#07- LES GALAXIENS
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1978 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (2/2)
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 4 / 6
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Scénario ping-pong, tout raboudiné
Écrit le jeudi 14 juillet 2011 par PG Luneau
Lors du tome précédent, l’Oncle Georges a dû contacter Yamouth, l’oncle biologique de Khéna, pour régler une situation qui commençait à devenir difficilement contrôlable. Celui-ci n’a pu qu’envoyer une troupe de charmants Galaxiens en renfort. Maintenant : stupeur!! On apprend que ces petits êtres de l’espace, taquins et turbulents, vont devoir séjourner chez Georges Caillau un certain temps puisque leur vaisseau-mère a été appelé d’urgence pour aller régler un autre problème, dans un coin reculé de la galaxie!
D’un côté, ça tombe bien, car bien que ces adorables bonshommes verts aient réussi à rapatrier celui d’entre eux qui avait eu un accident, en plein cœur du village, ils n’avaient toujours pas retrouvé sa mini-soucoupe volante! Ne pouvant prendre le risque qu’elle tombe entre des mains malveillantes, ils se devaient de la retrouver et de la ramener, elle aussi, chez l’Oncle Georges!
Cette nouvelle mission de rapatriement, je croyais sincèrement qu’elle allait servir de trame de fond à ce septième album, surtout qu’on apprend rapidement que la dite soucoupe se trouve dans les hangars de l’armée, rien de moins! Mais c’était oublier qu’avec le rayon du Scrameustache, qui transforme en statue de sel, et les pistolets des Galaxiens, qui paralysent et font flotter leurs victimes dans les airs, bien peu d’obstacles peuvent résister à ces sympathiques extraterrestres! Ainsi, en six planches, tout au plus, cette mission est résolue, avec plus de plaisir et de vilains tours que d’embûches et de suspense!!
Non, la trame principale de ce tome débute plutôt autour de la planche 19, quand Khéna et l’Oncle Georges reçoivent un gros coli de leur ami québécois, Martin Paradis. Il s’agit du jeune accusmala que les Stix avaient oublié lors de leur départ en catastrophe, à la fin du tome #4! Rien de moins! Le jugeant un peu encombrant et dérangeant, les Paradis ont décidé de l’expédier au Scrameustache, considérant que celui-ci était la personne la mieux outillée pour l’encadrer.
Mais un jour que l’indocile bestiole plonge dans le Trou aux vaches pour y faire trempette… c’est tout juste s’il lui reste un souffle de vie quand les Galaxiens le repêchent! L’accusmala, dont ce genre d’environnement aquatique est pourtant le milieu naturel, est terriblement malade, et l’eau de ce grand réservoir naturel en serait probablement la cause! Comment cette eau pure peut-elle être devenue si polluée? Entre temps, nos amis du cosmos n’ont pas pu cacher leur exubérance bien longtemps, et ils sont sortis de l’ombre et se sont fait connaître publiquement du voisinage… mais les médias et les dirigeants locaux ne tardent pas à les accuser injustement d’être responsables de la pollution du Trou! C’est bien connu : dans la tête des gens, les malheurs arrivent toujours de l’étranger!! Comment faire la lumière sur ce mystère??
Définitivement, il est clair que Gos a de la difficulté avec ses scénarii! Cette fois-ci, on jurerait qu’il n’a pas été en mesure de pondre un récit de 46 pages et qu’il a plutôt opté pour une série de petits récits vaguement rattachés entre eux! Ainsi, on a droit à sept planches sur la récupération du vaisseau perdu, puis à neuf planches de joyeuses clowneries galaxiennes pendant que les sept émissaires s’installent chez l’Oncle Georges pour un séjour prolongé, puis à quatre sur l’arrivée de l’accusmala et l’implication sociale des Galaxiens, via leur travail chez Antoine Pascal, le fabricant de jouets rencontré dans le tome précédent… Finalement, il ne reste plus que la deuxième moitié de l’album pour l’intrigue du lac empoisonné (qui, elle, m’a beaucoup fait penser aux aventures des 4 As, avec cette enquête menée en cachette à partir du château en ruine)! Entendons-nous : toutes ces idées ne sont pas inintéressantes, loin de là! Mais elles sont pour le moins décousues, et leur raboudinage (pour employer un terme bien évocateur qu’aimaient beaucoup nos grand-mères) manque de naturel… Bref, elles ne composent pas le scénario du siècle! Heureusement, l’humour des Galaxiens vient sauver la mise, et c’est grâce à eux que je donne encore une note de 4 / 5 à ce tome qui, sinon, aurait été bien plus proche du 3,5 !
Ça reste une BD familiale correcte, qui tente de passer quelques messages à connotations écologiques et sociales. Bien qu’il soit plus intéressant d’avoir lu le tome précédent pour bien connaître toutes les factions en présence, ce tome peut aussi se lire indépendamment sans trop de problème. Un album à mettre entre toutes les mains… même celles de nos grand-mamans!
Plus grandes forces de cette BD :
- la belle couverture colorée. Elle est très invitante, je trouve!
- les galipettes des Galaxiens, de même que leur tronche. Ils sont tellement mignons et amusants qu’on ne peut pas ne pas tomber sous leur charme!! Il n’y a pas à dire : ils viennent donner une tout autre perspective à l’expression «les Petits Hommes verts»!
- les fonctions spécifiques de chacun des Galaxiens. Cette idée que chacun soit spécialisé dans un domaine, qu’il ait un genre de métier, est amusante, et elle fait instantanément penser aux Schtroumpfs. Il y a le chef, le pilote, l’écolo, le mécano, le radio, le toubib… chacun avec une icône représentative sur sa combinaison (À remarquer : l’icône de l’assistant-chef, dans le haut de la page 10!). Et l’idée qu’assez régulièrement, à une heure fixe, ils interchangent tous de vêtement les uns les autres, interchangeant du même coup leur «métier», est vraiment très drôle… et nous donne une petite idée de la valeur de leur expertise!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le scénario tout en raboudinages. J’aurais aimé que le récit soit centré sur la récupération du vaisseau perdu en zone militaire. Ça aurait fait une aventure d’infiltration avec suspense, digne des Mission : impossible de mon enfance! J’ai donc été un peu déçu que le tout se règle de manière un peu bébête, en moins de sept pages!
- les sous-vêtements des Galaxiens. Ces êtres d’une autre planète portent, sous leur combinaison… des boxers!! Des petits boxers blancs, en coton, avec l’élastique à la taille, tout ce qu’il y a de plus classique! Mais c’est grotesque!! Non pas que je m’intéresse au sexe des anges, mais ils auraient très bien pu ne rien porter, sans que la pudeur des jeunes lecteurs n’en soit affectée! Ou, s’il le faut vraiment, faites-leur porter quelque chose de moins banalement terre à terre que des boxers!! Franchement!
- le retour de l’accusmala. Il est plus jeune, donc un peu moins caricatural que ses parents du tome #4, mais tout de même. D’ailleurs, je n’ai pas compris ni le pourquoi, ni le comment de l’épisode où il se réveille avec le regard malin, prêt à faire des méchancetés (p.28). Pourquoi cette soudaine envie?? J’ai l’impression que Gos lui-même ne pourrait répondre à cette question!!
- une faute d’orthographe. On voit, à la page 38, que l’auteur avait écrit «À votre place, je ne ferais rien du tout, à moins que vous ne préfériez…», puis qu’il l’a corrigé en insérant un i pour donner préféiriez, qui n’existe vraiment pas. J’avoue que la forme correcte m’embête aussi (préféreriez, au conditionnel présent, ou préfériez, au subjonctif présent, comme Gos l’avait originalement écrit??), mais chose certaine, «préféiriez» est un mot très laid qui n’existe pas, dans notre belle langue!
- les Galaxiens sont gentils… mais vraiment très gentils!! La finale, alors qu’ils financent la construction d’un parc d’attractions, fait rêver! Mais elle fait aussi beaucoup trop les Anges de la Rénovation à mon goût!! C’est comme une apothéose de gentillesse… et c’est bien trop intense pour être réaliste! Disons que cette finale-bonbon confirme que la série s’adresse aux jeunes, et qu’il faut vraiment garder un gros gros cœur d’enfant si on veut y trouver plaisir en la lisant en tant qu’adulte!
- la finale qui ne nous montre que sept Galaxiens. Pourtant, le groupe initial de sept a été rejoint par l’écolo, envoyé par le vaisseau-mère avant son départ. Donc, ils devraient maintenant être rendus huit, ce qu’ils sont, jusqu’à la page 25. Par la suite, plus jamais on ne les revoit tous sur la même vignette, pas même sur la dernière, qui pourtant nous montre le groupe en liesse d’apprendre que leur rapatriement est pour bientôt! On peut toujours haranguer que le 8e personnage n’est tout simplement pas dessiné (il est à la toilette, comme notre cher Premier Ministre?!), mais j’ai plutôt l’impression que Gos avait oublié qu’ils n’étaient plus sept !
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