#15- LE STAGIAIRE (ET TROIS AVENTURES DU SCRAMEUSTACHE)
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS, Walter Goossens dit WALT
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS, Walter Goossens dit WALT
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1978 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Courts récits
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique
Appréciation : 3.5 / 6
|
Ramassis de courts récits où Ti-Gos Junior s'est fait la main
Écrit le jeudi 10 novembre 2011 par PG Luneau
Inévitablement, quand un bédéiste travaille pour un magazine, surtout un magazine de la trempe du Journal de Spirou, la rédaction lui demande souvent de produire quelques dessins spéciaux, en marge des récits produits et publiés en feuilleton, au fil des semaines : des illustrations pour les couvertures, évidemment, pour des pages de pub, pour la section «Jeux» ou pour encadrer l’éditorial de la semaine… Parfois, on lui demande même de pondre de courts récits ou des gags en une ou quelques planches, question d’alimenter la thématique d’un numéro spécial («Pour la St-Valentin, tout le monde nous prépare un gag sur l’amour s’il-vous-plait!!»)… ou simplement pour boucher un trou de deux ou trois pages causé par «un autre retard de ce satané %**½&\+¾ !!!».
Au fil des années, ces courts récits s’accumulent et, très souvent quand la série se vend bien, les éditions Dupuis décident de les regrouper et d’en faire un album spécial… pour combler les lecteurs, bien évidemment, et nullement pour profiter de la manne!! Ben voyons!! ;-)
Le tome #15 de Khéna et le Scrameustache est un de ces albums-recueils. Comme son sous-titre le précise, il renferme quatre courts récits. Tous ont été publiés dans Spirou à l’intérieur d’une période de huit ans, entre 1978 et 1986.
L’album débute avec le récit le plus consistant, celui de 26 planches, intitulé le Galaxien stagiaire. C’est le plus récent en date. Il est l’œuvre de Gos ET de son fils, Walt, et est paru en 1986. Il raconte la sympathique historiette d’un Galaxien un peu trop zélé envoyé en stage sur la Terre. Il voudra tant bien faire qu’il commettra gaffes par-dessus gaffes et tombera royalement sur les nerfs d’Oncle Georges! À la fin, malgré tout, le gentil maladroit finira par se réhabiliter en empêchant un vol de banque. Un classique des aventures jeunesse d’alors!
Les récits suivants sont beaucoup plus courts. D’abord, le Satellite fou, huit planches apparemment presque entièrement réalisées, texte et dessin, par Walt – même si son père signe aussi! Il raconte la terrible contamination d’une portion de la jungle galaxienne, après qu’un étrange satellite s’y soit écrasé. Ce mini-récit est paru dans Spirou en 1982, entre les parutions des tomes #11 et #12 de la série. Malheureusement, tout y est «garroché» et plusieurs détails restent inexpliqués (Pourquoi les radiations ont-elles ces effets?...). C’est dommage car l’idée était originale! De plus, c’était intéressant d’y voir les Galaxiens évoluer dans une jungle. À mon avis, ce récit s’en voulait surtout un d’expérimentations graphiques : Walt voulait tâter de l’horrifique, du tordu, du bestial…
Puis, Ramouchas en péril est un intéressant récit de sept planches, crédité exclusivement à Gos et paru dans Spirou en 1982, quelques semaines avant le précédent. Il raconte, trop rapidement à mon goût, une habile tentative d’escroquerie dont les Ramouchas, ces charmants ursidés joueurs de tour, auraient été victimes. Indéniablement un scénario qui aurait mérité une exploitation plus aboutie!
Finalement, Superdindon est un ridicule petit récit que Gos a commis pour le Noël de 1978. On y subit la sempiternelle histoire du gamin qui s’attache à la dinde qu’il engraissait et qui ne veut plus la voir se faire décapiter pour le souper de Noël! D’aucun intérêt, ni scénaristique, ni graphique, ces trois misérables planches auraient mieux fait de rester perdues dans la salle des archives de chez Dupuis!!
Au final, un album un peu ordinaire, qu’il ne vaut pas la peine de se procurer : un simple emprunt à la bibliothèque, à la limite, ferait l’affaire! Je me rappelle maintenant que j’avais lu cet album, il y a une quinzaine d’années, alors que je ne connaissais le Scrameustache que de vue. Je n’avais pas été très impressionné par le personnage, mais alors là pas du tout! Je n’avais eu aucune envie, à l’époque, de me plonger dans la série! Donc, un bon conseil : n’abordez surtout pas cette série par ce tome, abordable et familial, certes, mais pas nécessairement représentatif des bons tomes de la série!
Plus grandes forces de cette BD :
- le Galaxien stagiaire : un scénario humoristique des plus classiques, où les bévues du Galaxien de passage se concluent finalement par une mini aventure policière. Dans le genre, ce n’est pas sans rappeler Zig et Puce, Totoche, Quentin Gentil et les As ou même les 4 As.
- le Satellite fou : pas inintéressant, ce récit a le mérite de nous entraîner sur un autre coin de la planète des Galaxiens : une jungle passionnante! D’ailleurs, la luxuriance de la végétation est très bien rendue, tout comme elle l’était dans le tome #5, le Fantôme du cosmos.
- Ramouchas en péril : bon petit mystère, avec chouette enquête «policière» digne du Club des cinq. On retrouve Yamouth et Pilili, qu’on n’avait pas revus depuis belle lurette, en plus des amusants Ramouchas.
- Superdindon : l’humour pour adulte, discrètement disséminé.
Ce qui m’a le plus agacé :
- la laideur de la couverture, sur laquelle on a voulu montrer un moment fort de chacun des quatre récits, ce qui donne un grand n’importe quoi! Avouez : un homme à tête de dindon, un monstre dinosaurien et des Ramouchas zombies!! C’est d’un ridicule consommé, surtout avec la gigantesque fraise rose qui vient parfaire le sundae!!
- le Stagiaire galaxien : les proportions de l’oncle Georges!! Sa tête et sa barbe sont aussi grosses que tout son torse, et plus d’une fois!! (p.5 en bas, p.11 vignette #2…). Mais peut-être doit-on attribuer ces bévues à des expérimentations de Walt?!?!
- le Satellite fou : une introduction à peu près absente (mes élèves aimeraient ça : on entre dans le vif du sujet dès la seconde vignette, après un récitatif explicatif… pas très explicite!!) et une conclusion expéditive. En fait, il manque l’équivalent de deux planches à ce récit : une avant la planche 1 et une après la planche 8!! De plus, l’horrible créature est vraiment effrayante!! En un sens, ça devrait être positif, mais son style graphique somme toute assez réaliste cadre mal avec l’allure toute rondouillette des Galaxiens et leur univers gentillet.
- Ramouchas en péril : une conclusion un tantinet trop expéditive : il manque cinq ou six cases pour proposer une finale mieux proportionnée. Puis, la facilité avec laquelle les réalisations technologiques se font : en une nuit, nos amis ont le temps de faire un film holographique d’une telle complexité?... C’est d’un réalisme questionnable!
- Superdindon : la banalité du récit, déjà lu cent fois… mais, bon, pour Noël! Non, le pire, c’est l’incohérence physique : même si on pouvait réussir à trouver des masques en latex ayant l’allure de dindons assez ressemblants pour duper un humain normal, jamais ils ne pourraient déformer les têtes, de Khéna ou des Galaxiens, comme ils le font ici! Nulle part, on aperçoit les protubérances des oreilles des Galaxiens, sous les masques, ni la surabondante tignasse de Khéna! C’est d’aucune crédibilité!! Et puisque cette histoire se déroule alors que le Scrameustache est «sorti du placard», et qu’il se balade librement au village, au vu et au su de tous, avec ses amis galaxiens, pourquoi le père du gamin ne fait-il pas le lien avec ce qui lui arrive et la présence de tous ces extraterrestres dans son entourage?? C’est plus Superzinzin que Superdindon, tout ça, finalement!
|