#09- LE DILEMME DE KHÉNA
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1980 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 4.5 / 6
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Voyage dans le temps pour sauver ses parents
Écrit le jeudi 04 août 2011 par PG Luneau
Depuis plusieurs jours, Khéna fait un rêve récurrent, au cours duquel une femme, vêtue de fringues médiévales, lui explique qu’elle vient à la fontaine aux Ours tous les jours… Khéna croit mordicus qu’il s’agit de sa mère, disparue depuis plusieurs années! Mais où diable se trouve cette fontaine??
Grâce à la machine de remémoration laissée par les Galaxiens à la fin du tome #7, machine qui permet de voir à l’écran toutes les images enregistrées consciemment ou non par notre cerveau, le Scrameustache parvient à faire une photographie assez juste du lieu que Khéna voit en songe, nuit après nuit. Et l’Oncle George n’est pas long à reconnaître, grâce à certains indices géographiques et architecturaux, que la mère biologique de son fils adoptif se trouverait non loin du petit village de Clamerouges, vers les années 1540!!!
Aussi abracadabrant que cela puisse paraître, nos trois amis y croient, puisque tous savent déjà que les vrais parents de Khéna ont disparu lors de l’utilisation de leur transmutateur (un genre de téléporteur), qui avait été saboté par un de leurs rivaux. Le Scrameustache avait bien expliqué (voir le tome #3) , aussi, qu’ils s’étaient fort probablement rematérialisés à un autre endroit, à une autre époque… mais qu’il n’y avait pas moyen de savoir ni quand, ni où!! Maintenant, grâce aux indices contenus dans le rêve obsessionnel de Khéna (qui le perçoit d’ailleurs plus comme un message que comme un rêve!), ils ont tout ce qu’il leur faut pour partir en expédition vers le XVIe siècle! Mais malgré leur belle préparation, les leçons d’escrime données par l’Oncle Georges et les superbes vêtements d’époque qu’ils se sont fait faire pour passer inaperçus là-bas, plusieurs embûches se dresseront devant eux! Parviendront-ils à retrouver la mère de Khéna? Et si c’est le cas, comment le jeune homme vivra-t-il ces retrouvailles? Chose certaine, le pauvre garçon sera confronté à des choix déchirants!
Wahou! Encore une fois, Gos nous donne un scénario qui se tient! Évitant tous les écueils qui se pointent quand on commence à jouer avec la trame temporelle d’un univers qu’on a créé, l’auteur est parvenu à pondre un récit crédible, enlevant, bourré d’action, d’humour, de suspense et d’émotion! L’intérêt du huitième tome n’était donc pas un feu de paille! Saura-t-il faire un «tour du chapeau» et nous enchanter tout autant avec son tome #9? Seul l’avenir nous le dira!
Plus grandes forces de cette BD :
- le grand nombre de recoupements et de renvois aux tomes précédents, pour différentes raisons! J’en suis vraiment étonné! Cela prouve que Gos travaille à garder une bonne cohérence entre tous les éléments qu’il met en place de récit en récit. Par exemple, la participation d’un Ramoucha à l’expédition nous rappelle à quel point ces bestioles, qu’on n’avait pas revues depuis le tome #3, sont agiles et sympathiques.
- le caméo de Papyrus, à la p.15!! Même si l’époque ne cadre pas du tout (nos héros survolent quand même l’Égypte du XVIe siècle, pas celle des pharaons!), l’intention est sympathique!
- des décors médiévaux très détaillés, très fournis. Comme pour le tome #8, j’hésite entre croire que Gos s’est surpassé, ou qu’il a fait appel à des assistants pour ses arrière-plans, car ceux-ci sont vraiment beaucoup plus beaux que dans les premiers tomes! Le bourg de Saint-Martin, tant sur la photo de la p.7 que dans le bas de la p.31, est vraiment joli. Il en va de même pour les bâtiments des p.18, 27 et 29, les scènes de village des p.25 et 26 ou même le simple jardin de la p.44.
- le plaisir d’enfin faire la connaissance des vrais parents de Khéna! Les émotions contradictoires que cette rencontre suscite chez le garçon ajoutent de plus une dimension supplémentaire au récit, une petite touche de profondeur non négligeable.
- un récit solide, relativement complexe et cohérent. C’est tout un plus, car ça aurait facilement pu dégénérer en un gros n’importe quoi, comme c’est trop souvent le cas quand on se risque aux voyages dans le temps. De plus, malgré le grand nombre de personnages secondaires, Gos parvient à gérer son scénario et à le garder assez compréhensible. En effet, entre le sénéchal, le bailli, le prévôt, le marquis et tous leurs soldats respectifs, il aurait été facile de nous perdre complètement! Encore là, Gos évite cet écueil. Chapeau à lui!
Ce qui m’a le plus agacé :
- une couverture intéressante, mais peut-être un peu trop révélatrice! Faisons abstraction du très mauvais choix de couleur pour le fond, le turquoise donne un look très old fashion tant cette couleur est passée de mode. Il reste que je suis aussi divisé que le semble Khéna!! J’aime l’idée du tiraillement du garçon illustré, littéralement, par ses deux demi-costumes, ses amis (celui du passé et ceux du futur, qui le tirent chacun de leur côté), et les deux phylactères qui nous font bien comprendre son dilemme. Mais n’est-ce pas vendre la mèche un peu trop vite? Surtout que le fameux dilemme ne correspond qu’aux deux dernières planches de l’album!! Je trouve que cette illustration nous enlève beaucoup du thrill de ne pas savoir vers quoi toutes les aventures des 44 premières pages vont nous mener!
- la très grande présence du texte dans les quatorze premières planches. Celles-ci sont exceptionnellement verbeuses. Ça donne beaucoup de gros phylactères, bien remplis, et ça noie les dessins. Il aurait fallu trouver un moyen moins lourd pour passer les mêmes informations, qui d’ailleurs ne sont peut-être pas toutes indispensables.
- le visage de Khéna, pas encore maîtrisé après neuf tomes!! Je ne sais trop pourquoi, mais j’ai toujours l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche dans le visage de ce personnage central, au moins une fois par planche. Autant Gos maîtrise parfaitement bien les têtes des Galaxiens et celle du Scrameustache, autant je trouve que les yeux de Khéna sont souvent un peu trop grands, ou exagérément trop ronds, ou décentrés… Et quand ce n’est pas ses yeux, ce sont ses cheveux : trop aplatis, trop ébouriffés… J’ai hâte de trouver un portrait de Khéna qui me satisfasse!
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