#04- BOUMERIES, VOLUME 4
Scénariste(s) : Samantha Leriche-Gionet dite BOUM
Dessinateur(s) : Samantha Leriche-Gionet dite BOUM
Éditions : autoédition
Collection : X
Série : Boumeries
Année : 2014 Nb. pages : 96
Style(s) narratif(s) : Strips
Genre(s) : Autofiction, Quotidien, Blogue, Humour, Humour tendre, Humour naïf
Appréciation : 4.5 / 6
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Bienvenue chez Boum!
Écrit le samedi 26 octobre 2019 par PG Luneau
Tomes lus : #04- Boumeries, vol.4
#05- Boumeries, vol.5 (2015, 106 p.)
#06- Boumeries, vol.6 (2016, 124 p.)
#07- Boumeries, vol.7 (2017)
Voilà que je me replonge enfin dans les Boumeries, cette petite série d'albums auto-publiés par Boum dans laquelle elle nous raconte son quotidien avec son chum, sa petite Margot et, au fil des tomes, sa nouvelle petite Annette. Sans pudeur aucune, avec une honnêteté tout ce qu'il y a de plus rafraîchissante, la jeune femme croque sur le vif tous ces petits moments irréels, toutes ces petites répliques judicieusement tordantes, tous ces mots d'enfants à la fois drôles et touchants, bref, elle nous étale sa vie de famille, la vie tout ce qu'il y a de plus banale d'une famille tout ce qu'il y a de plus banale...
Et pourtant, ces albums sont tout sauf banals!! En effet, sous le regard rempli d'autodérision de cette bédéiste, chacun de ces petits détails du quotidien devient un gag désopilant qui nous soutire presque toujours un rire, sinon un sourire. J'ai rarement autant pouffé en lisant un album d'humour qu'en lisant ces Boumeries... et juste pour ça, Boum, je t'en remercie!
Sur le plan du contenu, les grands thèmes des albums précédents sont toujours bien présents. Que voulez-vous : geek un jour, geek toujours! Ainsi, l'autrice baigne encore pas mal dans les références aux jeux vidéo et aux films d'animation et nous dévoile certains pans de sa vie d'illustratrice de BD (les salons, les fans, les Hourly comic day...). Toujours autant connectée à ses rêves, Boum continue aussi de nous «offrir» ses délirants rêves de toilette, thème récurrent devenu un classique au sein de cette série!
Ce qui est fascinant avec les Boumeries, c'est que Boum se met tellement à nu devant nous (presque littéralement, parfois!! ;^) qu'on a carrément l'impression d'entendre notre meilleure amie nous raconter sa journée. Puisque j'ai eu la chance de rencontrer l'autrice à plusieurs reprises, tous ces gags me semblent encore plus drôles : j'y perçois sa voix, ses intonations, ses regards expressifs... Et, pernicieusement, j'ai l'impression de la connaître beaucoup plus que je la connais vraiment À CAUSE de toute cette intimité étalée! J'ai presque l'impression que je pourrais rentrer chez-elle et qu'elle m'y accueillerait à bras ouverts, puisqu'elle est si intime avec moi! C'en est troublant! (Non, non, Boum, je ne te ferai pas le coup du groupie qui devient harcelant!! ;^)
La grande nouveauté, c'est l'entrée en scène de ses deux petites poupounes! Si vous doutiez que l'avènement d'un enfant bouleversait une vie, vous en aurez ici la preuve : c'est à vitesse grand V que ces deux charmantes petites têtes blondes s'imposent dans les gags, ajoutant notamment une autre couche (excusez-la!) aux excellents gags de caca que Boum pouvait déjà nous pondre avant leur naissance!! ;^D Clairement, Margot (la toute sage) et Annette (la petite boule de spontanéité) volent la vedette plus souvent qu'à leur tour, pour notre plus grand plaisir, étalant leur sagesse ou jetant de par leurs réactions on ne peut plus saines un peu de révélateur sur certaines des incohérences de nos propres agissements d'adulte!
Au rythme d'un album par année, on a la chance de les voir grandir peu à peu car, telle Lynn Johnson dans sa série-culte For better or for worse, Boum fait vieillir ses personnages d'un an par année... Forcément, puisqu'il s'agit de leur vie!! ;^)... À ce propos, mon petit doigt me dit que je suis mieux de profiter des gags qu'il me reste à lire (j'ai déjà les tomes 8 et 9, et je sais qu'un 10e est en préparation...) car qui sait combien de temps encore cette petite famille acceptera qu'on s'introduise dans leur quotidien? Après tout, elles ont droit à leur vie privée, ces poupounes-là, non!? ;^) Et puis, la série a tout de même dépassé, dans le tome #7, le pallier des 1000 strips! Peut-être l'autrice souhaitera-t-elle se consacrer à d'autres projets, elle qui a déjà commencé à diversifier sa production en illustrant des scénarios d'autres auteurs, tant au niveau des BD (Capitaine Aime-ton-mou contre les ténèbres du suif, sur un texte de Guylaine Guay) qu'au niveau des albums pour la jeunesse (le splendide Une cachette pour les bobettes, d'Andrée Poulin, notamment!). Chose certaine, on n'est pas près de ne plus voir les sympathiques traits tout en rondeur de Boum... et on en est très contents! ;^)
À lire aussi : ma critique des trois premiers tomes.
Ce qui m'a le plus agacé :
- les quelques gags qui m'ont laissé dubitatif... Ces albums m'ont permis de constater que malgré mon indubitable geekitude, certains pans de cet univers restent obscurs pour moi. Ainsi, presque tous les gags faisant référence aux jeux vidéo m'ont à peu près tous laissé pantois (comme celui du tome #4, p.18, ou celui du tome #6, p.115)... Manifestement, ça manque à ma culture...:^S
- la typographie, que je trouve parfois un peu petite. Je vieillis, c'est sûr, mais mes lunettes font généralement assez bien leur travail... Pourtant, pour certains gags, je devais faire un effort particulier pour décoder les textes. Ça a été le cas pour le gag Idées, à la p.47 du tome #4. Un peu trop petit, un peu trop serré, ça pourrait facilement être plus lisible...
- les Hourly comic day. Pour ceux qui ne connaissent pas, j'explique: les bédéistes qui le désirent sont appelés à pondre un strip par heure, pendant toute la journée du 1er février (de 7h à 22h, par exemple). Le sujet? Leur journée!?! Ça se veut donc une série de strips sur le quotidien d'un bédéiste. Sur papier, l'idée est intéressante. Dans les faits, ça manque souvent de punch, de mordant... Forcément: il ne peut pas arriver 3000 malheurs à un bédéiste qui passe sa journée à sa table à dessin! Ça devient donc très vite redondant. Même si Boum parvient à tirer son épingle du jeu plus souvent qu'à son tour, il n'en demeure pas moins qu'elle fait ce challenge à chaque année. Donc, on le retrouve à chaque album et, ma foi, ce sont les pages que je trouve généralement les plus faibles. En effet, sur les 15 strips pondus, il peut y en avoir 1 ou 2 de vraiment intéressants... mais ça ne fait pas un gros ratio, surtout pas pour Boum, qui a une moyenne au bâton bigrement plus élevée!:^S
Plus grandes forces de cette BD :
- l'objet-livre. J'ai toujours aimé les strips. Depuis le début, Boum a choisi de publier ces bandes dans des petits albums à l'italienne. Ils sont peut-être un peu trop souples, mais les couvertures, que j'ai toujours trouvées particulièrement réussies, se surpassent de tome en tome, tant par leur coloration de plus en plus flamboyante que par leur originalité. C'est un gros Wow! pour celle du #5, un super Watatatow! pour celle du #6 et un génialissime Êtékeurante!! pour celle du #7! ;^D Parlant des couleurs, j'aime bien les toutes petites touches de couleurs qui apparaissent, TRÈS parcimonieusement, sur trois ou quatre pages de chacun de ces tomes. Autre point positif: le nombre de pages! Oui, elles sont petites (l'équivalent d'une demi-page standard), mais elles sont nombreuses: de 96 à 124 pages par tome! J'ai toujours senti que j'en avais réellement pour mon argent avec ces Boumeries.
- la quantité impressionnante de gags qui m'ont fait m'esclaffer. J'en parle souvent, quand je commente des séries de gags en une page ou des strips: généralement, dans ce genre d'albums, peut-être un gag sur 20 me fait réellement rire, un sur 7 ou 8 me font sourire, et les autres sont simplement sympathiques ou gentillets... Avec Boum, pour je ne sais trop quelle raison, la magie opère à une cadence bigrement plus marquée. Je ne sais pas si c'est parce qu'on a plein d'atomes crochus, mais mon ratio de plaisir est presque doublé! Je trouve ça formidable! ;^)
- mes dédicaces, bien sûr. À la fois dessins personnalisés et occasions de discussion avec l'autrice, ces dédicaces enluminent mes albums... et me permettent de prendre des nouvelles fraîches de Boum! Si celle du tome #4 m'avait laissé un peu dubitatif (je sais maintenant que ce curieux personnage s'appelle Irma, et qu'il s'agit du toutou-doudou de la petite Margot!), les autres me présentent Boum, Margot jeune fille puis bébé Annette (on se rappellera que, dans les trois premiers tomes, j'avais déjà eu droit à Boum, son copain Pierre-Luc puis bébé Margot). Ils sont précieux, ces petits dessins! ;^)
- mes nombreux points communs avec Boum. Le gag de la p.29 du tome #5 me prouve qu'elle et moi avons le même rapport avec l'exercice physique. De même, je retrouve chez ses gags un écho (tout aussi incongru qu'étonnant!) quant à la récurrence de la thématique des toilettes dans mes rêves!!:^O En effet, Boum rêve TRÈS souvent de toilettes. Mais ce qui est fantastique, c'est que non seulement l'autrice a le courage de nous raconter ces étrangetés... mais que je m'y reconnais!!! Je fais aussi TRÈS souvent ce genre de rêves, et je trouve fabuleux de constater que je ne suis pas seul! Merci, Boum, de nous aider à normaliser cette bizarreté!! ;^D
- les petits dessins qui garnissent certaines pages, à la fin de certaines sections. J'ai particulièrement aimé sa version de la famille Adams (tome #4, p.33... pour l'Halloween, si je ne m'abuse!).
- les caméos! On croise notamment Boulet, le bédéiste français, alors qu'il était de passage au Festival de la BD de Québec (en 2014)... mais le fait de connaître (un peu) Boum me permet d'identifier, parfois, certains de ses proches. Ainsi, j'ai débusqué Gautier Langevin à quelques reprises, puis Caroline Breault (alias Cab), plus régulièrement. Cab et elle n'étaient-elles pas ensemble, la première fois que je les ai rencontrées, lors du Salon du livre de Montréal, en 2012, alors qu'elles venaient d'être publiées dans Amuse-gueules, le collectif de Glénat Québec sur la nourriture? Souvenirs, souvenirs... ;^)
- certains gags en cascade. J'aime beaucoup les strips, mais j'aime encore plus quand ils forment une séquence qui exploite un même événement, une même anecdote. Ainsi, le passage où Pierre-Luc tente de faire dire «Papa!» à sa fille (tome #5, p.38 et 39) est d'autant plus efficace que chaque strip se trouve renchérit par ceux d'avant! Idem pour le passage avec l'inquiétant Snoopy de Noël (Tome #5, p.76-78). Sympa!
- l'efficacité des expressions faciales de tous personnages. Les bouilles de douleur dessinées par Boum sont particulièrement hilarantes (genre celles du tome #6, p.37 ;^D).
- les petits commentaires ajoutés, parfois, sous les strips. Ces petits bouts de phrase viennent parfois préciser un contexte moins évident ou, simplement, en ajoutent une couche... Ces fois-là, c'est toujours très amusant!
- l'oralité de la langue. Quand on lit «Okay debord!», on sait qu'on est au Québec. Idem avec «le suit d'hiver» (qui m'a bien fait sourciller quelques secondes, à ma première lecture, car je lisais le verbe suivre!! ;^). C'est bon de lire notre langue, de se sentir chez-nous!... ;^)
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