#02- LE TOMBEAU DE BALOR
Scénariste(s) : François DEBOIS
Dessinateur(s) : Stéphane BILEAU
Éditions : Soleil
Collection : Celtic
Série : Quête du Graal
Année : 2008 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Fantastique médiéval
Appréciation : 4.5 / 6
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Quand Arthur rencontre Donjons et Dragons
Écrit le vendredi 28 mai 2010 par PG Luneau
La saga de la Quête du Graal continue, et ce second tome débute où le premier avait terminé : Arthur est mort, succombant sous l’épée de l’ogre saxon Frolle, au service de la vile Morgane! On s’apprête à mettre feu au bûcher du porteur d’Excalibur… Serez-vous surpris d’apprendre que le valeureux héros ne disparaîtra pas bêtement dès le début du deuxième album?!?! En effet, la fée Viviane, disciple de la Dame du Lac, viendra faire une intéressante proposition aux proches d’Arthur, qui ne se feront pas trop prier!
Si le premier tome dressait les assises de la série, en expliquant les origines d’Arthur, d’Excalibur et du Graal, ce tome-ci nous entraîne dans la magie et le surnaturel à fond la caisse, frôlant même le gore, par moment! Que l’on plonge dans l’ultime clairière qui mène au Pays des Morts (où ceux-ci ont parfois à choisir entre reprendre leur existence de mortel ou mourir pour de bon), dans le palais du Miroir aux fées (en plein cœur de la forêt de Brocéliande) ou dans la maléfique forêt de Landwick, (où le cadavre du dieu Balor corrompt tout ce qui l’entoure), le fantastique prend le pas sur tout l’album! D’ailleurs, les horribles assaillants illustrés sur la couverture nous en donnaient déjà un bel aperçu!!
Encore une fois, monsieur Debois nous présente un album qui débute plutôt lentement. Toute la première moitié de l’album se déroule en douceur, mais avec quand même quelques révélations assez saisissantes! Mais pour ce qui est de la seconde moitié, attachez vos tuques avec de la broche : c’est l’apothéose d’action, de sang, de morts-vivants et d’adrénaline! Bien sûr, la présence de zombies et de certaines bestioles monstrueuses m’ont grandement surpris : je me suis senti bien loin des romans chevaleresques de mon enfance! Par moment, je me serais bien plus cru en plein scénario de jeu de rôles, comme seuls mes deux Maîtres de jeu déjantés sont capables d’en pondre!! Pourtant, les sangliers géants qui attaquent la troupe de héros sont tout ce qu’il y a de plus conformes aux chansons de geste de l’époque… mais on les connaît si peu, ou si mal, qu’on ne s’attend pas à ça!
Bref, un tome un peu déconcertant, mais quand même bien intéressant… et, surtout, toujours aussi beau, visuellement parlant! Il a le mérite de mettre en place plusieurs éléments et quelques personnages-clés. Vivement la suite!
Plus grandes forces de cette BD :
- le personnage de Morgane. Même si habituellement ce personnage m’est antipathique (c’est mon côté fleur bleue, pro héros et anti méchant!), j’avoue qu’ici, je la trouve particulièrement efficace de méchanceté! Quel punch, quand on la voit avec sa sœur Anna!!
- la belle légende du château du Miroir aux fées. Ce passage, où Merlin cède la forêt de Brocéliande à Viviane, est très beau, très aérien, comme hors du temps. Il laisse supposer qu’une belle relation est en train de se nouer entre eux d’eux : y aurait-il de la romance dans l’air?!?!
- la légende de Balor, dieu du monde souterrain. Même si elle est amenée avec plus ou moins de pertinence, comme si le scénariste cherchait un prétexte pour nous la raconter, elle rappelle les antiques mythes grecs de Chronos et d’Ouranos, qui bouffaient leurs enfants pour éviter de ne se faire détrôner par eux. Au bout du compte (et du conte!!), on comprend l’importance que l’immense bouclier de ce dieu maléfique aura sur la quête du Graal. La Table ronde est en place… ainsi que le mystérieux Siège périlleux. Cool!
- le personnage de Gauvain, fils du roi Lot. Ce bellâtre prétentieux est des plus intéressants parce que la situation fait en sorte qu’il est forcé de nous montrer sa vulnérabilité. Il démontre une belle ambivalence de caractère quand il vient demander l’aide de celui que son père considère comme son «ennemi»!
- la touchante histoire entourant la toute petite enfance de Galaad! Bien qu’il soit encore dans ses langes, on peut dire qu’il a un début de vie assez trépidant, ce bébé! Et puisque le récit se termine sur une planche le concernant très directement, on sent bien qu’il aura un rôle primordial à jouer, quand il aura atteint la maturité.
- encore tout le traitement graphique : mise en pages, couleurs, surbrillances et effets spéciaux en présence de magie… Cela fait très professionnel et contribue à nous faire vivre les émotions tout en gardant à l’album un caractère accessible à une majorité de lecteurs.
Ce qui m’a le plus agacé :
- le sauvetage d’Arthur, dans l’ultime clairière menant au Pays des Morts. Le fait que ces deux planches soient muettes rende leur compréhension un peu plus complexe. Peut-être que cet espèce de flou narratif a été voulu par les auteurs? En effet, ça contribue un peu à rendre la scène plus éthérée, plus surnaturelle… De plus, la rencontre entre Arthur et Uther est très intéressante, mais j’aurais aimé qu’on m’explique la motivation qui a poussé Arthur à faire le choix qu’il a fait.
- l’escapade romantico-mystique de Guenièvre avec Ban de Benoïc, à Stonehenge. Incongru, cet épisode arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle n’origine de rien, et ne semble découler sur rien!?! C’est bien mystérieux… à moins que la suite nous réserve des surprises?!
- le concept de «tuatha». Ce mot, qui apparaît presque à chaque page, n’est jamais clairement expliqué. Au début, j’avais cru comprendre qu’il désignait une espèce de confrérie, ou de regroupement de compagnons. Puis, le surnaturel et la religion celtique se mêlant à tout ça, j’en ai conclu que c’était plutôt en lien avec une secte ou une fraternité mystique mise sous une protection divine ou magique… Si ce concept est important au point qu’il ne se passe pas trois vignettes sans qu’on nous rabatte les oreilles avec ce foutu mot, il aurait été sympathique de nous expliquer clairement de quoi il en retourne!
- tout le climax du récit, dans la forêt de Landwick. Ces treize planches de combat contre des morts-vivants et des sangliers géants sont très loin des images que notre inconscient collectif garde des récits arthuriens classiques. C’est parfois un peu trop suintant et visqueux pour plaire à ces dames, et ça détonne d’avec le tome #1 qui nous avait laissé supposer une série plus proprette!! Heureusement que le dessin clair et les couleurs vives rendent le tout abordable, car si les coloris avaient été à l’avenant, sombres, glauques et suintants de réalisme, j’aurais commencé à décrocher!
- une faute d'accord, dans le bas de la p.47. Sur le Siège périlleux, on peut lire «Seule le plus vaillant des guerriers...».
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