#01- LE MANUSCRIT DE CYRÈNE
Scénariste(s) : Isabelle DETHAN
Dessinateur(s) : Julien MAFFRE
Éditions : Delcourt
Collection : X
Série : Tombeau d'Alexandre
Année : 2008 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/3)
Genre(s) : Historique, Aventure
Appréciation : 4.5 / 6
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Archéologue, un métier dangereux
Écrit le mercredi 27 janvier 2010 par PG Luneau
Isabelle Dethan et l’Égypte antique, c’est aussi indissociable que Tintin et Milou ou Laurel et Hardy !! Avec des séries comme Mémoire de sable, Sur les terres d’Horus et, plus récemment, Kheti, fils du Nil, elle exploite toutes ses innombrables connaissances sur ce sujet qui, manifestement, la passionne. Avec le Tombeau d’Alexandre, elle poursuit sa présentation de ce fascinant univers. Toutefois, cette fois-ci, plutôt que de nous faire vivre l’Égypte de l’époque des pharaons, comme dans ses autres séries, madame Dethan a eu la brillante idée de nous transporter, grâce à l’apport visuel de Julien Maffre, un nouveau venu dans l’univers du neuvième art, à l’époque où ces splendeurs étaient découvertes, c’est-à-dire le milieu du XIXe siècle.
En effet, c’est dans ces années que les archéologues de toute l’Europe se sont mis à se passionner pour la recherche de toutes les splendeurs enfouies dans les différents sites d’Égypte et du Proche Orient. Si plusieurs le faisaient pour la richesse qu’ils espéraient en retirer, d’autres rêvaient de gloire et de renommée. Dans les deux cas, la compétition compliquait les choses et pouvait pousser les moins nobles à se laisser aller à commettre des actes immodérés ou irréversibles…
C’est donc un petit groupe de Français (traductrice, illustratrice, égyptologues et aventuriers), installé à Alexandrie, que nous suivons au début de ce récit qui s’étalera sur trois tomes. Ils sont tombés plus ou moins par hasard sur une immense chapelle souterraine qu’ils soupçonnent d’être attenante à la chambre funéraire de l’illustre Alexandre le Grand. Pour ne pas se faire voler le scoop et s’assurer de l’homologation de la découverte, ils essaient de garder leur découverte secrète le plus longtemps possible, jusqu’à ce qu’il trouve le tombeau en tant que tel… mais l’étau se resserre et des concurrents commencent à leur faire sentir qu’ils ont de forts doutes sur l’objet de leurs manigances! Et ça joue dur dans les coins, des archéologues à l’affût : tous ne s’en sortiront pas vivants!
Cette passionnante aventure m’a bien accroché. Si un premier tome de série perd souvent un peu de punch parce qu’il se doit de présenter un tant soit peu ses personnages, celui-ci n’en souffre pas une miette tant les personnages en question sont intéressants! Madame Dethan tape encore dans le mille, et j’ai bien hâte de lire la suite!
Plus grandes forces de cette BD :
- la très belle page de garde. Elle nous présente les cinq principaux personnages dans un splendide décor : une rue animée d’Alexandrie. L’architecture des bâtiments qui les entourent est très détaillée et les discussions semblent animées. Très joli.
- le style graphique, très clair, du dessinateur. La belle couverture en est un bon exemple. Les visages des personnages me rappellent beaucoup le style de Maïorana dans Garulfo ou Thierry Robin dans Koblenz.
- une belle brochette de personnages. Ils sont tous bien distincts et crédibles, même si on se doute déjà qu’on en apprendra encore plus sur eux lors des prochains tomes. Le personnage de la tenancière de bordel, notamment, est charmant, et l’idée qu’ont eue les leaders du groupe d’utiliser son institution comme planque pour se faire oublier discrètement quelques temps me semble géniale!
- l’amusant flirt, quoiqu’un peu prévisible, entre Lazare et Louise. Il est sympathique d’avoir une petite historiette amoureuse à lire en même temps que les magouilles d’archéologues et on comprend bien que, marginalisés tous les deux, ils se retrouvent l’un l’autre malgré leur fort tempérament respectif !
- l’intrigue, rondement menée et originale. Elle nous présente un contexte historique intéressant, sous un angle somme toute sobre (si on compare à ce qu’Indiana Jones nous a habitués!) qui ajoute du réalisme. De plus, c’est superbement rendu.
- la finale, relativement tragique. Elle donne une terrible envie de lire la suite, preuve de son efficacité!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les neuf premières pages, qui nous présentent une première exploration de temples souterrains, sont un peu confondantes. En effet, elles nous laissent peu de répit, en tant que lecteur, car on cherche à y assimiler les noms, physionomies et fonctions de chacun des sept participants, en plus de comprendre où ils sont et ce qu’ils y font exactement. J’ai dû, à quelques reprises, revenir sur ma lecture, preuve que le récit manquait un peu de lisibilité.
- un cas de proportions fort mal réussies, à la première case de la page 37. Le corps du pauvre Maxime, tout tordu sur sa chaise, est vraiment beaucoup trop petit par rapport à sa tête et aux gens qui l’entourent!
- le visage volontairement flou de l’assaillant de Ferdinand et d’Antonin, à la page 18. Le hachurage ne cible tellement que le visage qu’il est flagrant que les auteurs désirent garder l’identité de l’attaquant secrète... pour nous ébahir lors de son dévoilement… mais si on prend la peine de le cacher (très malhabilement, d’ailleurs), c’est sans doute parce que ce sera un personnage qu’on connaît ou qu’on connaîtra sous peu, sinon, quelle importance?!? Du coup, on est sur nos gardes, soupçonneux et… prévenus!!
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