04- LA QUÊTE
Scénariste(s) : Doug MOENCH, Chuck DIXON, Alan GRANT, Dennis O'NEIL, Mary Jo DUFFY
Dessinateur(s) : Jim BALENT, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Mike MANLEY, Ron WAGNER, Eduardo BARRETO, Tom GRUMMETT, Mike VOSBURG, Vince GIARRANO, Barry KITSON
Éditions : Urban comics / DC comics
Collection : DC Classiques
Série : Batman - Knightfall
Année : 1994 Nb. pages : 384
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (4 et 5 de 5) (Comics)
Genre(s) : Superhéros / Justicier masqué, Récit psychologique, Fantastique
Appréciation : 4 / 6
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Quand je confirme que mon héros n'est pas Batman : c'est Bruce Wayne!
Écrit le dimanche 17 mars 2019 par PG Luneau
Tomes lus : #04- la Quête (scén. : Doug MOENCH, Chuck DIXON, Alan GRANT & Dennis O'NEIL, dess. : Jim BALENT, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Mike MANLEY, Ron WAGNER, Eduardo BARRETO, Tom GRUMMETT & Vince GIARRANO)
#05- la Fin (dess. : Jim BALENT, Graham NOLAN, Bret BLEVINS, Mike MANLEY, Ron WAGNER, Tom GRUMMETT, Mike VOSBURG & Barry KITSON, (2014), 352 p., genres : Superhéros / Justicier masqué, Récit psychologique)
Incluant : la Croisade (12 derniers épisodes), la Quête (3 derniers épisodes) et la Fin (12 épisodes)
Comme je vous l'avais promis, j'ai lu la conclusion de la saga Batman - Knightfall dans un délai raisonnable... Et elle m'a permis de valider ce que j'avais cru découvrir avec les trois premiers tomes : je suis un amateur de Bruce Wayne plus que du Batman!! Heureusement, au terme de ces deux derniers tomes (regroupant des fascicules originellement parus dans les séries Batman, Shadow of the bat, Detective comics, Legends of the Dark Knight, Robin, Catwoman et Showcase '94), Wayne se reprend en main et s'entraîne afin de regagner le droit de se réapproprier son costume.
Vous vous souviendrez que le pauvre Bruce a été mis hors service par le monstrueux Bane, dans le tome #1 de la série, forçant le pauvre milliardaire à passer le flambeau à une de ses connaissances, le beau Jean-Paul Valley, alias Azraël. Malheureusement, ce dernier ne s'avère pas du tout à la hauteur de l'avatar qu'il doit incarner. Pendant les deux longs tomes suivants, on a suivi la déchéance de ce Valley qui, hanté qu'il est par un conditionnement hypnotique qu'on lui a inculqué dans sa jeunesse, doit se battre intérieurement avec ses démons. Ses délires l'ont amené à trafiquer non seulement le costume du Batman, mais surtout son image et ses valeurs. Cruel et violent, le Batman de Valley nettoie la ville à grands coups de souffrance et de mort, au grand dam de tout l'entourage de l'Homme-Chauve-Souris, qui ne reconnaît plus son héros!
Le 4e tome de la série, la Quête, est la suite directe (pour ne pas dire la redondante continuité!) du #3. On y suit la (si lente et interminable!!!) descente aux enfers de Batman-Valley, qui tente par tous les moyens de se convaincre qu'il a raison de tout détruire, que c'est la seule façon de venir à bout de la gangrène qui assaille Gotham. De son côté, Bruce, toujours à demi paralysé, continue de poursuivre, en compagnie d'Alfred, les kidnappeurs de son amie, la Dre Kinsolving.
Tout comme pour le 3e tome, l'intrigue secondaire (avec Wayne) est mille fois plus intéressante que la principale (avec Valley)... mais elle n'occupe que 3 chapitres sur 15!! :^P Tout au long du tome, on croise quelques vilains que je ne connaissais pas (Gueule d'argile et sa copine, Abattoir, Gunhawk et Bunny...) alors que Robin et Nightwing se font tout ce qu'il y a de plus discrets.
Dans le tome #5, la Fin, Bruce Wayne se remet (enfin!!) en selle! On suit sa réhabilitation et ses entraînements avec d'autant plus de plaisir qu'ils nous permettent d'éviter les délibérations métapsychiques d'un Batman-Azraël de plus en plus troublé. La confrontation entre l'ancien Batman, encore ébranlé, et le nouveau, qui se croit tout permis et qui refuse de laisser sa place, sera grandiose... Robin et Nightwing, cette fois, seront au rendez-vous pour épauler leur mentor et ami.
Au bout du compte, je viens de terminer ma première vraie longue saga du Justicier à la Cape... et je n'en suis pas particulièrement emballé! J'ai cru comprendre que le violent Azraël se voulait une réponse, à l'époque, aux nombreux héros plus violents ou plus trash (comme Ghost Rider, the Punisher ou Wolverine) qui avaient la cote, dans les années 90. Ces héros ne m'ayant jamais vraiment plu, il est un peu normal que Valley ne m'ait pas accroché non plus! L'avoir su avant, j'aurais peut-être enligné mes lectures différemment. Soyez-en donc prévenu!! ;^)
Sur le plan graphique, ça reste assez homogène : aucun des dix participants à ces deux tomes ne s'est particulièrement démarqué. J'ai néanmoins un peu plus apprécié les styles de Graham Nolan et Tom Grummett, dont la netteté des traits et le dynamisme des mises en pages étaient peut-être un iota supérieurs aux autres. Le seul qui était carrément décevant, c'est Mike Vosburg. Son trait nerveux et sombre manque de régularité et n'est pas à la hauteur des autres dessinateurs de la série. Heureusement, il n'a réalisé qu'un seul chapitre : l'ultime épilogue du tome #5!
Pour ce qui est des illustrateurs de «couvertures de chapitres», mes coups de cœur sont encore allés à messieurs Breyfogle et Stelfreeze, alors que je reste tout à fait mystifié, encore une fois, par celles illustrées par Kelley Jones, alors qu'on l'a laissé commettre le tiers de toutes celles de ces deux tomes :^P Je suis heureux d'apprendre que je ne suis pas le seul à les trouver trop sombres et outrancièrement gothiques, voire ridicules avec leurs personnages aux muscles en surnombre et le casque de Batman aux oreilles deux fois plus longues que la tête!! Apparemment, son style suscitait autant de dégoût que de passion auprès des fans... Vous aurez compris que je fais plutôt partie du premier groupe! ;^)
Bref, Batman - Knightfall est une saga un peu longuette, pour laquelle j'avais peut-être de trop hautes attentes. Elle pourrait facilement me faire craindre le pire pour la suite... mais je saurai rester positif. Après tout, plein d'autres sagas plus récentes m'attendent, avec des dessins beaucoup plus modernes et accrocheurs : ça devrait aider!
À lire aussi : mes critiques des 3 premiers tomes.
Ce qui m'a le plus agacé :
- plusieurs bogues ou faiblesses scénaristiques. Il y a par exemple tout l'épisode de la machine à clous d'Abattoir, avec les poids qui se déposent aux heures (t.4, p.177, 208 et 226) : ces poids et ces heures ne concordent pas, justement!! Puis, au 8e chapitre du tome #5, Jean-Paul n'avait aucun moyen de savoir que l'hélicoptère allait les déposer sur ce pont. Comment se fait-il, alors, que la Batmobile l'y attende tout gentiment?? S'il l'a appelée par radio et qu'elle s'est téléguidée elle-même jusque-là, ça aurait été la moindre des choses de nous le mentionner d'une façon ou d'une autre, non?! Finalement, dans le chapitre intitulé la Fin - Conclusion, j'ai trouvé assez ridicule l'«interminable» chute de Bruce dans le puits... alors qu'il n'a qu'à se relever debout pour remettre la trappe sur l'orifice, qui se trouve à portée de bras (!!??)... D'autant plus qu'on est en mesure de se demander POURQUOI il la remet!? La réponse est d'autant plus inacceptable qu'elle est simple: parce que le scénariste avait besoin qu'elle soit fermée un peu plus loin dans son histoire!!:^P Décevant!
- quelques absurdités que certains jugent de bon aloi mais qui ne satisfont pas mon besoin de logiqueminimale. Outre les éternels grappins accrochés... à quelque chose d'immensément plus haut que la lune (?!), mais qu'on ne nous montre jamais, plusieurs aberrations ont contribué à miner sérieusement la crédibilité du récit. Commençons par ce combiné téléphonique lancé avec tant de puissance (par un Bruce impotent, rappelons-le) que son opposant est littéralement défenestré (#4, p.288)!!?? RI-DI-CU-LE! Au moins autant que l'impossible parade du coup de pied qui s'en suit (p.291). Puis, il y a cet autre combat que ce même Bruce presque quadraplégique parvient à gagner, avec un seul membre fonctionnel (#4, à la fin du chap. la Quête - Conclusion)!! Soulignons au passage la prodigieuse efficacité de la colle employée par Bruce (ou Alfred ;^) pour fixer sa perruque et sa moustache, quand il se déguise en Sir Hemingford. En effet, ces postiches parviennent à supporter trois ou quatre passages à tabac et interrogatoires sans broncher d'un poil et sans que les agresseurs ne remarquent que toute cette pilosité était factice!! Wow!! :^D Je passe sur l'improbable roulé-boulé latéral sous un camion qui file sur l'autoroute (#5, p.116) pour m'attarder à la chance inouïe de Jean-Paul Valley qui retrouve inopinément, en pleine tempête de neige, l'autobus en cavale qu'il cherchait (tome #4, p.47) ou qui voit le médaillon de Lehah tomber JUSTEMENT à ses pieds (#5, p.33), alors qu'il ne le cherchait même plus!! Un peu trop fort, tout ça! Tout comme le saut arrière de Robin sur Nightwing (#5, p.67): il est ridiculement impossible... bien que joyeusement impressionnant d'ingéniosité, par contre! ;^)...
- l'interminable et tellement peu intéressant duel interne vécu par Jean-Paul, qui voit le fantôme de son père et celui de St-Dumas, son saint-patron, se substituer à sa conscience malade!! Ces passages sont nombreux et épuisants... et ils aboutissent toujours à cette ridicule surenchère de gadgets sanglants ajoutés au Bat-costume. Ce dernier devient littéralement une armure, de plus en plus mortelle... J'ai trouvé tout ça d'un ennui...
- l'étrange construction du chapitre 19, dans le tome #4. D'abord, ce fascicule est composé d'un ramassis de très courtes saynètes, et l'on passe très rapidement d'une scène à l'autre. En soi, ce pourrait être intéressant... si ce n'était du problème causé par la narration. Qui est ce narrateur?? Est-il extérieur à l'histoire (ce qui n'est à peu près jamais le cas!) ou est-ce l'un des personnages qui s'adresse à nous? Mais, en ce cas, de qui s'agit-il?? Ça m'a déconcentré tout au long de ma lecture de ce chapitre...:^S
- un personnage qui détonnait: Ballistic. Ce gros balèze cornu à la peau rose, semblant tout droit sorti d'un épisode de Dragon ball, fait trop extraterrestre cyberpunk des années '80 à mon goût...
- quelques coquilles et plusieurs erreurs de syntaxe. En vrac: «tentative d'umour» (tome #4, p.144) ; «J'aimerais les avoir.» au lieu de «J'aimerais le savoir.» (#4, p. 322) ; une phrase où il manque un verbe (#5, p.4, dans le 2e paragraphe du résumé des tomes précédents) ; «Encore une épreuve à laquelle je dois réussir ou échouer.» (#5, p.111) ; et, finalement, à la toute fin du tome #5 (p.349), dans la bio de Bret Blevins : The Last Satrfighter ! Sur 700 pages, j'imagine que ça reste acceptable...
- le foisonnant vocabulaire des bas-fonds de Gotham... ridiculement franchouillard!!! Que des malfrats ou même Bruce s'expriment en employant des termes comme: «Il dégoise une histoire.» (tome #4, p.194), «Ce vieux briscard» (#4, p.287) ou «On moufte pas» (#5, p.332), ça m'apparaît TELLEMENT artificiel!!:^P
- un chapitre de trop (sinon plus!! ;^). Le 4e chapitre du tome final étire vraiment la sauce! Il reprend EXACTEMENT le contenu des trois premiers, à savoir: Bruce affronte ENCORE des ninjas et Jean-Paul est ENCORE tourmenté et troublé par ses incessantes visions... On aurait pu (et dû!) couper.
- le poids de ces objets-livres. Ces recueils, de plus de 350 pages chacun, sont lourds!!! Ils ne sont pas plaisants à supporter, quand on les lit, et le poids des pages est si important que la reliure de l'un d'entre eux s'est décollée, pendant que je le lisais. Au prix qu'on les paye, c'est assez enrageant!
- les dessins de Mike Vosburg, vraiment pas à la hauteur. Heureusement, il n'a commis qu'un seul chapitre. Et comme j'en ai parlé plus haut, passons aux bons coups!
Plus grandes forces de cette BD :
- quelques beaux passages émouvants. Il y a, notamment, cette touchante histoire de trafic de bébés, au début du tome #4, puis la romance tragique entre les deux Gueules d'argile, suivei de l'épisode avec leur bébé... J'ai été particulièrement touché par le sentiment de trahison que ressent Gordon à l'égard de ce Batman qu'il ne reconnaît plus (et pour cause: ce n'est plus le même!!), ainsi que par la démission d'Alfred, qui n'en peut plus de voir son maître s'auto-flageller continuellement!!:^O Mais le passage le plus émouvant reste la conclusion de la série de chapitres intitulée la Quête, alors que Bruce retrouve Shondra et son machiavélique frère. Je l'ai tellement appréciée que j'ai pu faire fi de l'importante touche de fantastique qu'on y retrouve, alors que ces mélanges de genres m'agacent toujours beaucoup, habituellement!
- quelques personnages plus intéressants. Abattoir, le méchant nécrophage, est particulièrement horrible et efficace. Le trio de paumés punkoïdes qu'on nous présente au début du tome #4 est assez réjouissant... bien qu'un peu weird et disparate: j'ai trouvé leur association (un petit pas-vite, un gros sans cervelle et un leader cruel) assez innovante.La troublante Lady Shiva est machiavéliquement intéressante, tout comme le sensaï sans brasqu'elle prend en duel: quel homme, ce sensaï (même si la couverture du chapitre concerné le montrait AVEC des bras!!:^0). Dans un tout autre registre, j'ai beaucoup aimé le discret passage de Joe, «l'homme de la rue» ayant le pouvoir d'absorber les pouvoirs des méta-humains qu'il croise... et je ressens toujours mon petit faible pour la charmante Dre Thompkins!!
- l'intéressant débat moral sur le droit ou non d'utiliser la violence à l'égard des violents. Ne pas porter secours à un psychopathe cannibale, est-ce moral? La réflexion est suffisamment pertinente pour que la question soit posée. Que le débat commence! ;^)
- certains moments plus forts ou plus intéressants... La Quête d'Alfred et de Bruce, à la recherche de la belle Dre Shondra Kinsolving, qui est aux prises avec son antagoniste de frère, par exemple. On y assiste à l'éternel combat entre le don de vie et l'instinct de mort. Mais j'en ai déjà suffisamment parlé: ça a été, et de loin, mon passage préféré! Mais j'ai aussi bien apprécié d'autres punchs plus ou moins marquants: quand on retrouve Harold, le bossu, ou encore l'impressionnant combat de kung-fu entre les voitures, sur l'autoroute. Le subterfuge de Bruce pour berner Lady Shivaest excessivement cool, tout comme l'explosion de la Batmobile, avec Bruce (#5, chap.8)... et son revirement, qui entraîne l'imprévisible finale de la saga!!
- les Robin!! Je réalise que les personnages de Tim Drake (le 3e Robin) et de Dick Greyson (le 1er, devenu Nightwing) sont vraiment parmi mes préférés... d'où le grand bonheur que j'ai ressenti lorsqu'on les voit reparaître, après une absence de plus de 100 pages!! En fait, quand je compare les différents chapitres-fascicules, provenant de sept séries différentes, je constate que ceux qui me rejoignent le plus sont ceux de la série Robin. Je les ai tous trouvés bien plus agréables que les autres, parce qu'un peu plus rigolos, et avec des dessins plus chouettes. J'ai aussi bien aimé le look de Nightwing, avec les cheveux aux épaules, années 90 obligent!! ;^).
- les quelques inside entre auteursque j'ai pu percevoir. Il y a, bien sûr, les gros titres des journaux qui volettent partout (p. 182 du tome #5), où l'on retrouve les noms de tous les principaux créateurs de la série, mais il y a plus. À au moins deux reprises (le bas de la p.196 du tome #4 et les joueurs de poker de la p.269 du tome #5), les visages des figurants sont trop réalistes pour ne pas représenter quelqu'un de l'entourage du dessinateur... D'ailleurs, l'homme au premier plan, à droite (t. #4) semble être exactement le même que le joueur de poker à la chemise blanche (t.#5)!!:^O Si j'en crois la photo de Chuck Dixon que j'ai trouvé sur le Net, ce serait fort probablement lui que son pote Graham Nolan a voulu immortaliser! ;^)
- la superbe couverture du tome #5. Elle nous montre le retour d'un Batman tout ce qu'il y a de traditionnel, ce qui est fort apprécié, après toutes les versions alternatives et atrocement bigarrées du Bat-Costume de Jean-Paul Valley!
- le logo du projecteur qui se fêle et qui redevient normal, au fil des chapitres! Autant ce logo se métamorphosait dans les tomes #1 et 2 de la série, au rythme de la montée du Batman de Valley, autant on le voit se fêler et se fracasser tout au long du dernier tome, alors que Bruce Wayne tente de reprendre du service. Une petite idée simple mais agréablement efficace.
- les couleurs en à-plat d'Adrienne Roy. Cette artiste, qui a colorisé la grande majorité des chapitres de ces deux albums, applique toujours des couleurs franches et nettes, que j'ai appréciées tout au long de la série.
- le second épilogue. Bien que je me fous éperdument de ce qu'il adviendra de Jean-Paul Valley et que je sois bien content de ne plus avoir à le côtoyer, je dois avouer que c'est avec une certaine satisfaction que j'en ai appris un peu plus sur ses origines (Épilogue #2). La petite morale que les auteurs distillent dans cet ultime épisode n'est pas inintéressante, non plus! ;^)
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