#01- L'AFFAIRE DU RIDEAU BLEU
Scénariste(s) : Jean-Blaise Mitildjian dit DJIAN, Olivier LEGRAND
Dessinateur(s) : David ETIEN
Éditions : Vents d'Ouest
Collection : X
Série : 4 de Baker Street
Année : 2009 Nb. pages : 56
Style(s) narratif(s) : Récit complet
Genre(s) : Aventure policière, Historique
Appréciation : 5 / 6
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Dans l'univers des gavroches londoniens
Écrit le samedi 12 décembre 2009 par PG Luneau
Voici que je viens de terminer la lecture d’une autre des quarante nouveautés que les éditions Glénat et Vents d’Ouest présentent pour célébrer leurs quarante ans. Il s’agit du premier tome d’une bien belle série : les Quatre de Baker Street.
Comme son nom nous le laisse sous-entendre, cette série nous entraîne dans les quartiers qui entourent la très célèbre rue où vivait l’encore plus célèbre détective Sherlock Holmes. Nous sommes donc à Londres, à l’époque très guindée de Victoria la Grande. Soyez rassurés : oui, Sherlock est de la série, de même que Watson, son fidèle acolyte. Mais ils n’y tiennent qu’un tout petit rôle de troisième ordre, puisque le récit raconte plutôt les aventures mouvementées d’un trio de gamins des rues fort sympathique. Si ces trois jeunes sans le sou errent dans les rues et semblent n’avoir ni famille, ni foyer, ils ont tout de même su se dénicher un petit boulot occasionnel des plus dignes d’intérêt : ils agissent comme informateurs auprès de l’illustre détective du 221 bis, Baker Street!! Holmes accède ainsi à un important réseau de contacts à peu de frais, ce qui lui est très profitable pour ses propres enquêtes. De plus, ces trois jeunes lui servent d’agents de filature habiles et discrets… mais ils ont aussi leurs propres préoccupations!
Dans ce tome, qui sert évidemment à nous dresser un portrait global de tous les personnages, c’est le grand Black Tom, le bouillant Irlandais, qui décide de se lancer, à corps perdu, à la recherche de sa petite amie de cœur, une charmante petite vendeuse de fleurs (genre My Fair Lady!). En effet, celle-ci s’est fait enlever sous ses yeux par un homme sans scrupules arborant un tatouage mystérieux! Où diable a-t-il bien pu l’entraîner? Aidé du toujours grandiloquent Billy Fletcher et de Charlie, le membre le plus avisé de la bande, le grand Black Tom devra renouer avec de vieilles connaissances pas trop recommandables pour résoudre ce mystère.
Peut-être vous demandez-vous pourquoi je parle toujours d’un trio alors que le titre de la série stipule qu’ils sont «quatre»? Tout simplement parce que, contrairement aux Trois Mousquetaires qui étaient quatre, cette bande de «quatre» charmants voyous est en fait constituée de trois personnes… mais qu’un quatrième larron viendra se joindre à eux au cours de ce tome. Je ne saurai vous en dire plus sans gâcher votre plaisir!
Un thème classique, déjà exploité mais qu’il fait plaisir de retrouver, servi par un très beau graphisme, un brin d’humour, des cachoteries… Ça nous donne donc, au final, un excellent premier tome et une très plaisante série, qui promet. À découvrir!
Plus grandes forces de cette BD :
- la très élogieuse préface signée par la grand Loisel.
- les couleurs qui gardent un petit quelque chose de vibrant ou d’éclatant malgré leur sobriété. En effet, même si on est plongé dans les bas-fonds des quartiers sordides de Londres, où tout est sombre et gris, monsieur Etien, qui a aussi assuré la coloration, a su faire en sorte que rien ne paraisse fade. Un très beau tour de force, vraiment!
- la grande richesse des décors. Les vues du Londres victorien sont fabuleuses, d’une grande beauté, merveilleusement bien desservies par la grande variété de plans et d’angles de vue. M. Etien joue souvent la carte du petit élément pertinent, en avant-plan (chats, chiens, luminaires, meubles…), pour embellir la composition de ses images, accentuer ses perspectives et garnir notre imagerie mentale d’une meilleure représentation iconographique de ce à quoi devait ressembler cette époque.
- le montage vif et alerte des planches. Ici encore, l’alternance de plans très variés est d’une très grande efficacité. Elle nous plonge littéralement dans l’action, qui déboule à un rythme effréné. Le format et l’agencement des vignettes, toujours différents, y sont sans doute pour beaucoup!
- les personnages attachants, typés, aux personnalités bien différentes. On sent déjà que leur passé recèle certains secrets. Parfois, on peut en percevoir la forme, déjà, ou en avoir une bonne idée. Toutefois, les tomes suivants nous éclaireront sans doute plus sur les mystérieux antécédents de nos héros : après tout, il faut se garder des surprises!
- un thème qui me plait bien. Bien qu’il ne soit pas nouveau et qu’il reste assez convenu, je trouve qu’il est ici exploité avec soin. Ça donne un récit de qualité, qui se tient assez bien.
- à la cinquième vignette de la p.34, David Etien s’est amusé à donner à ses figurants, à droite, la tête de ses deux scénaristes, Djian et Legrand!! Merci pour ce scoop, monsieur Etien!! ;-)
Ce qui m’a le plus agacé :
- certaines erreurs de perspectives et de proportions. En effet, il est quand même dommage de constater, parmi les splendides vues en plongée de la ville, certains bâtiments qui ne respectent absolument pas les mêmes lignes de fuite que le reste des édifices!! C’est particulièrement vrai à la page 14, dans la dernière planche. De même, malgré que j’adore le graphisme soigné de Monsieur Etien, qui a des connotations «disneyennes», je dois avouer que son minet des dernières planches est assez raté : il possède des proportions plus que douteuses, avec son gros corps trapu et ses toutes petites pattes, si courtes qu’elles lui donnent l’air d’un tonneau! C’est d’autant plus frappant que le dessinateur a décidé de nous laisser, à la dernière vignette de la dernière planche, avec cet animal si étrangement proportionné en gros plan! Espérons que ces petits détails techniques seront réajustés dans les tomes à venir : les éditeurs devraient y garder un œil!
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