#01- RENAISSANCE
Scénariste(s) : Éric CORBEYRAN
Dessinateur(s) : Djillali DEFALI
Éditions : Glénat
Collection : Grafica
Série : Uchronie(s) - New York
Année : 2008 Nb. pages : 54
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (7/10)
Genre(s) : Thriller fantastique
Appréciation : 4.5 / 6
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Grand départ!
Écrit le dimanche 09 août 2009 par PG Luneau
Avec le premier tome de la série Uchronie(s) – New York, c’est tout un projet qui démarre! Corbeyran, le scénariste, s’est en effet lancé dans un récit qui fera dix tomes, répartis comme suit : trois tomes dans un New York tel qu’on le connaît; trois à New Byzance, une New York où les Musulmans auraient pris le pouvoir; et trois autres à New Harlem, la Grosse Pomme étant cette fois entre les mains des Noirs. Chacune de ces trilogies sera dessinée par un illustrateur différent. Le tout sera complété d’un dernier tome, servant d’épilogue. À en juger par ce premier tome, ce sera super intéressant!
J’ai été tout de suite happé par cette mise en situation des plus prometteuses. Pourtant, le postulat de base est assez simple : on assiste à l’éveil d’un jeune homme de vingt ans qui sort d’un coma où il a été plongé pendant dix ans… à la demande de son père, un scientifiques aux motivations encore très floues!?!
Cette simple situation ouvre la porte à bien des interrogations pour le pauvre Jonathan. Pourquoi a-t-il le souvenir de s’appeler Zack? Pourquoi un père aurait-il voulu provoquer le coma de son propre fils, juste avant de s’enlever la vie? Pourquoi le DVD sur lequel sa mère lui fait ses adieux a-t-il été trafiqué? Que sait exactement le Docteur Miller, meilleur ami et complice de son père? Et la belle Tia, son infirmière et meilleure amie… lui est-elle aussi dévouée qu’elle le prétend?
Bref, la table est mise, et bien mise! Je ne sais pas si les neuf autres tomes, notamment ceux se déroulant à New Byzance et New Harlem, seront de la même trempe, ni si les liens qui s’établiront entre ces trois uchronies (1) seront aussi clairs et limpides que ne l’était ce tome, mais si c’est le cas, on aura droit à un véritable petit bijou!
(1) Une uchronie, c’est une vision de ce que notre monde aurait pu devenir si quelques éléments de notre histoire collective se seraient passés différemment. Par exemple, à quoi ressemblerait le Québec si la Nouvelle-France avait gagné sur les Plaines d’Abraham? Ou que serait-il advenu du monde si Hitler avait complété son invasion de l’Europe et que les Alliés avaient perdu?
Plus grandes forces de cette BD :
- le titre des dix épisodes. Tous en un seul mot débutant par la lettre R, ils ne figurent nulle part sur la couverture : on ne les voit apparaître qu’au verso de la page de titre!
- la situation initiale, très prenante. Cet homme de vingt ans n’a que dix ans de vie réelle, d’éducation scolaire, émotive, culturelle… C’est en fait un gosse de dix ans dans un corps d’homme! Malheureusement, cet aspect de sa psychologie n’est vraiment pas exploité, au contraire! Enfin… on peut prétendre que pendant ses dix ans de coma, Jonathan a muri intérieurement, les hormones étant quand même au rendez-vous!?! Mais quelle situation fascinante : dix ans d’évolution à rattraper pour cet attachant personnage, en plus de tous les apprentissages de base qu’il lui restait à assimiler!... Et sans compter la quête identitaire qui s’ouvre à lui, qui a perdu ses deux parents et n’a plus aucune attache!
- la fluidité de la narration. Oui, c’est possible de raconter des récits complexes sans perdre son lecteur!! Les quelques bribes d’explications sont présentées au compte-gouttes, mais elles sont assimilables et s’imbriquent bien au reste… tout en laissant bien des mystères irrésolus pour les tomes à venir!
- les couleurs sont un peu sombres, mais les effets d’éclairage et d’ombre, tous faits à l’ordinateur, sont fort bien réussis.
Ce qui m’a le plus agacé :
- la couverture, dessinée par une tierce personne, plus ou moins en accord avec le style graphique de l’album.
- un dialogue fort improbable. Un jeune de dix ans dort dix ans… et une des premières phrases qu’il dit, c’est : «Je suppose que cette mauvaise nouvelle constitue la première boucle d’un long chapelet d’affliction.» Méchant vocabulaire, le jeune!!!! Je veux bien croire que les gens dans le coma peuvent entendre ce qui les entoure, mais de là à enrichir leur vocabulaire autant que ça, c’est franchement ridicule!! Les neuf dixièmes des adultes francophones de la planète seraient incapables de lancer une telle réplique tout de go, même à jeun!
- la rééducation de Jonathan / Zack est un peu trop rapide pour être crédible. Je veux bien croire qu’on escamote un peu ce passage, pour le peu d’intérêt qu’il représente dans le récit, mais tout de même : neuf semaines pour que le garçon rattrape toutes les connaissances (culturelles, sociales, technologiques, etc.) qu’il n’avait pas encore acquises, à dix ans, avant de tomber dans le coma?! C’est un peu gros…
- le dessin est très correct, mais manque un peu de netteté, à mon goût.
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