#05 - ONZE RACINES
Scénariste(s) : Christophe ARLESTON
Dessinateur(s) : Philippe PELLET
Éditions : Soleil
Collection : X
Série : Forêts d'Opale
Année : 2007 Nb. pages : 49
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (5/9)
Genre(s) : Heroic fantasy
Appréciation : 5 / 6
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En quête d'un guide... vers la Force!
Écrit le jeudi 10 janvier 2013 par PG Luneau
Maintenant qu’ils détiennent le grimoire de Cohars et le code pour le décrypter, Darko et ses amis veulent atteindre le village de Onze Racines. C’est apparemment là qu’ils trouveront le dernier sage shelmilis encore éveillé, seule créature apte à initier Darko aux précieux secrets du grimoire de son ancêtre. Mais l’épopée ne sera pas de tout repos! D’abord, Onze Racines se cache (très bien, d’ailleurs!!) dans la jungle mardoze, un écosystème qui laisse peu de chances aux visiteurs de passage. Puis, en plus des Paladins de la Lumière qui les pourchassent encore et toujours, voilà que l’armée mardoze cherche à les interroger! Bref, les pépins s’enchaînent les uns après les autres… avec parfois, heureusement, quelques oasis plus reposants… mais toujours aussi surprenants!!
C’est avec un réel plaisir que j’ai repris ma lecture de la série les Forêts d’Opale, après quelques mois de disette bédéesque. Que de bonheur! D’abord, graphiquement : les dessins de Pellet et les couleurs de Goussale font merveilles! Chaque vignette est magnifiée par le trait précis et fin de Pellet, quasi-photographique… mais sans être surchargée par les jeux d’ombrage qui alourdissent souvent ce style. À la place, ce sont des à-plats de couleur très franche qui viennent égayer le tout, donnant à l’ensemble la même touche de légèreté qu’on retrouve dans l’humour qu’Arleston parsème au gré de son scénario!
Car bien que le fond de l’histoire reste dramatique (avec même, parfois, des pointes de tragique), Arleston réussit toujours à glisser, de-ci de-là, un gag, une référence amusante, un clin d’œil… ou une exagération hollywoodienne qui nous rassure sur son état d’esprit : le bougre travaille sérieusement… mais sans jamais se prendre au sérieux!
Oui, le récit reste très classique, tant dans sa structure (d’une linéarité exemplaire) que dans l’exploitation des stéréotypes de l’heroic fantasy (quête, magie, alliés, mentors, poursuites, bestiaire…). Les grands amateurs du genre trouveront peut-être que l’ensemble fait un peu déjà vu. C’est en partie vrai, tout comme l’adage qui dit que tout a déjà été écrit!! L’originalité se trouve dans l’amalgame et le dosage de tous ces ingrédients. Et sur ce point, je juge qu’Arleston réussit à parfaitement bien lier la sauce. La preuve? : le super Ghörg n’apparaît même pas dans ce tome (une première!)… et son absence ne se fait pas sentir!! C’est dire à quel point les nombreux rebondissements sont suffisamment poignants et enlevants! D’autant plus que les illustrations de Pellet sont toujours aussi impressionnantes!
Finalement, moi, les Forêts d’Opale, j’aime beaucoup ça… Peut-être parce que j’y retrouve l’esprit des parties de jeux de rôles que j’aime tant?! De toute façon, je suis à peu près sûr que vous aimerez aussi!! Alors, laissez-vous tenter : vous m’en donnerez des nouvelles!!
À lire aussi : mes critiques des quatre premiers tomes.
Plus grandes forces de cette BD :
- les couleurs, toujours ultra-brillantes, et toujours de Goussale. Certains n’aiment pas trop, les jugeant un peu trop criardes, moi j’adore!!
- l’originalité des bestioles, tant les méchantes que les charmantes! Les plantes carnivores et les méduses volantes sont flippantes à souhait, contrairement aux chouettes Shelmilis et aux Feuleurs, à qui j’attribue une mention spéciale tant ce peuple de perruches humanoïdes est amusant, sympathique et bon enfant !!
- le retour de plusieurs personnages secondaires. J’ai bien aimé retrouver la perfide duchesse du tome précédent… d’autant plus qu’elle subit maintenant le retour du balancier!! J’ai aussi aimé revoir le vieux maître de Xarchias (celui qui semble être le seul en mesure de lui tenir tête!!). Et que dire de la réapparition du puissant démon du onzième cercle que Ghörg était parvenu à jeter en bas de l’escalier des dix mille marches, à la fin du tome précédent… sinon qu’il augure très très mal pour nos amis!!
- le sortilège du prêtre qui parvient, à la p.16, à littéralement liquéfier son opposant! D’ailleurs, les liquides corrosifs ou bouillonnants sont particulièrement bien présents dans ce tome, et d’une dégoûtante efficacité, tant visuelle que morale (p.10 et 11)!!
- le chouette refuge que constitue Onze Racines. On peut maintenant le considérer comme le «siège officiel» de la Résistance au clergé!! C’est rassurant de savoir que Darko et ses amis ne sont pas les seuls à vouloir le faire tomber, celui-là!! De plus, la superbe représentation de cette ville sylvestre (à la p.21) est à tout à fait à la hauteur du concept!
- l’humour, encore! Malgré l’absence de Ghörg, Arleston a réussi à placer un superbe clin d’œil à Yoda, à la p.31 (ainsi, apparemment, qu’un autre au Karaté Kid, si j’en crois le site du Placard à BD!
- la division du récit. Chaque tome comporte une étape bien circonscrite de la quête de Darko. Celle-ci progresse bien, mission après mission : d’abord, le bracelet, puis le grimoire, puis le code du grimoire, maintenant un guide… Cette construction, quoique simple et linéaire, est très efficace, et chacune de ces étapes est relativement originale.
Ce qui m’a le plus agacé :
- la couverture. Quoique surprenante, elle est un peu décevante sur le plan du décor!…
- la calligraphie, très souvent confondante. Les lettres sont souvent trop serrées, les LI ressemblent à des carrés sans barre supérieure, de même que les LU. C’est difficile à décoder, surtout dans les noms de lieux, de personnages ou de races.
- encore une fois, je réitère ma constatation : il y a trop de races humanoïdes différentes dans cette série!! Surtout que chacune de ces races semble composée d’un seul individu!! C’est ridicule! Par exemple, ce serait logique de revoir d’autres ursidés comme le brigand rencontré dans les geôles de Nénuphe, ou d’autres créatures elfiques à peau violette et aux oreilles pointues, comme ce vendeur de vêtements croisé dans le tome #3. Il aurait été simple, il me semble, de choisir deux races déjà exploitées pour personnifier les deux aventuriers qu’on croise dès la première page de ce tome-ci, plutôt que d’inventer ENCORE deux nouvelles races… qu’on ne recroisera probablement jamais! C’est bien beau, la créativité, mais si toutes ces bestioles sont seules au monde, comme on finit par nous le faire croire, ça nuit grandement à leur crédibilité!…
- la perspective du village, à la p.12. Pellet y est allé d’un dessin qui se voulait audacieux… mais l’effet est complètement raté parce que ses lignes de fuite sont complètement distordues!
- la finale, à partir de la p.38. Le combat contre les Azornes, puis l’escalade de l’Arbre et les épreuves du sommet, tout ça semble un peu trop garroché : je dirais même que c’est presque trop expéditif : on sent le décompte des pages…. et ce n’est pas pour rien que les auteurs ont dépassé le format standard et tapent les 49 pages!!
- l’absence de Ghörg… Mais comme je le disais plus haut, celle-ci et, conséquemment, l’absence de son humour décalé ne se font pas trop sentir, heureusement… J’imagine qu’on ne sera que plus heureux de le retrouver, la fois prochaine!!
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