#05- L'EFFET BABEL
Scénariste(s) : Éric CORBEYRAN, Achille BRAQUELAIRE
Dessinateur(s) : Luc BRAHY
Éditions : Dargaud
Collection : X
Série : Imago Mundi
Année : 2005 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/2)
Genre(s) : Thriller, Aventure
Appréciation : 5 / 6
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Du bonbon archéologique qui regorge d'aventures
Écrit le vendredi 20 août 2010 par PG Luneau
L’agence Imago Mundi, c’est un groupe de recherche archéologique super-spécialisé qui utilise des caméras, des sondes et des scanners en relation avec un ensemble de logiciels de recoupement de l’information hypersophistiqués dans le but de pouvoir localiser puis reconstituer à l’aide d’images virtuelles les infrastructures enfouies depuis des siècles sous terre ou au fond de l’océan. Le vieux suédois Harald Haarfager, fondateur de l’agence, a su s’entourer de deux cracs d’informatique doublés d’aventuriers n’ayant pas froid aux yeux : la volage mais très efficace Britannique Leia Lewis et Loïc Mellionnec, un Français taciturne qui adore le grand luxe.
Après deux passionnants dossiers rondement menés, chacun étalé sur deux tomes, notre trio d’experts entame maintenant un nouveau projet qui les entraîne en Irak, à la recherche des fondations de la ziggourat qui aurait été à l’origine du mythe de la tour de Babel. Dès leur arrivée, ils sont accueillis par deux archéologues irakiens… mais bien d’autres gens semblent s’intéresser à eux! On les sait surveillés et suivis… mais quand Leia est capturée dans un souk pour être étranglée, en guise d’avertissement pour les autres, rien ne va plus! Quelqu’un ne veut pas les voir déterrer ces vieilles pierres, c’est assez clair… mais qui? Et pourquoi le gouvernement irakien a-t-il libéré tant d’argent pour ce projet d’intérêt culturel alors que le pays n’est pas à moitié reconstruit depuis la dernière guerre? Il y a anguille sous roche, et Harald et Loïc feraient mieux de la découvrir, avec ou sans leurs scanners, avant qu’il ne soit trop tard!
Encore une fois, j’ai été complètement emporté par cette passionnante histoire concoctée par Brahy et Corbeyran. Que de suspense, que de mystère!... Cette série, malheureusement plutôt méconnue, mérite vraiment le détour. Son dosage entre les informations scientifiques ou techniques et les scènes d’action palpitantes est toujours adéquat. Les quatre premiers tomes étaient excellents, celui-ci suit la cadence! Le seul tout petit bémol que j’apporterais serait au niveau du dessin. S’il demeure très correct, il lui faudrait juste d’une petite touche de raffinement qui rajouterait le petit oumpf qui manque pour en faire un must incontournable.
Chose certaine, comme à chaque fois que je débute l’une des palpitantes missions de cette agence, j’ai hyper hâte d’en lire la conclusion dans le tome suivant… ce que je m’en vais faire, à l’instant!
Plus grandes forces de cette BD :
- la couverture, qui forme un diptyque avec la couverture du tome suivant. Cette formule est exploitée depuis le tome #1, et je trouve ça très original. Ça marque bien la complémentarité entre les deux albums qui couvrent le début et la fin d’une même mission.
- l’appellation «Dossier» pour désigner les récits. Ça rajoute de la véracité… car les auteurs mettent vraiment tout en œuvre pour qu’on croie à l’existence réelle de cette agence aux technologies de pointe. De plus, les quatrièmes de couverture nous donnent, dès que c’est possible, le titre des deux tomes qui constitueront le dossier «à venir».
- la petite précision, en exergue, sur le fait que ce scénario a été rédigé AVANT la guerre d’Irak de 2003, et n’a donc rien de commun avec ce qui s’y est passé, même si l’album a été publié en 2005. Ça n’a donc rien d’historique, et cette avertissement fait un peu office de «toutes ressemblances possibles seraient le fruit du hasard»…
- le fait d’en apprendre un petit peu plus sur le passé d’un personnage à chaque album. Cette fois-ci, c’est un événement de la jeunesse de Leia (un bizutage qu’elle a subit et qui a mal tourné) qui nous éclaire sur certains de ses comportements.
- la beauté du site où se terre le quartier général d’Imago Mundi. Cette maison sur pilotis avec tout le confort possible, au pied d’une interminable chute, dans la verdure, semble très accueillante. J’aimerais bien m’y inviter!
- les dominances de tons bien marquées pour chacune des scènes. Quand on tourne une page, on comprend tout de suite, en un seul coup d’œil si les deux pages qui apparaissent sous nos yeux sont la suite de la scène qu’on lisait ou une nouvelle, juste par l’éclat des couleurs qui changent radicalement de ton entre chaque séquence de l’histoire. Du beau travail de pro, bravo à Bérangère Marcquebreucq… que je soupçonne, avec un nom pareil, d’être bretonne!!
- l’entrée en scène d’un nouveau personnage : Phil Barnes, journaliste… et, accessoirement, nouvel amant de Leia! Celle-ci nous avait habitués aux amants de passage, ce qui en faisait une héroïne émancipée et affranchie qui s’assumait pleinement, une originale rareté en BD. Cette fois-ci, selon ses propres dires, ça semble plus important : Phil prend une plus grande place dans son cœur… et dans le récit!
- les récits toujours en deux tomes. Ça permet des enquêtes d’une belle longueur mais qui ne s’éternisent pas dans les détails. Et ça rassure le consommateur de savoir que son récit aura une fin qu’il connaîtra… de son vivant!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le dessin. Il est efficace et assez soigné, mais demeure un peu ordinaire. Il n’a rien de transcendant, et c’est bien dommage. Mais il y a de l’espoir, car on peut constater une très nette amélioration entre le tome #1 et celui-ci!
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