On veut les gagnants! On veut les gagnants!
Écrit le lundi 25 avril 2011 par PG Luneau
Mais oui!!! À vous entendre scander ainsi, j’en déduis que vous êtes avides de connaître les résultats des nombreux prix offerts, comme à chaque année, dans le cadre du Festival de la BD francophone de Québec, qui se déroule en même temps que le Salon du livre de notre belle capitale provinciale. Je suis infiniment désolé de vous avoir fait attendre aussi longtemps, puisque les résultats sont sortis il y a déjà une semaine et demie!! Je n’ai pas lu tous les titres en liste, bien loin s’en faut, mais je tenterai de commenter chacun d’eux de manière intéressante… comme je le fais toujours!!
D’abord, le Bédéis causa pour le créateur québécois s’étant le plus illustré avec sa première œuvre professionnelle. Cette année, elles ont été deux à se partager ce prix Réal-Fillion : Émilie Villeneuve et Julie Rocheleau. Ça tombe bien : c’était toutes les deux pour le même album, la première à titre de scénariste, la seconde comme illustratrice! Et leur petit bébé s’intitule la Fille invisible. Cet album, je ne l’ai pas lu (ça commence bien!)… Je l’ai toutefois feuilleté… et il ne m’a pas intéressé du tout (de mieux en mieux!!). Je n’ai pas du tout accroché aux illustrations très particulières de madame Rocheleau. Je les trouve trop sombres, trop hachurées, trop encrées… Peut-être devrais-je redonner sa chance à la coureuse? Chose certaine, c’est assez stylisé, très différent et novateur… mais pas tellement dans mes goûts personnels! Je suis convaincu, toutefois, du bien-fondé de leur projet, qui visait à démystifier ce délicat sujet qu’est l’anorexie chez nos ados. Mon ami Arsenul a beaucoup aimé cet album et en a parlé en bien ici. Et, chose bien plus importante car c’est à eux que ça s’adresse, ses élèves d’onze ou douze ans ont bien aimé aussi, paraît-il!
Puis vient le prix Albéric-Bourgeois, pour le meilleur album (en français!) publié à l’étranger par un Québécois. Ce Bédéis causa a été attribué à… nul autre que Michel Falardeau pour son album Luck, publié chez Dargaud! Comme j’ai rencontré ce charmant créateur lors du Salon du livre de Montréal (j’en ai parlé ici!), que j’ai critiqué son album (ici!), et qu’il a parlé de ma Lucarne sur son site (ici!), dans sa chronique du 14 décembre 2010, vous pensez bien que je suis tout content pour lui!!
Ensuite, ouvrons-nous un peu sur le monde et nommons le gagnant du prix Maurice-Petitdidier, offert à l’album coup de cœur du jury… en autant que ce soit une œuvre en français créée hors-Québec par un non-Québécois! C’est le déjà très primé Asterios Polyp qui remporte ce prix. Je n’ai pas eu la chance de feuilleter cet album encore, mais les illustrations que Mo’ nous montrait dans sa critique m’ont carrément soufflé, et les nombreux commentaires élogieux qui pullulent dans le Net à son sujet en font, manifestement, une valeur sûre. Je le lirai sûrement un jour!
Pour sa part, le Grand Prix de la ville de Québec, récompensant le meilleur album québécois, publié au Québec par un Québécois (tout le contraire de l’autre, finalement!), a été remis à… une Québécoise! Zviane, pour ne pas la nommée! C’est grâce à son nouvel album, Apnée, publié chez une toute nouvelle maison d’éditions de chez nous, Pow Pow, qu’elle obtient cet honneur. Je n’ai pas encore eu la chance de lire du Zviane (bien qu’un album d’elle et deux collectifs auxquels elle a participé figurent dans ma petite pile de 1400 albums à lire!!), mais j’aime assez son style de dessin, simple et poétique.
Finalement, le prix Albert-Chartier récompense une personne ou une institution qui fait beaucoup pour la promotion de la BD au Québec. L’heureux vainqueur, cette année, est monsieur Jacques Samson!! Pour la grande majorité d’entre vous, ce nom ne dira rien… et je croyais qu’il ne me disait rien non plus, jusqu’à ce que je fasse le rapprochement : Jacques Samson, BD, BD, Jacques Samson… MAIS OUI!! J’ai eu un Jacques Samson, au cégep, il y a très très longtemps… et il m’avait donné un cours intitulé : Français – BD!!! Ce souvenir m’a fait réaliser que mon engouement pour le neuvième art ne date pas d’hier!! De plus, j’apprends aujourd’hui que ce même monsieur Samson était un précurseur, qu’il a été l’un des tout premiers à utiliser la BD comme matière de base pour enseigner la sémantique, l’analyse et le sens critique aux jeunes adultes que nous étions alors… et qu’il continue à travailler en ce sens! Il a écrit de nombreux articles, des bouquins et donné des conférences… Son plus récent ouvrage en est d’ailleurs un d’importance puisqu’il s’agit de la monographie Chris Ware – la bande dessinée réinventée, qu’il a écrite en collaboration avec Benoît Peeters (celui de la fabuleuse série Urbicande!!), et qui traite de l’œuvre magistrale du bédéiste américain Chris Ware! J’ai été très heureux, donc, d’entendre parler de cet homme qui, sans le savoir, a été l’une des pierres angulaires de ma passion pour les BD!!! C’est fou comme le monde est petit!! Viendra-t-il un jour faire un petit tour dans ma Lucarne?? Je me le souhaite ardemment!

Photo: Didier Pasamonik (L’Agence BD)
Et voilà! Pour conclure, une petite capsule informative pour tous ceux qui, comme moi, sont curieux de connaître les gens qui ont donné leurs noms à tous ces prix!! Voici le fruit de mes modestes recherches :
- Réal Fillion, ce n’est pas moins que le président-fondateur du Festival de la BD francophone de Québec!! Pas étonnant qu’on ait donné son nom au prix de la relève!
- Albéric Bourgeois, c’était un talentueux caricaturiste du début des années 1900. Ses dessins étaient régulièrement publiés dans les journaux de l’époque et il est considéré comme le premier bédéiste du Québec.
- Maurice Petitdidier a été un bédéiste très en vogue dans les années 1950-60. Ses dessins, plutôt sages, paraissaient dans les petits journaux catholiques québécois, très en vogue, à l’époque.
- Et pour ce qui est d’Albert Chartier, il s’agit bien sûr du créateur d’Onésime, cet icône du Bulletin des Agriculteurs, personnage emblématique du terroir québécois qui a sévit chaque mois dans ce magazine de 1943 à 1998!!! Pour de plus amples détails sur la carrière de ce grand bédéiste méconnu, je vous réfère au site BD Québec.
Voilà! Si cette chronique vous a plu, faites-le-moi savoir : j’essayerai alors, entre deux critiques, de passer plus souvent ce genre de compte-rendu sur l’actualité bédéesque québécoise ou européenne.
Tourlou!
P.S. : Courage, courage, ne désespérez pas : les résultats de mon petit sondage maison, sur les séries les plus populaires de notre jeunesse, sortira sous peu! Je suis actuellement dans un petit «rush» professionnel, mais tout devrait se replacer. Au pire, les vacances d’été s’en viennent, ça tombera alors dans mes priorités! De toute façon, tous les participants seront informés de la parution des résultats, je vous le garantis!
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