Mon premier safari-dédicaces (1re partie)
Écrit le dimanche 21 novembre 2010 par PG Luneau
Ma dernière visite au Salon du livre de Montréal remonte déjà à deux ou trois ans, mais elle m’avait laissé plutôt insatisfait. En effet, j’en étais revenu avec la même impression qui m’avait assailli les deux ou trois dernières fois où j’y étais allé, et qui pourrait se résumer ainsi : pourquoi suis-je allé me jeter dans la cohue alors que je connaissais déjà à peu près tous les livres qui se trouvaient là?? En effet, comme je passe la moitié de ma vie à bouquiner dans les librairies et l’autre moitié à me renseigner dans les catalogues, les journaux et le Net afin d’être au parfum des sorties de nouveautés (tant pour les BD que pour les romans ou la littérature jeunesse), je trouvais ces journées au Salon un peu stériles.
Mais depuis maintenant un an et demi que j’arbore fièrement le titre d’Explorateur BD et que je garnis ma Lucarne de critiques, j’ai développé un autre dada! C’est, évidemment, à cause de Marsi, mon ami bédéiste (que vous connaissez sans doute si vous fréquentez ce site puisqu’il en est le co-créateur!). Depuis que je suis assidument sa carrière et que je l’accompagne dans ses lancements, par exemple, j’ai commencé (très timidement, il faut l’avouer, mais quand même!) à frayer avec le petit monde des bédéistes et des éditeurs. C’est ainsi que j’ai participé aux lancements des deux derniers albums de Michel Rabagliati (Paul à la pêche et Paul à Québec), puis à celui du fameux Miam miam fléau (la première œuvre de Marsi) et à celui du deuxième tome de la toute aussi excellente Académie des chasseurs de prime (parce que Benoit Godbout et Michel Lacombe sont d’anciens collègues de travail de Marsi). Bref, suite à tout ce jet-set bédéien, je commence à prendre goût à une mode qui sévit en Europe depuis longtemps et qui, apparemment, prend parfois là-bas des tournures de rage et de carnage : la dédicace!
Et oui! Depuis peu, je suis en mesure de mettre de côté ma gêne et je commence à pouvoir me donner une assez bonne contenance pour entretenir minimalement une conversation avec ces créateurs qui travaillent tant pour fleurir mon imaginaire! C’est pourquoi j’ai décidé de transposer mes habituelles visites du Salon du livre, rangée après rangée et kiosque après kiosque, en une chasse ouverte aux dédicaces!!
Évidemment, pour une efficacité maximale, j’ai misé sur une bonne préparation. D’abord, j’ai épluché la liste des auteurs et des dessinateurs qui allaient être présents en ce samedi 20 novembre, date à laquelle j’allais y être. Le site internet du Salon permet de cocher, dans cette liste, le nom des auteurs qui nous intéressent pour ensuite pouvoir nous imprimer une programmation personnalisée : ces noms s’y trouvent classés selon leurs heures de dédicaces! Chouette système, qui simplifie la planification.
Toujours aussi «légèrement» excessif, je me suis retrouvé avec une bonne trentaine de rendez-vous potentiels !! Dans le lot, il m’a bien fallu choisir et prioriser! Mais j’ai décidé d’attendre d’être rendu sur place : il faut bien laisser une petite place à l’instinct du moment, non?! Puis, dans le métro, en m’en allant, j’ai étudié le plan du site et surligné l’emplacement des stands où j’aurai à me rendre. J’avais mes deux bouteilles d’eau, un peu de fromage et quelques biscuits… Je ne suis pas, heureusement, rendu au point de m’enfiler une couche pour garder ma place dans les files d’attente!! J’étais fin prêt à mon arrivée sur les lieux.
Premier arrêt : le stand DLM. Achdé (celui qui a repris les dessins de Lucky Luke) et Janry (Monsieur Petit Spirou) étaient présents… mais comme je suis arrivé vers onze heures et que ces deux bonzes européens étaient en poste depuis l’ouverture, une heure plus tôt, pas besoin de vous dire que leurs deux files étaient très longues… Du moins, aux yeux du pauvre petit chasseur néophyte que j’étais, à mes premières minutes de chasse!! Aussi, me suis-je tourné vers un troisième bédéiste que j’espérais rencontrer, un Québécois celui-là : Michel Falardeau, auteur de Mertownville (série en trois tomes, parue chez Paquet il y a quelques années, mais qui traîne dans ma pile à lire depuis tout ce temps!). Il vient de sortir un nouvel album intitulé Luck. Après moins de dix minutes d’attente, j’étais assis en sa compagnie et il dédicaçait mon album (que j’avais traîné de la maison car je me l’étais déjà acheté, quelques semaines auparavant, chez Planète BD, pour avoir l’ex-libris qui venait avec!).
Comme personne n’attendait derrière moi, j’ai pu jaser tout à mon aise avec ce charmant jeune homme originaire du Témiscouata. On a évidemment parlé BD! De Philémon (de Fred), la série qui l’a le plus impressionné quand il était jeune et qui lui a donné envie de faire ce métier; du fait que son petit dernier, Luck, devait être dans une nouvelle collection plus petit format, mais que la collection n’a jamais vu le jour, ce qui fait que Dargaud a choisi de l’éditer dans un format intermédiaire (très agréable, d’ailleurs!); de l’héroïne de sa série Mertownville, qui cache un secret intéressant (mais que je ne vous dévoilerai pas, pour ne pas vous brûler le punch!); de son plus grand intérêt à dessiner des héroïnes véritables (pas des nunuches ou des faire-valoir) plutôt que des héros… Étrangement, sur les trois projets de série qu’il a proposés à Dargaud, les éditeurs ont préféré Luck, le seul qui mettait en scène un gars!
Il m’a aussi avoué qu’il avait en tête un super méga projet de nouvelle série, mais que les différents éditeurs approchés étaient un peu réticents à l’idée… Verrons-nous un jour ce projet? Je nous le souhaite, et à lui aussi, car j’ai vraiment trouvé ce gars fort sympathique : il s’est même intéressé à ma Lucarne et m’a demandé expressément de lui faire parvenir le lien, via son site! Site sur lequel je suis allé fouiner dès que je suis rentré : je ne l’ai pas encore exploré à fond, mais j’en ai assez vu pour qu’il apparaisse à partir de maintenant dans mes favoris et pour que je vous le recommande très chaleureusement!! Et comme j’ai commencé à lire Luck dans le métro, à l’allée et au retour, il y a de fortes chances pour que sa critique apparaisse dans ces lignes d’ici peu!
(Adresse du site de Michel Falardeau : http://michelfalardeau.blogspot.com/ )
Puis, j’ai fait une petite halte impromptue quand j’ai vu un des plus célèbres bédéistes québécois, à peu près seul à un stand : Jacques Goldstyn, le papa des Débrouillards. Mais il n’y était pas pour un des albums de cette amusante bande de copains : il dédicaçait le dernier Laurie l’Intrépide, septième tome d’une série de mini-romans de Sonia Sarfati, qu’il illustre pour la très agréable collection Boréal-Maboul. Je me le suis donc procuré et je l’ai fait dédicacer pour ma classe. Comme il a trouvé très drôle que j’aie Greg dans mes prénoms, il a intégré un Achille Talon dans sa dédicace. Comme pour Philémon aux yeux de Falardeau, j’ai cru sentir que ce personnage et son créateur ont été très importants dans le choix de carrière de monsieur Goldstyn. Charmant monsieur, lui aussi, avec qui j’ai pu discuter tout à loisir, d’enseignement surtout, et de la place des enseignants mâles dans nos écoles… Maintenant que j’ai la tête plus aérée, je constate que j’ai manqué une belle occasion de lui dire tout le bien que je pense de son œuvre, et de ce qu’il a fait, indirectement, via le magazine les Débrouillards, pour la promotion de la BD québécoise. J’espère que je le recroiserai dans les prochaines années, question de me reprendre.
Ensuite, un gros canon : je vise Delaf et Dubuc, le charmant petit couple à l’origine de l’incontournable série des Nombrils. Me doutant bien que la file serait longue et remplie de jeunes adolescentes aux yeux brillants, je m’y suis installé avec quarante minutes d’avance pour passer parmi les premiers. J’ai été très surpris et un brin suspicieux quand j’ai vu ce duo de créateurs de l’Estrie arriver en déballant… de grosses étampes à l’effigie de leurs personnages!! Je me suis demandé si l’attente allait en valoir la chandelle… Évidemment, je comprends tout à fait la nécessité de la chose : quand la file d’adolescent/e/s s’étire sur quelques kilomètres, tant ici qu’en Europe, il faut bien se donner les moyens de satisfaire le plus de gens possibles sans virer fou!! Mais quand j’ai vu qu’une fois la dédicace estampillée par Dubuc (la scénariste), elle est retouchée, améliorée et complétée au feutre par Delaf (le dessinateur), ça m’a tout à fait réconcilié avec le procédé (surtout que les gens à qui j’ai montré ma dédicace ne devinent même pas quelle est la partie qui a été étampée!). En primeur, j’ai appris qu’il y aurait présentement des pourparlers en vue de peut-être tirer un dessin animé de la série (un classique, chez Dupuis), mais peut-être aussi (ou en lieu et place) une série télé avec de véritables comédiennes!! Il se pourrait même qu’il y ait deux castings complets, un pour l’Europe et un autre pour le Québec!! Cool!!! Si ce n’est pas du scoop, ça, mes amis, je ne sais pas ce que c’est!! N’oubliez pas que vous l’aurez appris sur la Lucarne à Luneau!!
À eux, je leur ai d’entrée de jeu expliqué que j’avais plongé dans leurs quatre albums l’été dernier, et que j’étais tombé littéralement amoureux de leurs gags, mais surtout de la grande sensibilité qu’ils réussissent à insuffler dans leur humour et de la facilité apparente avec laquelle ils abordent, par la bande, certains sujets très graves (comme la pauvreté de la famille de Jenny ou l’impossible pression que celle de Vicky lui fait supporter). Je leur ai aussi parlé de la Lucarne, évidemment, et du fait que j’étais un ami de Marsi, qu’ils connaissent un peu! La rencontre a donc été très agréable.
(Ma visite au Salon s’est évidemment continuée, mais vous aurez droit à la suite de mes tribulations dédicaciennes dans un jour ou deux! Au plaisir de vous y retrouver, donc! À suivre…)
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