BOUMERIES, VOLUME 1
Scénariste(s) : Samantha Leriche-Gionet dite BOUM
Dessinateur(s) : Samantha Leriche-Gionet dite BOUM
Éditions : auto-publication
Collection : X
Série : Boumeries
Année : 2011 Nb. pages : 88
Style(s) narratif(s) : Strips
Genre(s) : Quotidien, Blogue, Humour, Humour naïf, Humour tendre, Autofiction
Appréciation : 5 / 6
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Une Boum de bonne Jack!!
Écrit le dimanche 01 décembre 2013 par PG Luneau
Tomes lus : Boumeries, volume 1 (2011, 88 p.)
Boumeries, volume 2 (2012, 108 p.)
Boumeries, volume 3 (2013, 116 p.)
Ça y est, je m’y suis enfin mis!! Depuis plus d’un an et demi que je croise cette charmante Boum à tous les salons et les festivals (comme ici, ici ou ici), il était grand temps que je me plonge dans son quotidien si particulier!
«Mais qui c’est, cette Boum?» C’est d’abord et avant tout un petit brin de femme éminemment sympathique, de celle avec qui on voudrait tout de suite être l’ami! Vous savez, ce genre de personne qui dégage une véritable joie de vivre, qui semble toujours heureuse, qui traite tout avec un brin d’humour… mais aussi une touche de cynisme, comme je l’aime! Une personne aux bonheurs simples mais vrais, accommodante et invitante, la charmante voisine qu’on aimerait mieux connaître, quoi!...
Cette jeune femme, qui approche la fin vingtaine, est maintenant mère (depuis quelques mois)… mais elle est aussi bédéiste depuis quelques années (en plus de travailler en animation)! C’est en créant un blogue : Boumeries, qu’elle s’est astreinte à dessiner plus régulièrement… Tout a débuté quand elle a voulu relever le défi du Hourly Comic Day de 2011, un événement très prisé chez les cartoonistes anglophones, au cours duquel chacun doit fournir un strip par heure, ce strip racontant un événement survenu durant l’heure précédente! Depuis, l’expérience lui ayant plu, elle continue à alimenter ce blogue en y publiant quotidiennement ses fameuses Boumeries!
«Mais qu’est-ce que ces Boumeries?» demanderez-vous! C’est Boum elle-même qui nous l’explique le mieux, en exergue de son troisième album! Voyez plutôt : «Boumerie : nom commun, anecdote comique mettant en scène Boum et/ou son conjoint Pierre-Luc, habituellement racontée en quatre cases. Sujets récurrents : rêves, jeux vidéo, emplois, souvenirs d’enfance, et hygiène personnelle.». Maintenant que j’ai complété ma lecture des trois tomes, je puis vous confirmer que c’est on ne peut plus exact!
En effet, Boum fait dans l’autobiographique, mais un autobiographique tout à fait tordant! Par l’entremise de ses strips, elle nous démontre qu’elle possède un don incomparable pour observer son environnement et y déceler la parcelle d’amusement ou de ridicule qui pourra alimenter son travail! Son regard acéré lui permet de tout repérer… et son humour inouï transpose l’information en mini scénarii de quatre vignettes, qu’elle dessine d’un trait souple, rondouillet et joliment rassurant, qui, quand on y regarde de plus près, n’a rien de simpliste. Si un événement le moindrement cocasse ou inusité est survenu dans sa journée, on peut être sûrs qu’elle nous le présentera dès le lendemain, même (et peut-être surtout!!) si ça la met en cause! Et pour ce qui est de l’autocensure, sachez que Boum ne s’y complait à peu près jamais : elle n’a aucune honte à nous dévoiler son intimité! Il n’est pas rare qu’elle se dessine dans des situations peu avantageuses pour elle, ou à des moments assez intimes... mais toujours de bon goût!! Bien qu’on les retrouve parfois sous la douche ou au lit, elle et son conjoint, le tout est montré avec beaucoup de respect, et reste accessible à tous!! Bien sûr, le fait que la jeune femme fasse une obsession sur les bols de toilette, au point d’en rêver deux ou trois fois par semaine, contribue quand même beaucoup à cette impression d’impudeur! ;^) (Autre petite anecdote : Boum m’a déjà confié qu’elle se dessinait presque toujours avec les vêtements qu’elle portait le jour dit!! Ainsi, toute sa véritable garde-robe s’étale dans ses albums!! Si ça, ce n’est pas de la vérité toute crue (à défaut de toute nue! ;^), je me demande ce que c’est!! ;^)
Évidemment, ce genre d’humour du quotidien est toujours très risqué : comment alimenter un tel blogue à chaque jour en restant tout le temps amusant? Des jours de vache maigre ne peuvent faire autrement que de survenir, de temps à autre, et les jours délirants sont généralement assez rares… Mais avec Boum, on est véritablement bien servi. D’abord, en lisant ses trois premiers tomes, j’ai ri aux éclats plus souvent que je ne l’ai jamais fait en lisant une BD. Puis, les gags un peu moins rigolos restent excellents plus souvent qu’à leur tour et parviennent à nous décrocher un sourire amusé, un tendre clin d’œil ou une petite introspection de bon aloi.
C’est tout ça qui me fait dire que la Boum, elle est hot pas à peu près! Un humour des plus solides, des dessins super mignons, une capacité d’abandon indiscutable, une totale intégrité… Bref, Boum, c’est la version masculine du parfait bon Jack, et moi, je la veux comme amie, point final!! ;^) À lire à partir de 14 ans.
Voyez aussi ce que mon amie Kikine a pensé des tomes #1 et 2.
Plus grandes forces de cette BD :
- la somptuosité des couvertures. Autant je suis tombé en amour avec le profond bleu nuit du tome #3, autant j’aime le petit côté class des deux premiers, sur fond blanc. De plus, les illustrations sont comme en léger relief sur le carton glacé : c’est d’un chic fou!
- mes trois dédicaces!! Après avoir eu un autoportrait de l’artiste, puis un portrait de son beau Pierre-Luc, j’ai eu le bonheur d’avoir, dans mon tome #3, un chouette dessin montrant sa jolie petite Margot! Je me demande bien qui ornera mon quatrième tome, quand il sortira?!? Le jeune couple s’attellerait-il à la lourde tâche de concevoir un petit frère pour la belle Margot?? ;^)
- la mise en page aérée, avec parfois des petits dessins pour clore une section ou en commencer une autre. Ces sections (par exemple le Daily comic week, le défi d’Heure en heure, les Mois français et coréen…) sont d’ailleurs presque toujours présentées à l’aide de petits textes explicatifs, souvent amusants.
- la mise en contexte de certains strips, avec une ligne explicative, juste en dessous, pour nous en préciser les détails. C’est le cas quand les sujets sont plus obscurs, ou qu’ils font référence à un événement dont on n’avait pas entendu parler auparavant dans les albums…
- la qualité de l’humour. Comme je le disais plus haut, j’ai eu très souvent des petits rires sonores. Parfois, les situations sont ridicules, mais Boum parvient à tourner ça de façon à ce que ça me fasse tordre de rire quand même, comme la fois où elle veut empêcher son chum endormi de faire du bruit en tapotant… et qu’elle finit tout bonnement par recevoir une gifle involontaire de sa part!! Évidemment, l’humour, c’est toujours très suggestif… mais il faut croire que celui de cette jeune auteure tombe tout à fait dans mes cordes : j’ai vraiment des atomes crochus avec ces strips!
- la bonhomie qui se dégage de la personnalité de l’auteure. On la sent si réelle, si proche de nous, qu’on a vraiment l’impression de la connaître intimement! Il est vrai qu’elle se livre vraiment beaucoup, se mettant à nue (parfois littéralement!! ;^), en nous parlant de des rêves qu’elle fait la nuit (elle a une saprée mémoire pour ces choses, en plus!!), de ses obsessions pour les toilettes, de ses souvenirs d’enfance ou d’adolescence… Certainement que son humour et sa façon de nous le transmettre viennent carrément me chercher : j’ai rarement ressenti autant d’empathie envers un (ou une!) bédéiste!
- la place qu’elle laisse à ses amis-artistes. Très ouverte, Boum n’hésite jamais à publier quelques strips commis par d’autres cartoonistes, qui se prêtent à l’exercice de la mettre en scène, en quatre case, cherchant parfois à emprunter son style, ou préférant d’autres fois garder le leur. Ça a été le cas, par exemple, lors des jours qui ont suivi son accouchement : le blogue était alors alimenté par ces «bédéistes externes»! Chouette formule!! Ainsi, à travers les trois tomes, on peut goutter aux talents graphiques de sa grande amie et complice de toujours Cab, de Madéleine Flores, d’Aaron Lenk, de Riley, de Marissa, d’Adriana Blake, de Dave Buist, de Courtney Huddleston, de Kelly Tindall, de Jostein Fyllingen et de Thomas Rothlisberger! Et toujours, Boum nous encourage à aller visiter leur blogue respectif, en nous en donnant l’adresse. Une belle introduction à la vague de plus en plus populaire de la web-BD! On a même droit à un strip de Pierre-Luc, son amoureux, complice…et faire-valoir!!
- les quelques pages avec couleurs, dans les tomes #2 et 3. Cette dizaine de strips avec de petites touches de couleurs discrètes ravissent notre œil et brisent l’uniformité! ;^)
- le prix!! Pour une auto-publication, je me serais attendu à payer plus que 10$ par albums! Le format en est petit, c’est vrai, mais le nombre de pages est tout de même bien intéressant, et on suppose que l’auteure n’en a pas fait imprimer des milliers!
- la photo finale de sa petite poupoune, Margot, dont on suit la croissance intra-utérine tout au long du troisième tome! Cette incarnation réelle est comme la confirmation de la véracité de tout ce que Boum nous raconte, la preuve qui scelle le tout!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la mollesse du papier. En effet, les pages sont si molles qu’on peut difficilement tenir le livre dans nos mains quand on le lit sans avoir l’impression de tenir un albatros qui bat des ailes au gré du vent! ;^) Ce phénomène est amplifié par le format à l’italienne, aux pages longues mais très étroites.
- la petitesse des caractères, dans les bulles. Parfois, c’est véritablement illisible, parce que trop petit ou trop serré, et c’est bien dommage! Par exemple, dans le tome #1, à la p.34, j’ai mis bien du temps à comprendre ma méprise, quand je lisais : «Mais tout ça pour le BRN de la bédé!» (au lieu de «BIEN»!)
- les quelques gags que je n’arrive pas à saisir! Le strip Supermoon en est un bon exemple (tome #1, p.34)… Mais il y en a toujours, dans tous les recueils de gags (principalement dans les Garfield, que j’ai tant de mal à comprendre! ;^)
- l’anglicitude du blogue! Si les albums sont publiés en deux versions (une française, une anglaise), le blogue, pour sa part, n’est qu’en anglais! Les unilingues francophones n’ont donc pas le privilège de suivre leur héroïne-bédéiste préférée au quotidien! Ils doivent plutôt se rabattre sur la version papier, une fois l’an! (Par contre, les textes sont souvent assez simples à comprendre, même pour quelqu’un qui, comme moi, n’est pas très habile avec la langue de Shakespeare!)
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