Mon troisième safari-dédicaces : le FBDFQ 2012! (1re partie)
Écrit le jeudi 03 mai 2012 par PG Luneau
le FBDFQ 2012, un terrain de chasse exceptionnel!
Ça y est!! J’ai vécu mon premier Festival (international) de la BD francophone de Québec! Le plus navrant, c’est que ce soit mon premier… alors que cet illustre événement célèbre cette année son 25e anniversaire!! Qu’est-ce que j’attendais pour me botter le derrière et m’y rendre, question de profiter de toutes les belles activités qui s’y déroulent? Chose certaine, j’ai pris cette première participation très à cœur!! J’ai mis des heures à me préparer en planifiant mes allées et venues et, comme un enfant avant Noël, j’ai compté les dodos qu’il me restait avant cette fin de semaine d’exception, qui s’est déroulée du 13 au 15 avril dernier!!
Premier bilan : 22 dédicaces en bonne et due forme!! Bon, elles ont nécessité quelque chose comme 19 ou 20 heures de pied de grue… mais comme on fraternise en jasant dans les files, ce n’est pas si mal!
Premier constat : Je reconnais de plus en plus de visages! Je travaille fort, bien sûr, pour mémoriser les visages des bédéistes, que souvent on ne connaît pas tant ils sont peu médiatisés. Mais je parle aussi des professionnels du milieu, des journalistes et, surtout, des autres chasseurs de dédicaces qui, comme moi, sont passionnés au point de venir de Montréal pour passer trois jours au Festival de Québec!! J’ai été très étonné de retrouver une vingtaine de personnes que j’avais déjà vues, soit au Salon du livre de Montréal, soit au Comic Con, ou encore à un lancement ou à une séance de dédicaces quelconque, chez Planète BD ou chez Monet, par exemple! Je réalise qu’il existe une véritable communauté de fanatiques, que je ne suis pas seul à vivre cette passion irraisonnée! C’est rassurant et assez agréable! Ça permet même de relativiser : «Quoi!? Ton oncle possède 13 000 BD!??! Je ne suis pas si pire, avec mes 3500!!» ;-) Quand je pense que je n’en suis qu’à mon troisième safari-dédicaces, j’imagine bien ce que ce sera quand j’aurai dix ou douze événements à mon actif : je connaîtrai probablement tout le monde par leur petit nom, autant les bédéistes que les journalistes, les organisateurs et les fans!! Cooool!
Je vais donc vous décortiquer, en vrac, mon séjour à ce festival, festival qui occupe un bon petit coin du Salon du livre de Québec. Je débuterai par parler du festival dans son ensemble et de quelques petites dédicaces que j’ai glanées à gauche et à droite. Une future chronique vous fera part de mes rencontres avec les Européens de passage, puis un dernier texte vous présentera mes discussions avec nos grands bédéistes québécois.
D’abord, je n’ai pas pu assister à autant d’événements parallèles que j’aurais voulu. En effet, le temps passé à écouter les interviews, les échanges ou les débats sont autant de temps où l’on manque de précieuses dédicaces!! De plus, comme toutes ces activités sont souvent simultanées, le hasard a fait que j’avais presque tout le temps deux ou trois artistes à essayer de voir par plage-horaire… Ainsi, j’ai dû faire le deuil de plusieurs exposés.
Par exemple, je suis arrivé trop tard pour la discussion sur «la place de la BD dans l’enseignement»! Cette plénière, à laquelle il fallait s’inscrire, se déroulait le vendredi après-midi, en marge du festival. J’aurais bien aimé entendre ce qu’il en retourne, tant chez mes collègues du primaire que chez ceux du secondaire ou du collégial. Et j’aurais adoré, à cette même occasion, rencontrer Jacques Samson, animateur-analyste invité : il m’a enseigné la BD pendant une session, quand j’étais au cégep, et j’aurais été honoré de le revoir et de lui exposer la place importante qu’a pris son média de prédilection dans ma vie, en partie grâce à lui!
Sinon, il n’y a eu que quelques cafés-rencontres ou quelques tables rondes auxquels j’ai pu assister partiellement, principalement lorsque la file d’attente dans laquelle je me tenais se trouvait à côté de la petite scène où se déroulaient ces événements! J’ai donc pu entendre François Lapierre et Patrick Boutin-Gagné comparer leur façon respective de travailler. Le jeune Boutin-Gagné m’a accroché en parlant de l’importance de la mise en place de ses découpages. Il a une approche très systémique de la lecture de page, et tient toujours compte du fait que l’œil d’un lecteur sera toujours d’abord attiré par les visages, puis les phylactères, qu’il ne faut pas trop charger. Ces explications, assez techniques, m’ont étonnamment intéressé : on voit bien, et il le dit lui-même, qu’il applique rigoureusement ce qu’il a appris… dans les livres, lui qui n’a jamais eu aucun cours de dessin de sa vie!! Fascinant!!
Puis, j’ai entendu parler plus longuement du projet Heroes of the North, cette bande de joyeux lurons que j’avais déjà aperçue lors du dernier ComicCon. J’ai découvert qu’il s’agit d’un projet multimédia jumelant le comic book au web. Les frères Brouillette, deux des idéateurs du projet, ont voulu créer une série de justiciers canadiens, au prise avec des superméchants, terroristes felquistes et séparatistes !?! Mais ils ont tenu à les créer autant en version papier, où ils vivent des aventures dessinées, qu’en version numérique, où de vrais comédiens, brillamment costumés, s’exhibent devant les caméras et jouent de courtes capsules vidéo qui paraissent sur le web. Un projet bien amusant, où la BD et le web se complètent littéralement, le tout exécuté par une joyeuse bande de copains qui semble bien s’amuser, en travaillant sérieusement, mais sans se prendre au sérieux! Quel dommage que tout ce matériel ne soit qu’en anglais!!
De manière plus succincte, j’ai capté des bribes d’interviews : une où Michel Rabagliati nous expliquait qu’il ne se laisse aucunement submerger par la pression du prochain tome, suite aux divers succès qui jalonnent sa carrière; une autre où Leif Tend faisait des parallèles entre la création BD et la création de jeux vidéo; puis une où Jacques Goldstyn et Brian Perro s’affrontaient en présence de leur éditeur, Félix Maltais, du magazine des Débrouillards. Goldstyn tentait de convaincre Perro que les scientifiques présentés dans les BD n’ont pas à toujours être méchants! Un bien plaisant débat, rempli de drôleries et de fausses présomptions.
Une de mes déceptions : l’absence de Denis Goulet. Bien qu’il ait été annoncé, ce dessinateur québécois, que plusieurs considèrent comme un des cinq meilleurs dessinateurs de la province, ne s’est pas présenté. Jacques Lamontagne, qui le connaît un peu, nous expliquait que ce Goulet (à ne pas confondre avec Albert-André Goulet, coscénariste de Lionel et Nooga!), est un grand timide que les bains de foule et les exigences des dédicaces font fuir presque à tous les coups. Dommage, puisqu’il vient de sortir un album chez Delcourt : la classique histoire de Carmen, de Prosper Mérimée, publiée dans la collection Ex-Libris, une collec que j’aime bien!
Une autre : j’ai raté Jean-Paul Eid, le génial créateur de l’album le Fond du trou, mettant en vedette l’amusant Jérôme Bigras. Comme il vient de gagner le Bédéis causa du meilleur album de l’année, je suppose que j’aurai la chance de le recroiser, peut-être au futur Festival de la BD de Montréal, le tout premier, qui aura lieu dans quelques semaines, au début juin?!
Pendant tout le week-end, j’ai pu croiser et échanger avec plus d’une vingtaine de créateurs. Certaines de ces rencontres ont été assez courtes, ou plus impersonnelles. Par exemple, Ian Fortin et moi sommes presque restés muets pendant qu’il me dédicaçait son premier album, Boni (un recueil de strips avec toute une famille de mignons lapins). Il est vrai que je ne l’avais pas lu. C’est à peine si j’ai pu savoir que ça s’adressait, d’après lui, à des jeunes de 12 ans et plus! Même chose avec Alex A., l’amusant et hyperproductif auteur de l’Agent Jean, une nouvelle série, toute récente… mais qui en sera déjà à son troisième tome à l’automne!!! Une véritable machine, ce jeune homme!! Et ses dessins, bien que loufoques, ne sont pas bâclés pour autant!!
Sur la page de garde de mon Burquette #1, Francis Desharnais m’a dessiné une charmante petite Alberte en train de danser sous l’œil scrutateur de son paternel. Ce faisant, il m’a confirmé que sa petite héroïne n’aura pas de troisième opus, occupé qu’il est à la faire vivre sur le web via des strips hebdomadaires, en lien avec l’actualité, et des capsules vidéo, où elle prend littéralement vie, grâce à toute une équipe d’animateurs!
Je me demandais bien comment Tristan Roulot, scénariste des Goblin’s, allait dédicacer ses albums : je ne m’attendais qu’à un mot gentil, sans dessin, puisque Corentin Martinage, le dessinateur, était absent… Mais non!! Ce dernier a «enseigné» à son scénariste quelques bases, de manière à ce qu’il puisse dessiner, dans un style quand même assez ressemblant, deux des héros de leur série! J’ai opté pour Goblin des bois, et pendant qu’il me le dessinait en m’en expliquant toutes les étapes, j’ai été à même de découvrir le grand humour de ce Français maintenant installé chez nous.
Parlant de Français devenu Québécois, j’ai aussi croisé Frédéric Antoine, toujours en compagnie de son dessinateur et ami, Yves Rodier. Profitant d’un moment où ils étaient seuls à leur table, j’en ai profité pour leur demander où en était rendu le tome #2 de leur nouvelle série El Spectro, dont ils m’avaient longuement entretenu lors du dernier ComicCon. Rodier m’a avoué avoir pris du retard, et que rien ne sortirait avant l’automne, peut-être pour le prochain Comic Con… (qui d’ailleurs serait, selon eux, à ne pas manquer, compte-tenu des grands noms qui y seront invités, à en croire les rumeurs!). Voilà qui est bien pour moi : ça me donnera du temps pour lire leur tome #1, auquel je n’ai pas encore touché!
Sur le plan financier, j’ai été très sage : que six achats! Il est vrai qu’à chaque jour, je portais déjà sur mon dos de douze à quinze albums que j’avais amenés de chez moi pour les voir recevoir une dédicace! Je vous jure qu’au retour, le spa a été apprécié comme JAMAIS, tant par mes jambes, exténuées de tant d’heure à faire le piquet, que par mon dos, endolori par tout ce poids traîné!
Avec tout ça, j’ai eu bien peu de temps pour visiter le reste du Salon. À coup de cinq minutes par ci et de dix minutes par là, je me suis peut-être baladé une heure trente ou deux heures à l’extérieur de la zone réservée à la BD!! Ça m’a quand même donné l’occasion de voir plein d’auteurs très connus, tant pour la jeunesse que pour les adultes : Dany Laferrière, Denise Bombardier, India Desjardins, Alain M. Bergeron, l’illustrateur (et bédéiste!) Jean Morin… et même Géronimo Stilton, la célèbre souris!! Elle signe non seulement des dédicaces, mais passe beaucoup de temps avec chacun des jeunes qui vient la voir, le questionnant sur les aventures qu’il connaît et sur ses préférences. Je ne sais pas qui se cache sous ce costume, mais il est génialement impliqué dans le personnage!! Chapeau à lui!
Finalement, je conclus cette première partie avec le volet «human interest», en vous révélant deux de mes principaux coups de cœur. Le premier, c’est la rencontre d’un collectionneur super sympathique, qui habite dans le coin de Trois-Rivières et travaille en design graphique. Le problème, c’est que l’on ne s’est jamais officiellement présenté!!! Ainsi, je crois qu’il se prénomme Steeve, mais je n’en suis vraiment pas sûr! Je m’étais bien juré, le samedi soir, de lui demander officiellement son nom le lendemain… mais il ne s’est pas pointé, dimanche! Chose certaine, j’ai passé un très bon moment à attendre en sa compagnie, à jaser de tout et de rien, et j’espère sincèrement pouvoir le revoir d’ici peu et lier contact plus officiellement avec lui, lors d’un futur salon!
Mon deuxième coup de cœur, c’est d’avoir eu le grand plaisir de revoir Arsenul, un ami relativement récent avec qui j’échange depuis plus de deux ans par blogues interposés (et via un couple d’amis communs, Marsi et Venise, pour ne pas le nommer!!) et que j’ai eu la chance de croiser l’été passé, alors que j’ai fait le tour de la Gaspésie, son coin de pays! Étant tous deux enseignants au primaire ET passionnés de BD, vous pensez bien que ça a cliqué!! Bien que l’on s’écrive très régulièrement via le Net, ça ne m’a non seulement fait chaud au cœur de le revoir, mais j’ai été doublement comblé de le retrouver dans un tel contexte! J’avais enfin un autre vrai fana avec qui partager ma passion! Ça a vraiment ajouté toute une couleur à cette folle escapade, même s’il n’a été présent que le vendredi et une petite partie du samedi. C’était vraiment inspirant de se montrer mutuellement nos trouvailles ou nos nouvelles acquisitions dans le vif du moment… et j’ai pu constater encore plus à quel point ce gars est super intéressant, allumé, connaisseur et dynamique. Bref, j’ai consolidé cette belle amitié, et ça, c’est plus important que tout!
(À suivre, dans quelques jours… pour un compte-rendu de mes six dédicaces/rencontres avec les Européens!)
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