#01- DIABLOTIN À DOMICILE
Scénariste(s) : Christophe Bertschy dit BERTSCHY
Dessinateur(s) : Christophe Bertschy dit BERTSCHY
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Nelson
Année : 2004 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Strips
Genre(s) : Héros animalier, Humour fantaisiste
Appréciation : 3.5 / 6
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Succédané de Garfield, l'humour en prime!
Écrit le dimanche 05 juin 2011 par PG Luneau
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une série de strips qui raconte les mauvais coups d’une petite mais rondouillarde créature orangée dont le but principal, dans la vie, est de tout faire pour pourrir la vie de la propriétaire d’un gros chien pas très futé…
Avouez que, présenté comme ça, si ça n’avait été de la forme féminine du mot «propriétaire», vous auriez pensé au mondialement connu Garfield (qui est, à mon sens, la BD la plus surestimée de l’histoire du neuvième art!! Je la trouve personnellement d’un ennui si mortel que je n’arrive pas à saisir ce qui emballe tant ses lecteurs!!! Mais ceci est une autre histoire!)? Disons que Bertschy, le créateur, a un peu (beaucoup!!) calqué le principe lorsqu’il a imaginé son Nelson, en passe de devenir aussi populaire que l’affreux chat de Jim Davis!
Nelson est donc un petit diablotin, orange très très fluo, envoyé sur terre pour saccager la tranquillité de la pauvre Julie, une jeune femme simple à la vie rangée, propriétaire d’un labrador baptisé Floyd. Au fil des strips, on réalisera qu’une assez belle relation se développera entre ces trois personnages et que Nelson n’est pas si malfaisant que ça, après tout : juste un peu gourmand, un brin paresseux, pas mal égoïste, très taquin et inlassablement joueur de tour! Julie s’accommodera assez bien de la présence de son karma personnifié (d’ailleurs, Nelson rappelle assez cet autre petit diable justement appelé Karma, dans une série éponyme aussi parue chez Dupuis!), même si elle en est parfois quitte pour de méchantes surprises, comme de retrouver son frigo perforé ou son séchoir à cheveux qui recrache des grains de maïs soufflés!
Avec son humour bon enfant, cette série est une sympathique surprise. Ses dessins ultra-simplifiés, très graphiques (ils ont souvent des airs d’icônes informatiques!!), ne plairont peut-être pas à tous. Néanmoins, chaque album nous présente des gags accessibles à toute la famille, de même que certains plus subtils qui satisferont les plus vieux, sans trop dépiter les plus petits, ce que je trouve fort appréciable. L’éventail de gags est inégal, bien évidemment, mais c’est toujours au moins cocasse, souvent amusant et, parfois, carrément drôle… ce qui fait que cette série surclasse Garfield d’au moins deux mille sept cent soixante-quinze positions dans l’échelle des bonnes BD d’humour!! Une excellente lecture de cabinet, pour tous les âges!
Plus grandes forces de cette BD :
- un ex-libris numéroté et signé!! C’est toujours curieux de retrouver, en bouquinerie, ces exemplaires spéciaux, qui avaient été offerts en service de presse, et sur lesquels il est inscrit spécifiquement «cet album hors commerce est exclusivement réservé aux journalistes et aux libraires et ne peut être vendu»! Je l’ai pourtant bien acheté!?! Et avec l’ex-libris original! Et signé! Et pour deux fois moins cher qu’un album régulier en librairie!! Quelle veine!
- le dos de l’album, qui laisse voir des flammes, dans le bas. Quand on possède plusieurs tomes, côte à côte sur une des tablettes de notre bibliothèque, ça donne l’impression que celle-ci est en feu! Original, et très concept!
- la couleur ultra-fluo du personnage principal. En colorant son petit démon d’une couleur aussi intense et visible, Bertschy en fait une marque de commerce facilement identifiable. Il s’approprie presque cette couleur, en somme : chaque fois qu’on aperçoit une affiche ou un feuillet publicitaire orange fluo, dorénavant, on ne peut que songer à la bestiole infernale! C’est un excellent coup de marketing, chapeau!
- Floyd, le chien n’est pas aussi stupide et passif que son homologue dans Garfield. À quelques reprises, c’est Nelson qui écope! Ces virements de cap salutaires permettent qu’on s’attache autant au gentil bourreau qu’aux deux victimes qui, finalement, nous apparaissent pas si sans défense que ça! De cette manière, les scénaristes évitent un manichéisme redondant qui peut engendrer, parfois, d’étranges revirements de situation : rappelez-vous le syndrome «Road Runner»! On était tellement tannés de voir le grand oiseau bleu s’en tirer sans une égratignure, et toujours avec son sourire fendant, qu’on en venait à souhaiter ardemment que le pauvre coyote l’emporte, pour une fois!!
- un humour tout public, avec parfois plusieurs niveaux de lecture. Comme je le disais plus haut, la variété de styles d’humour fait en sorte que les petits préféreront certains gags, et les adultes, d’autres… C’est agréable qu’il y en ait pour tous les goûts!
- certains gags, plus cocasses que d’autres. Les quelques fois où Nelson se coiffe d’une casquette à la Sherlock Holmes m’ont bien fait rire, de même que les deux ou trois gags, sur fond rouge, où il se trouve en enfer en train de rendre des comptes à son maître! Mais il faut avouer que les gags «à suivre» ou ceux «à répétition», que j’apprécie tout particulièrement, sont malheureusement quasi-inexistants, dans ce tome, du moins!
- la quantité de lecture. Souvent, les gags sont visuels ou ne comportent que très peu de texte, comme c’est la norme avec les strips. Et bien malgré tout, ce format me donne invariablement la satisfaction d’en avoir plus pour mon argent! J’ai toujours l’impression de prendre plus de temps à lire ces recueils. C’est complètement irrationnel, mais c’est comme si le fait de lire une centaine de mini-récits (de trois cases!) me nourrit plus que d’en lire un seul de 46 planches (Et ne m’écrivez pas pour me dire que c’est mathématiquement la même chose : je le sais pertinemment!!)!…
Ce qui m’a le plus agacé :
- les excroissances qui dépassent de la tête de Nelson. Va pour les cornes et la houppette à la Tintin… mais qu’est-ce donc que ces deux petites pointes triangulaires qui dépassent? Je suppose que celle du menton se veut une barbichette… mais elle a plus l’air d’une erreur du dessinateur que d’une vraie petite barbiche! Il en va de même pour ce qui correspondrait, j’imagine, à son oreille? Tant qu’à la faire aussi succinctement, autant ne pas en faire du tout : ça aurait été plus esthétique.
- Floyd est supposé être un labrador… mais ne ressemble, en fait, à rien!!! Vous pourrez me répondre que même le génialissime Snoopy ne ressemble absolument pas à un beagle, et vous aurez bien raison! Mais alors, pourquoi les bédéistes s’entêtent-ils à nommer la race de leur chien?? À la quantité de chiens bâtards qui roulent leur bosse sur notre planète, est-ce vraiment indispensable que tel ou tel chien de BD soit de telle ou telle race? Surtout quand il ne possède aucune de ses caractéristiques physiques?...
- une erreur grossière de reflet dans le miroir, à la page 20 : le reflet du type qui s’admire n’est plus inversé quand il met son doigt dans son nez! Hou! le vilain monsieur qui agit si mal… mais double hou! au vilain dessinateur qui a fait une gaffe si élémentaire… et triple hou! pour le vilain éditeur qui n’a rien remarqué!!
- certains gags incompréhensibles (comme celui du haut de la page 24). Est-ce supposé être drôle de voir Nelson se faire jeter dehors après qu’il ait fait sursauter sa maîtresse?? Il est vraiment digne de Garfield, celui-là, c’est-à-dire insipide! Heureusement, il y en a vraiment très peu qui volent aussi bas.
- le manque de punch du personnage de Julie. Cette jeune femme a une personnalité assez fade. Elle est effacée et n’est, en somme, que la «straight-girl» du groupe. C’est dommage, en quelque part : elle gagnerait à avoir une présence plus affirmée. Heureusement que, tout comme Floyd, elle n’est pas toujours victime et qu’elle a la satisfaction d’avoir parfois le dessus sur son démon personnel… (qui n’a rien à voir avec ceux d’Alexia – voir les Démons d’Alexia)
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