#22- CHRONIQUES GALAXIENNES
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS, Walter Goossens dit WALT
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS, Walter Goossens dit WALT
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1991 Nb. pages : 47
Style(s) narratif(s) : Courts récits
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique, Quotidien
Appréciation : 3 / 6
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Un coup de télé dans l'eau...
Écrit le vendredi 10 août 2012 par PG Luneau
Pour leur 22e tome, Gos et son fils Walt ont décidé de changer un peu. Pas de récit complet, cette fois : on fait dans le court! Mais contrairement au tome #15, où ils nous avaient présenté quatre courtes aventures de longueurs très variées, ici, ils ont opté pour des gags en quatre planches. Un genre de mariage entre le tome #17 (qui ne contenait que des gags en une planche) et le #15, quoi, pour le meilleur… mais aussi pour le pire!
Pour donner un semblant d’emballage à l’ensemble, le duo de bédéistes père-fils a pensé faire appel à une mise en contexte assez bien pensée : des Chroniques galaxiennes! Il s’agit en fait d’une émission de télé qui passe à heure de grande écoute et qui rejoint tous les Galaxiens via leur téléviseur. La formule? Des moins originales qui soient : un animateur, derrière son bureau, traite d’un sujet banal comme la pluie : les robots ménagers, l’art de faire des crêpes, le dur métier de pompier, l’impact d’une chaise berçante sur le Galaxien moyen (sans blague!)… Bref, des sujets qui, comme vous pouvez le constater, sont à la fine pointe de la science-fiction!!! ;-( Pour illustrer son thème, le vieil animateur y va d’une démonstration ou d’un film pris sur le vif (on ne sait d’ailleurs pas comment!!? Des caméras sont-elles cachées dans toutes les demeures galaxiennes? À moins que ce ne soient que des «reconstitutions»?).
Bref, on retrouve tout à fait la formule des inénarrables Rubrique-à-brac de Gotlib… mais le génie graphique en moins… et la totale absence d’originalité dans l’humour en plus! En somme, voilà un album qui ne soulève rien, qu’on oubliera aussitôt la dernière page retournée, tout juste bon à dérider (peut-être?) les plus jeunes amateurs du Scrameustache… Scrameustache qu’on ne voit d’ailleurs que sur quatre planches!!! Vivement quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent… mais est-ce trop demander à Gos et Walt? L’avenir nous dira si la pente descendante sur laquelle cette série s’est engagée continuera à s’accentuer!?!??
À lire aussi : mes critiques des 21 tomes précédents.
Plus grandes forces de cette BD :
- la formule. J’aime l’idée de gags étirés sur quatre planches (quelques fois plus). C’était novateur, du moins pour cette série, et ça promettait… (Remarquez ici l’usage que je fais de l’imparfait!)
- les enchaînements entre les différents épisodes, la plupart du temps avec un lien de sens. Chaque futur épisode est annoncé par la conclusion du précédent, ce qui assure une intéressante et très agréable continuité.
- le fait de revoir Oncle Georges! Il y avait si longtemps qu’on ne l’avait pas croisé que j’ai été très heureux de le retrouver ici dans un gag, même brièvement!
- la présence des Figueuleuses, du jeune Accusmala et d’une Ramouchate. Même si ni les Figueuleuses (dans le tome #19), ni les Accusmalas (dans le #4) ne m’ont transporté d’aise lors de leur apparition dans la série, j’aime le fait qu’un auteur reste fidèle aux éléments qu’il met en place. Ça assure une bonne cohésion de l’univers qu’il a créé.
- quelques gags plus efficaces… Malgré qu’ils soient très convenus et que j’aie presque honte d’avoir ri à des gags aussi éculés, je me dois d’être honnête : oui, les déboires de la pauvre bougresse d’accidentée et du Galaxien trop curieux m’ont fait plus que sourire, je m’en confesse!... La fatigue, sans doute!?
Ce qui m’a le plus agacé :
- l’horrible chef des pompiers galaxien! Sa barbe noire hirsute, calquée sur celle de Tondu, lui donne des airs de femelle gauchement travestie en gars pour passer inaperçue!
- la banalité des modes de vie et des stéréotypes galaxiens. Ce n’est pas la première fois que j’en parle : les auteurs passent complètement à côté de l’originalité! Studio télé tout ce qu’il y a de plus terrien, la femme au ménage et l’homme au labo ou à l’atelier, on fait des crêpes et on porte un plâtre, avec des béquilles ou une chaise roulante… Et on est supposés se trouver à des millions de kilomètres de la Terre??? Où est le dépaysement??? Ces bonshommes portent même des sombreros pour faire des fêtes mexicaines!! Sur une planète où 95% de la population n’a très certainement jamais entendu parler du Mexique!! Ô miracle : le camion de pompier et les ambulances sont AU MOINS sur coussin d’air!! Quelle avancée technologique!! S’ils veulent tant faire des gags domestiques à la Boule et Bill ou à la Cédric, pourquoi Gos et Walt utilisent-ils un contexte extraterrestre? C’est ridicule! Sans compter que leurs petits hommes verts se traitent de Béotiens et qu’ils utilisent le mot bernique (p.25) comme petit juron sympathique!! Il faut qu’ils soient bigrement cultivés, ces Galaxiens : plus des trois quarts de la population québécoise ne saurait situer la Béotie, et 95% de la province (dont moi!) n’a jamais entendu parler de ce petit coquillage que les Bretons appellent une bernique!! Allô la science-fiction!?!?
- l’humour tarte à la crème, souvent un peu nunuche. Je sais qu’il s’adressait à un jeune public, déjà, à l’époque de sa publication dans le journal Spirou, mais je me demande à quel point il fonctionnait alors!? Chose certaine, c’est un humour démodé qui passerait maintenant pas mal difficilement!
- la belle idée d’enrobage (les chroniques télévisées), riche en potentiel… mais si mal exploitée!! Les «films» qui se déroulent chez des particuliers (le couple avec le robot ménager, celui de la pauvre accidentée… et, surtout, celui à Chambon-les-Roses, aux p.8 à 10) sont réalisés on ne sait trop comment. Plusieurs thèmes sont plus «philosophiques» ou moraux (le tricheur, la fable) et n’ont rien de vraiment télévisuels… Tout cela est assez ordinaire, quoi!
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