#03- 52 (TOME #3)
Scénariste(s) : Geoff JOHNS, Grant MORRISON, Greg RUCKA, Mark WAID, Keith GIFFEN
Dessinateur(s) : Joe BENNETT, Chris BATISTA, Tom DERENICK, Jamal IGLE, Phil JIMENEZ, Drew JOHNSON, Dan JURGENS, Shawn MOLL, Patrick OLLIFFE, Joe PRADO, Andy SMITH, Duncan ROULEAU, Eddy BARROWS, Giuseppe CAMUNCOLI, JUSTINIANO , Mike McKONE, Darick ROBERTSON, J.G. JONES, Jon BOGDANOVE
Éditions : Urban Comics / DC
Collection : DC Classiques
Série : 52
Année : 2006 Nb. pages : 320
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (3 et 4 de 4) (Comics)
Genre(s) : Superhéros / Justicier masqué
Appréciation : 4 / 6
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la Fin d'Une année dans la peau des super-héros
Écrit le dimanche 13 décembre 2020 par PG Luneau
Tomes lus : #03 (Dess. : Joe BENNETT, Chris BATISTA, Tom DERENICK, Jamal IGLE, Phil JIMENEZ, Drew JOHNSON, Dan JURGENS, Shawn MOLL, Patrick OLLIFFE, Joe PRADO, Andy SMITH, Duncan ROULEAU)
#04 (Dess. : Eddy BARROWS, Joe BENNETT, Chris BATISTA, Jamal IGLE, Dan JURGENS, Patrick OLLIFFE, Giuseppe CAMUNCOLI, JUSTINIANO, Mike McKONE, Darick ROBERTSON, J.G. JONES, Jon BOGDANOVE, 344 p.)
C'est quoi?
Comme vous vous en doutez bien, il s'agit de la conclusion de l'intégrale dont je vous ai parlé, il y a quelques mois : 52. On y suit une flopée de superhéros de seconde zone qui sont aux prises avec les traditionnels «méchants», alors que Superman, Batman ET Wonder Woman ont été mis sur le banc de touche, suite à une série d'événements racontés dans Infinite crisis, une série antérieure.
Il y a d'abord Ralph Dibny, alias Extensiman (bien qu'il ne fasse usage de ses pouvoirs à aucune occasion au cours des 1300 quelques pages de toute l'intégrale!), qui poursuit son impossible quête pour ramener sa femme à la vie, en compagnie du casque parlant de Fate... Renée Montaya, policière de Gotham en profonde dépression, qui fera un pèlerinage jusqu'à Nanda Pardat pour se convaincre de reprendre le flambeau de son complice, la Question, puis qui assistera Batwoman (pour qui elle a une attirance certaine!) dans sa croisade contre les criminels de l'Intergang... Lex Luthor qui commercialise sa découverte : une programmation génétique qui inocule de superhabiletés à quiconque le désire (ce faisant, il crée des tonnes de nouveaux superhéros non-qualifiés!)... John Henry Irons, alias Steel, qui aura fort à faire pour sortir sa nièce Natasha des griffes du businessman mégalomane...
Ailleurs dans le monde, ajoutons que tous les savants fous de la planète ont été regroupés sur l'île de Oolong par le machiavélique Chang Tzu (un grotesque Humpty Dumpty géant!? :^P) et mettent leurs esprits malades en commun pour créer les méga-robots les plus meurtriers de tous les temps... et que Black Adam, à la tête du Kahndak, découvre tous les bienfaits qu'apporte l'amour d'une épouse et d'un (presque) fils... mais aussi toute la souffrance qu'engendre leur disparition!
Finalement, n'oublions pas Adam Strange, Starfire et Animal Man qui poursuivent tant bien que mal leur odyssée pour revenir vers la Terre, eux qui ont été parachutés à l'autre bout de la galaxie. Ils croiseront bien des dangers sur leur route, mais quelques alliés inattendus, aussi, dont un certain Lobo, devenu prêcheur liturgique!??
Qui donc parviendra à faire le grand ménage dans tout ce fatras? Certainement pas Booster Gold, qui s'est sacrifié à la fin du second tome de cette saga! Est-ce qu'un gars comme Rip Hunter pourrait s'en mêler? Mais où se cache-t-il? Skeet, le mini-robot de Booster Gold, aimerait bien le découvrir...
C'est comment?
Je ne peux que me répéter : c'est du lourd... au propre comme au figuré!! ;^) D'abord, on parle d'un total de plus de 660 pages (1300, si on compte les 4 tomes!), toutes en papier glacé, reliées à une couverture cartonnée. Traîner ces 4 tomes est une belle façon de développer ses biceps (ou sa scoliose, c'est selon! ;^D. Puis, il faut savoir qu'il y a près d'une dizaine de trames principales, qui s'entrecoupent assez régulièrement! Quand on compte 3 ou 4 personnages principaux par trame, plus des tonnes de persos secondaires, très souvent tirés des récits les moins populaires de la franchise, il faut s'attendre à être un peu perdu... à moins d'être une encyclopédie DC sur deux pattes... ou de prendre des notes!
J'ai opté pour cette dernière option mais, quand bien même, j'ai galéré... et je ne suis pas certain d'avoir tout compris!? Et surtout pas la finale explicative remplie de technobabillage, où Rip Hunter, Supernova et (divulgâchage à l'horizon!) Booster Gold se gorgent de multivers, d'anomalies dans le continuum temporel, de duplications autopréservatives de monde et de plans vibrationnels... Pfiou! Mais le sublime de la chose, c'est que, malgré tout, j'ai beaucoup aimé l'expérience!! :^o
Oui, certains passages ou certaines trames m'ont déboussolé ou laissé de glace, mais la touffeur de l'ensemble a ceci de bon que j'avais largement l'occasion de trouver, dans le lot, d'autres passages qui ont su me combler! Ainsi, la découverte de certains personnages vraiment chouettes, tant chez les héros que chez les vilains, m'a apporté beaucoup de plaisir. Plusieurs punchs m'ont littéralement jeté sur le derrière (principalement ceux en lien avec Lex Luthor, mais pas que), et m'ont fait vivre de beaux moments d'émotions fortes. Bref, le tout en vaut bien la chandelle, au bout du compte! Et si l'épisode #52 reste relativement abstrait et hermétique, j'en suis sorti avec un sentiment de plénitude, satisfait des efforts des scénaristes pour boucler la boucle de façon intelligente (peut-être un peu trop pour moi, mais quand même! ;^). Car oui, les scénaristes sont parvenus à intégrer, dans leur dernier chapitre, des éléments du premier! Chapeau à eux, c'est tout à leur honneur!
Bref, 52 n'est certainement pas la meilleure porte d'entrée pour initier ma belle-sœur ou mon petit neveu à l'univers des superhéros, mais elle reste une œuvre dans laquelle tout amateur de comic books devrait plonger. À partir de 16 ans.
Mes bémols :
- deux ou trois dessinateurs moins solides. Je pense notamment à Chris Batista, dont les dessins m'ont semblé moins constants, ou à Darick Robertson. L'encrage trop large des dessins de ce dernier donne un effet trop sombre, qui rend son trait pesant et peu intéressant. Heureusement, au nombre de dessinateurs qui se partageaient le travail, on s'en tire, malgré tout, à bon compte!
- la complexité de certains passages, trop pseudo-scientifiques ou ésotériques pour moi. Il est vrai que, pour expliquer certaines entourloupes comme les résurrections de personnage, ou certains revirements impossibles, les scénaristes n'ont pas vraiment le choix d'inventer des théories qu'ils espèrent les moins vaseuses possibles... Mais c'est justement le caractère impossible de ces revirements et de ces résurrections que je déteste le plus dans les histoires de superhéros! Pour que l'on y croie, pour que l'on y adhère, le but n'est-il pas de tout tenter pour se rapprocher de la réalité? Ainsi, quand Dibny passe des pages et des pages dans un monde éthéré à tenter de retrouver l'âme perdue de son épouse décédée, ou qu'on nous amène dans la Zone dite «fantôme», où magie et incohérences sont dans l'ordre des choses (chap.37), je décroche. Idem pour le chap. 30, qui nous raconte le passage à vide de Bruce Wayne, un brin trop ésotérique à mon goût...
- tout ce qui est risible et pas crédible. En fait, je poursuis ici un peu dans la même veine que le point précédent: j'adore les personnages à tête d'horloge comme le Dr Tyme, ou les gros Humpty Dumpty géants qui font office de méchants comme Chang Tzu... mais dans les séries d'humour jeunesse, comme l'excellent Agent Jean, d'Alex A.! Dans un comic pour adulte, je trouve ça seulement grotesque et ridicule! Je décroche instantanément! L'inclusion de ce genre d'aberration dans un récit qui se veut réaliste est tout simplement déplorable!! Déjà que le «culte à la Bible du crime» qui teinte toute la trame de Batwoman, je trouvais ça limite! Non, vraiment, les personnages qui ont l'air de mascottes d'équipe de sport ne passent pas. Et qu'on ne me sorte pas l'argument du second degré, s'il-vous-plait!:^P
- certaines typographies. Je l'avais souligné dans ma critique des 2 premiers tomes, celle qui sert à écrire les (interminables!) monologues de Renée Montaya est (encore) si petite qu'on peine à lire ces textes d'humeur... mais se rajoute maintenant le lettrage sophistiqué de la «grosse tête intergalactique», en blanc sur fond vert, au chap.35: joli, mais presque illisible!:^(
- encore une fois, les passages pas clairs, qui manquent de fluidités narratives. J'y inclus les nombreux combats, parfois interminables, des chap. 40, 45, 48 et 50, qu'on croirait sortis d'un manga tant on n'y comprend rien de qui frappe qui, sur quelle partie du corps ou avec quelle partie de son corps... C'est, trop souvent, du grand n'importe quoi sans intérêt. Heureusement (et contrairement à certains mangas!), ces combats ne sont pas le sujet principal de ces récits! Plus troublantes, par contre (et c'est bien dommage!), ce sont les ambiguïtés sur l'identité de certains personnages. À plusieurs reprises, on nous montre des pages avec des séries de vignettes (souvent muettes) qui visent à faire le point sur l'état d'âme de plein de personnages, principaux, secondaires ou même tertiaires. Généralement, les éléments mis en place dans les vignettes (physionomie du personnage, éléments de costume, accessoires...) permettent de bien l'identifier. Mais, d'autres fois, seuls les aficionados parviendront à différencier une superhéroïne brunette d'une autre!! La double planche de Noël de la semaine 33 en est un bon exemple!
Les plus grandes forces de cette BD :
- les illustrations de couvertures. D'abord, en jetant un œil à ma première critique, remarquez à quel point les couvertures des 4 albums semblent se répondre, par symétrie interposée!? Celles des tomes #1 et 4 sont dans les teintes de bleu gris et nous montrent des personnages qui rendent hommage aux disparus, tandis que celles des deux tomes centraux sont dans des tons de jaune doré, sur le mode «personnages centraux en pied entourés de visages en gros plan». J'adore quand on sent que les artistes ont «construit» leur œuvre! Et puis, il y a toutes les couvertures de chacun des chapitres, celles qui ornaient les divers fascicules, lors de leur édition hebdomadaire initiale. Encore cette fois, on retrouve, à la fin de chaque album, la douzaine de couvertures originales correspondant aux douze semaines couvertes par le tome. Sauf exceptions (comme celles des chapitres 43 et 44), elles sont toutes magnifiques... et permettent au lecteur de faire un chouette survol de ce qu'il vient de lire, quand il arrive à ces pages finales!
- la multitude de personnages. Je l'ai mentionné à plusieurs reprises: on dirait un coffre sans fond rempli de centaines de personnages! Parmi cette infinité, ceux qui m'ont le plus donné le goût d'en savoir plus, c'est sans contredit les Métalmen du Dr Magnus! J'ai grandement envie de lire les épisodes racontant les déboires du sympathique Mercure et de ses amis!
- les notes de fin de chapitre. Les auteursy dévoilent des secrets de coulisses, y éclaircissent certains détails, y commentent le travail de leurs comparses, y parlent de leurs doutes, de leurs hésitations... Très souvent, leurs interventions m'ont paru salutaires! Elles m'ont grandement aidé à mieux saisir plein de détails sur lesquels je ne me serais pas attardé sinon! Merci, messieurs!
- plusieurs moments forts. Certains m'ont touché (comme la mort d'Animal Man ou la belle relation entre Renée Montaya et la Question), d'autres m'ont bluffé (comme la révélation de l'identité de Supernova ou l'étrange relation entre Booster Gold et son robot, Skeet). Toutefois, le meilleur arc, c'est sans contredit celui qui met en scène Lex Luthor! Le caractère retord de ce personnage et la quantité phénoménale de revirements que ses manigances engendrent sont tout simplement jouissifs: j'ai ADORÉ!
- les mini-récits, en fin d'albums. Tout comme dans les premiers tomes, on nous offre, en complément, quelques petits récits de deux pages pour nous présenter l'origine de certains personnages. Cette fois-ci, on en apprend donc plus sur les Metalmen (chic!), la Question, Black Adam et Steel. Une chouette initiative, agréable et utile...
Autres
Pour finir, je tiens vraiment à féliciter tous les créateurs de ce projet fulgurant pour leur exploit. Car, rappelons-le, 52 a été réalisé en 52 semaines, en 2006-2007, à raison d'un chapitre par semaine! Un défi qui me semble tellement improbable, avec tous les impondérables qui peuvent survenir dans le monde de l'édition de nos jours! Chapeau, messieurs, et bravo d'avoir pu nous garder en haleine pendant 52 chapitres, 52 chapitres qui se tiennent relativement bien. C'était très risqué, mais vous y êtes parvenus. Toutes mes félicitations!
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