#05- FAUX TÉMOIN
Scénariste(s) : Pascal ROMAN
Dessinateur(s) : Félix MEYNET
Éditions : Dargaud
Collection : X
Série : Double M
Année : 1996 Nb. pages : 52
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Humour
Appréciation : 4.5 / 6
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Traquenard pour un pauvre bellâtre de Haute-Savoie
Écrit le mardi 11 septembre 2012 par PG Luneau
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un album dessiné par Félix Meynet… mais sa venue au ComicCon de Montréal 2012, la fin de semaine prochaine, m’a encouragé à m’y remettre! J’ai donc jeté mon dévolu sur l’unique tome de Double M que je n’avais pas encore lu, c’est-à-dire le #5, Faux témoin. Depuis le temps où sa couverture, avec la belle Mirabelle en robe de mariée et le pauvre Melchior, menottes au poing, me mettait l’eau à la bouche!! Je n’ai pas été déçu!
L’intrigue débute alors que les proches de Melchior s’inquiètent de ses mystérieuses allées et venues. Serait-ce une jolie fille qui serait à l’origine de ses fréquentes sorties, de ses nombreuses absences et de ses petits voyages à Lausanne, au moment même où la ville héberge une exposition d’artéfacts celtes de grande valeur, datant de l’Antiquité? Les choses se gâtent sérieusement lorsque des inspecteurs de police arrivent chez lui pour l’inculper, l’accusant de complicité dans un vol de bijoux et de statuettes en bronze, au musée où il a été vu à plusieurs reprises, les jours précédents le crime!!
Quoi!?! Melchior, le parfait héros, le preux chevalier, l’honnêteté faite homme, lui, coupable de vol???!! C’est le monde à l’envers!?! Heureusement pour lui, un copain de longue date l’aide à prendre le large! Le charmant fugitif en profite pour retrouver sa complice de toujours, Mirabelle… et pour lui demander de le cacher!! Le problème, c’est que toutes les preuves jouent en défaveur du pauvre guide de montagne, et que la splendide journaliste en vient à ne plus savoir qui croire, des autorités ou du jeune homme, aussi séduisant soit-il!!
Malgré ses nombreuses ellipses, pas toujours clairement identifiées (il y a de fréquents sauts dans le temps, mais on n’en connaît jamais la durée, qui peut aller de quelques heures à quelques semaines!!), ce récit nous offre une très agréable aventure policière, sur un ton tout empreint de légèreté, celui-là même auquel les autres tomes de la série nous avaient habitués! Dans un style sixties très rafraîchissant, qui rappelle les films avec Carry Grant ou Audrey Hepburn, Pascal Roman nous entraîne dans une folle enquête où sa superbe héroïne (qui allie le look de Brigitte Bardot, la dégaine de Doris Day et la classe de Grace Kelly) jouera avec le feu et se rapprochera très intimement d’un individu peut-être moins recommandable qu’il n’y paraît… au point, même, de se laisser prendre au doux piège de l’amour?!?!
Si vous avez envie de passer une petite heure à vous replonger dans les charmantes ambiances des films des années 50 et 60 (ou celles de la toute récente série Pan Am!!), n’hésitez surtout pas à vous enfiler un des albums de cette série méconnue, Double M : Melchior et Mirabelle vous entraîneront toujours dans des aventures qui en valent la peine! Dès douze ans.
À lire aussi : ma critique du tome #4.
Plus grandes forces de cette BD :
- les beaux paysages de la Haute-Savoie… dont on ne profite pas tant que ça, puisque l’intrigue ne tarde pas à se déplacer vers Lausanne et Saint-Tropez!
- la relation toujours aussi cocasse, empreinte d’une sourde jalousie, de désirs non-exprimés et de sous-entendus, entre la belle Mirabelle et son Melchior adoré. C’est un des cachets principaux de la série, et on le retrouve dans tous les albums! Finiront-ils ensemble un jour?!?!
- l’ambiance très Charade, vraiment représentative des années fin 50 début 60. On est en présence d’une aventure léchée au possible, ce qui enlève évidemment au réalisme (j’ai du mal à croire que Melchior puisse se baigner dans la mer avec sa petite perruque noire sans qu’aucun de ses poils blonds ne dépasse!!). En contre partie, ce petit côté trop propret ajoute vraiment un tendre parfum de nostalgie qui me fait fondre : la vie avait tellement l’air plus simple, à l’époque de Diamant sur Canapé ou des comédies de Jerry Lewis!!
- une intrigue simple, mais enlevante. On ne se prend pas la tête, mais les revirements ne sont pas illogiques pour autant! Le pauvre Melchior s’est vraiment mis les pieds dans un méchant guêpier!!
- le personnage d’Enzo Martini. En fait, les auteurs lui ont donné la tronche (et – presque – le nom!) de leur ami, le célèbre bédéiste Enrico Marini, celui qui dessine, notamment, les séries le Scorpion et Gipsy… Ce même Gipsy qu’on retrouve sur une affiche de cinéma, sur les murs du bureau du personnage, dans le bas de la p.30!! (Merci, Dans la bulle, pour ces précieuses découvertes!! )
- la pétulante Mamma! Quel personnage coloré et rafraichissant!! Elle est caricaturale à souhait, mais on s’en fout : elle ajoute une chouette dose de bonne humeur à l’ensemble!
- l’amusant clin d’œil à Louis de Funès, à la dernière planche! Un gendarme de St-Tropez se devait, bien sûr, d’avoir la bouille du génialissime acteur comique!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les dessins, parfois inconstants. Certains visages varient en proportions ou en formes… mais, à la limite, on pourrait stipuler que ça ajoute à la légèreté de l’ensemble!! ;-)
- les couleurs, vives à souhait… mais appliquées un peu trop à la va-vite. J’aurais apprécié un peu plus de soin, mais je ne saurais dire si le problème vient de la colorisation comme telle ou d’une mauvaise qualité d’impression!
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