin 2021 par PG Luneau
Tomes lus : #01- le Procès (Dess. : Paul GILLON)
#02- Mis en examen (Dess. : Paul GILLON, 2006, 48 p.)
#03- le Survivant (Dess. : Paul GILLON, 2009, 49 p.)
#04- Verdicts (Dess. : Jean-Michel PONZIO, 2012, 48 p., 4,5 / 6)
Lorsque je me suis décidé à explorer plus hardiment l'univers du 9e art, il y a environ 25 ans, j'étais allé à la bibliothèque de mon quartier et j'avais lu les 9 tomes de la série les Maîtres de l'Orge. Cette saga familiale qui se déroule dans le monde des brasseurs de bières m'avait subjugué : la BD adulte intelligente, efficace et abordable existait! Le premier tome de cette série-ci, l'Ordre de Cicéron, m'a replongé dans le même état d'esprit... Dire que j'ai attendu plus de 15 ans avant d'en lire la suite!
C'est quoi?
L'Ordre de Cicéron est une saga familiale du même genre, mais qui suit deux familles d'avocats prospères que l'ambition, les mauvais choix et la Deuxième Guerre mondiale viendront bouleverser.
Le premier tome nous transporte très rapidement dans le Paris de 1938. Amis de longue date, Raphaël Steiner et les jumeaux de Veyrac, Nicolas et Émilie, terminent leur Barreau et débutent leur carrière de manière fulgurante. En effet, pour sa toute première affaire, Raphaël se voit donner un cas désespéré : défendre un jeune noir accusé du meurtre d'un couple blanc... et c'est Nicolas qui agit comme procureur! Alors que les deux confrères de toujours se retrouvent face à face, l'amitié s'effrite en un rien de temps. La belle Émilie se trouve vite coincée entre son frère jumeau et Raphaël, son amoureux...
La querelle aura d'horribles conséquences quand le perdant du procès livrera l'autre aux Nazis, qui commençaient leur chasse aux sorcières... ce qui enclenchera une série de répercussions qui s'étaleront sur près de 70 ans, et trois générations.
Car c'est de nos jours que tout se poursuit, dans les 3 tomes suivants, alors que la société américaine Steiner-Mac Rae, forte de presque 3000 légistes, veut racheter la petite firme française SCP de Veyrac-Richemont. Mais la transaction sera l'occasion de déballer les vieux cartons, de découvrir les vieux secrets, de raviver les blessures... et de s'en faire d'autres! Rien ne sera simple entre Nathan et Benjamin, dignes héritiers de leurs aïeuls!
C'est comment?
C'est extrêmement bien ficelé! J'ai vraiment adoré l'intrigue et toutes ses ramifications. Les personnages sont bien campés et leur psychologie est forte. On suit bien leur évolution dans le temps, ce qui est important quand le récit s'étale sur une si longue période! Ici, on comprend bien les répercussions que les événements ont sur les gens et sur leur descendance. Et monsieur Malka est vraiment très habile pour pimenter son récit de revirements logiques mais imprévisibles qui nous explosent en plein visage... souvent en fin d'album!
Bref, c'est un récit qui mérite d'être lu, et qui pourrait faire une excellente mini-série télé, d'ailleurs! C'est tellement bien écrit et expliqué que même moi, qui n'y connais rien en finance ou en droit (et encore moins avec les systèmes financiers et juridiques français!!), je suis parvenu sans problème à suivre les tenants et aboutissants de ce qui se déroulait dans les vies des Veyrac et des Steiner. L'Ordre de Cicéron, vraiment, une série à ne pas manquer.
Mes bémols
- les typographies. D'abord, il y a la calligraphie des textes dans les phylactères, qui est un peu malhabile: il m'est arrivé à quelques reprises de confondre des N et des M... Puis, la police de caractères des notes de bas de pages est, pour sa part, si petite qu'on a besoin d'une loupe pour la décoder! C'est assez peu pratique...
- les dessins des trois premiers tomes. Ça m'embête beaucoup, car je sais que Paul Gillon est un bonze du 9e art. Je l'ai connu quand j'avais 8 ou 9 ans, dans Pif Gadget, alors qu'il était un des dessinateurs réalistes les plus réputés du magazine. Ses traits se voulaient évanescents et originaux, principalement dans la série de science-fiction les Naufragés du Temps ou encore dans la série d'aventures et de pirates Jérémie! Pourtant, dans ces albums-ci, tant de défauts m'ont sauté aux yeux que je ne saurai tous les lister: traits des visages dangereusement asymétriques, proportions boiteuses, compositions douteuses, postures peu naturelles, voitures trop rectilignes, aux allures de boites de carton... Il lui arrive même de tracer des lignes de mouvement impossibles, qui nuisent à la lecture! Est-ce parce que je suis devenu plus critique que lorsque j'avais 9 ans? Est-ce parce que M. Gillon, rendu à 85 ans, était sur le déclin (notez que ce grand homme est décédé avant d'avoir terminé la tétralogie!)? Je ne saurais dire... Mais, même si ça me désole de critiquer si sévèrement une telle pointure, je me dois d'avouer que ce sont ces trop nombreuses maladresses graphiques qui me forcent à limiter ma note globale à 5 / 6, alors qu'elle aurait facilement pu être de 5, 5 ou même plus! Dommage...:^(
Les plus grandes forces de cette BD
- les couvertures, sobres mais très efficaces. J'aime bien l'unité de couleur des quatre fonds, en mat, avec le personnage du premier plan, en couleurs, avec pellicule. Ça crée un contraste et un relief très accrocheurs.
- le scénario, définitivement! Le premier tome nous offre un procès palpitant, nourri par la rivalité des belligérants. La suite s'avère être une excellente saga familiale, avec de bons retours en arrière qui nous révèlent souvent les réponses aux questions qui nous tenaillent. De plus, l'auteur nous réserve de nombreux revirements magistraux. C'est à lire, sans contredit!
- certains personnages très forts... Je songe surtout à Anissa, l'avocate et maîtresse de Benjamin, une belle vipère qui joue sur plus d'un tableau (quel dommage que ses motivations ne soient pas plus clairement expliquées!), ou à Émilie, la grand-mère juive (sosie de Line Renaud!:^0) qui est devenue communiste et qui a vécu dans un kibboutz.
- le petit résumé de l'Affaire Rosenberg. J'avais déjà entendu cette expression, mais sans jamais m'y être intéressé vraiment. Ici, certains personnages vont s'installer aux États-Unis dans les années 60 et se trouvent à être impliqués dans ce cas juridique ultra-médiatisé. Les auteurs en profitent donc pour nous expliquer les grandes lignes de cette importante mascarade judiciaire qui fait tache dans l'histoire américaine.
- l'arrivée du nouvel illustrateur pour le dernier tome. En effet, M. Gillon a malheureusement rendu l'âme en 2011, alors que le tome #3 était paru, mais pas le tome #4. C'est à Jean-Michel Ponzio qu'on a demandé de reprendre le projet pour le mener à bon port, ce qu'il a fait de manière magistrale! Son dessin, hyperréaliste aux traits fins, est tout à fait adéquat (malgré quelques maladresses, lui aussi)... tellement adéquat que les dessins de Gillon souffrent pas mal de la comparaison, finalement!:^S
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