#02- RUPTURES
Scénariste(s) : Sylvain RUNBERG
Dessinateur(s) : Serge PELLÉ
Éditions : Dupuis
Collection : Repérages
Série : Orbital
Année : 2007 Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (2/2)
Genre(s) : S.F.
Appréciation : 5 / 6
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Omniprésentes trahisons
Écrit le dimanche 18 juillet 2010 par PG Luneau
Dans cette suite (et fin!) de Cicatrices, les agents Swany et Izzua poursuivent leur mission diplomatique sur Senestam, où les Jävlodes remettent en question la présence de la colonie terrienne qui s’y est installée il y a plusieurs années et qui y a mis en place une lucrative (bien que dangereuse) mine de trélium.
Le tome #1 s’était terminé en laissant nos héros et les hommes de la colonie en pleine attaque de dégoûtants stilvulls, d’énormes créatures larvaires aux tentacules imparables. Mézoké Izzua, le/la téméraire partenaire androgyne de l’agent Swany, fera preuve d’ingéniosité et d’adresse pour en venir à bout. Puis, le binôme d’agents spéciaux poursuivra son enquête, non sans commencer à constater de discrètes dissensions au sein du petit groupe d’humains de Senestam. On tenterait de leur cacher certaines choses qu’il y aurait autant de messes basses!!
Comme la présence de Mézoké semble causer des tensions chez les humains (il/elle s’en rendra compte assez vite quand on essayera de la/le faire tout bonnement flamber!!), celle-ci/celui-ci va poursuivre l’enquête sur la planète-mère des Jävlodes. Là aussi, la colère gronde : certains extrémistes assoiffés de pouvoir opteraient dès maintenant pour des manœuvres assez radicales! Il faudra calmer les ardeurs de tout ce beau monde…
Heureusement, le vaisseau Angus, piloté par la vieille Nina, tourne en orbite avec le colonel Karlus et ses hommes, qui pourront intervenir en cas de coups durs… Le problème, c’est que les coups durs pourraient venir de là aussi !!?
Dans cette conclusion de première mission, Pellé et Runberg ont été à la hauteur de ce qu’ils avaient instauré dans le premier album. Les personnages sont intéressants et nous réservent des surprises, il y a de l’action à profusion, de la cohérence, du suspense, des débats intéressants… et des trahisons à tous les coins de rue!! Tous ces traîtres causent des retournements de situations qui parsèment notre lecture de surprises et de rebondissements narratifs imprévisibles!
Pour avoir réussi à me faire aimer ce récit malgré l’ambiance terne et blafarde à dominance de gris pâle qui règne sur cette colonie minière, c’est que Ruptures est vraiment bon!! Sans contredit, Orbital, une série à suivre!
Plus grandes forces de cette BD :
- les dessins. Pellé maîtrise toujours aussi bien ses plumes. Tout est harmonieux, en belles courbes lisses et claires. Ses visages sont particulièrement bien réussis, même ceux des aliens. Une mention particulière pour l’apparence extérieure des rentérils (p.28), ces «morpho-végétaux» aux allures d’algues gigantesques, gros comme des gratte-ciel, que les Jävlodes élèvent pour en extraire leur huile.
- le nouveau pronom «ël» pour désigner Mézoké (p.7), dont on ne sait toujours pas s’il est mâle ou femelle. C’est très original, et tellement plus personnel que de continuellement dire «il/elle», par exemple, ou «ça».
- la psychologie des relations. Les différents peuples, leurs alliances, leurs conflits internes, leurs attitudes à l’égard des autres peuples, tout cela est très fouillé, très riche. Bien que ce soit de la S.F., ça en devient très crédible.
- une aventure équilibrée. En effet, non seulement l’équilibre entre l’action et la parlotte est parfaite, mais en plus, les deux héros de la dyade ont tour à tour leurs moments importants.
- la cohérence du scénario, avec un bon suspense et des revirements inattendus. Tout se tient, c’est intelligent, complexe mais tout en restant «digeste». J’en veux encore!
- l’idée d’un vaisseau à l’intelligence autonome. Si le concept n’est pas nouveau, je n’avais personnellement jamais rien lu ou vu de tel depuis le célèbre HAL de 2001 : l’Odyssée de l’espace. Ce phénomène original ajoute une pointe d’étrangeté, étrangeté accentuée par la présence de la mystérieuse vieille Nina, cette pilote taciturne aux allures de sorcière du XXIIIe siècle!
Ce qui m’a le plus agacé :
- encore une erreur d’appellation! Le rebelle qui nous est présenté dans le tome #1 comme étant Josh Beggler est rebaptisé ici Josh Begam. Est-ce vraiment très professionnel?!
- la finale. En effet, s’il y a un petit reproche à faire à cette aventure, c’est le deus ex-machina final qui vient sauver nos deux héros et mettre fin à leur mission. Il est vrai que la situation dans laquelle ils s’étaient empêtrés était particulièrement complexe, mais tout de même! Une finale en apothéose comme celle qu’on nous sert ici est frappante et spectaculaire… mais comme elle est complètement extérieure aux deux personnages principaux, ça leur enlève du prestige… et pour une première mission, c’est un peu dommage.
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