#04- CHAPEAU MELON ET CANNE À FÉE
Scénariste(s) : Sébastien LATOUR
Dessinateur(s) : Giulio DE VITA
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Wisher
Année : 2010 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (4/4)
Genre(s) : Thriller fantastique
Appréciation : 4 / 6
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Un djinn retrouve sa magie, un scénario et un dessin perdent la leur!
Écrit le lundi 27 février 2012 par PG Luneau
Alors que le beau Nigel vient enfin d’accepter qu’il n’est autre qu’un djinn dont on a effacé la mémoire, et qu’il s’apprête à subir, sous le regard de tous les féériques, un rituel magique dirigé par Merlin, censé le réhabiliter dans sa condition, ne voilà-t-il pas qu’un traître infiltré tire à bout portant sur la grand mage, contrecarrant du coup la cérémonie ET la survie du pauvre Merlin!! Ainsi se terminait le tome précédent, ainsi débute ce quatrième et ultime tome de Wisher, alors que Nigel devra infiltrer le QG de Sir George Cross lui-même, chef suprême de l’escouade des Chapeaux melons et ennemi juré des créatures magiques, pour y voler l’unique potion de vie qui pourrait sauver le célèbre magicien arthurien! Ainsi se trame la finale de cette série que j’avais jusqu’à maintenant beaucoup aimée.
Malheureusement, il semblerait que les deux auteurs aient baissé les bras un peu vite! En effet, si le dessin de monsieur De Vita est maintenant des centaines de fois moins fignolé et léché que celui de son tome d’introduction, qui m’avait tellement impressionné, j’y étais un peu préparé, compte-tenu de la dégradation lente mais constante des dessins et de la coloration à laquelle on assiste, de tome en tome, depuis lors… Mais que le scénario de Sébastien Latour soit parsemé de plusieurs petits accrocs et que certains moments-clés soient écourtés, laissés en plan ou mal expliqués, ça, ça m’a grandement déçu!
Oui, l’esprit enlevant et original des premiers tomes est encore là. Oui, certains aspects intéressants demeurent (le roi Beholder, l’inspectrice Grey…) et d’autres, nouveaux, se rajoutent (avec sa peau bleue, ses canines proéminentes et sa tignasse en bataille, la forme «djinnienne» de Nigel n’est-elle pas sans rappeler le personnage de la Bête, des X-Men?!?). Mais compte-tenu du fait que ces deux artistes avaient mis la barre haute dès le départ, je trouve réellement déplorable qu’ils nous laissent avec une telle finale à la va-vite, tant sur le plan du dessin que du récit.
C’est pour toutes ces raisons que je ne donnerai qu’un 4 à cet album, malgré mon désir de donner plus!... Et c’est bien parce que je suis sentimental et généreux!! Un 3,5 aurait probablement été plus juste! Mais j’ai un petit faible pour le beau Nigel, et le scénario se tient quand même assez bien, malgré tout… ce qui est déjà un plus en littérature fantastique! Si un prochain cycle voit le jour, ce qui ne serait pas impossible, j’espère que De Vita retrouvera son aplomb et que Latour prendra le temps de bien tout nous raconter!
À lire aussi : ma critique du tome #2
Plus grandes forces de cette BD :
- la couverture, impressionnante tant par la force qui se dégage de ce corps sculptural que par l’horreur engendrée par la présence de cet appareillage de torture qui semble atroce!
- certains personnages intéressants : Glee, notamment, avec ses conflits intérieurs… Et que dire du «méchant», sir George, avec son dernier geste d’éclat, à la p.47! Je ne l’avais vraiment pas vu venir, celui-là!
- une certaine cohérence interne. Malgré que plusieurs coins aient été tournés un peu trop rondement, le fond de l’intrigue se tient bien, tant pour ce qui est des relations entre les personnages que pour leurs rapports avec les éléments de leur passé, tous occultés par leur perte de mémoire généralisée. C’est bien construit, à défaut d’être parfaitement bien raconté.
Ce qui m’a le plus agacé :
- les couleurs, encore trop souvent fades et emmêlées, sans style! Quelle débâcle en comparaison au premier tome, qui était un exemple de perfection en effets de colorisation! Les p.4 et 5, par exemple, nous montrent bien à quel point toutes les couleurs sont appliquées dans un grand n’importe quoi qui donne une dominance de gris terne, là où ça se serait voulu grandiose et majestueux! Même chose pour les voitures de police nimbées de rouge, dans le bas de la p.36 : quel gâchis! C’est vraiment très dommage que Federico Pietrobon, le coloriste, n’aie pas pu être plus à la hauteur que ça…
- plusieurs coupés-courts dans le scénario. Pourquoi les féériques commencent-ils à se boursoufler quand Nigel intente son sortilège pour sauver Merlin? Ce n’est jamais vraiment expliqué pour la peine! Puis que se passe-t-il entre la 4e et la 5e case de la p.14!!? Pourquoi la populace autour de Glee et de ses geôliers disparaît-elle comme par enchantement?! Si toute l’action de la planche suivante se déroule plus loin, dans la prison, il aurait été intéressant de nous le montrer clairement!? Et qui est «ce» sirène, à la p.16? La conversation qu’il tient avec Nigel laisse sous-entendre qu’on devrait déjà le connaître!?… Un format de 56 ou même 64 pages aurait été tellement plus judicieux, et aurait permis d’éviter que ces cassures dans la narration n’entachent notre compréhension… et la crédibilité du récit!
- les dessins, bâclés. On est à cent lieues de la somptuosité du tome #1. Les traits sont hachurés, un retraçage complet, plus fin, aurait été nécessaire, même l’encrage est peu soigné! Très décevant, surtout quand on connaît tout le potentiel du dessinateur, via le tome #1!! On jurerait que c’est un autre dessinateur, beaucoup moins talentueux, qui s’est tapé les derniers tomes!! Déplorable… au point que je ne suis pas sûr du tout de la viabilité d’un second cycle si le graphisme ne se redresse pas!
- les méga-sauts que Nigel peut faire, à partir de la p.41, ou même sa capacité de s’envoler!? Tout ça arrive bien vite, je trouve! Bien sûr, notre héros est de moins en moins Nigel et de plus en plus djinn, mais les grandes envolées finales à la Superman, aux p.43 et 48, font pas mal trop clichés à mon goût!
- Eireann, qu’on laisse en plan, perdue dans le labyrinthe. Est-ce pour motiver un deuxième cycle? Si c’est le cas, je ne suis pas sûr que ce soit judicieux : pourra-t-on vraiment bâtir tout un récit sur cette anecdote? En fait, ça semble plutôt être une autre erreur sur le plan scénaristique! Snif!
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