#02- LES DÉMONS DE PERTRANSAC
Scénariste(s) : François CORTEGGIANI
Dessinateur(s) : Yves RODIER
Éditions : Glénat
Collection : X
Série : Simon Nian
Année : 2005 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Hommage
Appréciation : 4 / 6
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Quand les démons du Midi se mettent à lorgner des tableaux!!
Écrit le mercredi 19 septembre 2012 par PG Luneau
Pour sa deuxième aventure, c’est dans le Midi de la France que l’avocat Simon Nian nous entraîne, en compagnie de son comparse, Ange Toussaint Paoli, alias Santu. La raison? Un des très bons amis de notre gentil héros vient d’y faire une chute de vélo dans un ravin, une chute qui s’avère… mortelle!! Simon désire donc assister aux obsèques et soutenir Rosy, la nouvelle veuve, dans les premiers jours de son deuil. Mais une suite d’événements étranges se produit, au fil des heures : entrées avec effraction dans le manoir du défunt, vols de tableaux, mystérieuses apparitions d'un personnage… de BD!?!? Encore heureux que la belle Rosy soit bien entourée : plusieurs proches et voisins se font particulièrement présents et offrent amicalement d’épauler la jeune veuve… mais n’en voudraient-ils pas, finalement, qu’à l’importante collection de tableaux du défunt?! Et si la mort de ce dernier n’était pas aussi accidentelle qu’elle ne le paraissait??!!
Si ce second album, les Démons de Pertransac, fait beaucoup moins appel aux clins d’œil et aux caméos de personnages connus que le premier, il n’en reste pas moins un bel hommage au célèbre Maurice Tillieux et aux aventures de son non moins célèbre héros, Gil Jourdan. Un hommage non seulement visuel (Rodier nous y sert des décors et des personnages tout à fait dans la lignée de ceux que nous offrait Tillieux), mais aussi dans le ton du récit. La façon qu’a Corteggiani de raconter cette énigme policière, les revirements qu’il met en place et l’humour dont il a empreint sa narration, tout ça contribue à nous replonger dans les belles années où Jourdan sévissait dans les pages du magazine Spirou, à l’époque si justement appelée l’Âge d’or de la BD.
Vous êtes à la recherche d’une aventure mouvementée, hautement colorée (au propre comme au figuré!!) et qui vous fera vivre bien des émotions fortes?? Les Démons de Pertransac devraient vous satisfaire. Moi, ils m’ont fait passer un très agréable moment de lecture!
Plus grandes forces de cette BD :
- ma dédicace! C’est la toute première que m’a faite monsieur Rodier (et oui, dans le tome #2!? C’est tout moi, ça!) et elle représente un Simon tout dynamique qui me salue, au détour d’un mur briqueté. Vraiment sympa… et tout à fait représentatif de la personnalité du dessinateur!! ;^)
- le nom du club cycliste, à la p.3. Heureusement que les enfants n’allumeront probablement pas… C’est si osé que je ne peux même pas le retranscrire ici!! Mais tentez de dénicher l’album, ne serait-ce que pour en lire cette première planche : c’est un jeu de mots vraiment tordant pour nous, adultes!! D’ailleurs, ce récit comporte encore plusieurs autres allusions un peu salaces… Subtiles (ça reste tout à fait convenable, et les jeunes n’y verront que du feu!!), mais bien présentes : on n’a qu’à penser à toutes les insinuations que Dédé lance à son complice Michou, le malabar à la nuisette (la virilité de ce dernier en prend sérieusement pour son rhume!!), et au gag récurrent, issu du tome #1, où monsieur Montonèze subit quelques sévisses plutôt incongrus dans une BD jeunesse, alors qu’il est en prison avec de grosses brutes en manque de peau!!?! Les auteurs font preuve, encore cette fois-ci, de beaucoup d’audace… et la magie de l’innocence fait le reste : les jeunes qui apprécieront le récit aujourd’hui découvriront ces connotations plus «olé olé!» lorsqu’ils le reliront, dans quinze ou vingt ans!! ;^)
- le classicisme de l’aventure! Wow!! C’est fascinant de constater à quel point monsieur Corteggiani a été capable de rendre son récit très mouvementé, avec des vols qualifiés, une course dans la nuit (sous la pluie!!) et maintes recherches d’indices dans des villages ou des couvents reculés entourant le mont Ventoux! On se croirait réellement en plein Bijoux de la Castafiore, ou dans une aventure à la Tif et Tondu!! C’est bien construit, intrigant, mouvementé, punché, crédible et très abordable!
- une belle gamme de suspenses de fin de planche, digne de la belle époque des parutions en feuilletons. Si certaines de ces chutes sont plus malhabiles, parce qu’artificiellement construites, prévisibles ou incompréhensibles (principalement celle de la p.17!?), plusieurs sont très efficaces (celles des p.11, 22, 31, 35, 37 et 45, par exemple!)
- la présence de monsieur Choc, le méchant masqué de Tif et Tondu, autre série sur laquelle Tillieux a travaillé : il a écrit plus d’une dizaine de scénarii pour son grand ami, Will!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le fait de toujours m’égarer dans la recherche des personnages connus, au détour de chaque case! Il y avait tellement d’amusants clins d’œil dans le premier tome que j’étais ridiculement trop «à l’affût» en lisant celui-ci!! J’ai d’ailleurs eu l’impression d’en rater plein, comme par exemple cette dame éberluée qui sort, par deux fois, du poste de police (p.13 et 33), mais qui ne me rappelle rien ni personne, ou cette cliente du café, aux p.5 à 7, qui a des airs de Séccotine… Mais j’étais tellement préoccupé à chercher que j’en oubliais par moment d’apprécier le récit!! Pas bon du tout, ça!! ;^)
- l’humour de Santu, qui m’est carrément inaccessible!!? Plusieurs de ses gags me restent tout simplement incompréhensibles, à cause de l’argot très spécifique qu’il utilise, mais certaines situations où il fait preuve d’humour m’apparaissent aussi tout à fait incongrues! Par exemple, je n’ai pas encore compris l’intérêt d’insister sur ce qu’il dit au pompiste à la p.15… si c’est pour finalement ne jamais nous le révéler!!?! De plus, son étrange comportement et ses prétendues blagues des p.26 à 30 ont fini par me le rendre complètement burlesque et trop bizarroïde pour que j’y accorde la moindre crédibilité. C’est malheureux car, maintenant, ce personnage m’apparaît comme totalement dénué d’intérêt!
- une finale très verbeuse. À partir de la p.33, les planches sont vraiment très chargées, au niveau des textes, avec une apothéose d’écriture aux p.42 et 43, pour les explications finales. Ça rappelle les finales de romans policiers, alors que Poirot ou Shakespeare, par exemple, nous dévoilent toutes leurs déductions… mais ça fait des planches très lourdes, visuellement!
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