#07- CHAIR HUMAINE
Scénariste(s) : Vincent Lodewick dit DUGOMIER
Dessinateur(s) : Benoît ERS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Démons d'Alexia
Année : 2011 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Thriller ésotérique
Appréciation : 4.5 / 6
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Huis clos parmi les furets carnivores
Écrit le dimanche 07 mai 2017 par PG Luneau
Wow!! La dernière fois que je vous ai parlé des Démons d'Alexia, c'était il y a... 400 critiques!!! En effet, c'est exactement 400 critiques (et 7 ans!!??) plus tard que je clos la boucle en vous présentant le dernier tome de la série, un récit en un tome qu'Ers et Dugomier ont pondu en 2011!
C'est de lire Tueurs de mamans, dont je vous ai parlé dans ma critique précédente, qui m'a donné le goût de plonger dans ce septième tome des aventures d'Alexia : voilà ce qui arrive quand on s'ennuie trop d'un dessinateur qu'on apprécie! ;^) Sachant qu'il s'agissait du dernier, j'en ai bien profité, tout du long! ;^) On y retrouve notre sorcière/exorciste préférée dans un thriller qui prend des airs de huis clos.
Suite aux déboires survenus au Centre de Recherche des Phénomènes Surnaturels dans les tomes précédents, Alexia en est désormais la directrice. Mais les durs moments des derniers mois la pousse à prendre des vacances en compagnie de sa meilleure copine, Bérénice, la charmante secrétaire du Centre. Destination : les plages grecques!!
Mais la veille du départ, une requête arrive au Centre... en provenance de la Grèce, justement! On aurait découvert, au large des côtes, qu'une petite île sur laquelle se trouve un ancien avant-poste militaire abandonné, serait colonisée par une multitude de furets aux comportements étranges... Question de joindre l'utile à l'agréable, Alexia décide profiter de son petit voyage afin de faire un léger détour là-bas, au grand dam de Bérénice, qui souhaitait décrocher pour de bon! En compagnie d'un pachydermique spécialiste local en paranormal et de quelques militaires, les deux mignonnes copines accostent sur l'île, presque un simple rocher, pour une inspection de routine... Celle-ci s'avèrera malheureusement des plus périlleuses... et excessivement mortelle!?! Sans compter que l'ombre d'Alexia commence à lui jouer des tours!?! :^0
C'est bien gentil de la part d'Ers et Dugomier d'avoir pris la peine de nous offrir un dernier tome, en genre de testament... Le récit en est assez simple, peut-être un peu court, ce qui fait qu'on a parfois l'impression que les protagonistes prennent sur eux très rapidement après certaines scènes qui auraient normalement dû imposer un impact émotif plus intense! On dirait que, limités par les traditionnelles 48 pages, les personnages surmontaient très rapidement certaines horreurs auxquelles ils étaient confrontés... Ces excès d'héroïsme (ou cette inconscience?) mine peut-être un peu le réalisme du récit... Mais cette perception est bien personnelle, et elle n'altère en rien le plaisir que j'ai eu à retrouver de vieux amis comme Alexia, Bérénice... ou même Paolo, ce si désagréable pervers démoniaque!! ;^)
Au final, Chair humaine est un au revoir bien sympathique, qui clôt une série qui a su présenter des récits thrillants et angoissants à souhait tout en demeurant toujours d'assez bon goût pour rester grand public. En ce sens, Ers, Dugomier (et Smulskowski, la coloriste) ont fait un excellent travail. À lire sans réserve, à partir de 13 ans...
À lire aussi : mes critiques des tomes #1 à 6.
Plus grandes forces de cette BD :
- la maquette de couverture. Le mauve étant l'une de mes couleurs favorites, je suis bien servi ici! Et le fini satiné soyeux est tout doux au toucher! ;^)
- l'efficacité du sentiment d'angoisse engendré par ce huis clos. Moi qui aimais bien les furets, je peux vous dire que je serai plus sur mes gardes, les prochaines fois que j'en verrai un. Je me demande si les informations qui s'y rapportent, dans le récit, sont exactes, notamment celles en lien avec l'attitude des furets lorsqu'ils sentent l'odeur du sang?!... Coincés dans un bunker, cernés de toutes parts, les protagonistes n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre... C'est morbide et angoissant à souhait!! Et l'illustration de couverture situe très bien l'ambiance générale, dès le départ! ;^)
- la grande qualité des couleurs, des effets d'éclairage et même des motifs! Le travail de Scarlett Smulkowski n'est plus à vanter, je l'ai glorifié à plusieurs reprises dans ces pages! Ici, j'ai particulièrement apprécié les imprimés modernes qu'elle a su intégrer, comme aux p.6 à 9...
- le bonheur de retrouver des personnages qu'on aime bien. Ici, on est gâtés: la sympathique Bérénice joue un rôle plus que majeur dans ce huis clos! Pour sa part, l'inquiétant Paolo demeure aussi pervers et psychopathe qu'il l'était... mais on est quand même tout aussi heureux de le retrouver: un tour de force, avouez-le!! ;^)
- de bons éléments mystérieux, question de nous titiller les méninges tout au long de notre lecture. L'histoire de l'ombre d'Alexia qui se met à fluctuer lorsqu'elle passe près d'un symbole religieux ou la belle idée que «le temps se déroule différemment» à certains endroits de la planète m'ont particulièrement stimulé! ;^)
Ce qui m'a le plus agacé :
- les codes d'identification des planches. Un peu comme son confrère Ernst l'a fait dans son premier Boule à zéro, que j'ai critiqué il y a peu, Ers signe chaque planche d'un long étalage de lettres qui balafre le bas de chaque page: ERS - DUGOMIER - VII - 01 (puis 02, puis 03...). Si ça a le mérite de pouvoir parfaitement bien identifier une planche perdue dans un atelier, le petit côté «plaque d'immatriculation» m'agace un tantinet.
- un petit relâchement au niveau des gros plans. Comme on peut le constater dans le bas des pages 12 ou 19, il me semble que le dessinateur y est allé un peu vite quand il a tracé les physionomies de son héroïne. Il nous avait habitués à mieux, il me semble.
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