Mon 10e safari-dédicaces : Christian Darasse, mon coup de coeur du Salon!
Écrit le vendredi 20 décembre 2013 par PG Luneau
Salon du livre de Montréal 2013
(1re partie)
Aïe aïe aïe!! Noël qui est presque à nos portes et mon compte-rendu du Salon du livre de Montréal qui n’est pas encore en ligne!! C’est ce qui arrive quand tout tombe en même temps : Salon, fin d’étape et représentations théâtrales!!!
Bon, le Salon et la fin d’étape, ça risque d’arriver encore et encore, puisque le Ministère de l’Éducation nous force maintenant à standardiser nos calendriers scolaires! Pour ce qui est du théâtre, j’ose espérer que la troupe dans laquelle je performe disposera dorénavant d’autres dates de représentations… du moins pour les pièces auxquelles je participerai!! ;^)
Mais avant que ne commence la tourmente des Fêtes (et Dieu sait quand j’aurai l’occasion de mettre en ligne mon prochain billet!?), je tenais au moins à vous faire part de mon coup de cœur du Salon, quitte à ce que la suite de mon compte-rendu ne soit disponible qu’après Noël!
Il y avait peu de bédéistes européens, cette année, à Montréal. Si je rajoute à ça deux facteurs incontournables (mon intérêt pour leurs séries et l’incompatibilité de nos horaires – je devais à chaque jour quitter tôt car j’étais sur scène tous les soirs… que voulez-vous, quand on est vedette!! ;^), il ne me restait plus qu’une cible (mais toute une!! ;^) : Christian Darasse!
Puisque presque tous mes collègues chasseurs de dédicaces sont des hommes âgés entre 30 et 55 ans, j’ai bien pensé que peu allait être attiré par ce dessinateur qui produit actuellement les gags de Tamara, dans le magazine Spirou. Puisque cette série vise plutôt une clientèle adolescente (la même que celle touchée par les Nombrils), il était clair que la file d’attente allait plutôt être bourrée de petites jeunesses bourgeonnantes… Mais mon petit doigt s’est douté que Tamara n’était peut-être pas encore si connue, ici. En effet, si nos ados sont dingues des Nombrils, c’est bien plus à cause des albums que pour leur parution dans Spirou. De fait, je ne crois pas qu’il y ait tant de jeunes Québécoises qui soient abonnées à ce magazine. Tamara, la gentille boulotte, reste donc un personnage un peu obscur, comme éclipsé par l’immense popularité des nénettes nombrilistes de Delaf et Dubuc… Par contre, les organisateurs ont eu la brillante idée de faire passer l’interminable file d’attente des Nombrils en face de la table de Darasse! J’espère que cette stratégie aura été payante, en permettant à quelques-unes des «Nombriliphiles» de découvrir la charmante héroïne bien en chair…
Chose certaine, la file pour monsieur Darasse était génialement courte, pour ne pas dire souvent inexistante… J’ai donc pu passer énormément de temps de qualité en sa compagnie, probablement plus du quart de ma présence au Salon!! À un certain moment, je me suis même dit qu’il devait être un peu tanné de m’avoir à ses côtés!… Mais c’est justement là, alors que j’allais me remettre en bout de la courte file, à la fin d’une dédicace, qu’il m’a invité à n’y laisser que mon sac, comme «indicateur virtuel», pour plutôt rester à ses côtés et poursuivre nos intéressantes discussions! ;^)
Vraiment un chouette type, ce monsieur Darasse! Son dessin, très rondouillet, fait dans la ligne claire épurée. Je le connaissais déjà grâce à une série précédente que j’ai découverte (et bien appréciée!) il y a quelques années : le Gang Mazda. Il y racontait les déboires, en bonne partie autobiographiques, qu’il a vécus en travaillant dans un studio en compagnie de deux autres bédéistes réputés, Bernard Hislaire (créateur, notamment, de Sambre) et Marc Degroide, dit Michetz (dessinateur de Kogaratsu). Comme j’avais gardé un excellent souvenir de ces gags en quelques planches, j’ai été très content de parvenir à faire dédicacer les trois premiers tomes de la série, chacun étant maintenant orné d’un des trois protagonistes, dont un beau Hislaire, bien intense, sur le bord d’une falaise écumante!
En écoutant parler monsieur Darasse (qui pourrait aisément passer pour le frère de Michel Tremblay tant ils ont des airs de famille! ;^), j’ai été très étonné de constater à quel point les situations racontées dans le Gang Mazda étaient réellement autobiographiques, ou du moins très inspirées de leur quotidien! Par exemple, le gag où la propriétaire du bâtiment oblige les trois dessinateurs à suivre un cours de danse à son atelier, en guise de paiement est véridique!?? Ce serait même lors de ces fameux cours que monsieur Darasse aurait rencontré sa future épouse! De plus, tous ceux qui figurent dans les albums ont apparemment réellement existé!?! C’était fascinant de voir cet homme feuilleter les premières pages de cette série comme on feuillette un album photo. «Cette femme-ci, c’était la voisine de palier. Cette autre, c’était la propriétaire de la boucherie d’à côté!...» Ses yeux pétillaient comme lorsqu’on se remémore de beaux souvenirs!
Mais ce qui nous a le plus étonné, c’est quand monsieur Darasse nous a annoncé que sa cohabitation professionnelle avec Hislaire et Michetz… n’a duré qu’un an!!! En lisant ces sept albums, on a pourtant l’impression qu’il s’y passe cinq ou six ans!!... Il est vrai qu’à partir du tome #3, Hislaire, qui agissait comme scénariste, a laissé sa place : à Darasse lui-même, pour un tome, puis à Tome pour les quatre derniers… On peut supposer que les gags racontés dans ces tomes-là sont déjà pas mal plus fictifs!... Finalement, sachez qu’une intégrale du Gang Mazda, en deux tomes, est actuellement en préparation et qu’elle devrait sortir sous peu! En vous la procurant, vous auriez un bel aperçu de la rondeur, de l’efficacité et de la simplicité des traits de ce charmant dessinateur!
Dessinateur qui a commis une autre série que j’ai trouvée très chouette mais qui, apparemment, n’a pas su trouver son public : les Minou Kinis! En effet, encore avec Tome au scénario, Darasse s’est bien amusé à dessiner cette série de gags coquins en quelques planches, gags qui se déroulaient… dans un camp de nudistes!! Malheureusement, les sympathiques dessins caricaturaux ne satisfaisaient pas les lecteurs un peu voyeurs… alors qu’ils en montraient trop pour les jeunes et les bien-pensants! Ainsi, seuls quelques gentils coquins, comme moi, y trouvaient leur compte, et la série (qui était directement publiée en album : pas question de montrer tout ça dans Spirou!! ;^) a été arrêtée. Moi-même, gêné de la dédicace qu’aurait pu me faire monsieur Darasse (surtout avec la caméra qui captait tous ses gestes pour les reproduire sur un grand téléviseur juste au-dessus de lui!! ;^), je ne lui ai demandé qu’une signature… qu’il a complété du commentaire suivant : «Bon pour un dessin - dans un coin tranquille!» ;^) Toutefois, j’ai eu droit à un scoop : un des couples des Minou Kinis… (et pas des moindres!!) se retrouve dans la série jeunesse Tamara… mais avec leurs vêtements!! ;^) Et vlan pour les conformistes!... Évidemment, je ne vous dirai pas lequel : à vous de le découvrir!
Parlant de Tamara, monsieur Darasse nous a précisé que la série marchait très bien en Europe, même si elle se veut plus familiale que les Nombrils. Elle fonctionne si bien, d’ailleurs, qu’il semblerait que nous aurons peut-être le plaisir de retrouver la jeune fille via un nouveau médium… mais chut! Je n’ai pas le droit d’en parler!! ;^) J’ai appris aussi que l’idée d’intégrer Casanova, le chihuahua au nom prédestiné qui mange comme douze sans jamais prendre un gramme (tout à l’opposé de sa maîtresse) leur a été suggérée, à Zidrou et à lui, par Yann, un copain scénariste! C’est beau, l’entraide entre potes! ;^)
À force de passer du temps avec l’artiste, j’ai bien évidemment ressenti le besoin de compléter ma collection. J’ai donc acheté les cinq tomes qui me manquaient… et j’ai maintenant le grand bonheur d’en avoir six de dédicacés!! ;^) Comme je n’avais lu que les premiers tomes, j’ai demandé à monsieur Darasse qu’il me dessine les quelques personnages que je connaissais : Tamara, Yoli, Jelilah… mais aussi Wagner et Zak, le grand dadais dont on ne voit jamais les yeux à cause de son toupet coincé dans sa casquette! Monsieur Darasse a trouvé très drôle le parallèle que j’ai fait entre Zak et Pouf, le petit copain de Boule et Bill! Le premier semble tellement être la version ado du second!! Il n’avait jamais fait le rapprochement, mais n’a pu qu’être d’accord avec moi! Il l’a d’ailleurs vraiment pris comme un compliment (et c’en était un!!) car, selon ses propres dires, Boule et Bill fait partie des quelques rares BD qu’il aime relire régulièrement, avec Johan et Pirlouit ou les Schtroumpfs. «J’aime surtout les vieux classiques de l’Âge d’or franco-belge. Je lis peu de trucs récents... mais j’ai adoré le Retour à la terre! Très fort, ce duo Ferry-Larcenet!»
Pour le remercier de sa grande générosité, j’ai voulu donner à monsieur Darasse l’album Miam miam fléau, de mon ami Marsi. Je me suis dit que le dessin très net et le ton jeune et rafraichissant du récit cadreraient bien avec les goûts littéraires qu’il venait de me dévoiler… mais c’était sans compter que le kiosque de la Pastèque, éditeurs de Miam miam… n’en avait aucun exemplaire avec eux!! Vraiment pas fort, me direz-vous, et je serai bien d’accord avec vous!! J’ai dû me retrancher sur des sacs de mini-brownies, petites sucreries locales qu’il avait adorées, au dire de son agente de liaison qui m’avait un peu pisté!
Reste à voir maintenant, quand est-ce que Darasse reviendra au Québec… J’espère que ce sera bientôt car :
#1 : il a une mémoire de poisson rouge (c’est lui qui le dit!! ;^) et j’aimerais qu’il se souvienne de moi ;^) et
#2 : il me reste encore l’autre moitié de ma collection de Tamara à faire dédicacer, avec les autres membres de la bande, dont le beau Diego, celui qui deviendra le chum officiel de l’héroïne!
De plus, il devra venir nous montrer le projet qu’il envisage débuter avec sa propre fille, qui a suivi les traces de son paternel!! En effet, cette jeune femme, qui vit en appart avec deux de ses copines, serait en train de plancher sur un scénario à la Friends, qui raconterait les déboires de trois jeunes filles et de trois gars… Un truc un peu plus adulte, apparemment!
Au plaisir de vous recroiser, monsieur Darasse! Les heures passées en votre compagnie ont été des plus agréables et enrichissantes!
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