#02- OPÉRATION GRANDE ZOHRA
Scénariste(s) : Michel VIAU
Dessinateur(s) : Ghyslain DUGUAY
Éditions : Perro Éditeur
Collection : Perro BD
Série : MacGuffin et Alan Smithee
Année : 2019 Nb. pages : 64
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Hommage, Humour, Historique
Appréciation : 5.5 / 6
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Du bon James Bond jusque dans notre cour!
Écrit le jeudi 05 mars 2020 par PG Luneau
Tome lu : #02- Opération Grande Zohra
Peut-être vous rappelez-vous le grand bonheur que j'ai eu à lire le premier tome de la série MacGuffin et Alan Smithee, de Michel Viau et Ghyslain Duguay? Eh bien voilà que j'ai lu (ENFIN!!) leur second tome, sorti l'an passé. Devinez quoi?! Il est tout aussi excellent!! ;^)
Ce n'est pas comme si je ne m'y attendais pas!! ;^) J'adore tellement le travail de ces deux créateurs que je suis déjà vendu d'avance à tout ce qu'ils font. Par contre, le risque demeure : plus nos attentes sont élevées, plus la chute risque d'être rude!!
Mais dans le cas présent, pas d'inquiétude à y avoir, cet album a tout pour lui : un scénario palpitant, mêlant avec brio l'action et l'humour, comme dans les séries d'espionnage de la belle époque à qui cette série veut rendre hommage. Sans contredit, on reconnaît des accents des bonnes Mission : Impossible de notre enfance (celles des sixties, pas celles avec Tom Cruise!), de bonnes pelletées de Chapeau melon et bottes de cuir, quelques soupçons des Agents très spéciaux ou du Saint, plus une lampée d'Amicalement vôtre... le tout nappé de la sublime sauce visuelle de Ghyslain, pour laquelle je craque inconditionnellement!! ;^)
On se rappellera que, dans le tome #1, la sublime MacGuffin et le solide Smithee parcouraient l'Exposition universelle de Montréal afin d'empêcher tous les services secrets ennemis de mettre la main sur les plans de nouvelles armes destructrices, mis au point par un savant à la morale élastique. En bout de ligne, ils ont pu empêcher le trafic... mais un des plans manque à l'appel! Celui d'une terrible bombe qui pourrait faire bien des dégâts, alors que tous les dignitaires du monde entier sont venus voir notre Terre des hommes! Nos deux efficaces partenaires sillonneront la ville à la recherche de pistes et découvriront rapidement l'identité de la cible principale : le général De Gaulle, sur le point de faire sa célèbre visite au Québec!! Ils auront fort à faire pour empêcher la catastrophe diplomatique, d'autant plus qu'ils sont encore affublés du très peu expérimenté (mais si désopilant!) agent Morisset, petit-fils de leur grande patronne, Mère-Grand.
Encore une fois, on a droit à une mission riche en péripéties, qui nous entraînera des ruelles de Verdun aux demeures cossues d'Outremont, mais aussi du parc La Fontaine au Chemin du Roy, pour se terminer sur les caps de roue... dans le métro de Montréal, nouvellement inauguré! Si vous êtes nostalgiques des années '60, ou si vous désirez avoir un petit aperçu de l'ambiance qui y régnait, lancez-vous sans retenu dans la lecture de cette série. Et si cette époque ne vous titille pas le bas du ventre, LISEZ-LA QUAND MËME! C'est trop bon pour que quiconque passe à côté! Dès 12 ans.
Scoop : le tome #3 est presque prêt à aller sous presse, et on y suivra nos deux agents favoris lors d'un roadtrip aux États-Unis. Flower power, mon chum!!! ;^)
Mes bémols :
- la couverture. Personnellement, je la trouve trop chargée, avec des éléments un peu trop ternes. Il faut dire que je ne suis pas un grand fan de voitures, de navires ou d'avions. Et puis, je n'aime pas y retrouver deux fois un même personnage...
- deux petits accrocs sur le plan graphique. Autant j'adore littéralement le trait de Ghyslain, autant je me dois de rester honnête et de reconnaître les petites lacunes de proportions ou de perspectives qu'il laisse parfois passer. C'est le cas pour la 2e vignette de la p.9 (les deux voitures ne semblent pas être à la même échelle) ou à la 2e case de la p.52 (alors que les jambes de la dame, dans la station de métro, nous laissent presque croire qu'elle et son voisin s'y sont pendus!! ;^). Mais, compte tenu de la quantité de défis que lui impose son scénariste, 2 petites bévues, avouez que c'est bien peu! ;^)
- deux autres petites bévues, scénaristiques cette fois. La première, c'est le «Kapow!» qui sauve la mise des héros à la p.46. Son origine n'est pas claire du tout. J'en ai déduit qu'il s'agissait du pneu qui avait éclaté. Me goure-je? Dans tous les cas, il aurait fallu trouver une manière plus explicite de nous le faire comprendre (d'autant plus que cette crevaison arrive à point un peu trop nommé, en deus ex machina). L'autre n'est qu'une question de distance. Il me semble que le métro est pas mal trop proche d'Alan, au bas de la p.56, pour que MacGuffin puisse y faire une telle volte-face en moto PUIS embarquer Alan PUIS repartir en vitesse... Tout ça en gardant une distance suffisante entre la bombe (que porte Alan) et son détonateur (dans le bouquet de Morisset). Car tout est une question de distance... et il ne faut pas oublier que le lecteur, à ce moment précis du récit, ne sait pas ce qu'il apprendra 4 pages plus loin! Heureusement, l'intensité du suspense nous permet ici de pardonner la présence de ces fils blancs un peu gros...
Plus grandes forces de cette BD :
- les merveilleuses pages de garde. J'adore leur look yéyé aux couleurs vives, qui nous transporte instantanément dans la folie des années '60! On se croirait dans l'un des génériques des premiers James Bond! ;^)
- ma splendide dédicace couleur personnalisée! Quel plaisir ça a été de tendre mon album à Ghyslain pour qu'il me le dédicace et de voir ce gentleman me tendre en retour un autre album, en me disant: «Je te l'échange pour celui-ci: j'y ai déjà fait ta dédicace, en sachant qu'on se verrait aujourd'hui!» Quel ami, ce Ghyslain! Elle est si belle que j'ai décidé de vous la montrer, dans toute sa splendeur! Évidemment, Michel l'a aussi signée (et parafée de son sempiternel mais ô combien sympathique caneton! ;^D)
- toutes les couleurs de l'album. Ghyslain (car elles sont de lui!) y va toujours de couleurs pleines, riches, vives et très contrastantes. J'adore!!
- inconditionnellement: l'agent Morisset! Ce bras droit de Smithee et MacGuffin a tout pour devenir le chouchou des lecteurs: il est malhabile, gaffeur et craintif, et son manque d'expérience le met perpétuellement dans l'embarras. C'est l'exemple idéal de la parfaite nouille sympathique pour laquelle on craque, quoi! Le voir s'empêtrer avec son poisson rouge, ses écureuils, son hotdog ou son caca de chien, c'est jouissif! Quant à ses manœuvres maladroites pour se rapprocher de MacGuffin, elles en sont presque touchantes. Vraiment, c'est de loin mon personnage favori!
- le souci du détail. Graphiquement, d'abord: Ghyslain est plus que généreux. Il ne lésine pas sur les éléments de décor: les crayons plantés au plafond, au-dessus du bureau de Mère-Grand, les mégots dans les cendriers, les oies et les écureuils du parc La Fontaine, les posters de cinéma sur les murs des appartements... Ça foisonne de partout! Puis, sur le plan historique: Michel et lui font des recherches vraiment pointues! Ces posters, ils reflètent les films de l'époque, les marquises des théâtres affichent de vrais spectacles d'alors et les chansons fredonnées par MacGuffin ou entendues à la radio sont de vrais tubes de '67!! Même la mode du temps est respectée, avec ses couleurs criardes et ses exactions (notamment l'horrible chapeau de MacGuffin, aux p.27-28 ;^). Comment ne pas se sentir transporté à cette époque quand tant de détails sont réunis?!
- la mise en page à effet miroir des p.6 et 7. Ghyslain aime jouer avec le découpage de ses planches et la disposition de ses cases de manière à ce que, lorsque c'est possible, une planche réponde à sa voisine. Eh oui, Ghyslain, je l'ai remarqué! ;^D À souligner aussi: la superbe double page 36-37, où le ciel et le fleuve se confondent en champ / contre-champ, ou encore le petit «plan de la situation», au haut de la p.52, qui me rappelle tant les 4 As de mon enfance! Bravo!
- le fait de reconnaître Montréal et ses environs. Verdun et sa rue Wellington, le parc La Fontaine, le célèbre Montreal Pool Room... Que voilà des icônes très connues de notre métropole! Mais il y en a plein d'autres, moins connues, comme la Mousse Spacthèque, cette discothèque ultrabranchée des années '60... dont je n'avais jamais entendu parler!:^0
- les très nombreux caméos et clins d'œil parsemés un peu partout. Bien sûr, il y a les incontournables personnalités publiques en présence lors de la venue du général de Gaulle: le maire Drapeau, le premier ministre Daniel Johnson père... Mais il y a aussi des petits clins d'œil qui surprennent: la présence de Robert Charlebois qui chante au parc La Fontaine, l'allusion à Bécaud, le focus mis directement sur le Tour de Gaule d'Astérix... et l'autre, plus subtile, sur le 15e tome des aventures de Dan Cooper! Mais le clin d'œil qui m'a le plus fait rire, c'est celui de l'aire d'effet de la bombe tant redoutée: j'ai littéralement éclaté de rire en lisant la p.30! ;^D
- le grand format de l'album, et ses pages au papier très épais. C'est un beau grand volume de qualité, qui nous en donne vraiment pour notre argent!
- les actions d'éclat. Michel et Ghyslain réussissent parfaitement à intégrer plusieurs scènes extravagantes, de celles qui sont totalement irréalistes mais auxquelles on aime croire tant elles nous font rêver: la descente en corde à linge, l'aéroplanage ou la course métro/moto... Vraiment, James Bond peut aller se rhabiller!
- quelques secrets enfin dévoilés. Quoi?! Smithee a une famille?! Et un vrai nom!!?? Je vous laisse le plaisir de découvrir tout ça... et de découvrir sa nouvelle tentative pour deviner le mystérieux prénom de sa partenaire!! ;^)
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