#01- TEMPS MORT
Scénariste(s) : Xavier BÉTAUCOURT
Dessinateur(s) : François DUPRAT
Éditions : Jungle
Collection : X
Série : 55 minutes
Année : 2018 Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Thriller fantastique, Drame f
Appréciation : 5 / 6
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Voir venir... un pouvoir plus cool qu'il n'y paraît!
Écrit le samedi 15 juillet 2023 par PG Luneau
Tome lu : #01 - Temps mort
Si vous aviez la faculté de connaître ce qui va vous arriver dans les 55 prochaines minutes, croyez-vous que ça vous aiderait à mieux gérer votre vie?
C'est quoi?
Gus est un jeune Français de 13 ou 14 ans du genre solitaire et marginal, surtout depuis l'accident de voiture qui a emporté sa mère. La cible idéale pour les bulliers de son lycée, quoi! Heureusement, sa sœur Alice et ses amis sont là pour le protéger un peu.
Ce que bien peu de gens savent, c'est que le gamin peut, en se concentrant bien, percevoir ce qui va se produire dans les 55 prochaines minutes! Ainsi, il parvient, parfois, à contrer les attaques de ses intimidateurs. Mais vous dire combien ce don doit rester secret! Il ne peut même pas en parler à la psy qu'il rencontre régulièrement, question de dénouer le traumatisme que fut l'accident, au cours duquel sa mère est restée 55 minutes à veiller sur lui, jusqu'à ce qu'il reprenne conscience... pour la voir mourir devant ses yeux... :^(
La vie de Gus prendra une drôle de tangente lorsqu'une bande de jeunes frappes kidnappera sa sœur... question de le forcer à utiliser son don à leur avantage! Suspense et action seront au rendez-vous!
C'est comment?
Ma foi, j'ai été agréablement surpris par ce petit album qui, somme toute, ne paye pas de mine! C'est très franchouillard, c'est vrai, mais le mélange d'action et de visions rend le tout emballant.
Bon, c'est peut-être un peu fort que des jeunes, qui ont l'air d'avoir 15 ou 16 ans, en soient déjà rendus à se balader avec des armes à feu et à commettre un kidnapping (!?! Aoutch!)... Mais peut-être est-ce que ça peut représenter la réalité de certains milieux?...
Et puis, toute l'histoire de l'accident de voiture de Gus et de ses derniers moments avec sa mère est très touchante, en plus d'apporter un semblant d'explication plausible à l'apparition du «don» de Gus.
Puis il y a le dessin, qui est très agréable (même si j'ai des réserves sur la coloration). Les jeunes de 11 à 15 ans devraient bien «kiffer»!
Mes bémols
- l'inutile tomaison de l'album. Avec son titre (Temps mort), son nom de série (55 minutes), et son numéro sur le dos (#1), on aurait tendance à croire que les personnages présentés dans ce tome vivront d'autres aventures, dans d'éventuels tomes #2, 3, 4... Pourtant, il semble que non !? Le site BDGest présente l'album comme un one shot... Même pas comme une série abandonnée, comme ça arrive souvent. Mais si les éditeurs savaient qu'il allait n'y en avoir qu'un seul, pourquoi l'avoir numéroté? À moins que ce soit BDGest qui n'ait pas inscrit la bonne chose?Mystère... :^S
- les couleurs délavées, pour donner un effet «aquarelle». C'est un style que plusieurs aiment... mais pas moi! Je déteste ça, en fait, et il fallait que le dessin soit drôlement efficace pour me faire acheter cet album MALGRÉ cette méthode de coloration!
- des méchants très stéréotypés. Disons que la cousine chiante et sa petite bande de frappes font un peu trop «antagonistes de films d'ados traditionnels». Condescendants, arrogants, blessants, superficiels, ils manquent un peu de subtilité. En fait, ils font trop caricaturaux!
- le vocabulaire argotique. Comme on entre dans l'intimité d'une bande de jeunes ados français, il fallait s'y attendre! J'ai donc appris PLEIN de mots et d'expressions chébran (ou chébrans, ou chésbran, ou chésbrans... est-ce que ça s'accorde, du verlan? Et si oui, comment?). Bref, je me sens jeune de ouf! Non mais c'est vrai, quoi: Qu'est-ce qu'on est jeunes et libérés quand on parle en verlan! (Si ce n'est pas assez clair, considérez ces dernières phrases comme du sarcasme à l'état pur! Vous n'êtes pas trop vénère(s), j'espère?!;^D)
Les plus grandes forces de cette BD
- la présentation des principaux personnages, sur les pages de garde du début. C'est toujours apprécié d'avoir ce genre d'outil à notre disposition, en cours de lecture. Ici, les indications nous permettent de nous faire un portrait du personnage avant même son entrée en scène.
- le dessin. Simple, expressif, bien maîtrisé... Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est que le dessin de François Duprat est assez atypique, loin des dessins un peu formatés issus des styles gros nez (les Dupuis de la belle époque) ou italien (découlant du Journal de Mickey, puis de Monster Allergy, Sky-doll et tutti quanti)... Un style personnel, donc, efficace et agréable à l'œil. Quoi demander de plus?
- le nombre de pages. Encore une fois, on a la preuve qu'un récit a plus de chance de se développer de manière intéressante sur un plus long format que le classique 44 planches (ici: 56!).
- l'incipit, qui nous plonge dans le vif de l'action. Le fait d'avoir présenté, dès la première planche, la capture d'Alice, pour revenir, la page suivante, quelques jours plus tôt, ça nous plonge tout de suite dans le mystère: quelles circonstances mèneront la pauvre fille dans une telle situation? C'est une formule toujours efficace, qui nous rend accros dès le départ!
- l'intégration de quelques vignettes de comics, à quelques reprises dans le récit. En effet, Gus est un amateur de comics américains, et quand il en lit, les auteurs ont choisi de nous montrer Gus qui s'identifie au superhéros et qui «tâte du méchant», un peu comme on le voyait dans la série Ludo, de Lapière et Bailly. Ce qui est chouette, c'est la différence de style dans le dessin, quand Duprat dessine l'univers de Gus et ses proches vs l'univers des superhéros, un changement radical, surtout au niveau de la coloration.
- les journaux intimes des 2 héros, en bonus. En effet, les auteurs ont eu la bonne idée d'ajouter, en complément d'album, 8 pages avec des extraits des messages qu'Alice et Gus écrivent à leur mère décédée (sous forme de lettres pour Alice, ou de courriels pour Gus). Ces messages intimes, très touchants, témoignent de la force de la relation que les enfants entretenaient avec leur mère, tout en nous rappelant quelques passages du récit. Ça boucle bien la boucle!
Le petit plus
- une coquille, à la page 10: «... il_ sont installés?» À corriger s'il y a réimpression!
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