FRENCH KISS 1986
Scénariste(s) : Axelle Lenoir dite Michel FALARDEAU
Dessinateur(s) : Axelle Lenoir dite Michel FALARDEAU
Éditions : Glénat Québec
Collection : X
Série : French kiss 1986
Année : 2012 Nb. pages : 144
Style(s) narratif(s) : Récit complet (Insp. manga) (Insp. com.)
Genre(s) : Quotidien, Aventure humoristique de pirates / de cape et d'épée, Hommage
Appréciation : 4.5 / 6
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Quand Albator joue à la Guerre des Tuques...
Écrit le samedi 31 août 2019 par PG Luneau
Dans le sympathique album French kiss 1986, un jeune gamin de 9 ou 10 ans demande à ses parents la question que chaque jeune finit par se poser : «Comment vous vous êtes rencontrés?» Il n'en fallait pas plus pour enflammer son énergique petite sœur («On veut le savoir-euh!»)... et pour replonger son père dans ses souvenirs de l'été de ses 9 ans. Cet été-là, les jeunes de la rue Perron et ceux de la rue Beaulieu se sont lancés dans une guerre à finir, se transformant tous en valeureux pirates sans pitié.
Oui, cet été de 1986 a réellement changé la vie d'Étienne Chouinard, ce jeune gamin à l'imagination fertile et au leadership indéniable. Grâce à lui, près d'une trentaine de jeunes se lanceront dans la mêlée, tentant de découvrir le trésor du clan ennemi, de voler leur drapeau ou de capturer l'un de leurs membres, question de le «torturer» habilement pour le faire parler.
Mais l'amour sera aussi de la partie! D'ailleurs, c'est probablement ce qui a véritablement motivé Étienne à se lancer dans cette aventure : impressionner la belle Marie, et contrecarrer l'arrogante et imperturbable La Rousse...
Tout en s'amusant à nous plonger dans la culture de l'époque, Michel Falardeau (maintenant Axelle Lenoir) nous raconte, par le truchement des souvenirs de son héros, les plaisirs du jeu, le pouvoir de l'imagination et les nombreux malaises causés par les premiers émois. Avec sa trentaine de personnages, il dresse un portrait tendre et enjoué de l'enfance qui saura plaire à tous, tant ceux qui ont traversé cette époque que ceux qui ont vécu les mêmes émotions... ou ceux qui les vivront!? Et même si j'ai vu venir le punch final dès la p.22 (j'ai du pif!! ;^), j'ai eu beaucoup de plaisir à me retremper dans cette époque, même si j'avais alors presque 10 ans de plus que les personnages! Une lecture plaisante, réconfortante, à partir de 12 ans.
À lire aussi : ma critique de Luck, du même auteur.
Ce qui m'a le plus agacé :
- quelques petites coquilles ou erreurs de structures. Disons que trois petites erreurs m'ont sauté aux yeux. D'abord, une de syntaxe (p.7: «...(A)ccédez au royaume du congélateur et LES trésors sucrés qu'il renferme!!!»), une majuscule oubliée (p.54) et une VIELLE à la place d'une VIEILLE (à la p.97). Les vérificateurs de chez Glénat Québec ont dormi un peu au gaz, sur ce coup-là!:^)
- l'absence de couleurs... L'album est très bien tel qu'il est, avec des jeux d'ombrages dans les tons de beige (très réussis, surtout dans la forêt!)... mais je ne peux m'empêcher de m'imaginer à quel point il aurait été encore mieux avec de la couleur... Je sais bien que ça demande des heures folles de travail supplémentaire, mais il me semble que l'effort en aurait valu la chandelle!
- la trop grande ressemblance entre certains des membres des gangs. Bon, il est vrai que, sur plus de vingt personnages secondaires, tous du même âge et qui n'ont pas de costume fixe (comme Tintin ou Astérix, qui étaient toujours vêtus de la même façon), il ne doit pas être évident leur trouver à chacun des particularités distinctives (surtout sans coloration!! ;^). Toutefois, il n'en reste pas moins qu'à certains moments, je ne savais plus si c'était un membre du Clan des Rouges-Gorges ou un du Clan de l'œil noir qui s'exprimait sous mes yeux (L'Grec et Zod, par exemple, me semblent un peu trop proches, graphiquement)...
Plus grandes forces de cette BD :
- l'objet-livre. J'ai beaucoup aimé que certains éléments de la couverture soient sélectionnés et glacés, de même que le grand nombre de splendides illustrations que Michel nous a pondues pour orner le tout: celle de 4e de couverture, celle des pages de garde, celle de la page de titre, plus toutes celles des pages-titres de chapitre... sans compter ma savoureuse dédicace!! ;^)
- le trait faussement brouillon de Falardeau. Nerveux et plein de vivacité, son style de dessin est réellement un habile mélange entre le manga et le comics de répertoire, si je puis dire. Ses silhouettes me font penser aux Lumberjanes de Brooke A. Allen, mais avec des visages qui, lorsque les personnages sont exaltés, prennent des airs caricaturaux propres au manga (comme dans One piece, par exemple!). De même, certains combats (comme celui de la p.53) sont cadrés si serrés qu'ils perdent un peu de leur lisibilité... comme c'est souvent le cas dans les mangas!!
- les mimiques. Je viens d'en parler, mais il me faut insister: comment ne pas craquer pour les faces crasses de la jeune-euh! fille-euh! du personnage principal, quand il lui raconte sa jeunesse? Ou pour celle de fier-pet du petit bébé Lafleur, à la p.76? Ou pour les bouilles qui se décrépissent à petit feu, tout au long de la p.46, alors que les jeunes du Clan de l'œil noir reçoivent en pleine tronche les premières ballounes d'eau de leurs adversaires... avec les surprises qui les accompagnent?! ;^) Des faciès dignes d'anthologie! ;^) Et c'est sans compter les délicieux émois tout discrets qui transparaissent des visages de Marie et d'Étienne!Bravo Michel/Axelle! ;^)
- la présentation des personnages. Compte tenu du fait que ceux-ci sont très nombreux, Michel a eu la très bonne idée de nous identifier chacun d'eux au fur et à mesure de leur apparition, à l'aide d'une petite bulle fléchée pointée sur lui et nous indiquant son nom avec, parfois, une ou deux informations pertinentes pour nous aider à mieux mémoriser qui est qui...
- plusieurs personnages épiques! Sur la tonne de protagonistes qu'on retrouve dans cet album, il est évident que plusieurs sortent du lot! Personnellement, je suis tombé sous le charme des deux enfants de Chouinard (ceux de 2012: la gamine pour son énergie inépuisable et l'autre pour son attendrissant manque de subtilité quand vient le temps poser une question), de Chouine (la grande échalote romantique qui a TELLEMENT l'air de ne pas savoir ce qu'elle fait là!) et de... bébé Lafleur, bien sûr (c'est chouette: c'est justement lui que j'ai eu en dédicace)!
- la splendide reconstitution de l'époque. Michel, à l'instar de son narrateur, s'est amusé à replonger dans sa jeunesse, ça se sent! Des Goonies à Albator ou aux Mystérieuses Cités d'or en passant par les Guerres des Tuques, des Étoiles et des Boutons, l'auteur nous fait un survol complet des belles années '80! ;^) Il pense au vestimentaire: moi, de revoir la célèbre veste de Mickael Jackson (celle avec plein de fermetures-éclair!) ou Alf l'extraterrestre sur un t-shirt, ça m'a comblé! Il pense aussi au musical: outre des références à Boy George, on entend la chanson de Goldorak (chanté par Noam, malgré une légère erreur dans les paroles: c'était «formidable robot...» et non «formidable héros...»! ;^) et on a droit à de jubilantes interprétations (très phonétiquement approximatives, comme seuls des jeunes francophones ne comprenant pas l'anglais peuvent le faire! ;^D) de Billy Jeans et de We're not gonna take it («ANIMÂÂÂÂL!!»), deux des moments les plus drôles de l'album! Pour le même prix, Falardeau nous ressort les belles insultes du temps («Espèce de tapette hawaïenne!»;^) et nous replonge dans le merveilleux monde de la lutte! En effet, n'oublions pas que c'était l'époque où Hulk Hogan et le Géant Ferré s'affrontaient... Et pour ceux qui croient que tout ça était truqué, sachez que l'intraitable Colin saura quoi répondre pour vous en boucher un coin, à la p.95!! ;^D
- quelques idées qui font rêver! Celle des ballounes d'eau (que j'ai mentionnée plus haut) est assez solide merci! Quelle brillant mais machiavélique stratagème! Jamais je n'y aurais pensé moi-même... et pourtant, c'est simple! ;^) Puis, l'idée de la planque du Clan des Rouges-Gorges est aussi très inspirante... mais elle comporte un petit bémol :^S : Tintin et le temple du soleil passait en boucle à Ciné-cadeau, à l'époque (encore aujourd'hui, d'ailleurs! ;^), et tous les jeunes l'écoutaient religieusement!Le Gang de l'œil noir aurait donc dû y penser, lors de leurs recherches!Oups! :^S
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