#11- LE RENÉGAT
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1982 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 4 / 6
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«Y a une émeute dans la prison!»
Écrit le mardi 23 août 2011 par PG Luneau
Croyez-le ou non, non seulement les Galaxiens peuvent avoir quelques fortes têtes (comme nous l’avons constaté dans le tome précédent), mais ils en ont suffisamment pour les prendre en charge dans une espèce de pénitencier!! Bien qu’il ne s’agisse que d’un lieu clos où ils sont confinés pour manger et dormir après leurs journées de travaux communautaires, il n’en reste pas moins qu’il y a des barbelés, des miradors et des gardiens pour veiller à ce qu’ils ne s’échappent pas! En fait, c’est un peu comme nos prisons à nous, mais en moins sévère (quoi qu’on pourrait partir un débat bien juteux sur le «pauvre» sort réservé à nos criminels incarcérés, fichtrement mieux traités que la moitié de nos personnes âgées et que les neuf dixièmes de nos plus démunis!).
Le Galaxien qui a tenté de s’arroger le titre de Prince (dans le tome #10) s’y retrouve enfermé. Alors qu’il purge sa peine en agissant comme concierge, un peu partout dans la ville, il se fait «attaquer» par un robot étrange qui est atterri clandestinement et qui lui envoie un rayon au pouvoir bien particulier : voilà que le malappris voit ses capacités intellectuelles décuplées bien au-delà de leur potentiel!! Ce robot, il est l’œuvre de Zoltic, un petit inventeur qui vivait auparavant avec son frère Zoltac parmi les Galaxiens mais que ces derniers ont gentiment envoyés sur une espèce de base géante stationnaire, non loin de leur planète, afin d’éviter d’avoir à subir encore et encore leurs inventions ratées ou douteuses! Seuls sur cette vaste base (elle est bien représentée sur la couverture!), les frères Tac-tic ont pu laisser libre cours à leur ingéniosité et, pour une fois, les travaux de Zoltic ont débouché sur un produit fonctionnel… mais le candidat «choisi» au hasard pour l’expérimentation n’est vraiment pas le bon!!
Car maintenant qu’il possède un cerveau de génie, notre ancien conspirateur ne chôme pas : c’est tout un petit groupe de «punis» qu’il entraîne dans sa révolte, et leur évasion causera bien des remous dans la population galaxienne. Est-ce que Khéna et le Scrameustache, toujours sur place suite au mariage du Prince (voir tome #10), parviendront à tous les rattraper? Est-ce que le Renégat acceptera de se rendre? Et qu’adviendra-t-il de Falzarine, sa «belle», qu’il a dénichée sur Terre, sous le menhir du maléfique Falzar (voir les tomes #2 et #10)? Et comment réagira Patarsort, ancien chef des Kromoks (voir tome #8), qui s’est enfui avec eux??
Après deux excellentes aventures (les tomes #8 et #9) et une plutôt décevante (le #10), Gos y va d’un récit satisfaisant qui, comme toujours, laisse une belle place à l’humour et aux jeux de mots. Encore une fois, il puise parmi les personnages qu’il a mis en place dans ses tomes précédents pour enrichir son histoire, ce qui donne toujours un peu plus de crédibilité à un univers. Les Galaxiens, sous leurs dehors gouailleurs, se révèlent plus près de nous : ils exilent, ils bannissent, ils «punissent»… Bref, ils sont plus humains qu’ils ne le laissaient paraître. D’ailleurs, pour lui exprimer la grande déception que son comportement lui a causée, le Scrameustache n’hésite pas à dire au Renégat : «Tu t’es conduit comme un Terrien!» L’insulte suprême, s’il en est une!!
Un bon tome rempli d’action (comme la scène de l’infiltration de la base spatiale, qui est très mouvementée et assez captivante!) que je recommande à toute la famille… malgré sa finale un peu expéditive.
Plus grandes forces de cette BD :
- encore une fois, on découvre le côté moins «rose» du monde des Galaxiens : les «Punis» et leur «prison»…
- un certain humour. Gos est tout de même assez habile pour rédiger des répliques punchées et de bons jeux de mots.
- le grand nombre de liens vers les tomes précédents. On y parle de Falzar (du tome #2), de Patarsort (du tome #8), du Renégat et de Falzarine (du tome 10)… Le tout donne une impression de «tricoté serré» fort respectable, même si je suis d’avis que certains de ces personnages auraient été mieux de sombrer dans l’oubli (je parle bien sûr de Falzar, pour ne pas le nommer!)!
- un lieu et de nouveaux personnages originaux. J’aime bien l’idée de cette «île de l’espace», un genre de vaisseau laboratoire à la structure élaborée (et, pour une fois, esthétiquement intéressant!). Les frères Tac-tic sont aussi un bon ajout, de par leurs grandes compétences en technologie. Ils pourraient s’avérer potentiellement utiles, dans de futurs albums. De plus, leur look un peu inquiétant et leurs airs malicieux font en sorte qu’on ne sait pas trop, avant longtemps, si on peut ou non leur faire confiance!
Ce qui m’a le plus agacé :
- ça reste très verbeux. Où qu’on ouvre l’album, on tombe sur des planches surchargées de textes : à titre d’exemples, je suis tombé, en cinq essais au hasard, sur les pages 3, 10, 26, 31… et il y en a plein d’autres! Il y aurait sûrement moyen d’alléger un peu, non?
- le rôle un peu mystique de Falzarine, à la toute fin, qui résout le problème par un moyen inexpliqué. Ça nous laisse d’autant plus une impression bizarre qu’elle a un regard malin qui n’augure rien de bon… C’est sûr qu’on en réentendra encore parler, de ce petit couple maudit!
- la fin, un brin «garochée»! Quand l’élément perturbateur se résout dans le haut de la dernière planche, c’est que l’auteur est pris de court, c’est bien évident!! Et c’est dommage car ça l’oblige à conclure à la va-vite!
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