#01- LES AVENTURES DE GULLIA T. #1
Scénariste(s) : Christophe CAZENOVE
Dessinateur(s) : Fred VERVISCH
Éditions : Bamboo
Collection : X
Série : Gullia
Année : 2010 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Courts récits
Genre(s) : Aventure humoristique, Aventure policière
Appréciation : 4 / 6
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les Aventures sympas d'une Tintine junior bien de son temps!
Écrit le jeudi 08 août 2013 par PG Luneau
Tomes lus : #1 et 2
Avant de parler comme telle de la série de BD les aventures de Gullia, il peut être important de préciser que cette Gullia a d’abord été créée de toutes pièces, en 3D, et qu’elle est devenue une chanteuse ayant connu une certaine notoriété en France!?! En effet, cette jeune fille entièrement virtuelle se voulait la mascotte/porte-parole d’un réseau de télévision français spécialisé pour la jeunesse! Image de la station Gulli, cette belle métisse assurait l’humanisation du réseau, son incarnation, le référent auquel tous les jeunes auditeurs pouvaient se rattacher. L’équipe de marketing a donc produit des chansons, suffisamment pour pouvoir en tirer deux disques!! Plusieurs vidéoclips (en animé 3D) ont aussi été réalisés (pour garnir les intermèdes entre les programmes, j’imagine!?)! Certaines de ces chansons ont même grimpé assez haut dans le hit-parade français!??! Et dire qu’on n’en a jamais entendu parler, ici!!
Voulant probablement tirer profit de cette manne, voilà que les éditions Bamboo lancent, en 2010 (en même temps que le deuxième disque de la belle égérie!?!), ces deux albums, les seuls parus à ce jour. Sous la plume de Christophe Cazenove (comment? encore lui?? J’en parlais tout récemment, dans ma critique de Cath et son chat ;^), la jeune chanteuse numérisée vivra des aventures, le plus souvent à saveur écologique, en compagnie de ses deux meilleurs copains : Lise, la coquette, et Maxime, le coquin couard. Au dessin, Fred Vervisch s’affranchira des effets 3D qu’on retrouvait dans les clips (effets qui sont légion, dans les dessins animés récents… et que je déteste tant!!). Il ira d’un trait semi-caricatural beaucoup plus agréable, même s’il manque, à mon sens, d’un peu de souplesse.
Au fil de ses pérégrinations, la belle mulâtre d’origine réunionnaise sillonnera le monde comme tant d’autres héros avant elle : on la retrouvera dans la verte jungle mexicaine, sur les blanches banquises des îles nordiques canadiennes et dans les turquoises profondeurs des dessous marins! Elle rencontrera certains personnages récurrents, comme le professeur Risborrouf, un sympathique hurluberlu, le sage monsieur Lartefax, un riche collectionneur et mécène, l’étrange journaliste Mélinda Box et, surtout, les machiavéliques jumeaux Rekto et Werso, d’ambitieux brigands qui n’ont pas l’intelligence de leurs ambitions!!
Même lorsqu’elle ne sort pas de son quartier, l’aventure avec un grand A rattrape notre belle adolescente allumée et investie comme pas deux! Au musée, à des colloques écologiques ou même en cherchant le chat de sa petite sœur, Gullia croisera malédictions ou mystères ancestraux, vols d’inventions, émanations toxiques ou risques de dynamitage… Elle parcourra même l’espace, grâce à un nouveau gadget d’immersion 3D!!
Bref, des aventures qui rappellent parfois celles de Spirou, parfois celles de Jeannette Pointue… mais qui sont toujours caractérisées par une certaine légèreté qui (heureusement!!) évite (mais de justesse!) la facilité des histoires à la Scooby-Doo! Des petites aventures bien sympathiques, quoi, rondement menées et pas toujours très réalistes, mais idéales pour faire rêver garçons et filles de huit à dix ans! Pas subversifs pour cinq sous, ces albums sont à mettre entre toutes les mains!
Plus grandes forces de cette BD :
- la longueur des petits récits. Chacun fait entre 10 et 12 pages, ce qui nous permet d’en lire quatre très différents par album!! Ça peut paraître court, mais monsieur Cazenove parvient à garder un rythme intéressant, toujours en restant très fluide dans sa narration et en nous réservant des péripéties suffisamment captivantes pour nous garder bien accrochés. J’irais même jusqu’à dire que ses dénouements sont pas mal satisfaisants! Bon, on s’entend : ça reste du «jeunesse», et une analyse approfondie du «réalisme» de tout ça ne passerait peut-être pas le test des plus exigeants d’entre vous!… Mais dites-vous bien que 80% des films hollywoodiens ne passent pas ce test non plus, mais on s’y rue tous quand même, dès qu’ils sortent en salle, alors!?!… ;^)
- la variété des thèmes, et l’efficacité de leur traitement. Ils allient un très bon mélange de classicisme et de moderne! J’aime beaucoup l’importance attribuée aux problématiques d’ordre écologique, ainsi que la présence somme toute assez importante de la technologie moderne dans ces aventures. Gullia a un Pod-NG (NG pour Nouvelle Génération) qui lui permet de surfer sur le Net dès qu’elle cherche une information – le dessinateur nous sert, à ces moments-là, le mignon dessin d’une mini-Gullia fluorescente sur un surf, fluo lui aussi, qui sillonne les pages d’informations que présente le Pod!! Si Tintin vivait de nos jours, j’ai bien l’impression qu’il serait adepte de ces nouvelles technologies, lui aussi… et qu’il serait un fier partisan pro-écologiste, à l’image de Gullia!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les dessins, qui manquent un peu de fini. Ça se dénote surtout au niveau des personnages aux grands yeux, comme Maxime ou Madame Charivari, la désensorceleuse… ou quand Vervisch dessine des plans moyens ou d’ensemble… C’est comme s’il utilisait alors des pointes de plume ou de pinceau trop épaisses pour la finesse demandée… Mais je ne vois rien là qui ne s’améliorera avec le temps!!
- la classique pensée magique propre à ces récits d’aventure pour la jeunesse! Avez-vous déjà remarqué qu’on n’a jamais vu les 4 as travailler? Comment gagnaient-ils leur croûte?? Où Bouffi trouvait-il l’argent pour acheter toutes les denrées qu’il engouffrait goulûment?? Et Tintin, et Spirou? Vous les avez souvent vus encaisser un chèque? Vous les avez souvent vus «remettre un article», puisqu’ils étaient tous deux reporters, supposément?? L’univers des BD d’aventure pour la jeunesse baigne toujours dans cette pensée magique fort peu réaliste. Ici, par exemple, on a très peu d’informations sur le milieu familial de Gullia. Tout ce que l’on sait d’elle, c’est qu’elle est originaire de l’île de la Réunion, et que sa sœur est une petite Asiatique de six ou sept ans, appelée My-Le. Sont-elles toutes les deux adoptées? Vivent-elles avec leurs deux parents? Comment se fait-il que Gullia peut se permettre de parcourir le monde comme elle le fait? Qui paie ses billets d’avion? Ses parents la laissent voyager seule, dans la jungle comme au pôle Nord, sans aucune supervision?!!? Peut-être existe-t-il des réponses à ces questions : on ne peut pas tout dévoiler en deux tomes! Mais tant qu’on n’en saura pas plus sur son milieu familial, tout cela me semble très étrange! ;^)
- la jumelle!! Quand on nous a présenté les jumeaux Rekto et Werso, j’en ai tout de suite conclu qu’il s’agissait de deux frères… et ce n’est pas la minuscule poitrine et les deux petites boucles d’oreille dont l’un des deux personnages est affublé qui m’ont aidé à comprendre que l’un des deux est un l’une!! Ce n’est qu’au milieu du tome #2 que j’ai enfin compris!! Et ce n’est pas parce que je ne les ai pas observés : je les trouvais tellement bizarrement dessinés que j’ai tenté de percevoir si c’était toujours le même qui avait la tête d’ahuri et toujours l’autre avec le regard plus menaçant… (sans résultat concluant, ceci dit!! ;^)
- la reliure! J’ose espérer que c’est exceptionnel, mais celle de mon tome #1 a craqué à la première lecture, entre le deuxième et le troisième folio!! Ça laisse voir toute la colle séchée qui retient les pages. J’espère que tous les albums de Bamboo que j’ai achetés pour la bibliothèque de l’école ne s’écartèleront pas de la sorte dès les premiers mois de leur circulation parmi les élèves!!!
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