#03- TEMPÊTE SUR BREST
Scénariste(s) : Patrice PELLERIN
Dessinateur(s) : Patrice PELLERIN
Éditions : Dupuis
Collection : Repérages
Série : Épervier
Année : 1997 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (3/6)
Genre(s) : Aventure de pirates / de cape et d'épée
Appréciation : 4.5 / 6
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Ça frôle l'incroyable, mais qu'est-ce que c'est efficace!!
Écrit le lundi 07 septembre 2009 par PG Luneau
Ah! Que d’aventures! Que d’action! C’est presque incroyable de penser qu’à la toute fin de ce troisième tome, seulement une semaine se soit écoulée depuis le meurtre crapuleux du comte de Kermellec, aux premières planches du tome #1! Ce n’est bien évidemment pas la seule chose incroyable dans ce récit, qui a une bonne part d’invraisemblances, de hasards et de revirements trop judicieux qui surviennent aux bons moments… Mais est-ce pire que tous les films d’action et d’explosifs, des Missions impossibles aux innombrables James Bond, avec lesquels Hollywood nous canarde sans arrêt ? L’idée, avec les histoires de ce genre, c’est justement de les prendre comme telles, et d’oublier le réalisme pointu. Si on y parvient, on ne peut que se ravir du récit enlevant que nous offre ici monsieur Pellerin.
Ayant glissé entre les doigts du marquis de La Motte, l’Épervier s’empare aisément d’un petit fortin isolé, non loin de Brest, question de se refaire des forces et d’orchestrer, avec les quelques hommes qui lui sont restés fidèles, la reprise de son navire et l’évasion de tout son monde emprisonné dans la prison du Château. Il devra penser vite tout en surveillant ses arrières, certains de ses sbires n’étant pas des plus loyaux à sa cause. Pendant ce temps, le vicomte de Villeneuve étale son jeu au marquis de La Motte et les deux putois s’accoquinent et préparent l’expédition qui les mènera jusqu’au trésor perdu du comte de Kermellec. De leurs côtés, Agnès se remet tant bien que mal du violent coup à la tête que son cousin, de Villeneuve, lui a asséné et la belle Marion est arrêtée et menacée de déportation pour avoir tenté de tuer un de ses nobles clients qui la molestait sauvagement.
Si une tempête sévit sur la région sur le tiers de l’album, c’est surtout dans les cœurs et dans les âmes que les remous se font sentir! Trahisons, guet-apens, enlèvements, évasions, chutes et passages souterrains, ça grouille en tous sens et ça en jette plein la vue! Et si tous s’en tirent à peu près indemnes, ce n’est pas nécessairement sur le bon bateau qu’ils se retrouvent, à la fin de l’album, pour partir à la chasses au trésor!!
Plus grandes forces de cette BD :
- le beau ciel rouge de la couverture. Il attire le regard et donne envie de plonger dans le feu de l’action.
- le site du petit fort de Berthaume, isolé sur son rocher. Le système qui permet d’y accéder, avec poulies et ascenseur latéral composé d’une chaloupe suspendue en guise de nacelle, est fort ingénieux… et le décor tout en falaises et en rochers est fort joliment rendu par monsieur Pellerin. Dommage que les événements qui s’y déroulent ne soient pas plus significatifs et ralentissent l’histoire.
- la perfidie des frères Pouliquen. On nous en parle depuis le tome #2, mais c’est quand même stressant de voir qu’ils sont toujours dans les parages, prêts à frapper par derrière. Et que dire de leurs gueules de poissons frits (surtout Job et ses grosses babines!)
- le brillant subterfuge qu’Agnès utilise pour ne pas éveiller les soupçons de son agresseur. La belle en a entre les deux oreilles… même si le hasard tournera malheureusement en sa défaveur, malgré tout!
- la déveine de cette même Agnès qui, sans le savoir, se jette toute seule dans la gueule du loup… et qui se voit entraînée de force en mer!
- les traits des visages s’améliorent un peu. Ils sont plus précis, et plus constants d’une fois à l’autre pour un même personnage : il devient donc plus facile de les reconnaître.
- les rebondissements incessants qui soutiennent le rythme du récit et gardent le lecteur en alerte… même si, parfois, ils peuvent sembler un peu abracadabrants.
Ce qui m’a le plus agacé :
- l’alliance plus ou moins crédible entre messieurs de La Motte et de Villeneuve. Bien évidemment, ce manque de crédibilité est dû, en grande partie, au fait que le personnage du vicomte soit si mal construit, comme je le disais dans la critique du tome précédent.
- le caractère expéditif et sans appel de la justice de l’époque, surtout quand elle oppose une prostituée à un noble bien en vue. On peut toutefois supposer que c’était très représentatif de l’époque… et j’imagine que ça a bien peu changé!!
- encore une chute suivi d’un atterrissage providentiel pour l’Épervier! C’est la deuxième chute mortelle à laquelle il survit… en trois tomes!!
- bien que j’adore tout ce qui s’appelle tunnel et passage secret, je trouve que celui qui relie le manoir de Kermellec à la plage est bien providentiel, lui aussi! Pourquoi Yann le connaîtrait-il plus qu’Agnès, Valentin ou les autres serviteurs du manoir, lui qui n’y a vécu que trois ans? Agnès a reçu la même éducation que Yann : elle devrait donc connaître le passage, elle aussi. Comment se fait-il, alors, que l’accès intérieur n’en soit pas gardé ou protégé?
- l’accumulation de plusieurs «hasards». La facilité avec laquelle Yann et ses quelques hommes ont pu s’évader des prisons du Château, par exemple, ou la docilité avec laquelle les deux cents hommes d’équipage de l’Épervier acceptent de reprendre leur poste sur le navire maintenant commandé par leur ennemi, le sieur de La Motte! Il me semble qu’il doit être très périlleux d’assurer la surveillance et la soumission de tous ces ex-bagnards habitués au combat, non?! Et que dire du hasard qui fait que, sur tous les navires en rade, Yann et ses hommes choisissent de voler celui où, justement, la belle Marion était emprisonnée?!
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