#03- IL FAUT SAUVER LE SORCIER COVER
Scénariste(s) : Pierre VEYS
Dessinateur(s) : Cristobal ESDRAS
Éditions : Delcourt
Collection : X
Série : Harry Cover
Année : 2008 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Humour parodique, Fantastique humoristique
Appréciation : 3.5 / 6
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Du parodique au lucratif ?
Écrit le samedi 18 juillet 2009 par PG Luneau
Voici le troisième tome de la série «Harry Cover, l’ensorcelante parodie!» Le premier tome était, en effet, une satire tout ce qu’il y a de plus grinçante du désormais incontournable univers mis en place par J.K. Rowling dans sa série de roman «Harry Potter». On y trouvait un Dumbledore rasta, au look jamaïcain, fumant de gros pétards et toujours dans les vapes… une «pitoune» des plus sexies, toujours prête à se foutre à poil et portant le judicieux prénom d’ «Hormone»… un méchant, «Boldemorve», qui posait nu pour des calendriers érotiques… et ils étaient tous entourés d’horribles Gremlins! Même le Père Noël passait à la moulinette du sarcasme, lui qui se voyait entouré de rennes en bobettes, portants des piercings aux sourcils et aux mamelons! Bref, c’était du grand n’importe quoi, ça ce voulait plus que mordant, et le dessin, de Baka, était à l’avenant, gras et crado.
Depuis, un autre dessinateur a pris la relève, dès le tome #2 : Cristobal Esdras. Sans même chercher à se rapprocher des personnages créés par Baka, il a repris leur silhouette en entier, redonnant à «Dumbledemeur» son allure de sympathique grand-papa, à «Hormone» son look de jeune fille rangée, et à tout l’environnement un style tout à fait conforme à ce que Rowling nous a décrit dans ses romans. C’est même à se demander pourquoi la maison d’éditions a choisi de considérer les tomes #2 et 3 dans la même série que le premier, tellement ils n’ont aucun rapport ensemble, sinon les prénoms déformés des personnages!
En fait, ça donne vraiment l’impression que Pierre Veys, le génial scénariste de Baker street (entre autres), a voulu faire une parodie, méchante à souhait, mais que, le succès aidant, on lui ai commandé une suite, beaucoup plus gentillette et traditionnelle… peut-être pour faire concurrence à la série «le Collège invisible», qui joue exactement dans ce créneau, chez la maison d’éditions rivale?!
Bref, nous voici en présence du tome #3, mais qui est en fait le deuxième tome de la version «allégée» de cette soit disant «Ensorcelante» parodie. En changeant de ton, cette nouvelle mouture se veut beaucoup plus tout public. En voici le résumé :
Quand Harry et ses amis Pron et Hormone rentrent au collège de Poudrozieu, après une escapade au pôle nord, ils apprennent que leur directeur, Dumbledemeur, a disparu. On les charge donc d’aller dans le passé, comme ils l’ont fait dans le tome #2, pour aller interroger le jeune Dumbledemeur, question de savoir ce qu’il fera dans le futur, le jour de sa future disparition… (Bon, déjà, on sent que le scénario boîte un peu… enfin…)
Rendu dans la cambuse du jeune Dumbledemeur (située, accessoirement, en France?!!?), le trio de jeunes sorciers découvre que même ce Dumbledemeur a disparu, lors d’un combat avec une mystérieuse sorcière voilée. Pire encore : quelques minutes auparavant, il a perdu la boule de cristal dans laquelle il retenait l’infâme Boldemorve, leur ennemi de toujours, aux mains d’une jeune bergère nommée Jeanne d’Arc! L’ignoble créature embobinera l’innocente pucelle et la convaincra qu’il faut craindre les Anglois, qui cherchent sans doute à envahir la France!
Nous y voici : c’est nul autre que Boldemorve qui est à l’origine de la guerre de Cent ans! Il fallait y penser! Le reste du scénario est à l’avenant, avec quelques rebondissements, quelques invraisemblances, beaucoup d’humour…
Bref, si vous voulez faire un bon cadeau à votre petit-fils de 10 ans, optez pour les tomes #2 et 3 de cette série, corrects et conformes… et oubliez le décapant tome #1, qui n’a rien à voir et que vous devriez plutôt offrir à son rebelle de grand frère de 15 ans!
Plus grandes forces de cette BD :
- le dessin caricatural est très maîtrisé, avec un beau souci du décor bien rempli.
- les couleurs éclatantes donnent de la vie à tout le récit, surtout lors des incontournables tours de magie. Ceux-ci sont rendus flamboyants par l’utilisation d’effets spéciaux (ombrages, éclairs ultra-lumineux, etc.).
- il est amusant de retrouver les personnages de Rowling dans d’autres contextes, plus légers, un peu comme s’ils faisaient du théâtre d’été!!?!
- les perpétuelles chicanes entre Pron et Hormone nous rappellent bien celles des Ron et Hermione originaux.
- la tronche de Boldemorve/Voldemort est mignonne.
Ce qui m’a le plus agacé :
- ce tome est à suivre!! J’ai été d’autant plus surpris que les deux premiers tomes de la série sont des récits complets. Je ne m’attendais pas à finir en plein combat… et à devoir attendre, comme trop souvent, un an ou deux avant de connaître le dénouement!
- l’inadéquation entre le tome #1 et les deux autres : on dirait que ce qui ne devait être qu’une parodie épisodique est devenu une série obligée (voir ci-haut pour les détails)…
- le titre n’a rien à voir avec le récit (c’est Dumbledemeur qui est en danger!?) et la couverture est trompeuse : elle montre une action qui se situe juste après la dernière case de l’album… En fait, elle nous présente la première case du tome suivant !
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