#03- SUMMER OF LOVE
Scénariste(s) : Michel VIAU
Dessinateur(s) : Ghyslain DUGUAY
Éditions : Éditions du Tiroir
Collection : X
Série : MacGuffin et Alan Smithee
Année : 2020 Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Historique, Hommage, Humour
Appréciation : 5 / 6
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Mes chouchous sont de retour!
Écrit le samedi 06 mars 2021 par PG Luneau
Tome lu : #03- Summer of love
C'est quoi?
Summer of love, c'est le 3e tome des palpitantes aventures de MacGuffin et Alan Smithee, les deux agents secrets créés par Michel Viau et illustrés par Ghyslain Duguay. Travaillant toujours pour le compte du S6, sous les ordres de Mère-Grand, la dynamique blonde et l'imperturbable homme en noir sortent, cette fois-ci, de notre petit Québec pour se lancer de par le vaste monde! On les retrouve cette fois lancés l'une au Mexique, sur la trace d'un cartel de drogue, et l'autre à Chicago, à la recherche d'une jeune black disparue...
Mais soyez sans crainte : bien que momentanément séparés (et chacun affublé d'un partenaire de remplacement), nos héros finiront par se retrouver en Californie, où leurs enquêtes respectives se croiseront suite à un road trip assez mouvementé merci! Le tout avec, pour trame de fond, les sulfureux événements de 1967, alors que la jeunesse noire américaine tente de faire valoir ses droits, menée par des groupes de revendications aux méthodes pour le moins sulfureuses!
C'est comment?
Je ne sais si c'est le confinement qui m'affecte, mais je ne trouve plus les mots pour vous dire combien j'adore cette série! En fait, je ne sais pas quoi vous dire de plus que ce que je vous ai déjà dit dans mes critiques des deux premiers albums! Et ce, nonobstant le fait que les deux créateurs sont tous deux tellement sympathiques que j'ai toujours l'impression, en leur compagnie, d'être en présence de vieux copains!
C'est donc sans flagornerie aucune que je vous encourage à lire cette troisième aventure. Toute aussi punchée et enlevante que les deux premières, elle s'avère, elle aussi, ancrée dans un contexte géopolitique ultradocumenté (Viau étant un des historiens et des archivistes les plus minutieux que je connaisse!). De plus, elle est on-ne-peut-plus d'actualité : les récentes prises de conscience collectives engendrées par le Black live matters, chez-nous comme aux États-Unis, est le parfait écho de ce Black Power de 1967. Bien sûr, il est horriblement décourageant de constater à quel point la situation n'a pas tant évoluée... mais le fait d'en prendre conscience aidera peut-être à faire bouger les choses?
Ça ne fait que nous donner une raison de plus de lire cet album! Et, oui, l'humour, les clins d'œil culturels divers, les superbes traits semi-réalistes, les décors riches et impeccables ainsi que les vives couleurs éclatantes sont toujours au rendez-vous, pour notre plus grand bonheur! Vivement qu'on transforme le tout en série télé, genre vintage!! Ça serait tellement cool! Je verrais tellement bien le brillant Pierre-Yves Roy-Desmarais dans le rôle du désopilant Morisset! ;^D
Mes bémols
- les pieds et les mains!:^0 Croyez-le ou non, moi qui suis en amour quasi fusionnel avec les traits de Ghyslain Duguay, qui représentent à mes yeux la quintessence du dessin semi-réaliste, je viens de lui remarquer une petite faiblesse!! J'en suis presque content, puisqu'elle me prouve que je ne suis pas totalement obnubilé par toute l'admiration que j'ai pour le gars et ses dessins! J'ai d'abord titillé sur l'encrage des mains du bas de la p.8, qui me semblait un tantinet trop prononcé... Puis, j'ai re-titillé sur les formes, les proportions et les positionnements des doigts et des pieds nus aux p.11, 25, 27 et 32... à chaque fois que ces appendices sont en situation de gros plan, quoi! Bref, mon Ghyslain, je viens (j'oserais presque dire: enfin!) de te trouver un petit élément à peaufiner: tes gros plans de mains et de pieds nus! Je te le dis en toute amitié, sachant fort bien que ton incommensurable professionnalisme saura surmonter ce petit détail.
Les plus grandes forces de cette BD
- une aventure rondement menée, sans longueur. On a droit à une intro punchée, puis à un montage ultra rythmé, qui nous fait voir les enquêtes parallèles des deux héros en contrepoint, jusqu'à leur réunification. Tout est bien ficelé, et même les quelques éléments plus obscurs qui surviennent en cours d'enquête trouvent leurs explications en toute fin d'album. C'est vraiment tramé très solidement: chapeau, Michel!
- le contexte historique, toujours rendu avec un souci du détail incommensurable. Tant dans le macro (événements historiques majeurs: les émeutes de Détroit, le Black Panther Party et ses Black Freedom Fighters, le KKK, le Flower Power du Summer of love, les psychotropes...) que dans le micro (les films à l'affiche, la mode, le mobilier, les chansons populaires...), tout est déterminé avec la précision du neurochirurgien qui opère dans un cerveau. J'ai particulièrement apprécié que les auteurs aient pris la peine d'indiquer, en début d'album, les crédits des nombreuses chansons chantonnées au cours du récit et, surtout, qu'ils aient reproduits les exactes couvertures des BD lues par les personnages: le véritable exemplaire du Betty & Veronica de cette semaine-là et le Journal de Spirou d'août 1967 (le #1530), avec le bon gag de Boule et Bill (le #358), en 4e de couverture! ;^D
- l'humour, toujours présent, de manière subtile ou pleinement assumée, et les nombreux caméos. Je passerai par-dessus les traditionnelles bévues de l'agent Morisset, toujours aussi tordantes, pour plutôt souligner les gags qui passent en douce, comme le peu d'intérêt que porte la fille de Smithee à l'égard de l'opéra ou le nom du scheik (à la p.27)! ;^) Sur le plan des caméos, j'ai été très heureux de découvrir tant des personnages fictionnels (Shaggy et Scooby Doo, le Grand Boubou... et même Squiddly Diddly!?) que des gens ayant vraiment vécu (comme Charles Manson et Peter Fonda... et ne serait-ce pas un jeune Michel Viau qu'on retrouve au bas de la p.33? ;^) Et ça, c'est sans compter tous ceux que je n'ai pas su reconnaître, faute de culture (comme les agents Gilligan et Bully, ou le dessinateur du centre de la p.31)! J'en profite, d'ailleurs, pour rendre hommage à l'incroyable talent de caricaturiste de Ghyslain Duguay. Bravo, champion!
- des personnages secondaires fort intéressants. Il y a (mon très cher) Morisset, bien sûr, toujours aussi gaffeur, malhabile, empoté et désopilant... Mais il y a de nouveaux visages pas piqués des vers! Je pense notamment à Wilhelm Scream, le nouveau partenaire de McGuffin, un bellâtre prétentieux un peu trop sûr de lui, et à Penny Lane, la sympathique collègue du FBI rattachée à l'enquête.
- les couleurs. Toujours vives et pimpantes, elles sont ici magnifiées par les excentricités folles du célèbre Flower Power qui sévissait à l'époque! Le psychédélisme trouve, dans certaines de ces planches (principalement celle de la surboum des membres de l'Église de l'œil du Verseau!), de quoi nous en jeter plein la vue!
- des mises en pages efficaces et très originales. Ghyslain se surpasse, y allant de cadrages très variés, avec des vignettes trapézoïdales, des nombreux inserts, souvent circulaires... et même des gouttières roses, pour bien illustrer l'état d'esprit qui prévalait à San Francisco, lors de ce doux été de 1967... (Doux été où je complétais, moi-même, ma gestation au sein du ventre de ma mère! Mais ça, c'est une autre histoire!) Encore là, bravo, Ghyslain!
Autres
Grande nouveauté! Les aventures de MacGuffin et Alan Smithee quittent Perro éditions pour traverser la Grande Flaque! Je suis très heureux que Michel et Ghyslain aient pu se faire remarquer par les éditions du Tiroir, une nouvelle petite maison d'éditions belge qui leur donnera, à coup sûr, une belle visibilité sur le Vieux Continent. Chapeau, les gars, et longue vie à vos héros!
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