#07- LA NUIT DU YORG
Scénariste(s) : Jean-Louis FONTENEAU
Dessinateur(s) : Olivier SCHWARTZ
Éditions : Bayard
Collection : Astrapi
Série : Inspecteur Bayard
Année : 2001 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/2)
Genre(s) : Enquête à élucider
Appréciation : 3 / 6
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Mon enquête a fait patate!
Écrit le dimanche 20 décembre 2009 par PG Luneau
Rien de plus décevant que de se plonger dans la lecture d’un album avec envie, et de constater que le héros que l’on avait l’habitude d’apprécier ne rend pas la marchandise… C’est exactement ce que j’ai ressenti quand j’ai refermé le tome #7 de la série Inspecteur Bayard.
Pourtant, j’avais déjà lu plusieurs tomes de cette série, des plus anciens et des plus récents, et aucun ne m’avait réellement déçu. J’ai toujours eu une préférence marquée pour les tomes qui présentent six ou sept courtes enquêtes de quelques pages, avec leur dernière planche, celle avec la solution, placée à la fin de l’album. Mais les quelques albums présentant des récits complets que j’avais lu auparavant étaient quand même intéressants. Dans le cas de ce tome-ci, rien ne va plus!!
D’abord, le récit : on y retrouve l’inspecteur Bayard qui va rejoindre son ami, le reporter Sam Raflette, pour enquêter sur une vague de disparitions qui sévit en France : tous les plus grands cerveaux de l’Hexagone se font mystérieusement enlever les uns après les autres!! Bien évidemment, nos deux amis croiseront rapidement la piste des ravisseurs et auront bien des soucis à contrer les agissements d’une espèce de gros robot gigantesque et apparemment invincible travaillant pour le compte des criminels. En soi, c’est un scénario classique, qui fait très «film de série B » des années 50, mais qui cadre tout à fait avec le style graphique de monsieur Schwartz, très art déco.
Mais il me semble que l’histoire met du temps à s’envoler. La partie qui se déroule au repaire des ravisseurs est déjà bien plus intéressante… mais elle ne débute qu’à la moitié de l’album! La première moitié, elle, progresse au ralenti et les rebondissements qu’on nous y présente sont inintéressants. Il est vrai qu’on y instaure un nouveau personnage, Mirabelle, genre d’agent secret surentraînée. Si ce personnage augure bien, sa mise en place, elle, ralentit le rythme d’autant.
Pour ce qui est de mes autres récriminations, je vous laisse le soin de les lire ci-dessous. Et dites-vous bien que si je n’ai pas donné 2,5 / 6 à ce tome, c’est par égard au graphisme de Schwartz, que j’aime beaucoup, et à l’intérêt général que je porte à l’ensemble de la série, que je juge très amusante pour toute la famille. De mon côté, je préfère aller me plonger le plus rapidement possible dans une autre BD, plus satisfaisante, question de noyer ma déception.
Plus grandes forces de cette BD :
- les dessins toujours aussi clairs et impeccables, d’inspiration art déco. On y reconnaît la nouvelle ligne claire que Chaland a instaurée avec son Freddy Lombard, dont on dirait que l’inspecteur Bayard est le jumeau graphique.
- on y apprend qui sont le Yorg et Mirabelle, et comment ils sont entrés dans la vie de l’inspecteur. Ces deux personnages, très intéressants chacun à leur manière, développeront leur plein potentiel dans les tomes subséquents.
- le chef des «méchants». C’est un mégalomane de la pire espèce, et les créateurs se sont amusés à en mettre épais pour nous le dépeindre comme un «vrai» mégalo. Imaginez : le gars va même jusqu’à se vêtir en Louis XIV, comme ça, juste pour le plaisir de parader devant les ennemis qu’il vient de capturer! Cette dérision de la part des créateurs m’amuse beaucoup : elle démontre bien qu’ils ne prennent pas leur scénario au sérieux, et cette caricature est très réjouissante.
Ce qui m’a le plus agacé :
- les couleurs, qui sont plus fades que d’habitude. Une grande partie du récit se déroule de nuit, dans la pénombre. Ça assombrit la lecture… et notre intérêt!
- les énigmes intégrées au long récit, avec leur réponse dessinée en tête bêche. La particularité de cette série, et ce qui fait son charme, c’est que les créateurs ont pris l’habitude de nous interpeler en nous mettant à l’épreuve et en nous demandant, à nous, lecteurs, si nous sommes en mesure de comprendre comment leur héros a résolu le problème auquel il faisait face, ou si nous avions trouvé, nous aussi, l’indice qu’il venait de découvrir. Dans les recueils de courts récits, toutes les réponses se trouvaient regroupées à la fin de l’album, ce qui nous donnait le temps de cogiter et de mettre nos sens de l’observation et de la déduction à l’épreuve. Mais dans les tomes relatant des longs récits, Schwartz dessine la solution dans la vignette suivante, mais à l’envers, la tête par en bas. Ce n’est vraiment pas infaillible comme méthode : souvent, ma vision périphérique me faisait voir un élément qui me vendait la mèche avant même que j’aie pu y réfléchir. C’est désolant car ça fait perdre tout son intérêt au jeu.
- le faire-valoir de l’inspecteur, son ami Sam Raflette, est mis hors de combat trop vite dans cette aventure. C’est très dommage car c’est lui qui amène le côté humoristique au récit. De même, la jeune et dynamique Isabelle, petite nièce de Sam (ou de Bayard, je ne me souviens plus trop) est absente de ce tome. Elle aussi aurait su amener un peu de fraîcheur.
- les énigmes de ce tome sont assez décevantes, avec des réponses imprécises ou incompréhensibles. Sur les onze questions directement posées aux lecteurs, il y en avait deux dont les réponses n’expliquaient rien (!?), deux dont on ne pouvait pas connaître la solution et deux dont les réponses étaient si évidentes que ça en était louche. Il n’y avait donc que cinq énigmes vraiment intéressantes : trois de bon niveau et deux plutôt difficiles. Ça ne fait pas une moyenne au bâton très élevée! La série nous avait habitués à plus de rigueur et de précision.
- le Yorg est du côté des méchants! Comme j’ai déjà lu des tomes postérieurs, où ce robot aux allures de Yéti travaille avec Bayard, j’ai mis un certain temps à comprendre que j’étais en présence de la genèse de la relation entre ces deux personnages. Je suppose que dans le tome suivant, Bayard décide de prendre sous son aile cette très impressionnante machine anthropomorphique.
- le récit se termine sur une suite obligatoire, puisque le meilleur ami de l’inspecteur a été enlevé! J’étais sûr que j’étais en présence d’un récit complet!! Je ne savais pas que Fonteneau avait conçu des récits sur deux tomes. Déjà que j’étais déçu de ma lecture, le fait de ne pas connaître la fin m’a enragé encore plus, surtout que je ne sais pas quand j’aurai la chance de tomber sur le tome #8, à la bibliothèque ou dans une bouquinerie! Saurais-je jamais la fin de cette histoire? Sam sera-t-il torturé ou pire : tué? (Bien sûr que non puisque j’ai lu le tome #12, et qu’il y était en bonne santé!!)
P.S. (mai 2022) : Je persiste et signe! Presque treize ans plus tard, je viens de lire le tome #10 de la série, Coups de feu à New York, un long récit où Bayard est accusé de meurtre dans la Grande Pomme, et j’y ai retrouvé à peu près les mêmes points forts… mais surtout les mêmes faiblesses! Même qu’il n’y avait que 8 énigmes, distillées tout au long des 48 pages!?! J’aime VRAIMENT mieux les premiers albums de la série, ceux avec de courts récits de quatre planches se terminant sur une question, avec la réponse en fin d’album!
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