#12 - TRAIT DE GÉNIE
Scénariste(s) : Bob De GROOT
Dessinateur(s) : Philippe Liégeois dit TURK
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Léonard
Année : 2006 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Gags en deux ou quelques planches
Genre(s) : Humour
Appréciation : 3 / 6
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Un scientiste qui s'essouffle
Écrit le jeudi 09 septembre 2010 par PG Luneau
Revoilà le génie qui se pointe… et il est inspiré!! Son pauvre Disciple n’a qu’à bien se tenir! Que ce soit pour tester ses nouvelles machines infernales, pour faire ses courses, pour servir de modèle à l’Artiste ou, plus simplement, pour scier et marteler en évitant d’être la proie des outils utilisés, il a fort à faire, ce cher Disciple!!
Dans ce tome, une attention toute particulière semble avoir été portée sur l’Art du grand Da Vinci. D’ailleurs, la couverture ne nous le montre-t-elle pas en train de compléter son célèbre autoportrait? En effet, trois des gags de ce recueil portent sur la peinture ou la sculpture. C’est proportionnellement beaucoup, ce me semble, en comparaison aux autres tomes. De plus, le maître délaisse un peu la technologie pour inventer parfois des trucs plus abstraits comme les réjouissances de fin d’année, les Jeux olympiques, l’autobiographie, la mode ou les foires! Mais quand il reste dans le domaine des sciences techniques, il n’y va pas de main morte, avec l’invention du deltaplane, de l’ordinateur et des écouteurs pour éléphant… Bref, on commence à frôler le n’importe quoi!
C’est dans ce douzième opus que la bonne Mathurine entre en fonction, bonne dans le sens de gentille, mais surtout dans le sens de femme de ménage!! Cette dame bien en chair possède des talents particuliers qui impressionnent notre réputé savant et font en sorte qu’elle est engagée sur le champ! Disons qu’il était temps qu’un nouveau personnage face son entrée, car sur le plan des blagues, on commençait à tourner en rond!
En effet, les gags de ce tome sont assez ordinaires, pour ne pas dire souvent ennuyants. Serait-ce que j’en ai trop lu, que j’ai perdu l’étincelle, ou plutôt que les auteurs commencent à perdre la main? Sûrement un peu des deux! L’éternel gag du «comment faire sortir Disciple de son lit» se fait redondant, même si les auteurs tentent d’inventer à chaque fois une nouvelle technique… mais quand on est rendus au point où le dit Disciple est caché dans un tonneau de vin et que le génie doit ouvrir la cannelle (le petit robinet) du baril pour recueillir son adjoint tout coulant dans une tasse de verre, c’est qu’on ne sait plus trop trop quoi inventer!
En conclusion, voilà un tome tout public bien moyen, ou même un peu en dessous de la moyenne, qui, même comme lecture de cabinet, n’a rien d’exceptionnel. Peut-être saura-t-il satisfaire les jeunes néophytes qui ne connaissent pas la série? Pour ma part, il m’a laissé froid.
P.S. : Curiosité amusante, relevée chez Placard à BD:
Dans la 8e case de la p.33, Turk a dessiné une main droite au bout du bras gauche de Mathurine! Il fallait avoir l’œil pour remarquer une si subtile inversion!
Plus grandes forces de cette BD :
- la couverture, cocasse. En effet, le Léonard de Turk est en train de se peindre, mais sur la toile, on aperçoit le célèbre autoportrait du vrai Da Vinci, qui ne ressemble en rien au scientifique de la série BD, avec son gros nez caricatural et son éternel bonnet de douche bleu!
- le clin d’œil à la Joconde, dans le premier gag. Disciple est très drôle quand il garde la pose, déguisé en Mona Lisa! Dans le même gag, il imaginera le Radeau de la Méduse et se prendra pour Superman… Bref, on a droit à un survol culturel qui ratisse large!!
- le caractère très cartoonesque des personnages et des situations. Quand Disciple reçoit un coup sur la tête, c’est pour devenir tout plissé, en accordéon, le temps d’une case ou deux. Après, il redevient lui-même. C’est toujours comme ça : il se fait littéralement «déformer», suite à toutes les expérimentations de son maître… ou à ses élans de colère! Un autre exemple : le pauvre esclave volontaire a le visage tout noir de suie et complètement troué, comme du gruyère, après avoir reçu un coup de tromblon dans la tronche, pour ne pas avoir obtempéré à un ordre du maître. Vous ai-je précisé qu’on est dans l’humour burlesque? On retrouve ces mêmes exagérations dans la série Doggyguard, que De Groot scénarise aussi.
- les dessins, toujours très chargés mais très maîtrisés et efficaces. Les traits tout en rondeurs sont vraiment sympathiques, et donnent un petit côté bon enfant à l’ensemble. On voit que les auteurs travaillent dans la légèreté. Les couleurs, généralement très vives, sont à l’avenant!
- l’entrée en scène de Mathurine. Comme je le disais plus haut, l’arrivée de cette femme de ménage est salutaire. Elle apporte avec elle une touche féminine (enfin, si on peut dire, malgré qu’elle ne soit pas un exemple classique de féminité) dans cet atelier qui empeste la vieille chaussette et la poussière. Elle permet aussi une plus grande variété d’interactions. En plus d’être d’une méticulosité sans borne, elle possède une mémoire phénoménale et peut restituer un calcul de deux mètres de long qu’elle vient d’effacer accidentellement… en en corrigeant les erreurs qui s’y étaient insérées!! L’inventeur et son disciple n’auront plus qu’à bien s’essuyer les pieds avant d’entrer : Mathurine sera intraitable sur le point de la propreté! Espérons que les auteurs sauront l’exploiter intelligemment.
Ce qui m’a le plus agacé :
- les interventions du crâne qui philosophent. Elles pourraient être très drôles. Il me semble qu’il y a là, en effet, un terreau fertile pour de bons jeux de mots ou de bons gags… mais ici, ça tombe presque toujours à plat, malheureusement.
- plusieurs gags qui ne mènent à rien. Les deux derniers, celui sur la foire et celui, muet, où Léonard peint une pancarte FIN (?!?), en sont de bons exemples. Je cherche l’humour dans ces chutes ennuyeuses ou déjà-vu cent fois. En fait, c’est la qualité générale de tous les gags de l’album qui laisse à désirer. Sur les dix-huit gags, je dirais que seuls huit d’entre eux dépassent le stade du passable… Ce qui en fait dix d’endormants, de prévisibles ou de sans intérêt… C’est 55% de l’album! Pas bon, ça… Pas bon du tout… Surtout que les huit autres sont à peine passables! Serait-il temps de recycler le personnage? Si oui, les auteurs ne sont manifestement pas de cet avis puisque le tome #40 (!!!!) vient d’être publié au printemps dernier !! Ouf!!
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