L'ESPRIT DU CAMP - TOME #1
Scénariste(s) : Axelle Lenoir dite Michel FALARDEAU
Dessinateur(s) : Axelle Lenoir dite Michel FALARDEAU
Éditions : Lounak
Collection : X
Série : Esprit du camp
Année : 2017 Nb. pages : 104
Style(s) narratif(s) : Diptyque (Roman graphique) (Inspiration comics)
Genre(s) : Récit psychologique, Thriller fantastique, Humour mordant
Appréciation : 5 / 6
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la Vie de colo, façon Stanger things
Écrit le samedi 17 octobre 2020 par PG Luneau
Tomes lus : #01 & 02 (2018, 100 p.)
C'est quoi?
C'est un petit roman graphique pour adolescents séparé en deux tomes d'une centaine de pages. Ça raconte les aventures d'Élodie, que sa mère force à aller travailler dans un camp de vacances. Le problème, c'est que la pauvre ne s'intéresse ni à la nature, ni aux enfants! Totalement blasée et cynique, elle devra tout de même s'occuper d'un groupe de petites rouquines survoltées qu'elle parviendra à mettre à sa main grâce à son humour noir et à sa totale absence de sens moral! ;^) Parallèlement, Élodie devra apprendre à tolérer ses comparses de travail (majoritairement des élèves de son école avec lesquels elle n'a aucune affinité). Certains (ou certaines!) d'entre eux parviendront peut-être à percer sa carapace d'hautaine indifférence? Le tout, sous la supervision d'un directeur de camp complètement barjot (qui fait chanter des traductions françaises de chansons heavy metal !!? ;^)... et sous la menace d'un esprit lumineux qui luit, la nuit, et qui s'en prend aux animaux de la forêt! Spooky!!! :^o
C'est comment?
Vraiment très bon! J'ai adoré retrouver l'ambiance des camps de vacances : ça m'a rappelé les belles années, marquantes, de mes débuts sur le marché du travail! Élodie est morose et sarcastique à souhait : sa relation avec les petites pestes de son groupe est littéralement jouissive! Le directeur est un inquiétant weirdo, dont on doute de la santé mentale tout au long du récit : ses extravagances m'ont parfois fait rire aux éclats! On a souvent souligné le grand talent d'Axelle Lenoir (anciennement connue sous le nom de Michel Falardeau) pour mettre en scène les importants tiraillements de l'adolescence (principalement ceux des adolescentes, comme dans Mertownville, le Domaine de Grisloire ou, plus récemment, Si on était...). C'est encore le cas ici. Élodie est un personnage complexe qu'il parvient à rendre lumineux, malgré son indécrottable négativisme! De plus, le récit reste superbement bien dosé : l'équilibre entre les questions existentielles d'Élodie (notamment celles en lien avec son attirance nouvelle pour une collègue) et l'intrigant mystère de cet esprit maléfique qui rôde autour du camp est parfait, tout comme celui de l'amalgame entre la morosité naturelle de l'héroïne et l'humour débridé généré par les délirants personnages qui l'entourent. On est vraiment à cheval entre le récit psychologique et le thriller fantastique, l'humour en prime!
Vraiment, je ne peux que recommander ce diptyque québécois à tout le monde, à partir de 14 ans.
Mes bémols :
- l'omniprésence des références musicales. Elle va évidemment de soi dans un récit sur l'adolescence. Le problème, c'est moi: le rock des années 90 m'est totalement inconnu! La quasi-totalité des références en question me laissaient donc de glace! Comment apprécier à leur juste valeur les allusions à R.E.M., à Nine Inch Nails, à Black Sabbath et à tous les autres alors que c'est à peine si je connais leur nom?:^(
- deux incongruités majeures. D'abord, le manque grotesque de sécurité au terrain de tir à l'arc. C'en est caricatural, et c'est probablement le but visé. Mais l'autre élément est plus marquant: JAMAIS un camp ne permettrait à un moniteur de prendre sa douche avec les campeurs!!! Ce serait très certaiment décrié comme de la perversion, et les risques de poursuites seraient bien trop grands! Je trouve ça si énorme que ça m'a fait m'interroger: Axelle a-t-elle déjà travaillé en camp de vacances, finalement?
Les plus grandes forces de cette BD :
- les différents humours. J'ai vraiment a-do-ré, tant le cinglant d'Élodie que le non-sens du directeur... ou ses talents en expression corporelle!! ;^D C'est vraiment très sympathique!
- l'importante brochette de personnages hauts en couleurs. J'ai beaucoup parlé du directeur, mais il y a aussi l'étonnant Hector, (présenté comme le «troll» de service!!)... et les six rouquines, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Mon coup de cœur va bien évidemment à Isabelle: son intensité débridée ne peut que séduire! ;^)
- les petits lexiques québéco-français! Pour permettre l'exportation en Europe, l'auteure a choisi d'ajouter, au début de chacun des chapitres, une page où elle explique les québécismes à nos amis du Vieux Continent! Si certaines traductions me laissent un peu dubitatif, c'est généralement bien ficelé et, surtout, fait avec beaucoup d'humour! ;^0
- la thématique lesbienne, abordée avec simplicité et naturel. Ça semble si facile, de nos jours, d'explorer les diverses formes de la sexualité...
- la justesse des mimiques et des physionomies des personnages. Axelle a vraiment un trait de crayon d'une subtilité parfaite! Ça lui permet d'explorer avec finesse une gamme infinie d'émotions. C'est fou ce qu'un simple petit haussement de sourcil peut changer dans l'attitude ou le regard d'une personne!
Autres
- Félicitations à Cab, la coloriste, pour la belle vivacité des couleurs... et le petit clin d'œil final à son Hiver nucléaire! ;^)
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