#05- LE FANTÔME DU COSMOS
Scénariste(s) : Roland Goossens dit GOS
Dessinateur(s) : Roland Goossens dit GOS
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Khéna et le Scrameustache
Année : 1976 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Héros animalier, S.F. humoristique, Fantastique humoristique
Appréciation : 4 / 6
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le Scrameustache livre enfin sa marchandise... spatiale!
Écrit le jeudi 30 juin 2011 par PG Luneau
Alors que Khéna et le Scrameustache se baladent en scaphandre dans la campagne de Chambon-les-Roses, question de tester ce nouvel équipement qu’ils ont ramené de leur récent séjour sur le Continent des Deux Lunes (voir le tome #3), ils captent par hasard un message de détresse en provenance du cosmos : un vaisseau est en approche de la Lune, avec à son bord un pilote sur le point de rendre l’âme! Sans faire ni une ni deux, nos amis sautent dans la soucoupe volante du Scrameustache et partent à la rescousse de l’homme en question. Malheureusement, ils arrivent trop tard...
Sauf que l’homme vient d’une civilisation qui sait transmuter le double astral de ses morts dans un objet, pour ainsi permettre à l’âme du défunt de vivre encore quelques temps sous forme de spectre! C’est ainsi que nos deux héros font la connaissance de Snopsy, un des rares survivants d’un monde où une horrible guerre a tout ravagé. S’il est en mission sur la Terre, c’est parce qu’il désire retrouver une espèce de cône sur lequel sont encodées toutes les connaissances techniques et agricoles de son peuple. Ces connaissances, qu’ils nous avaient fait parvenir il y a des milliers d’années, leur font maintenant défaut, étrangement, car après des siècles d’automatisation, personne ne sait plus comment poser des gestes aussi vitaux que planter des graines ou récolter les produits de la terre, maintenant que tous les programmeurs de machineries spécialisées ont été décimés par les ravages de la guerre!
Ainsi, Snopsy espère retrouver ces connaissances, essentielles à la survie de son peuple, toujours cachées dans un temple perdu en pleine jungle amazonienne! Malheureusement, le sympathique fantôme est pourchassé par des ennemis redoutables et acharnés, qui n’ont pas l’intension de le laisser faire.
Enfin, Gos a su pondre un scénario qui laisse place à … de la science-fiction!! Oui, d’accord : avec la présence d’un fantôme, on frôle encore pas mal le fantastique, mais dans l’essence même du récit, on navigue dans un registre qui m’a rappelé, dans une certaine mesure, la série Yoko Tsuno : voyage spatial, peuple en péril, poursuite en vaisseaux… Oui, c’est encore cousu de gros fils blancs, c’est bon enfant et gentillet! On pourrait même parler de «science-fictionnette pour toute la famille» (terme que je viens d’inventer mais que je trouve très approprié!), mais c’est déjà beaucoup mieux que chacun des quatre premiers tomes de cette série! En espérant que ça garde ce cap!
Plus grandes forces de cette BD :
- le personnage de Snopsy. Ce fantôme (même si son nom ressemble à une publicité de lait au chocolat!!) s’avère très sympathique, et sa faculté de passer à travers les murs entraîne quelques passages cocasses. Dommage que ce soit un personnage difficilement réutilisable, toutefois.
- la gentillesse débonnaire qui transpire du récit. C’est léger, sympathique, les problèmes se règlent tous très facilement, en un coup de cuillère à pot! Le quotidien semble si tranquille, à Chambon-les-Roses! Quand les nuages se pointent, ce n’est jamais pour bien longtemps, et il en va de même pour les petits malheurs. C’est rassurant, parfois, d’être confronté à une vision du monde aussi simple (pour ne pas dire simpliste!).
- l’amusant épisode avec le chien Waterloo. C’est agréable de le revoir parler, comme dans le tome #3… et de réaliser qu’il retombe dans les mêmes travers qu’alors! Heureusement d’ailleurs, car son intervention laisse le temps à ses maîtres de se sauver de leurs ennemis.
- tout le dernier tiers de l’album, qui se déroule dans la selva amazonienne. D’abord, j’y ai appris ce que c’était qu’une selva (ou selve, selon mon Larousse). Puis, j’ai pu apprécier cette luxuriante végétation et les beaux temples antiques d’inspiration inca ou maya que Gos a été obligé d’y dessiner. Ça donnait un cadre différent et riche pour cette finale.
Ce qui m’a le plus agacé :
- l’illustration de la couverture. Quelle idée saugrenue de montrer un vaisseau en coupe, question de montrer ce qui se trouve à l’intérieur!?? D’autant plus que le personnage qu’on désire montrer, en l’occurrence Snopsy, est un fantôme qui peut passer à travers les parois! Je trouve Gos et les gens de chez Dupuis assez étranges de ne pas avoir songé à montrer simplement le fantôme qui espionne nos deux héros, la tête sortie à travers la coque, par exemple! Ça nous aurait évité la vue ridicule de ces poutrelles et de l’infrastructure du vaisseau, stratagème qui passe très bien au cours de l’histoire, mais qui est d’un piètre effet sur une couverture!
- certaines maladresses graphiques. Même après cinq albums, Gos ne maîtrise pas encore ses personnages à la perfection! À titre d’exemple, je pourrais citer le regard totalement vide de Khéna, sur la couverture, simplement dû à un mauvais enlignement des yeux. Ça lui donne un regard de merlan frit, que l’on retrouve à une ou deux reprises dans l’album, et qui ne sied pas particulièrement bien au héros d’une série!
- la partie de «cache-cache» sur la Lune. Avec plus d’une douzaine de pages, dans des tons de vert-de-gris un peu ternes, il me semble qu’elle souffre de longueurs et qu’elle aurait pu être un peu plus resserrée.
- une incongruité culturelle. N’est-il pas bizarre d’entendre Snopsy, un fantôme qui provient d’une lointaine planète, traiter un indigène mécréant de «Saint Thomas!» (p.39)? Il me semble un peu trop fin connaisseur de notre Histoire sainte chrétienne pour un être venu de si loin!! C’est tout à fait irréaliste.
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