#01- CHILI CON CARNAGE
Scénariste(s) : Wilfrid LUPANO
Dessinateur(s) : Paul SALOMONE
Éditions : Delcourt
Collection : Conquistador
Série : Homme qui n'aimait pas les armes à feu
Année : 2011 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Western / Amérindiens / Nlle-France
Appréciation : 5.5 / 6
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le Meilleur chili de toute ma vie!!
Écrit le jeudi 31 janvier 2013 par PG Luneau
Il m’arrive parfois d’avoir envie de me plonger dans un bon western, surtout quand celui-ci est illustré avec style… J’avais été comblé, il y a déjà presque deux ans, par les Enquêtes d’Andrew Barrymore… Mais cette fois-ci, avec ce superbe album de Wilfrid Lupano, magnifiquement illustré des traits fins et parfaitement maîtrisés de Paul Salomone, je suis plus que comblé! Quel délice que cette nouvelle série au nom aussi interminable que trompeur : l’Homme qui n’aimait pas les armes à feu!!
J’ai été littéralement envoûté par cette histoire de dandies qui se lancent à l’assaut d’une troupe de bandidos latinos. L’action (qui y déboule allégrement!) et les chaudes couleurs solaires de Lorenzo Pieri m’ont emballé dès les premières pages, tout comme l’humour fin et véritablement amusant qui se dégage de l’ensemble, amené principalement par les personnalités fortes et souvent atypiques des personnages qu’on croise. Mais qui sont-ils, ces protagonistes? Les voici : un prétentieux Pied-Tendre à la Lucky Luke, à la langue bien pendue; un mastodonte cromagnonesque à la Martin Mystère (pour les connaisseurs!)... et à la langue particulièrement «dépendue» (!?!) , une envoûtante bimbo qui semble tout droit sortie du film les Pétroleuses… (mais ne dévoilerais-je pas un peu trop mon âge en nommant ici ce film de série B, avec Claudia Cardinale et Brigitte Bardot, que j’ai vu au cinéma il y a des lustres, quand j’étais préadolescent??!!) ainsi qu’un pitoyable gringalet qui tombe amoureux d’elle et un chef de guérilleros à la large poitrine tatouée d’un crucifix presque aussi grand que celui qui a supporté le Christ lui-même!!
Imaginez tout ce beau monde (ainsi qu’un mystérieux vieillard amérindien, au dialecte totalement incompréhensible, mais pas muet pour autant!!) baignant dans un univers à la Sergio Leone, toujours à la poursuite les uns des autres, chacun pour une raison différente! Wow!
Sincèrement, j’étais sur le point de donner une note parfaite à cet album, un beau 6/6… puis je me suis ravisé, compte tenu du fait que ça ne reste qu’un album léger, bien écrit, certes (les dialogues sont souvent tordants!!), mais ne visant qu’à divertir ses lecteurs sans qu’ils se prennent la tête… C’est donc l’absence de thème «à réfléchir» (contrairement à des œuvres-phares comme Maüs ou Paul à Québec) qui a retenu mon ardeur et m’a fait me raviser : un 5,5, c’est plus qu’excellent quand même, non??!! ;^) Mais ma réaction soulève une question intéressante : est-ce qu’une œuvre ludique, strictement destinée à raconter une histoire, sans thématique particulièrement songée ou profonde, mérite de recevoir une note parfaite?? J’avoue que je m’interroge grandement… et que votre opinion m’aiderait sûrement à trancher la question!! N’hésitez donc pas à enrichir ma réflexion en m’écrivant votre point de vue!!
En ce qui concerne ma lecture, elle m’a ravi tout du long!!… J’ai littéralement tout adoré, tant graphiquement (couleurs, décors, postures et mimiques des personnages…) que scénaristiquement parlant (des persos riches, une intrigue solide, des rebondissements inattendus… et une finale surprenante, que je n’ai jamais vu venir!)! Et le plus beau de l’affaire, c’est que le deuxième tome paraît… ces jours-ci (en Europe, du moins : maudits chanceux!! ;^) )!! À n’en point douter, je vais me lancer chez mon libraire sitôt qu’il traversera l’Atlantique!!
Chili con carnage, un chouette western spaghetti à dévorer sans ambages!!... Dès 14 ans.
Plus grandes forces de cette BD :
- tous les dessins, tant la couverture, sublime, que les pages de garde ou toutes celles de l’album!!... Et que dire des splendides robes de la Margot : elles feront saliver toutes les lectrices, j’en suis sûr!! Salomone a vraiment un style qui m’enchante : raffiné et très pur, ce qui colle parfaitement bien avec le petit côté collet monté du personnage principal, mais avec juste ce qu’il faut de petites imperfections, de petits traits de travers, pour souligner la rudesse des caractères et des modes de vie de cet Ouest sauvage de 1899. Pour ma part, il est clair que je note le nom de ce bédéiste dans ma liste d’artistes à suivre!!
- les personnages, typés mais atypiques!! Je les aime tous, pour diverses raisons!! Peck, pour son ton parfaitement tordant et ses manières agréablement incongrues dans un tel contexte; monsieur Hoggaard et ses tonitruants borborygmes, que je me suis amusé à tenter de comprendre par moi-même, avant que Peck nous les «traduise»; la belle Margot et son cran impétueux, contrastant agréablement avec ses airs candides et sophistiqués; Tim et sa naïveté de jeune gringalet amoureux… Même le vieil Amérindien est si intéressant qu’on a envie de lire ses énormes phylactères… même s’ils ne sont remplis que de longs charabias totalement incompréhensibles!! ;^)
- l’humour, souvent décalé, tant dans les propos que dans le visuel de l’album… Par exemple, j’adore les facéties protocolaires du pointilleux dandy, en plein cœur du désert sauvage d’Arizona… Ou quand la belle de Garine s’entretient, de manière tout à fait contrôlée, avec le chef des Mexicains… alors que c’est le carnage autour d’eux!! Tout l’album est à prendre avec un amusant grain de sel!
- les très nombreuses répliques en espagnol, non traduites!! En temps normal, j’aurais probablement souligné cet aspect dans la liste de mes agacements, mais ici, j’étais apparemment près à jouer le jeu du traducteur… Et, ma foi, malgré que je ne connaisse rien à cette langue, j’ai pu comprendre assez bien la grande majorité des répliques que s’adressent ces bandidos de grands chemins, par recoupements ou analyses étymologiques!! Je ne suis pas peu fier de moi!
- les vignettes rondes au fini lustré, représentant les vues de la lorgnette. Qu’elle belle façon de varier la mise en page et de nous faire comprendre que quelqu’un utilise la longue-vue de Peck!!
- la construction de l’intrigue, avec sa belle alternance de moments trépidants et de pauses plus calmes, plus propices aux confidences. On n’a jamais cette impression de lourdeur qui se dégage souvent des premiers tomes de série, parce qu’ils doivent généralement mettre en place bien des éléments!! Ici, ce qui nous est présenté l’est de manière efficace, fine, dosée et intelligente… et ce qu’on ne nous dit pas nous met l’eau à la bouche pour la suite!! Les auteurs relèvent le défi avec brio!! Et, je me répète, quel revirement génial, à la fin!!...
Ce qui m’a le plus agacé :
- presque rien!! Non mais sans blague : cet album est passé très proche de devenir le second (sur 318 critiques – l’autre étant le premier tome de la série les Démons d’Alexia), sur lequel je n’aurais eu que du positif à dire!! Mais je me suis souvenu d’un petit quelque chose : à la p.11, Manolo invite la belle de Garine en l’appelant par son patronyme… alors qu’elle ne s’est jamais présentée à lui!!?? C’est à croire que le moment où elle donnait son nom à son agresseur est disparu au cours des différentes étapes de réécriture, sans que personne ne le remarque!!?
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