AVENGERS
Scénariste(s) : Allan HEINBERG, Jim McCANN, Alan DAVIS
Dessinateur(s) : Jim CHEUNG, Andrea DI VITO, Alan DAVIS, Chris SAMNEE, Neal ADAMS, Pasqual FERRY, Gene HA, Michael GAYDOS, Bill SIENKIEWICZ, Jae LEE
Éditions : Marvel / Panini
Collection : Marvel icons / Panini comics
Série : Avengers (Marvel icons)
Année : 2005 Nb. pages : 576
Style(s) narratif(s) : Récits complets (Comics)
Genre(s) : Superhéros / Justicier masqué, Drame familial
Appréciation : 4.5 / 6
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C'est dur, dur d'être un (super) héros!
Écrit le mardi 09 juillet 2019 par PG Luneau
Incluant les récits : Partenaires (6 chap.), Identités secrètes (2 chap.), Curriculums (1 chap.), Affaires de famille (4 chap.), la Croisade des enfants (11 chap.), le Retour (11 p.) et la Récré est finie (3 p.).
Les vrais connaisseurs des Avengers le savent : il fut un temps où ce groupe de superhéros a dû se dissocier, suite à la folie de la Sorcière rouge, folie qui causa la mort de plusieurs des membres de cette illustre association de vengeurs...
Ce qu'on sait moins, c'est qu'une bande de jeunes a alors tenté de prendre leur place. Sous l'initiative du jeune Iron lad, directement venu du futur, une demi-douzaine de jeunes adolescents, dotés ou non de superpouvoirs, s'est regroupée pour faire régner la paix et la justice : d'abord Eli Bradley, qui se fera connaître sous le nom de Patriote, et un jeune couple gay composé de Billy Kaplan (qui deviendra Wiccan le warlock) et Teddy Altman, mieux connu sous le nom d'Hulking. À eux se grefferont, au fil des aventures, Cassie Lang (alias Stature), Kate Bishop (alias Hawkeye), la Vision (un robot... ou, plutôt, les réminiscences qu'il en reste?!) et Thomas Shepherd (qui deviendra Speed).
Tous ces jeunes ne l'auront pas facile : en plus de devoir tenir tête aux Krees, aux Skrulls et à d'autres supervilains ultradangereux qui en ont même fait baver aux véritables Avengers (comme Kang le Conquérant, Magnéto ou Fatalis), ils devront se démener comme des diables afin de se faire accepter par leurs gourous de la première génération. En effet, Iron man, Capitain America et leurs acolytes ne voient pas d'un très bon œil que de jeunes ados mettent leur vie en péril avec si peu d'expérience...
Avec de telles prémices, cet album de Marvel avait tout ce qu'il fallait pour éveiller mon intérêt, moi qui ne suis pas particulièrement attiré par les héros Marvel autres que Spiderman et les X-Men.On y retrouve des jeunes en formation, ce qui, déformation professionnelle oblige, fait toujours vibrer mon cœur d'enseignant! ;^)
Sous les traits ultraréalistes de Jim Cheung, d'une précision à couper le souffle (et qui ont été magnifiés par toute une équipe de coloristes hors pair), on suit donc les aventures mais surtout les questionnements internes, les doutes et les interrogations de ces jeunes héros en devenir. Les deux récits les plus intéressants ont été pour moi Affaires de famille et la Croisade des enfants, récits au cours desquels les deux personnages les plus intéressants de l'album, Hulkling et Wiccan, apprendront, tour à tour, la vérité sur leurs origines. Pour un couple de jeunes gays, qui doit déjà apprendre à vivre avec la marginalité que leur imposent leurs préférences sexuelles ET leurs pouvoirs surnaturels, ça fait beaucoup! Surprises et renversements de situations assurés!! ;^)
Au bout du compte, malgré la complexité scénaristique engendré par les nombreux voyages dans le temps, à la fin de la Croisade des enfants, je garde une impression très positive de cet album, un des premiers de l'univers Marvel que je lis (outre X-Campus et X-Men), il me semble. Il y a fort à parier que je me laisse tenter par d'autres séries de cette franchise, si elles s'avèrent de cette qualité!
À partir de 14 ans.
Ce qui m'a le plus agacé :
- le titre du volume: Avengers. Tout bonnement. Comme s'il n'y avait pas déjà trois tonnes et demie d'albums qui portent ce nom. C'est non seulement d'une banalité sans nom, mais c'est en plus tout à fait mensonger!! En effet, ce tome raconte la naissance et les aventures des Young Avengers, ces tout jeunes adultes qui cherchent à remplir le créneau laissé vacant par la dislocation des Avengers que l'on connaît. Par respect pour ces nouveaux héros, le tome aurait au moins pu porter le nom de leur formation!!:^P
- l'enchaînement des phylactères. Parfois, il n'était pas évident de savoir par lequel commencer. J'aurais aimé vous donner un ou deux exemples, mais faute de pagination...:^P
- l'absence de pagination!... Bah voyons!...
- le costume du grand vilain. Je sais bien que le costume d'un superhéros, tout comme celui d'un super-vilain, reste iconique: on peut difficilement en changer. Pourtant, on ne compte plus les modifications et les améliorations que celui de Batman a eues, par exemple! Dans le cas de Kang le conquérant, un des méchants les plus réputés de l'univers Marvel, il serait temps qu'on le modifie un peu. L'espèce de casque taillé dans une cruche d'eau de Javel qu'il porte sur la tête avait peut-être la cote (et encore, j'en doute!) dans les années 60, quand le personnage a été créé, mais là, il fait ridiculement démodé!
- plusieurs combats peu fluides. Celui entre Iron man, Kang et Iron Lad, par exemple (à la fin du Young Avengers #4) et une bonne partie de ceux du chapitre suivant... Idem pour plusieurs combats du récit Affaires de famille, où l'on comprend mal ce qui se passe, qui frappe, qui intervient...
- plusieurs aspects du scénario, qui se veulent magiquement ou scientifiquement abstraits! Tout d'abord, je trouve les interventions de la Vision souvent très difficiles à comprendre. D'où sort-il, quand il attaque Kang, dans le 5e chapitre du premier récit? Pourquoi Kang retrouve-t-il son armure «grâce» à lui? Les différentes programmations intégrées dans ce robot servent un peu trop souvent de deus ex machina pour sortir tout le monde (incluant les scénaristes!!) d'embarras, je trouve! Idem pour la série de sauts dans le temps (dans le passé comme dans le futur) à laquelle la fin de cette brique nous convie: j'ai bien essayé de m'y retrouver, mais sans succès!! C'est d'une complexité malsaine, et la batterie de conséquences qui en découle n'arrive pas à satisfaire mon besoin de rationalité. Ainsi, les nombreux reboots orchestrés par la Sorcière rouge, causant le retour (mais ai-je bien compris?) d'Ant-man, me restent un peu coincés au travers de la gorge... Pourquoi le Valet de cœur réapparaît-il? Et pourquoi en zombie? Et pourquoi explose-t-il? Bref, un peu trop de solutions-miracles à mon goût!
- l'impossibilité de savoir qui, parmi les 10 dessinateurs crédités, est celui qui a commis telle ou telle page! Oh! On en vient à comprendre que si le nom de Jim Cheung est sur la couverture, c'est lui qui a fait le gros du travail, mais pour ce qui est des 9 autres? Rien pour nous l'indiquer. Ainsi, les pages que je n'ai pas aimées (voir prochain boulet), je n'ai aucun moyen de savoir qui les a commises... C'est moche, et pas très respectueux des lecteurs comme des artistes!
- quelques pages pas mal moins intéressantes. Celles qui assurent la narration du chapitre Curriculums, par exemple, ont un encrage bien trop prononcé à mon goût! Certains chapitres du récit la Croisade des enfants n'ont pas la perfection que monsieur Cheung a insufflée au reste du volume. Puis, il y a les deux derniers tout courts récits (le Retour et la Récré est finie) qui sont presque de l'ordre du fan-art. Heureusement, ils ne font que 14 pages à eux deux! Mais de qui sont-elles? Mystère...:^S
- un revirement super-brillant... mais garroché!! Sans rien divulgâcher, disons que Hulkling trouve une façon fort originale de se sortir du pétrin, vers la fin du récit Affaires de famille. Toutefois, la manière expéditive avec laquelle le groupe se lance dans la péripétie suivante ne nous laisse aucunement le temps d'assimiler ce superbe coup! C'est dommage, surtout que ce qui suit redevient beaucoup plus banal... L'histoire aurait peut-être mérité de se conclure avec ce bon punch.:^S
- un saut de 5 ans entre deux récits, sans aucune mise en contexte! En fait, c'est faux: on nous parle de cette ellipse... dans l'introduction du volume, plus de 250 pages auparavant!! Vous allez me dire qu'un lecteur moyen est supposé se rappeler ce détail, même après 250 pages?? (Et ça, c'est s'il a pris le temps de lire l'introduction, ce que bien peu d'entre eux font, à mon avis!)
Plus grandes forces de cette BD :
- la sublime précision quasi-photographique des dessins de Jim Cheung. Wow! Quelle beauté que ces dessins! Léchés à l'extrême, aux couleurs flamboyantes qui donnent vie aux volumes (ces reliefs luisants sont particulièrement visibles sur Vision), c'est tout simplement bluffant... et c'est en grande partie ce qui m'a poussé à acheter et lire ce livre sans délai! C'est notamment flagrant sur les nombreuses illustrations pleine page ou double page... comme celle de la mort d'un des protagonistes!!:^0 Quand on sait que le scénariste, Allan Heinberg, met parfois en scène jusqu'à une trentaine (:^O) de superhéros (sans compter les ennemis!!), c'est vous dire la quantité de travail que monsieur Cheung doit abattre... et l'ampleur de son talent!
- les effets spéciaux pour illustrer la supervitesse de Speed. Faits, manifestement, à l'ordinateur, ces sillages et ces flous donnent un effet de stop and go tout à fait génial! Autre élément tout simple qui contribue à l'effet: quand les lettreurs collent tous les mots des phrases de ce superhéros, sans laisser aucun espace entre eux! On a vraiment l'impression qu'il parle très très vite et, même s'il faut nous donner la peine de décoder, c'est très amusant! ;^)
- des mises en pages efficaces, variées et souvent très originales. Je pense notamment aux trois doubles pages qui se suivent, lors du combat contre les Krees ET les Skrulls, où le côté gauche de chacune nous montre une illustration pleine page du combat avec, toujours, une vingtaine de protagonistes, alors que la page de droite est séparée en 6 cases parallèles, symétriques et effilées, nous montrant des détails du combat. C'est très réussi!
- le chouette rendu des réactions adolescentes. J'en ai déjà parlé à quelques reprises (notamment dans ma critique de l'album X-Campus, aussi chez Marvel!), j'adore ces récits de jeunes superhéros en apprentissage. Leur maladresse, leur impétuosité, leur manque de confiance, de prudence et d'expérience... toute cette allégorie du monde de l'adolescence normale, quoi!! ;^) Ici, ces émotions sont très bien rendues. On sent que ces jeunes sont mal entraînés, mal organisés, qu'ils ne savent pas trop comment s'y prendre... On les voit avec leur famille, ou à l'école. Oh! Il y a toujours certaines incohérences (ils les font quand, leurs devoirs, puisqu'ils sortent à tous les soirs pour sauver le monde?? Et leurs parents, ne remarquent-ils pas leurs bleus et leurs yeux au beurre noir, quand ils rentrent du combat?! ;^), mais ça reste si charmant... Encore plus quand leurs petites histoires de cœur s'en mêlent! ;^)
- la multitude de personnages impliqués dans ces aventures... en plus des 8 Young Avengers! J'ai ainsi pu faire la connaissance de la journaliste Kat Farrell, puis de Jessica Jones (alias Jewell!), de Shatterstar et de Rictor (un autre couple gay, étonnamment!:^0). Plus brièvement, on mentionnait ou entrecroisait Sentry, le Dr Druid, le Spadassin, Mockingbird, Immortus, Chton, Wonderman, James Maddox et Strong guy. Le Net aidant, j'ai pu en apprendre plus sur eux. À un certain moment, Heinberg met en scène un combat avec 33 des personnages iconiques de l'univers Marvel!! 33!!?J'ai aimé croiser les Sinister 6, cette association d'ennemis de Spiderman, et le fameux Jonah Jameson, rédacteur en chef pour qui Peter Parker a longtemps travaillé. Et j'en ai appris plus sur les expérimentations du sérum du Super Soldat. Moi qui croyais que le Capitain America avait été le premier à tester ce fameux sérum, j'ai été bien étonné!
- certains mots et expressions françaises qui m'étaient encore inconnus. J'ai donc découvert les sens des verbes rétamer et latter ainsi que celui du nom chiard... très franco-franchouillards, somme toute!
- l'épisode Affaires de famille. C'est, et de loin, le récit qui m'a le plus plu. D'abord parce qu'il met en scène le charmant petit couple gay composé de Hulking et de Wiccan (quel beau modèle positif pour les jeunes gays d'aujourd'hui!). Puis, surtout, parce qu'on y apprend coup sur coup des révélations de plus en plus extravagantes sur l'origine de Hulking, le métamorphe (non, il n'est pas le fils de Hulk, quoi que vous en pensiez! ;^) Finalement, on y rencontre le personnage du SuperSkrull, qui a assimilé les pouvoirs de chacun des Quatre Fantastiques. Il est vraiment ultra intéressant, tant par ses pouvoirs que par sa touchante histoire... mais je vous en garde la surprise!!
- le couple composé de Wiccan et de Hulkling. J'ai particulièrement accroché à l'évolution de leur relation, toute en subtilité. C'est très discret, jamais appuyé, mais ça reste très touchant... jusqu'à la consécration finale! ;^) De plus, le personnage de Wiccan est particulièrement riche: le difficile apprentissage de la maîtrise de ses pouvoirs magiques (qu'il ne comprend même pas! ;^), sa crainte de partager les tares génétiques de ses parents, puis son super discours sur la compassion, vers la fin de l'album... Tout ça contribue à nous le rendre sympathique.
- un gag particulièrement désopilant! C'est lorsque le groupe, en compagnie de Magnéto, se retrouve en Transie, costumé à la bavaroise avec Vision vêtu en religieuse. Je vous laisse deviner à quoi ils se comparent, ainsi attifés! ;^D
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