#02- SAISON 2
Scénariste(s) : Nicolas BARRAL
Dessinateur(s) : Olivier TaDUC
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Mon pépé est un fantôme
Année : 2009 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Courts récits, à suivre
Genre(s) : Quotidien, Humour fantaisiste, Humour tendre
Appréciation : 5 / 6
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Et v'là-ti pas que le psy s'en mêle!
Écrit le vendredi 30 décembre 2011 par PG Luneau
Eh oui! Comme on l’a appris dans le délectable premier tome de la série Mon pépé est un fantôme, le jeune Napoléon Tran, mi-corse, mi-chinois, a la chance de pouvoir voir et converser avec le fantôme de son grand-père, récemment décédé. Celui-ci lui a promis de veiller sur lui et de rester à ses côtés jusqu’à ce que les parents du gamin, en instance de divorce, ne se soient réconciliés.
J’avais adoré le tome #1 de cette série… et ce tome-ci est encore meilleur!! Quelle originalité dans les thèmes! Quelle fraîcheur dans le traitement!! Quelle minutie dans les dessins!! Franchement, j’ai l’impression que je me retrouve devant une des meilleures séries jeunesse des dernières années. Évidemment, elle est difficilement comparable à Seul(s), car les standards pour évaluer une série de gags et ceux pour une longue aventure fantastique sont trop différents, mais dans le genre humour, elle remporte sans contredit la palme du rire intelligent!
Et je suis d’autant plus content que je m’étais forgé de grosses attentes sur cette série (au point d’acheter les quatre premiers tomes sans même en avoir lu une ligne!!). Mon petit doigt me disait qu’elle me plairait bien… et il a eu raison (je suis très fier de lui : je lui offrirai une manucure spéciale, tiens, juste pour lui!)!
Dans cet opus, dont l’enchaînement des courts récits forme presque un récit complet, les parents de Napoléon entraînent leur gamin chez un pédopsychiatre, question de régler le problème de l’omniprésence «supposée» du fantôme de Pépé. Et la solution idéale, semble-t-il, c’est l’acquisition d’un animal domestique!! Mais sur quelle espèce s’arrêteront-ils? Un chien berger? Un persan hautain? Un hamster grassouillet? Non : le hasard les force à prendre un iguane! Un iguane qui a été maltraité et élevé à faire des combats extrêmes! La cohabitation entre l’animal et le spectre ne sera pas de tout repos, car non seulement Iggy (c’est son nom!) voit-il Pépé, mais il le prend en grippe dès son arrivée… Parviendra-t-il à forcer le départ du fantôme?? Et à quel prix?
Encore une fois, Barral, le scénariste, parvient, par la bande, à aborder des thèmes pas particulièrement courants en BD jeunesse : la pédopsychiatrie, la maltraitance envers les animaux, l’Alzheimer… Sur un ton fin qui fait mouche à tous coups, il parvient à nous pondre des saynètes d’un naturel incroyable, que TaDuc a le don de rendre dans un style graphique plein de charme! Si on ne rit jamais à s’en taper les cuisses (mais existe-t-il une BD qui nous le permette?? J’en doute fortement!), on sourit invariablement avec tendresse et émotion aux déboires de Napoléon et de ses amis… Et comme c’était le cas dans le tome #1, c’est vrai autant pour les jeunes à partir de huit ou neuf ans que pour leurs parents (et même leurs grands-parents!), car Barral parvient toujours à glisser ici et là des gags plus subtils ou des doubles sens fort judicieux!
De plus, pour dire à quel point la série est bien construite, la dernière historiette nous lance déjà sur la piste d’un thème central pour le prochain tome, alors qu’une nouvelle élève toute mignonne semble électriser la tignasse de notre pauvre Nap!! Cupidon sera sûrement au rendez-vous dans le troisième opus!! C’est à suivre, indubitablement!
Plus grandes forces de cette BD :
- les illustrations de la couverture et celle des pages de gardes. Elles donnent un bon aperçu du type d’humour, assez classique mais très efficace, qui plane sur tout l’album!
- les dessins en général. Je sais : j’en ai déjà parlé dans ma critique du tome #1, et plus haut. Ils sont assez classiques, eux aussi, mais en même temps bien modernes. TaDuc a encore un peu plus étoffé ses décors, ce qui rend chaque planche encore plus intéressante à regarder.
- les clins d’œil à d’autres BD, via deux caméos! C’est avec beaucoup de plaisir (et un brin de fierté!) que j’ai aperçu Karine, la pauvre bécasse trop bonasse de ma série québécoise fétiche, les Nombrils! TaDuc a eu la brillante idée de la dessiner dans la salle d’attente du pédopsychiatre de Napoléon, à la page 7. Quel endroit approprié pour une jeune fille si éclopée! Plus loin, à la page 29, on peut voir, sur les rayons d’un grand magasin, un toutou représentant le Petit Père Noël de Thierry Robin, un vieux complice du dessinateur. C’est un juste retour d’ascenseur! En effet, il est de notoriété publique que Robin s’amuse à glisser le nom de TaDuc quelque part dans les décors de chacun de ses albums (que ce soit Rouge de Chine, la Teigne ou même Zappa et Tika!), ce qui permet aux lecteurs connaisseurs d’ajouter le plaisir que procure un jeu de «cherche et trouve» à celui de la lecture!
- le fait que les courts récits s’enchaînent pour, finalement, former un récit cohérent, comme c’est le cas pour les albums des Nombrils. C’est pourquoi il vaut beaucoup mieux lire ces albums dans l’ordre de leur parution… question de mieux savourer l’évolution des personnages!
- les thèmes, et le ton sur lequel on les traite. Encore une fois, je me répète, mais j’adore le naturel avec lequel Barral aborde des thèmes souvent délicats, peu abordés en BD commerciales. Ici, la maladie d’Alzheimer est présentée honnêtement, avec respect et sensibilité. J’ai vraiment hâte de lire la suite et de voir la tangente que prendront les récits suivants.
Ce qui m’a le plus agacé :
- rien du tout!! N’est-ce pas exceptionnel!! Et je crois que ce n’est que la deuxième fois que ça se produit, en 242 critiques! C’est à souligner! «Champagne for everyone!»
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