#06- LE SORTILÈGE DU PONTIFE
Scénariste(s) : Christophe ARLESTON
Dessinateur(s) : Philippe PELLET
Éditions : Soleil
Collection : X
Série : Forêts d'Opale
Année : 2009 Nb. pages : 49
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (6/9)
Genre(s) : Heroic fantasy
Appréciation : 5.5 / 6
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le Pontife passe à l'action!
Écrit le mercredi 24 juillet 2013 par PG Luneau
Darko, Urfold, Sleilo et Tara ont fini par atteindre Onze Racines, cette cité habilement camouflée au cœur de la forêt Mardoze. C’est là que se cache une bonne poignée de rebelles qui ne croient plus en l’intégrité du Clergé de la Lumière. Entouré de ces nouveaux alliés, Darko peut parfaire sa formation auprès de Og, le Shelmilis qui lui enseigne à contrôler la magie de la pierre de Cohars. Pour sa part, Sleilo s’éprend de Bynöod, un des chefs rebelles… suscitant ainsi la jalousie du frère de ce dernier, qui aurait bien aimé que la sublime jeune danseuse s’intéresse plutôt à lui!!
Pendant ce temps, au Havre de la Lumière, le pontife Xarchias se prépare à exécuter, avec son ancien maître, le disgracieux Kamphre d’Yrkhone, le plus grand sortilège qu’il n’ait jamais tenté : le 7e magnifice!! Pour ce faire, il invoquera mentalement ses sept enfants, leur ordonnant de le rejoindre sur le champ. Son but? Utiliser leur étincelle de vie pour devenir l’être le plus puissant qu’Opale n’ait jamais connu. Mais l’un des sept «élus» ne se laissera pas si facilement «convaincre»… puisqu’il se trouve avec nos amis, à Onze Racines!!
Incapable d’accepter un refus, le pontife lèvera sa flotte aérienne et, guidé par l’esprit de la duchesse de Burloin, qu’il tient enfermé à son service dans une bague, il partira à la recherche de la cité secrète… Les protections magiques qui cachent le village forestier seront-elles assez puissantes pour berner le Grand Maître des Lumières, son mage et son fantôme apprivoisé?? Rien n’est moins sûr, et le combat s’annonce sans merci!!
Il y avait quelques temps que je ne m’étais pas remis à cette série, mais c’est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve ces personnages et l’univers dans lequel ils évoluent. Le grand Arleston y présente un monde cohérent et intéressant, digne d’un maître du heroic fantasy : un groupe de rôlistes trouverait dans cet environnement tout le potentiel narratif pour une superbe campagne de jeu de rôle!! De plus, le récit d’Arleston s’avère Intelligent et bien dosé : magie, batailles, traîtrises, surprises, suspense et intrigues s’y succèdent à un rythme judicieux et maîtrisé. Du bonbon, quoi, surtout sous la plume du si talentueux Philippe Pellet, dont je n’arrête pas de faire l’éloge!!
La série étant prévue en neuf tomes, nous en serions donc à la fin du deuxième tiers. La quête de Darko pour retrouver les véritables Titans de Lumière devrait donc passer au rythme supérieur, d’autant plus qu’il contrôle maintenant beaucoup mieux ses pouvoirs magiques! Les trois derniers tomes risquent de nous en jeter plein la vue!!
À lire aussi : mes critiques des cinq premiers tomes.
Plus grandes forces de cette BD :
- la qualité des dessins. Pellet est fabuleux, autant quand il réalise des gros plans de visages que lorsqu’il se lance dans des plans généraux ou panoramiques montrant de vastes constructions architecturales, toujours impressionnantes et imaginatives!! J’ai particulièrement apprécié les effets spéciaux qui entourent la présence du fantôme de la vile duchesse de Burloin. Sa transparence et l’aura qui l’entoure nous donnent vraiment l’impression d’être en présence d’un pur esprit!... (Par contre, pour ce qui est des proportions de la tête de Bynöod, sur le petit crayonné de la page de titre, on repassera!! ;^)
- la présence de plus en plus marquée du personnage de Kamphre d’Yrkhone. Ce sorcier aux allures de Yoda devient très important, pour ne pas dire prépondérant, dans ce tome!... Et gageons qu’il le sera encore plus dans les suivants, compte tenu des circonstances!!
- la taille des vignettes. Non seulement Pellet a un dessin très clair, aux traits épurés, mais en plus il nous concocte toujours des planches aux cases généralement très grandes, qui laissent beaucoup de place à ses sujets ou aux décors qui les entourent. Ça fait en sorte que, même si ses montages impliquent souvent de nombreux inserts et un enchaînement moins traditionnel des vignettes, la lecture de ses images reste très plaisante. Notre œil s’en trouve ravi!
- l’idée du sortilège du 7e magnifice, à la base du récit. Il est fascinant de penser qu’un individu irait jusqu’à sacrifier ses sept enfants dans le but de s’accorder la puissance éternelle! Et cette soumission absolue, imposée aux enfants en question, est tellement révoltante : elle ne peut faire autrement que de nous faire réagir en tant que lecteur! (Seul Lesne, le bibliothécaire, semble exprimer, à quelques reprises, des réticences sur ce qui se passe… mais cette piste ne mène finalement nulle part!)
- l’étonnant punch de l’identité du 7e enfant! Bien évidemment, je ne peux rien vous dire de bien précis sans vous le vendre, cet important punch, et ainsi gâcher votre plaisir… mais sachez qu’on en apprend une belle sur un personnage déjà connu et aimé!!
- la démoniaque cruauté des méchants, encore une fois! Arleston pousse vraiment à fond la caisse dans le gore pour bien nous montrer à quel point les ennemis de ses héros sont abjects. Le sort réservé au jeune soldat galérien sacrifié est tout simplement horrible!
- l’intervention de Ghörg, encore et toujours! Qu’est-ce qu’il est sympa, ce monstrueux démon!! La surprise, cette fois-ci, c’est qu’Il est accompagné de deux de ses cousins, aussi amicaux, efficaces et… repoussants que lui!! ;^)
- le magistral revirement de situation, lors du sortilège!!! Mon Dieu!! Qui aurait cru que… non, encore ici, je ne peux pas vendre la mèche, mais j’espère l’attiser un peu, et vous avec, en vous disant que le contenu des p. 38 à 40 risque d’avoir une incidence sur toute la suite de la série! Rien ne pourra plus être comme avant!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la trop grande diversité des créatures. Même si je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai souligné dans mes critiques des tomes précédents, je me répète encore : Pellet est vraiment très habile pour créer des humanoïdes aux formes et aux couleurs des plus variées!! Il est d’une créativité et d’une originalité des plus louables! (À ce propos, j’ai particulièrement aimé retrouver le genre de médecin-sorcier de Onze Racines, celui à la peau lilas avec deux genres de tentacules : on le croirait issu de la race des Togruta, race extraterrestre créée pour la saga Star Wars!) Seulement, je déplore encore le fait qu’il ne ré-exploite à peu près jamais ces races, ce qui mine la cohérence du monde ainsi créé.
- Quelques petites erreurs. D’abord une erreur orthographique : à la p.27, Og, la mignonne petite créature qui a servi de mentor à Darko, s’appelle soudainement Ogg (merci à Placard BD pour cette dernière!)?? Pourquoi? Puis, trois erreurs graphiques. D’abord, la plus frappante (répertoriée, elle aussi, par Placard à B.D.!) : Lestig, le bras droit (et fils ainé!) du pontife, est borgne. Seul son œil gauche fonctionne, et ce, depuis le premier tome de la série… Dommage que pour la belle galerie de gros plans de la p.37, ce soit ce même œil gauche qui soit tout blanc!! Une plus discrète, c’est l’étonnante dentition du cousin de Ghörg, qui change d’une page à l’autre! Si on observe le nombre et la disposition de ces dents à la p.31… on remarque aisément qu’ils sont bien différents, trois pages plus loin! Finalement, les manches vertes des gens encadrant le pontife, lors du cérémonial (aux p.38-8e et 40-1re) ne correspondent plus du tout aux vêtements de ceux qui l’encadraient au début, lorsque le cercle a été formé, aux p.36 et 37. D’après la ronde qu’on nous y présente, Xarchias aurait dû avoir à sa droite la cape rouge rosacée de sa fille Erlech, et à sa gauche la manche bleue de Lesne, son fils bibliothécaire! Christian Goussale, l’excellent coloriste, s’est gouré, ici…
- la jalousie de Flurÿl à l’égard de son frère, Bynöod. Cet aspect du récit, quoique très intéressant, entraîne des conséquences funèbres qui sont trop coincées, en fin de récit, comme si le nombre de pages restant obligeait les auteurs à conclure l’intrigue à la va-vite! Ça m’apparaît très dommage, car il y avait là matière à enrichir la psyché de plusieurs personnages! Ça leur aurait donné une belle profondeur psychologique… si on avait pris le temps de leur faire ressentir plus humainement leurs émotions (et à nous aussi, par le fait même!), plutôt que de trancher dans le gras (et dans les cous!!)!
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