Festival de BD de Montréal 2018

(Cinquième partie)

Lors de la dernière édition du Festival du parc La Fontaine, j'ai eu le grand bonheur de revoir deux des bonzes que j'affectionne particulièrement, Jean-François Bergeron et Jacques Lamontagne.

Avec Jacques, la discussion n'a porté que sur Shelton & Felter! C'est que son tome #2 est arrivé au Québec juste à temps pour le Festival! Je suis passé chez Planète BD deux jours avant le début des festivités... et ils ont découvert les premiers exemplaires de ce Spectre de l'Adriatic en ouvrant les boîtes à ma demande!!?

J'ai demandé à Jacques jusqu'à quel point il s'attarde à respecter une rigueur historique, quand ses récits se déroulent dans le passé. Sa réponse m'a étonné : «Une bonne documentation est indispensable, mais notre but premier est de raconter une histoire! Il faut donc s'inspirer de ce qu'on découvre dans nos lectures documentaires, mais il ne faut pas se laisser paralyser par ça non plus!» En gros, il m'a expliqué qu'ils ne peuvent pas tous faire comme Patrice Pellerin, l'auteur de l'Épervier, qui est presque devenu historien à force de toujours vouloir contrevérifier à deux fois la forme du replis de tel uniforme ou le positionnement exact de telle écoutille sur tel bateau! En fait, il faut faire la distinction entre écrire une histoire qui se déroule dans un contexte historique et écrire un précis d'histoire illustré! «L'important, c'est de créer juste assez de réalisme pour que les lecteurs croient à l'histoire qu'on leur propose!» ajoute-t-il. Puis il me raconte qu'il a déjà entendu parler d'un cas où un historien-conseil avait été adjoint à un dessinateur, pour s'assurer de la véracité de tout ce qui était d'ordre historique... Le projet aurait implosé, paraît-il, tant c'était invivable pour l'illustrateur d'essayer de satisfaire à toutes les exigences de son conseiller!

Pendant qu'il me dessinait la douce créature que côtoient Shelton et Felter dans leur deuxième aventure, créature sciemment calquée sur Audrey Hepburn, Jacques m'a annoncé qu'il avait déjà ses idées pour le tome #3... Et notre discussion a été tellement intéressante qu'on n'a même pas eu le temps de parler de Wild West, l'autre série sur laquelle il travaille présentement! Il s'agit d'un western, ce qui de prime abord ne m'intéresserait pas outre mesure... Mais les extraits qu'il nous en montre presque quotidiennement sur sa page Facebook sont assez spectaculaires que j'ai bien l'impression que je vais flancher, une fois que ce tome sera sur les rayons! ;^)

C'est d'ailleurs exactement ce qui m'est arrivé avec les deux derniers albums que Djief a pondus!! En effet, le sujet de sa nouvelle série Liaisons dangereuses -  Préliminaires (sur un scénario de Stéphane Betbeder) ne m'attirait pas des masses... surtout dans l'optique où je me dois de diminuer drastiquement mes achats, faute d'espace et de temps pour lire et critiquer tout ce que j'ai déjà! Mais les illustrations de Djief sont tellement somptueuses, particulièrement pour ce récit qui se déroule dans l'opulence de la noblesse française du XVIII^e siècle, que je n'ai pas pu résister à l'envie de me le procurer!

Idem pour son Jardin des moines, le 3^e tome de la série-concept Brocéliande... Autant j'aime bien les mythes celtiques, autant je m'étais juré de ne pas me procurer ce tome, question de ne pas me mettre dans l'obligation d'acheter tous les autres! Mais là encore : je n'ai feuilleté l'album que pendant quelques secondes avant de succomber à la tronche trop mignonne de son héros! Et puis, il s'agit d'un récit complet, sans réel lien avec les autres tomes de la série (sinon le lieu, qui reste la forêt de Brocéliandre dans tous les cas)! J'ai donc acheté ce tome-là aussi, et Djief m'a gratifié de deux fabuleuses dédicaces!

Pendant qu'il s'exécutait, je lui ai demandé s'il ne trouvait pas ardu ou décourageant, parfois, d'illustrer Liaisons dangereuses - Préléminaires, alors que chaque planche foisonne de somptuosités architecturales (lambris, tapisseries, pendrions, tentures, lustres impossibles, sculptures, fontaines et bassins extravagants...) ou vestimentaires (dentelles, rubans, cordons et pompons, broderies, jabots, colliers, perruques, chapeaux et accessoires...)! À la longue, ça doit devenir lourd, toutes ces fleurs et ces fioritures que le style rococo impose, non? «On finit par développer des stratégies pour ne pas se tuer à la tâche, ne t'inquiète pas!» me rassure-t-il, le sourire aux lèvres! Des trucs comme choisir les bons angles de vue, par exemple, ou de rendre flou certains détails... Trucs qu'il devra encore exploiter puisque, bien que son travail à lui, pour le tome #2, soit terminé, celui du tome #3 débutera assez prochainement, d'après ce que j'ai compris.

De plus, Djief m'a aussi annoncé qu'il allait passer quelque temps à Nantes, en septembre, pour une résidence de création! Y travaillera-t-il sur le 3^e Liaisons dangereuses - Préliminaires, ou sur le nouveau projet que Betbeder et lui ont en tête (pour ados!!?), mais dont il m'a demandé de ne pas parler??!! ;^) Lui seul le sait!!...

À plus, pour la suite de mes petits comptes rendus!