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le Schpountz
LE SCHPOUNTZ
Scénariste(s) : Serge SCOTTO, Éric STOFFEL, Marcel PAGNOL
Dessinateur(s) : François-Xavier Robert dit EFIX
Éditions : Bamboo
Collection : Grand angle / Marcel Pagnol
Série : Schpountz
Année : 2017     Nb. pages : 96
Style(s) narratif(s) : Récit complet (Inspiration comics)
Genre(s) : Quotidien, Humour naïf, Adaptation littéraire, Classique, Hommage
Appréciation : 4.5 / 6
I' s'voyait déjà... en haut de l'affiche...
Écrit le vendredi 26 juillet 2019 par PG Luneau

Il y a un peu plus d'un an, je suis tombé sur une publicité des éditions Bamboo qui annonçait la parution d'un nouveau tome dans sa belle collection Grand Angle / Marcel Pagnol : le Schpountz. La couverture au dessin chouettement caricatural m'a tout de suite attiré, et comme le peu que je connais de Pagnol m'a toujours beaucoup plu, j'ai gardé ce titre en tête...

Puis, très peu de temps après, j'ai appris que le Théâtre du Rideau vert allait monter une pièce de Pagnol. Je vous le donne en mille : le Schpountz!! Il n'en fallut pas plus pour que je me procure et l'album, et un billet! Depuis, j'ai vu la pièce et lu l'album, et je suis fin prêt à vous en parler! ;^)

D'abord, parlons très brièvement de la pièce, que j'ai vue en premier. Mise en scène efficace de madame Filiatrault, comédiens de bons à excellents, avec un Rémi-Pierre Paquin très crédible dans le rôle de l'anti-héros du titre. Les plus grandes forces du spectacle? L'excellente transposition dans notre contexte québécois actuel... et un Raymond Bouchard volant littéralement le show avec les désopilantes répliques assassines de l'oncle Baptiste!! La plus grande lacune : la dernière demi-heure, où le personnage principal revient chez lui pour confronter sa famille. Cette conclusion, bien que nécessaire, est tellement étirée que je m'attendais à ce qu'il y ait un gros punch final qui en vaille la peine, quelque chose qui relance le récit... C'est si marquant que, lors du noir, j'étais sûr qu'il s'agissait d'un entracte et que l'histoire allait reprendre, question de nous conclure ça avec panache... Que nenni! :^( J'avais vraiment hâte de comparer avec la BD... d'autant plus que je n'ai jamais vu le film de 1938!!

La BD, pour sa part, conserve le contexte spatio-temporel original : l'histoire débute donc près de Marseille, dans l'entre-deux-guerres. Le charme de la Provence et l'accent chantant de ses habitants nous accueillent délicieusement. Irénée, jeune homme naïf, rêveur mais très entêté, n'aspire qu'à une chose : devenir une star de cinéma, un art relativement récent, à l'époque! Malheureusement, ce n'est pas son travail d'apprenti-épicier au commerce de son oncle qui lui laisse de grandes espérances!

Mais voilà qu'une équipe de repérage passe dans son patelin, à la recherche de paysages bucoliques pour d'éventuels tournages! Sans faire ni une, ni deux, voilà notre Irénée qui se lance en droite ligne vers ces gens et qui leur montre l'étendue de son prétendu talent! Un peu blasés par tous ces joyeux lurons qui se présentent à eux dans l'espoir de percer, les membres de l'équipe jouent un tour assez cruel à notre bougre : ils font mine d'être subjugués par ses talents et vont jusqu'à lui faire signer un contrat bidon! :^0

Tout le reste de l'histoire tourne autour des déboires du pauvre Irénée qui, obnubilé qu'il est par sa réussite instantanée, ne soupçonne rien de la supercherie et achète son billet pour Paris!! Une fois dans la grande ville, il sera confronté à la dure réalité du 7e art!

Bon, on s'entend : on se trouve ici en présence d'une comédie légère des années 30. L'humour y est sympathique, mais non transcendant! On se prend d'amitié pour le gaillard, on lui souhaite le meilleur... sachant fort bien qu'au bout du compte, celui-ci va finir par arriver! Mais l'écriture de Pagnol aidant, ainsi que la grande expressivité des dessins d'Efix, on se retrouve devant un album rempli de surprises, qui rend hommage de belle façon au début du cinéma et au rôle de la comédie dans notre quotidien.

Au final, bien que la conclusion de la BD présente la même lacune que celle de la pièce (et que celle du film, je présume!), je recommande quand même ce chouette album, rempli de nostalgie, de douces illusions et, somme toute, de petits bonheurs simples.

À partir de 12 ans.

 

Ce qui m'a le plus agacé :

 

  • la typographie. C'est, et de loin, le plus grand agacement que cet album m'a procuré! Comme pour marquer le lyrisme de l'accent provençal, le typographe (Efix?) a tenu à varier la taille des lettres qu'il employait, même à l'intérieur d'un même mot!! Comme si ce n'était pas assez dérangeant, il colle très souvent ses lettres de manière à les rendre illisibles. Ainsi, j'ai longtemps cru que des personnages s'appelaient GAWBERT (au lieu de GALUBERT) ou MAGAYI (au lieu de MAGALI)... et j'ai lu «ADUIRE ton frère» au lieu d'« ADMIRE ton frère» (p.8)... Bref, le décodage m'a causé problème à plus d'une quinzaine de reprises, ce qui est, à mon avis, abusif.:^(

 

  • quelques petits problèmes techniques dans le dessin. Les proportions des voitures, par exemple (p.13 et 14), sont parfois incongrues, de même que certaines perspectives, qui sont un peu bancales ou télescopées (comme ce gros monsieur Meyerboom à son balcon, à la p.39). De plus, certains effets donnent des résultats un peu mitigés. C'est le cas des feuillages de la forêt, aux p.16 à 20: malgré les effets d'éclairage (un peu intenses) qu'on y accole, les groupes de petits traits de remplissage ne constituent pas, à mon sens, un effet de feuillages satisfaisant.

 

  • les couleurs. Elles se veulent estompées, délavées, un peu ternes, question de donner un effet rétro à l'ensemble. L'idée est excellente... mais, encore ici, ça a été poussé un ou deux tons trop loin! Au final, ça donne une fadeur qui dessert un peu l'album.

 

  • la surabondance de petits animaux anthropomorphes!! Mais qu'est-ce que c'est que cette souris miquette qui s'incruste, aux p.25, 29, 84 et 85!? Et l'oiseau parlant, dans le haut de la p.21? Et toute cette ménagerie, dans la foule, au cinéma (p.68): éléphant, vache, cochons... dont un en smoking? Bon, j'ai appris, depuis, qu'Efix a créé une boîte de pub appelé ECS «Edgar, le Cochon en Smoking», et un album intitulé Supercochon... Mais même si j'adore, habituellement, ce genre de clin d'œil, j'ai l'impression que le dessinateur a tellement poussé le bouchon, côté animaux qui n'ont pas rapport dans l'histoire, qu'il a usé mon stock de tolérance.:^S

 

  • le personnage de Cousine. On apprend, dans le dossier documentaire qui clôt l'album, que ce personnage de photographe de plateau se veut «à la sensibilité très féminine». Dans l'album, il nous est plutôt montré comme une tantouse finie, maniérée, toujours avec le poignet cassé et le regard lubrique... Ce n'est même plus un stéréotype, c'est une caricature ambulante! Et bien que je sache que certaines personnes ressemblent effectivement à ça, ici, ça m'a semblé too much. On va même jusqu'à le montrer, sur une affiche, travesti dans un rôle de femme! C'est un photographe ou un comédien?! Plus de subtilité aurait été de bon aloi...

 

  • une finale boboche, inutilement étirée et qui manque cruellement de punch... Manifestement, il s'agit ici d'un défaut de l'œuvre de base. Je ne sais pas jusqu'à quel point une adaptation (théâtrale ou bédéesque) pouvait corriger le tir sans trop dénaturer l'œuvre originale? Ce serait une belle question à poser à un spécialiste de l'adaptation d'œuvres artistiques!

 

  • une petite coquille, visible seulement dans le supplément documentaire, en fin d'album. Sur l'affiche du film Jofroi, dont on ne voit qu'une toute petite partie dans l'album mais qui est reproduite en entier à la p.94, il est noté que ce film de Pagnol a été écrit «d'après un nouvelle de Jean Giono». Eh oui, j'ai l'œil! ;^D

 

Plus grandes forces de cette BD :

 

  • l'objet-livre. D'abord, il est de très grand format (plus de 31 cm par 24). Puis, le nombre de pages est impressionnant pour une BD dite standard: 96! Les gens de chez Grand Angle y sont allés en grande pour cette chouette collection fort pertinente, qui reprendra toutes les œuvres marquantes de monsieur Pagnol! Quelle louable entreprise!

 

  • le style de dessin d'Efix. Je l'ai déjà dit, la couverture m'a beaucoup plu. La variété des expressions, la souplesse des traits, les courbes très cartoonesques, rappelant les dessins animés de mon enfance: j'étais titillé! Heureusement, l'intérieur de l'album est à l'avenant! Malgré quelques lacunes (mentionnées plus haut!), j'ai bien apprécié le travail de ce dessinateur, surtout sur les mimiques et les postures dynamiques de ses personnages. Je le suivrai avec grand intérêt.

 

  • la représentation de l'époque. Au cours de ma lecture, j'ai été amené à faire plusieurs petites recherches... Oh mais rien qui nuisait à la compréhension! Vous pourriez passer outre! Moi, c'est que je suis particulièrement curieux!! ;^) J'ai donc découvert des acteurs de l'époque (Charles Boyer, Raimu...), des commerces importants (Félix Potin, Olida...), etc.

 

  • de belles idées de mises en pages. Les quelques doubles pages sont très habilement montées (surtout les p.66-67, un chef d'œuvre d'hommage aux grands comiques du muet. Toutefois, l'ordre de lecture des phylactères de l'autre (p.22-23) est plus difficile à décortiquer). J'ai aussi bien aimé les nombreuses fois où on passait de la réalité à l'imaginaire d'un personnage (quand l'un se voit dans un rôle de mousquetaire (p.11), un autre se prend pour César (p.13) ou qu'Irénée s'imagine en buste de Molière (p.30)). Tous les retours en arrière, toujours dans des tons de gris (encore!!:^S), sont clairement identifiables.

 

  • l'hommage aux grands comiques de l'époque. Je parlais de l'habile mise en pages des p.66 et 67, plus haut, mais leur contenu est aussi très riche! On peut y croiser Laurel et Hardy, Fernandel et Raimu, Charlot, Buster Keaton et, mon préféré, Harold Lloyd. Ailleurs dans l'album, j'ai cru reconnaître Charlot dans le rôle d'un garçon de café... et ne trouvez-vous pas que le frère d'Irénée (que vous pouvez voir sur la couverture, sous son oreille droite) ressemble beaucoup au Stand Laurel de notre enfance? Bref, j'ai vraiment senti que tout ce bouquin est un bel hommage au cinéma des années 30 et à l'art de la comédie. «Le rire, c'est une chose humaine, une vertu qui n'appartient qu'aux hommes et que Dieu leur a donnée pour les consoler d'être intelligents...» (p.67). Avouez qu'il parlait bien, Pagnol, quand même! ;^)

 

  • un petit jeu, proposé en cours d'album. Le dessinateur nous invite à un genre de Où est Charlie?!!! Il nous demande de compter le nombre de fois qu'on verra passer, en arrière-plan, l'ombre d'un technicien de plateau aux prises avec une grande horloge grand-père! ;^) L'idée est charmante et offre un petit plus amusant, qui n'est amoindri que par... l'absence de réponse!:^(

 

  • des onomatopées nouveaux genres! En effet, à partir du milieu de l'album, Efix commence à employer des onomatopées différentes et plus parlantes, en ce sens qu'elles se veulent la graphie amusante de mots nous aidant à comprendre la situation. Par exemple, à la p.76, Irénée se frotte nerveusement les mains... et on entend «Mwouaaat, moat, moat...». La porte qui s'ouvre fait «Grinsss...» et la cohue de la foule, au cinéma, fait «Radmarhéééé»... Les dernières pages sont vraiment remplies de ce genre de jeux de mots amusants... Mais pourquoi la première moitié n'emploie-t-elle que des onomatopées plus traditionnelles?? Étrange...

 

  • certains décors sont particulièrement bien réussis. C'est le cas de l'Île de la Cité, à la p.72, par exemple.

 

  • tout le petit dossier historique de fin d'album. On y apprend plein de choses intéressantes, comme le fait que cette histoire a été inspirée d'un fait vécu par l'équipe de tournage des studios de Pagnol, que presque tous les personnages sont inspirés de véritables employés de ces studios ou que le film original le Schpountz a été tourné parallèlement à un autre film plus dramatique (Regain), avec les mêmes techniciens et les mêmes acteurs, tournant un jour la scène d'un film et le lendemain celle de l'autre!! Fascinant!:^0

 


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@ Danielle : J'avais l'avantage d'avoir la version théâtrale en tête. Le jeu des comparaisons a peut-être contribué à ce que j'apprécie l'album un peu plus que toi, finalement?!
Rédigé par pgluneau le lundi 01 juin 2020 à 14:18


L'album n'est effectivement pas très transcendant. Sans doute parce que cet Irénée m'est demeuré antipathique du début à la fin. Il est vrai aussi que le code des couleurs m'apparaissait plutôt insolite : ocré à la campagne, terriblement terne à Paris, noir et blanc lors des réminiscences... Heureusement, restait le plaisir de feuilleter ses pages délicieusement glacées.
Rédigé par Danielle le lundi 01 juin 2020 à 11:52


@ Marsi : En fait, le mot Schpountz est un mot inventé par l'équipe de tournage pour désigner les quidam qui les harcèlent en se déclarant les nouveaux Valentino. C'est aussi le nom du personnage central qui donne son nom au titre du film... fictif dans lequel ces gens disent vouloir embarquer les dits quidam! Ainsi, si un plouc se présente en se ventant et en insistant pour tourner dans un film, ils lui proposent le rôle-titre du film «le Schpountz» et lui font signer un contrat (bidon!).
Merci pour ton explication (toute aussi bidon! ;^P) sur la présence des animaux...
Et, effectivement, telle que tu l'as écrite, elle sonne TRÈS étrange, ta conclusion!! ;^D
Rédigé par pgluneau le mardi 06 août 2019 à 12:45


@ Anne des Ocreries : C'est l'attitude à avoir! ;^)
Rédigé par pgluneau le mardi 06 août 2019 à 12:38


Schoupntz! C'est presque une onomatopée à lui tout seul, ce titre. C'est par ailleurs étrange à quel point ça ressemble à Schtroumpf... En fait, ce mot-titre, ça veut dire quelque chose ou pas?
Et les petites bestioles... L'auteur a du manquer de figurants. Je le sais car Venise a fait beaucoup de figuration et parfois, les gens engagés ne se présente pas, alors, il faut combler avec ce que l'on a sous la main ou à l'esprit, c'est selon.
En conclusion, je lirais... Et surtout, me passerais bien un petit Fernandel à l'occasion... Je sais, ça sonne bizarre...
Rédigé par Marsi le mardi 30 juillet 2019 à 18:43


Les " pour " et les " contre " s'équilibrant, je dirais " faut voir"....
Donc, je ne courrais pas après, mais si ça passait devant mes yeux, je ne le bouderais pas non plus.
Rédigé par anne des ocreries le vendredi 26 juillet 2019 à 10:37




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