#16- LE GRAND RETOUR
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS, Walter Goossens dit WALT
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1987 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 3.5 / 6
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Un grand retour longuement préparé!!
Écrit le vendredi 02 décembre 2011 par PG Luneau
Peut-être vous souvenez-vous que dans le tome #9, Khéna a retrouvé ses véritables parents, coincés dans l’Europe du XVIe siècle. Ils y avaient été envoyés suite au sabotage de leur vaisseau spatial perpétré par un rival, comme on nous l’a expliqué dans le tome #3 de la série. Suite aux retrouvailles, le père et la mère de Khéna avaient décidé de rester au Moyen-âge, le temps d’expliquer à leurs deux nouveaux enfants, Bérengère et Thibault, qui ils étaient vraiment (ils leur avaient caché leur réelle identité, pour assurer leur sécurité). Ils préféraient ainsi prendre le temps de mieux les préparer au grand choc qu’un saut dans le temps de plus de quatre cents ans peut inévitablement occasionner! Khéna et le Scrameustache avaient promis de revenir les chercher, un an plus tard.
Voilà que le délai est écoulé. Torkal, le père de Khéna, a montré à ses deux plus jeunes la «porte du temps» qu’il a pu construire dans une grotte, à l’abri des regards, avec les restes de son vaisseau spatial. Les deux enfants sont maintenant conscients que leurs parents viennent du futur, et qu’ils y retourneront tous incessamment. Mais l’attrait de toute cette nouveauté est trop fort, et c’est en allant actionner en cachette cette fameuse porte que Bérengère s’est retrouvée perdue dans le futur!!!
Heureusement, sa mésaventure lui a laissé deux séquelles assez positives : non seulement elle peut dorénavant déplacer les objets à distance, mais elle peut aussi envoyer son image astrale où bon lui semble! C’est pourquoi elle s’organise pour apparaître dans la chambre de Khéna, à notre époque! Elle parvient même à lui faire comprendre qu’elle a un problème! Sitôt prévenu, celui-ci met en branle le plan de sauvetage de sa famille, appelant les Galaxiens à la rescousse… Mais en 1553, la peste vient de s’abattre sur le village de Saint-Martin, où vivent les proches de Khéna, et Torkal, son père, est sévèrement atteint! Comment le jeune homme et le Scrameustache parviendront-ils à résoudre tous ces problèmes??
C’est drôle de réaliser que sept années se sont écoulées, dans la vraie vie, entre les prémices de cette histoire, dans le tome #9, publié en 1980, et celui-ci. Seul «un an» devait s’écouler, selon les termes du récit! C’est donc dire que toutes les aventures vécues dans les albums numéros 10 à 15, inclusivement, se sont passées à l’intérieur d’une même année!??! Le temps peut bien paraître élastique, avec des paradoxes comme celui-là!!
J’avais bien hâte qu’on revienne sur cet élément du récit global qu’on avait laissé en plan, question de savoir comment allait se passer ce «sauvetage temporel». En fait, mes attentes étaient tellement élevées que j’étais presque assuré d’être déçu!! Mais ça n’a pas été si terrible, finalement! L’intrigue est assez intéressante, malgré qu’elle ait été construite de manière un peu complexe. D’ailleurs, à ce propos, un conseil : les jeunes en difficulté de lecture devraient peut-être laisser passer cet opus. Compte-tenu de la complexité de la trame temporelle, les lecteurs moins habiles risquent d’être un peu dépassés par les nombreuses ellipses, surtout celles qui ne sont expliquées que cinq ou six pages plus loin! Par contre, les lecteurs plus aguerris, dès dix ans, devraient avoir bien du plaisir à lire cette aventure de sauts et soubresauts entre les années 1553, 1986 et 2857, et ce, malgré une certaine fadeur au niveau des décors!
Plus grandes forces de cette BD :
- une intrigue assez complexe, avec plusieurs ellipses savamment imbriquées. Parfois, les passages d’une séquence narrative à l’autre ne sont pas nécessairement très évidents à saisir, mais au bout du compte, la majorité d’entre nous parviendra à tout comprendre… sauf peut-être les plus jeunes lecteurs, ou ceux moins habiles. Mais, même sans tout comprendre, ceux-ci découvriront sûrement d’autres sujets d’intérêt et y trouveront quand même leur compte!!
- les interliens entre les différents récits. Évidemment, ce récit a ses racines dans les tomes #3 et 9, mais on retrouve aussi une référence à Snopsy, le Fantôme du cosmos. Gos prend vraiment le temps de bien exploiter ce qu’il met en place! C’est un bel atout… et ce n’est pas le cas de tous les scénaristes de son époque, loin de là!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la couverture, pas très originale. Le visage de Khéna n’y est pas vraiment réussi (encore!!), et la juxtaposition du costume médiéval avec les vêtements prétendument futuristes des deux autres (qui ressemblent plus à des Tibétains ou des Inuits!) n’est pas très judicieuse, surtout que les proportions ne sont pas respectées, pour une raison qui m’échappe! Finalement, la grosse planète, en arrière-plan, n’a pas vraiment rapport. Bref, c’est assez ordinaire…
- l’inexplicable apparition du don de télékinésie de Bérengère! C’est flagrant que la péripétie de la page 7 n’est mise en place que pour satisfaire les besoins ultérieurs du présent scénario!! En effet, Tilou n’aurait pas pu relever son défi de la page 31 si la jeune fille n’était pas télékinésiste! Mais j’ai très hâte de voir si Bérengère aura encore son don, dans les prochains albums!! Gos pensera-t-il aussi à le réexploiter? Par contre, je suis à peu près sûr que nous retrouverons Tilou : on fait trop de cas de la «magnificence» de son destin pour que celui-ci ne se limite qu’à ce qu’on en voit dans cet album-ci!!
- un assez gros bogue scénaristique. Puisque Bérengère peut projeter son image dans le temps, pourquoi est-elle allée voir Khéna plutôt que son propre père?? Ce dernier aurait pu bien plus facilement actionner à nouveau sa machine… et la faire revenir!? Était-il déjà alité à cause de la peste? Si oui, il aurait été intéressant de le préciser.
- la piètre qualité des décors. En fait, c’est toute la représentation du XXIXe siècle qui est fade et moche! La végétation y est inexistante, cataclysme nucléaire oblige; l’architecture y est dépouillée et minimale; le design y est aussi assez banal. Des doubles pages comme aux pages 32 et 33, c’est plutôt déprimant à regarder! Il me semble que de beaux panoramas post-apocalyptiques, c’est possible : d’autres dessinateurs en ont déjà produits, non?!?
- le personnage de Maître Whu, le précepteur de Tilou. Il est taciturne, semble malhonnête pendant une bonne partie de l’album et manque de chaleur humaine. Il me semble que sagesse peut se conjuguer avec sympathie, non? J’ai l’impression qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui non plus, et que son jeu n’est pas encore tout à fait clair…
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