#03- TROP FORT!
Scénariste(s) : Jean-Luc GARRÉRA, Laurent NOBLET, Thierry ROBBERECHT, Serge ERNST
Dessinateur(s) : Serge ERNST
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Zapping generation
Année : 2008 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Gags en une planche
Genre(s) : Humour
Appréciation : 2.5 / 6
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Même en se mettant à quatre, ça ne lève pas!
Écrit le dimanche 30 août 2009 par PG Luneau
Ouf!! Quelle déception que ce Zapping generation! Il y avait longtemps que cette série me titillait. En effet, j’aimais beaucoup la série les Zappeurs, du même auteur, où l’on côtoyait la famille de Juju et Nina, toujours scotchée devant un écran de télé ou de jeu vidéo quelconque (Game boy, Game cube et autres Playstation), leurs doigts pianotant perpétuellement les petits boutons d’une télécommande ou d’une manette de jeu. Pendant dix ans, Ernst a réussi à me faire rire ou sourire, bien souvent… Puis, en 2006, il a décidé de modifier un peu son approche : les Zappeurs sont devenus Zapping generation. D’accro à la télé, la petite famille est devenue dépendante de tout ce qui concerne les technologies de pointe : ordinateurs, cellulaires, montres électroniques, aspirateurs robotisés, appareils photos… ou toutes machines qui combinent ces différents gadgets modernes!
Le hasard a fait que je n’étais jamais tombé sur les premiers tomes de cette «nouvelle» série (on ne peut pas vraiment parler de spin-off !). Maintenant, c’est fait… et j’aurais dû me contenter de relire mes vieux albums des Zappeurs et de continuer à me bercer d’illusions pour ce qui est de Zapping generation! Quelle platitude! Si le trait d’Ernst a bien mûri, en étant maintenant plus franc, plus assuré et beaucoup plus rond, l’humour de ses gags s’est totalement affaissé! Là où, auparavant, je retrouvais d’amusants clins d’yeux, de savoureuses critiques de la téléphagie généralisée et une subtile ironie, je ne retrouve plus que des finales prévisibles, des gags déjà vus cent fois ou des situations qui n’aboutissent à rien… Ça devrait me faire rire? J’avoue que je ne comprends pas.
Mais mon incompréhension a fait un bond exponentiel quand j’ai jeté un œil sur la page-titre pour vérifier les données techniques du livre. Quoi!! Quatre noms figurent au chapitre de la scénarisation!!!! Je viens de lire le résultat de la cogitation de quatre cerveaux de scénaristes spécialisés dans l’humour (Jean-Luc Garréra, Laurent Noblet, Thierry Robberecht et Serge Ernst lui-même)… et ça ne donne que ça!!?! Se mettre à quatre pour un tel raté, ça m’apparaît plutôt honteux!
En fait, ça confirme surtout mon impression : il serait temps que ce pauvre monsieur Ernst accepte l’évidence et qu’il planche sur un nouveau canevas de série. Après quinze ans à tabler sur le même sujet, un peu de changement ne pourrait que lui être salutaire!!
Plus grandes forces de cette BD :
- la famille de Juju et Nina s’ouvre un peu. On ne se limite plus au milieu familial, on a maintenant souvent à faire avec les copains de classe de Juju. Ça permet une plus grande diversité de situations. Les capsules de présentation de tout ce petit monde, sur les pages de garde, sont sympathiques.
- les titres des albums de la série débutent tous par «Trop…». Ainsi, le premier tome s’appelait «Trop laids!», le deuxième «Trop accro!» et celui-ci «Trop fort!» C’est le genre de détails que j’apprécie car il démontre une certaine réflexion, une recherche de concept.
- le personnage du fou. Il entraîne des situations décalées et kafkaïennes qui, même si elles ne sont pas vraiment drôles à proprement parler, amènent une touche d’originalité à la morne plaine environnante.
Ce qui m’a le plus agacé :
- le nom de la série, sans accent, pour que ça sonne anglais, donc «in» et branché! C’est fou comme les Français, habituellement si fiers de leur culture et prompts à l’étaler partout, se mettent maintenant à quatre pattes devant l’hégémonie anglo-saxonne, préférant utiliser tous les néologismes anglais possibles, malgré leur incapacité chronique à les prononcer de manière intelligible, plutôt que de prendre le temps de pondre une traduction française satisfaisante!
- la banalité des prétendus gags! Que d’ennui! Quand on a fini de presser un citron, ça ne sert à rien d’appeler des gens à l’aide pour qu’ils nous aident à continuer de le presser!! Il n’y a plus de jus? Il n’y a plus de jus!! Qu’on passe à autre chose et qu’on cesse de nous écorcher l’esprit avec des pseudo-gags ringards, poches et pas drôles pour cinq sous! Sur les quarante-quatre gags présentés, c’est à peine s’il y en a six que j’ai trouvés, non pas drôles, mais minimalement amusants. Ça fait un gros 14% de gags qui passent à peine le seuil de l’acceptable! Pitoyable, non?
- le visage de Juju, le jeune personnage principal. Que ses sourcils empiètent sur l’éternelle casquette qu’il porte sur la tête, je veux bien : ça peut s’expliquer par leur juxtaposition. Mais quand les commissures de ses lèvres se retrouvent au milieu de la casquette, la, je trouve ça un peu trop caricatural. On est loin du graphisme du Juju des Zappeurs!
- quand c’est rendu que les albums de gags en une page s’arrêtent à la quarante-sixième page plutôt qu’à la quarante-huitième, c’est vraiment qu’on veut étirer la sauce!... Définitivement, Raymond, Isabelle, leurs deux enfants et leurs proches sont rendus bien bas!!!
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