#01- LE TRÉPASSÉ DE KERMELLEC
Scénariste(s) : Patrice PELLERIN
Dessinateur(s) : Patrice PELLERIN
Éditions : Dupuis
Collection : Repérages
Série : Épervier
Année : 1991 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/6)
Genre(s) : Aventure de pirates / de cape et d'épée
Appréciation : 5 / 6
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De l'aventure à l'état pur!
Écrit le samedi 22 août 2009 par PG Luneau
Ah! L’Épervier! Quelle belle découverte que ce Trépassé de Kermellec! Les différentes couvertures de cette série me titillaient depuis quelques temps, déjà, quand je me suis enfin décidé à me procurer son premier tome, dans une bouquinerie de Québec. J’ai lu cet album sitôt sur le chemin du retour… et je n’ai pas vu l’autoroute défiler, ce jour-là! C’est dire à quel point j’ai été happé par cette aventure pleine de rebondissements de toutes sortes!
Dès les premières planches, on est absorbé par cette histoire de profanation de tombeau et de meurtre, perpétré par un mystérieux gentilhomme masqué, mais sur les lieux desquels on surprend l’infortuné Yann de Kermeur, qui se voit instantanément accusé du meurtre de celui qui, pourtant, était presque un père pour lui!
Tout de suite, le mystère nous tenaille, l’injustice nous prend à la gorge et… on est accro! Quand le brave Yann parvient à se libérer et à prendre la fuite, pourchassé par les hommes du morbide sieur de La Motte et par tout ce que Brest a de soldats, on court avec lui, on tombe, on plonge, on retient sa respiration en même temps que lui!
De plus, pour contribuer encore plus à l’augmentation de notre rythme cardiaque, le scénariste a l’intelligence de nous montrer, en contrepoint, à quelle vitesse l’étau se resserre : le navire de Yann est arraisonné, son équipage est enfermé et torturé pour révéler leurs planques… S’il a beaucoup d’amis, Yann n’en demeure pas moins à peu près livré à lui-même, tant le guêpier dans lequel il est tombé a des ramifications un peu partout!
Moi qui avais envie d’aventures et qui avais été déçu par l’Île Bourbon, 1730, me voici bellement rassasié! Malgré le graphisme, qui me laisse plutôt froid, ce premier tome est un véritable coup de cœur, et si j’en crois l’engouement que la série a suscité dans le milieu de la BD au cours des années, je crois que je ne serai pas déçu par la suite de cette saga historique… que je m’empresse d’aller lire de ce pas!!
À plus!
Plus grandes forces de cette BD :
- la belle illustration des pages de garde, très sobre. On y voit un très beau paysage breton, falaises et grotte, avec des marins qui y transbordent du matériel. Une véritable sérigraphie!
- le mystère s’installe dès les premières pages. Qui est cet homme masqué qui profane la tombe de l’ancêtre Kermellec? Pourquoi? Qu’est-ce que cette statuette, Tlatoc, a à voir avec une prétendue richesse? Et pourquoi le comte, paix à son âme, voulait-il voir Yann ce même soir-là? En huit planches, l’action est lancée, pour ne jamais relâcher!
- l’injustice flagrante dont Yann est la victime polarise aussitôt le récit et fait en sorte qu’on est d’emblée du côté de ce personnage. De plus, la douleur d’Agnès et son hésitation à condamner le pauvre Yann, par soucis de justice, nous la rend, elle aussi, attachante et sympathique.
- la Bretagne, qui transpire du récit. Ses falaises escarpées, ses plages rocailleuses, ses goémoniers qui récoltent le varech… on croirait presque sentir l’odeur de la mer!
- Yann est un héros, au sens le plus pur du terme : il est astucieux, débrouillard, très chanceux (un peu trop?), et plein de ressources et d’alliés divers. À voir les complices qui l’entourent (marins, corsaires, putains des ports…), on sent bien qu’il a du vécu et qu’il traîne un lourd passé. Que de découvertes en perspective!!
- les personnages secondaires sont classiques, mais intéressants. L’équipage de Yann est composé de gaillards ripailleurs, crottés, un brin vicelards mais très fidèles. Cha-Ka, son frère de sang amérindien, est laconique et mystérieux : une puissante aura semble se dégager de lui. Et que dire du beau cousin, Hervé, qui derrière son visage angélique et ses belles manières, semble en savoir plus qu’il n’en laisse paraître…
- l’ennemi, Monsieur de La Motte de Kerdu, est un personnage fourbe et entêté, qui ne lâchera pas le morceau, on le sent bien… Un personnage très efficace, qu’il fait bon détester!
- l’action est omniprésente : batailles, fuites, revirements, complications, trahisons…On a déjà vu tout cela, mais c’est rendu ici d’une manière des plus efficaces!
Ce qui m’a le plus agacé :
- la petite carte en noir et blanc de la région de Brest n’est pas très aidante. On y distingue mal la terre de la mer, et il aurait été plus justifié de la mettre au début du tome deux, alors que les personnages commencent à circuler dans ces régions!
- les couleurs sont très fades et assez sombres. Peut-être est-ce pour donner un style vieillot qui fasse plus d’époque?
- le dessin, en soi, est assez austère. Les traits secs font très sévères. S’ils profitent aux plans très larges (paysages, panoramas) en leur donnant un cachet de cartes postales anciennes, ils rendent moins bien les plans plus serrés (actions, personnages, gros plans).
- parfois, la chance de Yann arrive un peu trop à pic : son évasion, par exemple (p.19), ou sa chute dans le varech (p.22). Il est vrai que les malheurs lui tombent aussi tellement vite dessus : il faut bien qu’il y ait une contrepartie positive à tout ça! De toute façon, c’est si bien narré qu’on pardonne ces petites invraisemblances!
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