#04- SWEET HOME CHICAGO
Scénariste(s) : Kyle HIGGINS, Tom SEELEY, Tom KING
Dessinateur(s) : Brett BOOTH, Will CONRAD, Cliff RICHARDS, Russell DAUTERMAN, Javier GARRON, Jorge LUCAS, Daniel SAMPERE, Mikel JANIN
Éditions : Urban comics / DC comics
Collection : DC Renaissance
Série : Nightwing
Année : 2013 Nb. pages : 144
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (4 & 5 de 5) (Comics)
Genre(s) : Superhéros / Justicier masqué, Drame familial
Appréciation : 4.5 / 6
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Tourments... puis apaisement?
Écrit le dimanche 11 mars 2018 par PG Luneau
Tomes lus : #04- Sweet home Chicago (sc. : Kyle HIGGINS, dess. : Brett BOOTH, Will CONRAD)
#05- Dernier envol (sc. : Kyle HIGGINS, Tim SEELEY & Tom KING, dess. : Will CONRAD, Cliff RICHARDS, Jason MASTERS, Daniel SAMPERE, Russell DAUTERMAN, Javier GARRON, Jorge LUCAS & Mikel JANIN, 200 p., 4/6)
Suite à ses déboires avec le cirque Haly, la Cour des Hiboux, Paragon, Lady Shiva et le Joker (racontés dans les 3 premiers tomes, critiqués ici), Nightwing a appris que Tony Zucco, l'assassin de ses parents, était encore en vie et qu'il se terrait à Chicago. Il n'en fallait pas plus pour que notre héros masqué délaisse Gotham City et parte s'installer dans la Ville des Vents. C'est là qu'on le retrouve dans Sweet home Chicago, un récit en 6 chapitres composant l'ensemble du tome #4 de la série.
Totalement ruiné (suite à l'incendie du cirque où il avait tout investi), Dick aménage avec deux jeunes colocs : Joey, une charmante informaticienne, et Michael, un apprenti-reporter en mal de sensations. Lui-même finira par trouver un petit boulot de barman, boulot qui lui laissera amplement de temps pour enfiler son costume de Nightwing et entreprendre la seule quête qui lui importe vraiment : retrouver la trace de Zucco! Pour ce faire, il a besoin d'étudier un peu le monde interlope de Chicago, ce qui ne sera pas simple car la Ville de Vents semble vouer une haine généralisée à l'égard des justiciers masqués!?? En effet, 7 ans auparavant, les quelques superhéros qui s'éreintaient à purger la ville de ses malfrats ont tous été éliminés par un mystérieux tueur en série!?? Dick doit donc braver tant les criminels de tout acabit que les autorités officielles!
Il tombera néanmoins sur le Farceur, un machiavélique psychopathe à l'âme de Robin des Bois, qui s'attaque aux rats de la haute finance pour venger les moins nantis... mais sans égard aux dommages collatéraux!! Dick devra jouer de finesse pour contrecarrer les plans démoniaques de ce mini-Joker en puissance... C'est qu'il a besoin de ses incomparables habiletés d'informaticien pour débusquer le fameux Zucco, qui se terre à l'Hôtel de ville sous une fausse identité!! Ce cycle, qui couvre tout le tome #4, est très intéressant.
Pour ce qui est du tome #5, il souffre d'un grand éparpillement. Si les 4 principaux chapitres de Dernier envol poursuivent le récit, mettant sur la route de Dick une ennemie-alliée-psychotique du nom de Mali l'imitatrice, le célèbre Chapelier fou puis Jen, une charmante gamine qui vivra un peu les mêmes tourments que lui à son âge, les 3 autres chapitres ont plus ou moins leur place dans la saga.
Sombre nuit nous ramène à une aventure que Dick a vécue dans sa jeunesse, alors que ses parents étaient encore en vie, Charbons ardents, à une autre, vécue à Gotham en compagnie de Batgirl... Quant au chapitre/conclusion de Dernier envol, il est confus, éclectique, et ne sert qu'à introduire la série suivante, Grayson... En fait, les scénarii de ces trois fascicules sont ou boiteux, ou maladroitement éclatés, ou simplement inintéressants. Rajoutons à cela que, sur le plan graphique, Eddy Barrows n'est plus aux commandes (depuis la fin du tome #3) et que ça s'en ressent beaucoup, surtout sur ces derniers chapitres!? Je développerai tout ça plus bas, mais retenez simplement que pas moins de 8 dessinateurs se partagent le simple tome #5... et qu'ils ne se valent pas tous! Au final, vous comprendrez pourquoi, malgré mon grand intérêt pour le récit central du Dernier envol, ce tome obtient une note plus basse que le précédent! :^S
Reste que la conclusion de cette nouvelle saga risque de satisfaire les amateurs de Nightwing, qui en apprécieront tant les intenses débats internes que l'efficacité des suspenses créés. À réserver aux 16 ans et plus, certaines scènes étant trop cruelles pour de plus jeunes lecteurs.
Plus grandes forces de cette BD :
- l'ambiguïté de plusieurs «méchants». Higgins a eu l'intelligence d'éviter le manichéisme. Le Farceur est atrocement cruel, digne du Joker, mais il reste intéressant parce qu'on en vient à connaître son histoire: on comprend donc pourquoi il est devenu ce qu'il est! Il lui arrive même de collaborer avec notre héros!! Même chose pour Zucco. On le sent évoluer tout au long du tome #4, de manière très graduelle et naturelle... Finalement, un méchant qui devient bon par moments, on l'aime encore plus, non? ;^)
- les couleurs de Charbons ardents. Autant je n'ai pas trop apprécié les dessins de Masters et de Sampere dans ce chapitre ajouté (et inutile!) du tome #5, autant les couleurs de Vicente Cifuentes sont flamboyantes lorsqu'elles irisent les incendies causés par Firefly!! La double page de l'incendie initial est tout simplement bluffante. Wow!:^O
- la présence de personnages secondaires que je reconnais! J'ai été heureux de retrouver Harvey Bullock ou la Dre Thompson. C'est dire combien je commence à bien connaître la Batfamille élargie!! Merci à la télésérie Gotham, dans le cas présent!! ;^)
- les deux belles trames principales du Dernier envol. Le personnage de Mali est particulièrement intéressant, de même que sa relation trouble avec le Chapelier fou... Chapelier que j'ai adoré retrouver, bien qu'il n'ait été que très modestement exploité! Puis, toute l'histoire de Jen est grandement émouvante. On ressent bien son excitation face au secret qu'elle vient de découvrir, sa grande détresse lors du décès de ses parents et son angoisse totale quand elle retrouve ce dément de M. Zsasz!! L'attitude de Dick envers cette gamine, et le bilan introspectif qu'elle l'oblige à faire, sont les éléments marquants de cette conclusion. Bravo!
Ce qui m'a le plus agacé :
- les changements d'illustrateurs. J'en parlais plus haut, ça se complexifie depuis le départ d'Eddy Barrows. Si Brett Booth s'en tire très bien avec les premiers chapitres de Sweet home Chicago, son Dick Grayson semble avoir à peine 16 ans!!:^0 Son successeur, Will Conrad, fait une très belle tête au maire de la ville, mais déforme constamment le visage de Dick... et il n'arrive pas à proportionner la tête du fils de Zucco avec son corps! C'est un peu la même chose pour Dauterman, qui nous offre des visages toujours un peu différents. Il manque de régularité... Pour sa part, Cliff Richards a l'encrage et le hachurage trop intenses à mon goût! Daniel Sampere et James Masters (qui ont dessiné le chapitre Charbons ardents, un fascicule annuel hors-série que les éditeurs ont décidé d'intercaler là), ils me semblent être d'excellents dessinateurs amateurs... presque prêts pour des offres professionnelles.:^( Leurs dessins sont corrects, sans plus... Jorge Lucas, qui semble s'être occupé du violent duel entre Batman et Dick, dans la conclusion, jumelle amateurisme avec surcharge d'encre et de saleté: tout ce que je déteste en dessin! Heureusement, les deux autres dessinateurs de l'épilogue sont tout simplement excellents: bravo à Javier Garron et Mikel Janin!
- la trop grande ressemblance entre Joey, la coloc informaticienne de Dick, et Lisa/Mali l'imitatrice. Outre les lunettes de l'informaticienne, elles sont quasi-identiques... et quand on tient compte des changements de dessinateurs, et de la difficulté de certains à reproduire les visages à l'identique, ça devient un peu confondant!!:^S
- un élément scénaristique qui fait patate. Après avoir fait tout un cas de la relation entre Michael, le coloc de Dick, et Maxwell Morgan, un détective chicagoan (joli, ce gentillé! ;^) qui voue une haine apparente aux justiciers masqués (au point d'en faire l'accroche de la fin du tome #4!)... celle-ci tombe complètement à plat après qu'ils aient brièvement croisé le Chapelier fou! Mike refuse dès lors de s'accoquiner à Maxwell, et on n'entend plus parler de celui qui serait, peut-être (mais c'est très nébuleux), l'assassin de tous les héros masqués qui défendaient Chicago, quelques années auparavant... Voilà une trame qui semble avoir été laissée en plan, tout bonnement!:^S
- la nébulosité de plusieurs combats du tome #5! D'abord, ceux contre Firefly (dans Charbons ardents). Les deux fois où Nightwing et Batgirl l'affrontent, c'est le chaos total! Pas moyen de comprendre ce qui se passe: des câbles sortent de partout, s'accrochent on ne sait où et tout part en vrille!!? Ça se termine dans un improbable combat de boxe sous-marin, où les coups de poing et de pied ne semblent nullement affectés par le fait que tout le monde est immergé! Ridicule!!:^( Idem pour le combat contre Courbéchine (dans le chap.3 de Dernier envol): il est difficile à suivre, et je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui frappe le lampadaire!? Finalement, l'interminable duel entre Batman et Dick (dans la conclusion de Dernier envol) aurait sûrement été plus intéressant si l'illustrateur (que je suppose être Jorge Lucas) s'était centré sur sa fluidité plutôt que sur la surabondance de destruction, de cicatrices, de sang et d'encre!!:^P
- un bogue scénaristique. Dans Charbons ardents (tome #5), tous les soupçons se tournent très rapidement sur Garfield Lynns, un pyrotechnicien limogé quelques semaines plus tôt. Hors, dans son appart, Nightwing et Batgirl trouvent un billet listant les cibles éliminées depuis le début du récit... et la dernière qui est rayée est: Garfield Lynns!!??? En fait, j'ai la très nette impression qu'on aurait dû y lire le nom de Ted Carson, ce qui rendrait tout ce scénario (excellent, par ailleurs!) bien cohérent... Mais tel qu'il est maintenant, c'en est risible: la solution est tout bêtement sous les yeux des superhéros, et ils ne la remarquent même pas!!?? Quelle boulette!!:^(
- un deus ex machina peu crédible (attention: divulgâcheur!). Dans le chap.5 du tome #4, Nightwing se retrouve en très mauvaise posture, en train de se faire étrangler... Le personnage qui vient alors à sa rescousse arrive un peu trop de nulle part à mon goût! Comment a-t-il pu localiser Nightwing à ce moment précis?! C'est un peu fort... Mais je dois avouer que l'intrigue est si exaltante qu'on peut pardonner ce petit accroc à la logique...;^)
- une phrase syntaxiquement impossible. «Elle a pris un autre chemin différent de celui que tu ne l'imaginais.» (8e planche du chap.4 de Dernier envol). Peut-on appeler ça une coquille syntaxique? Est-elle due à un traducteur qui hésitait entre deux façons de dire les choses, mais qui ne s'est pas relu? Le mystère reste entier! ;^)
- la conclusion-épilogue de Dernier envol. D'abord, elle est d'une extrême violence, d'une cruauté gratuite... Puis, elle doit se lire APRÈS le crossover Forever evil, de la série Justice league - Renaissance... On nous en fait un bref résumé, mais il est totalement incompréhensible!! Finalement, le récit comme tel est très fragmenté, décousu, et certains passages sont d'une déroutante incompréhensibilité (que tentait de faire le danseur japonais avant de se faire neutraliser???) Heureusement, les dessins des premières pages, que je suppose être de Javier Garron, et ceux de la fin, par Janin, sont superbes: ça sauve un peu la donne...
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